Publié le: 5 mai 2022 Par: Journal Santé Environnement Commentaire: 0

Les chauves-souris, scientifiquement appelés chiroptères, sont les seuls mammifères volants, utilisant le système d’écholocation (des cris ou sons pour se diriger et chasser leurs proies). De par leurs caractères et modes de vie exceptionnels, elles sont souvent victimes de fausses croyances et de beaucoup de préjugés de la part de la communauté.


Pourtant, ces animaux atypiques, voire même mystiques pour d’autres, jouent un rôle important dans le maintien de l’équilibre écosystémique.

Seuls mammifères doués du vol actif, les chauves-souris sont présentes dans pratiquement tous les pays du monde où elles vivent généralement dans les grottes, les végétations et dans les milieux humides.
Selon Dimitri Koto N’gobi, spécialiste de la faune et de la gestion des aires protégées, l’habitat favorable pour les chauves-souris tient compte de la taille des arbres, de leur diamètre, de la structure du couvert végétal et de la présence d’eau dans le milieu.

Au Bénin, on en denombrerait près de 54 espèces qui contribuent à la richesse faunique du pays.
Malheureusement, comme presque toutes les espèces animales, ces chiroptères n’échappent pas aux menaces anthropiques de tout genre. Elles sont donc victimes de plusieurs pratiques humaines telles que la déforestation, le déboisement de leurs habitats, l’urbanisation extensive qui menacent leur stabilité. Elles sont chassées, capturées et exagérément prélevées pour la consommation et la commercialisation.
À Parakou, dans le périmètre de reboisement de l’Inspection Forestière du Borgou, il n’est pas rare de voir des jeunes gens tirer à coup de lance-pierre sur ces animaux pourtant inoffensifs. Pour Abel OGUIDI, un sage rencontré et interrogé à Parakou, la chauve-souris n’est pas un animal à abattre. Selon ce septuagénaire, les chauve-souris fuient leur habitat lorsqu’elles se sentent perturbées, dérangées ou menacées. Ces menaces anthropiques infligées à ces espèces sont sans doute dues à l’ignorance de la communauté quant aux rôles importants que jouent les chiroptères dans la régulation des écosystèmes.

Un rôle écologique salvateur
En effet, les chauves-souris jouent un rôle majeur dans la pollinisation de nombreuses plantes et fleurs. Pour le spécialiste de la faune et de la gestion des aires protégées, les chauves-souris permettent la pollinisation de plusieurs espèces végétales, en l’occurrence le baobab (adansonia digitata) et l’iroko (milicia excelsa). Environ 500 espèces de fleurs du monde entier dépendent des chauve-souris pour être pollinisées, selon le PNUD.
Étant de grands frugivores mais aussi de grands insectivores, les chauve-souris se nourrissent abondamment des insectes et peuvent ainsi contribuer à réduire certaines pathologies liées à des insectes indésirables. A en croire, une étude du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, une seule petite chauve-souris brune est capable de manger l’équivalent de son poids en insectes, soit environ 600 par heure et ce, en l’espace d’une seule nuit. Ainsi, selon la même source, avoir des chauve-souris à proximité de sa demeure ou de son chalet est une solution efficace et naturelle pour réduire le nombre d’insectes indésirables dans son environnement immédiat sans l’utilisation d’insecticides ou de pesticides.
Les chauves-souris élimineraient par ailleurs des moustiques qui peuvent être porteurs de maladies telles que la dengue, le chikungunya ou encore le paludisme qui sévit surtout en Afrique.

C’est ainsi que se résume le rôle majeur et non exhaustif que jouent ces mammifères volants au sein de la biodiversité. Au delà de tous les préjugés ou de toutes perceptions négatives faites sur les chauve-souris, il est nécessaire de les protéger contre toutes les formes de menaces dont-elles sont de plus en plus victimes. << Le rôle écologique des chauve-souris devrait donc conduire à en protéger les populations. Il y a donc urgence car de nombreuses populations de ce groupe original de mammifères sont aujourd’hui en régression dans beaucoup de régions du monde, victimes des activités humaines et des changements globaux>>, a souligné la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB).

Le Bénin quant à lui, devra davantage renforcer son cadre juridique au profit de ces espèces afin qu’elles bénéficient d’une véritable protection sur toute l’étendue du territoire car, auprès des chauve-souris l’on peut aussi retrouver le sourire.

Venance TOSSOUKPE

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