Publié le: 21 janvier 2020 Par: Journal Santé Environnement Commentaire: 0
Logée naturellement dans une végétation dense, et bien verdoyante, la culture Vodoun au bénéficie de la discrètion où séjourne un air humide combiné à l’éternel mouvement des différentes sortes d’espèces animales.

Le Voudoun, comme identité culturelle et religieuse mais aussi écologique au Bénin


Tant vénéré comme bienfaiteur, et décrié comme malfaiteur, le Vodoun reste et demeure l’ultime solution pour la conservation de des ressources naturelles au Bénin. Lui, qui dispose d’une intimité, ne réclame que respect de son intégrité physique et morale. C’est du moins ce qu’il faut retenir du Chef traditionnel, Dah Baba Assandjè, << le Vodoun suscite la crainte et le respect de la biodiversité qui constitue son éternel empire. 
Au Bénin, ces empires (milieux) sont craintivement appelés « Zoun » en langue nationale Fon et sous-entend en français facile forêt sacrée.
Le Bénin en dispose deux mille neuf cent-quarante (2940) sur son territoire fait savoir le Lieutenant-Colonel Vincent de Paul Béhanzin Chef d’instruction forestière dans le département du Zou. Elles couvrent une superficie de 18 360 hectares soit 0,16% ajoute-il.

Le pays du vodoun, le Bénin, peut-il se frotter les mains d’avoir une partie de sa biodiversité terrestre sous surveillance absolue des divinités traditionnelle

?


En effet, la sacralisation des forets qui se présente comme une forme endogène de conservation de la biodiversité, est l’un des vecteurs de protection de nos ressources animales et végétales. Elle constitue une niche pour les espèces végétales et animales menacées. Nous avons franchi des palissades et rencontrés des espèces végétales comme le Triplochiton scleroxylon, ceïba pentandra, Sterculiotra gacantha, Céleis Zinkeri, les bambous, l’iroko, le figuier, le calcédra, le Néré, le teck et bien d’autres espèces végétales dans lesquelles vadrouillent des reptiles (Rat roussard), cricetome, des insectes, des chauves-souris, des canivores des herbivores et des potamochères. Mais, parlant des différentes sortes de Vodoun qui assurent cette fonction sentinelle de l’écologie béninoise on peut citer, des explications d’un spiritualiste traditionnel : Sakpata « Divinité de la Terre », Dan « Divinité du Serpent », Hêbisso  » Divinité du feu », Ogou « Divinité du Fer », Aïdo- Houedo  » Divinité de l’air », Tohossou « Divinité de l’eau » etc …

Le cas passionnant de la forêt sacrée  de Avocanzoun dans la commune de Djidja au centre Bénin



Pour Dah Avocanzoun Sekofolé, Chef coutumier et Supérieur hiérarchique de la forêt sacrée Avocanzoun sise à Djidja, arrondissement de Agondji dans le village Avocanzoun, tout comme la forêt sacrée de Avocanzoun les milieux naturels qui hébergent des divinités, sont des lieux sacrés de prière, d’imploration aux ancestres, de rites et de rythmes du Vodoun. La forêt sacrée d’Avocanzoun, vaste de 16 hectares constitue l’ancienne demeure de Tata Avocan, était le lieu d’imploration de la divinité en cas de longue saison sèche. Dah Adandokpossi Houndéguéssi Kpozounmè renchérit que des interdits d’y faire la chasse et de couper des arbres sont connus de tous et respectés. À en croire ce dernier, les divinités protègent toute la communauté mais exigent en retour que leurs intégrité et intimité soient préservées.
Un adepte raconte : <<Il y a trois ans, deux individus pourchassant une biche avec des feux de brousse aux abords de la forêt de Avocanzoun et qui sont rentrés dans la forêt ne se sont plus retournés ni retrouvés jusqu’à présent>>. Et voilà qui vient renforcer la croyance et la crainte à la divinité dans toute la communauté d’Avocanzoun.


Une croyance traditionnelle qui fait du bien à l’homme et à la nature


Nonobstant, les riverains rencontrés ne désarment pas du respect à la divinité ni à son habitat. Ils estiment que c’est en s’inscrivant dans la logique de tisser la nouvelle corde à l’ancienne que cet héritage continue d’exister. Certes, toutes leurs activités sont plus ou moins limitées mais c’est quelques fois le prix à payer pour qu’ils aient l’écoute attentive et favorable des divinités ancestrales. Pas plus pour dire comment le respect de la mémoire des ancêtres peut permettre à toute une communauté de bénéficier des avantages socio-culturels, réligieux, spirituels et écologiques de cette forêt. Affirmons tout de même que c’est une forme de conservation positive des ressources naturelles, elle contribue contre vents et marées au rétablissement de l’équilibre écosystémique. 


Le Bénin peut bien se frotter les mains non seulement d’avoir une partie de sa biodiversité terrestre sous surveillance des divinités traditionnelles mais aussi d’avoir sa pharmacie verte. Comme pour justifier que  cette forme de conservation des ressources naturelles, reste et demeure une solution à la protection des plantes médicinales dixit le tradi-thérapeute, Amantèkpo. Il soutient que si la médecine traditionnelle continue de survivre, c’est grâce à toutes ces formes traditionnelles ou modernes de conservation forestière. 

Toutefois, les acteurs (traditionnalistes, Chef coutunmies etc…) semblent divisés sur la question du mythe ou de la réalité de ce rôle discrèt du Vodoun. En effet, pour certains, il existe des fois qu’ils sont obligés de créer un mythe prétextant le vodoun pour protéger les ressources naturelles. Car argumentent-ils c’est la seule et première force que craignent les béninois.  
Pour d’autres c’est sans commentaire, tous les interdits faits autours du vodoun restent et demeurent une réalité. Il suffit d’essayer de transgresser un des interdits pour rafler le lots de malédictions.

Dah Atannon, Chef traditionnel à Zouzonkanmè dans la commune de Savalou fait partie de ces derniers qui continuent de croire fermement à l’efficacité du vodoun dans la protection de la biodiversité. Il a pour sa part étayé son argumentation par le rappel des événements des années 80 où l’ancien Chef d’Etat le Feu Général Mathieu Kérékou qui avait ordonné une gigantesque opération d’abattage de toutes les espèces d’arbres qui abrite des divinités, prétextant ainsi qu’elles sont à l’origine des multiples échecs de sa gouvernance. Une opération d’abattage qui par conséquent, a provoqué une grande famine et une longue période sèche au Bénin. 

La nostalgie des années 80 est marquée par une transgression de la nature et la sévère réplique de cette dernière. 
Mémé Aholou, ancienne fonctionnaire du développement rural, s’en souvient comme si c’était hier. Elle renchérit que même des animaux sauvages venaient tous assoiffés chercher de l’eau dans les ménages par agressivité. Le Bénin était au bord du gouffre sur le plan de l’alimentation, de l’eau et d’aisance climatique, nos divinités ancestrales se sont fâchées et nous jettent des sorts, déclare Mémé Aholou. Elle ajoute malgré cet évènement plusieurs forêts sacrées ont résistés face à la menace. C’est à cet effet que le même Chef d’Etat le Feu Général Mathieu Kérékou, convaincu des enjeux spirituels et religieux des forêts sacrées, a instauré de la Journée Nationale de l’Arbre au Bénin effective les premiers (1er) Juin de chaque année. Dah Avocanzoun Sekofolé, Chef coutumier et Supérieur hiérarchique de la forêt sacrée Avocanzoun sise à Djidja, arrondissement de Agondji dans le village Avocanzoun, a souhaité qu’à l’immédiat toutes les autres forêts classées ou communautaires soient sacrées au nom de la tradition car pense-il, la sacralisation d’une forêt est d’importance socioculturelle, religieuse et surtout écologique. Car, même la forêt sacrée d’Avocanzoun a connu un renforcement par reboisement intensif. 

Alors, cette histoire des années 80 n’est que le miroir de ce qui pouvait subvenir quand les forêts sacrées, classées ou communautaires disparaîtront.  
Retenons simplement qu’en Afrique, un milieu naturel constitue forcément l’habitat d’une divinité qui surveille et procure du bien à sa communauté. Respectons la mémoire de nos ancêtres en nous occupant plus de l’héritage à nous laisser. Et le Bénin détenant l’unique carte d’identité du Vodoun au monde se doit de valoriser son rôle centrique dans la protection de la biodiversité béninoise. Toutefois, il urge de rappeler que c’est parce que cette biodiversité existe, que nous, nous existons.
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