Publié le: 30 novembre 2022 Par: Journal Santé Environnement Commentaire: 0

En dépit de sa contribution à l’économie et à la sécurité alimentaire d’une population en pleine croissance, l’agriculture demeure encore conventionnelle dans la plupart des pays africains. Pourtant, des technologies innovantes existent et font le succès du secteur agricole dans plusieurs pays développés. C’est le cas de l’Intelligence Artificielle, encore peu expérimentée et qu’il faudra intégrer au système agricole des pays africains pour plus d’efficacité et de productivité. A travers cette interview, Professeur Romain Glèlè Kakaï revient sur les enjeux au détour du séminaire scientifique que le Laboratoire de Biomathématiques et d’Estimations Forestières (LABEF) a organisé le 25 novembre 2022 sur l’Intelligence Artificielle et l’Agriculture de précision.

Journal Santé Environnement : Le Labef a organisé un séminaire sur Intelligence Artificielle pour une agriculture de précision. Pourquoi une telle initiative ?

Professeur Romain Glèlè Kakaï : Nous avons organisé ce séminaire pour mettre en relief les opportunités que présente aujourd’hui l’Intelligence Artificielle pour une Agriculture de précision. En réalité, l’Intelligence Artificielle, associée à d’autres technologies, peut jouer un rôle essentiel pour aider les pays d’Afrique subsaharienne à atteindre les objectifs de développement durable. Face à la croissance démographique et aux problèmes de sécurité alimentaire qui se pose dans le monde, surtout en Afrique, l’Intelligence Artificielle est une nécessité pour le secteur agricole. L’agriculture conventionnelle, telle que pratiquée dans les pays africains et précisément en Afrique de l’Ouest ne satisfait plus totalement aux besoins des populations. À travers ce séminaire, nous avons voulu regrouper au sein d’un creuset, tous ceux qui travaillent dans le domaine de l’Intelligence Artificielle et l’agriculture de précision, dont les Start-up, les chercheurs et les décideurs, afin d’échanger sur l’intégration de l’Intelligence Artificielle dans les politiques et pratiques agricoles au Bénin. C’est donc l’enjeu majeur de ce séminaire qui n’est que le premier d’une série.

Parlant de l’Intelligence Artificielle et de l’agriculture de précision, pensez-vous que le Bénin est prêt pour développer une telle innovation ?

Professeur Romain Glèlè Kakaï : Je ne dirai pas que le Bénin est totalement prêt pour développer l’Intelligence Artificielle, mais le Bénin fait déjà des efforts dans ce sens. Il existe quelques lacunes qui entravent l’intégration et l’adoption des technologies d’intelligence artificielle de manière responsable qui, je crois commence à être corrigée grâce à la volonté politique. Vous devez savoir que l’agriculture de précision nécessite un certain nombre de facteurs préalables comme : une bonne couverture Internet, une bonne couverture en énergie électrique, etc. Le Bénin à travers la Stratégie nationale pour l’e-agriculture fait des expériences concluantes en termes d’agriculture de précision. Cependant, des efforts doivent se poursuivre dans ce sens. C’est là, l’importance de la recherche scientifique. Au Labef, cinq doctorants font actuellement leurs travaux de recherche sur l’intelligence artificielle et l’agriculture. En tant que chercheurs, nous devons contribuer à repousser les limites, proposer des solutions à mettre au profit des agriculteurs, par le biais des services de vulgarisation agricole. Et c’est ce que le Labef fait avec l’appui de ses partenaires. J’ai été heureux de découvrir au cours de ce séminaire qui n’est que le premier d’une série, l’engagement des start-ups sur le terrain, aux côtés des chercheurs et des décideurs.

À ce séminaire, en dehors des chercheurs et des start-ups, les acteurs du monde rural ne sont pas représentés. Comment comptez-vous travailler avec cette catégorie d’acteurs pour réussir à implémenter cette technologie de l’Intelligence Artificielle dans l’agriculture au Bénin ?

Professeur Romain Glèlè Kakaï : C’est vrai que les associations de producteurs n’ont pas pris part pour le moment à ce séminaire qui, comme je le disais est le premier d’une série. Cependant, l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) et les Start-up sont en contact avec les associations de producteurs qui, comme ils le faisaient par le passé, pourront relayer les conclusions issues de ce séminaire. Toutefois, les prochains séminaires connaîtront la participation et l’implication directe des associations de producteurs.

Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des différents acteurs, les acteurs politiques surtout ?

Professeur Romain Glèlè Kakaï : Je voudrais inviter surtout les acteurs politiques à s’intéresser véritablement dans les recherches que nous menons à l’Université dans le domaine de l’Intelligence Artificielle pour une agriculture de précision et à prendre en considération les résultats et les propositions qui en sont issus.

Propos recueillis par Megan Valère SOSSOU et transcrits par Venance Ayebo TOSSOUKPE

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