Professeur. Romain Glèlè Kakaï, Biomathématicien : « L’Intelligence Artificielle est une nécessité pour le secteur agricole »
En dépit de sa contribution à l’économie et à la sécurité alimentaire d’une population en pleine croissance, l’agriculture demeure encore conventionnelle dans la plupart des pays africains. Pourtant, des technologies innovantes existent et font le succès du secteur agricole dans plusieurs pays développés. C’est le cas de l’Intelligence Artificielle, encore peu expérimentée et qu’il faudra intégrer au système agricole des pays africains pour plus d’efficacité et de productivité. A travers cette interview, Professeur Romain Glèlè Kakaï revient sur les enjeux au détour du séminaire scientifique que le Laboratoire de Biomathématiques et d’Estimations Forestières (LABEF) a organisé le 25 novembre 2022 sur l’Intelligence Artificielle et l’Agriculture de précision.
Journal Santé Environnement : Le Labef a organisé un séminaire sur Intelligence Artificielle pour une agriculture de précision. Pourquoi une telle initiative ?
Professeur Romain Glèlè Kakaï : Nous avons organisé ce séminaire pour mettre en relief les opportunités que présente aujourd’hui l’Intelligence Artificielle pour une Agriculture de précision. En réalité, l’Intelligence Artificielle, associée à d’autres technologies, peut jouer un rôle essentiel pour aider les pays d’Afrique subsaharienne à atteindre les objectifs de développement durable. Face à la croissance démographique et aux problèmes de sécurité alimentaire qui se pose dans le monde, surtout en Afrique, l’Intelligence Artificielle est une nécessité pour le secteur agricole. L’agriculture conventionnelle, telle que pratiquée dans les pays africains et précisément en Afrique de l’Ouest ne satisfait plus totalement aux besoins des populations. À travers ce séminaire, nous avons voulu regrouper au sein d’un creuset, tous ceux qui travaillent dans le domaine de l’Intelligence Artificielle et l’agriculture de précision, dont les Start-up, les chercheurs et les décideurs, afin d’échanger sur l’intégration de l’Intelligence Artificielle dans les politiques et pratiques agricoles au Bénin. C’est donc l’enjeu majeur de ce séminaire qui n’est que le premier d’une série.
Parlant de l’Intelligence Artificielle et de l’agriculture de précision, pensez-vous que le Bénin est prêt pour développer une telle innovation ?
Professeur Romain Glèlè Kakaï : Je ne dirai pas que le Bénin est totalement prêt pour développer l’Intelligence Artificielle, mais le Bénin fait déjà des efforts dans ce sens. Il existe quelques lacunes qui entravent l’intégration et l’adoption des technologies d’intelligence artificielle de manière responsable qui, je crois commence à être corrigée grâce à la volonté politique. Vous devez savoir que l’agriculture de précision nécessite un certain nombre de facteurs préalables comme : une bonne couverture Internet, une bonne couverture en énergie électrique, etc. Le Bénin à travers la Stratégie nationale pour l’e-agriculture fait des expériences concluantes en termes d’agriculture de précision. Cependant, des efforts doivent se poursuivre dans ce sens. C’est là, l’importance de la recherche scientifique. Au Labef, cinq doctorants font actuellement leurs travaux de recherche sur l’intelligence artificielle et l’agriculture. En tant que chercheurs, nous devons contribuer à repousser les limites, proposer des solutions à mettre au profit des agriculteurs, par le biais des services de vulgarisation agricole. Et c’est ce que le Labef fait avec l’appui de ses partenaires. J’ai été heureux de découvrir au cours de ce séminaire qui n’est que le premier d’une série, l’engagement des start-ups sur le terrain, aux côtés des chercheurs et des décideurs.
À ce séminaire, en dehors des chercheurs et des start-ups, les acteurs du monde rural ne sont pas représentés. Comment comptez-vous travailler avec cette catégorie d’acteurs pour réussir à implémenter cette technologie de l’Intelligence Artificielle dans l’agriculture au Bénin ?
Professeur Romain Glèlè Kakaï : C’est vrai que les associations de producteurs n’ont pas pris part pour le moment à ce séminaire qui, comme je le disais est le premier d’une série. Cependant, l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) et les Start-up sont en contact avec les associations de producteurs qui, comme ils le faisaient par le passé, pourront relayer les conclusions issues de ce séminaire. Toutefois, les prochains séminaires connaîtront la participation et l’implication directe des associations de producteurs.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des différents acteurs, les acteurs politiques surtout ?
Professeur Romain Glèlè Kakaï : Je voudrais inviter surtout les acteurs politiques à s’intéresser véritablement dans les recherches que nous menons à l’Université dans le domaine de l’Intelligence Artificielle pour une agriculture de précision et à prendre en considération les résultats et les propositions qui en sont issus.
Propos recueillis par Megan Valère SOSSOU et transcrits par Venance Ayebo TOSSOUKPE
Sécurité alimentaire au Bénin : le LABEF promeut l’intelligence artificielle et l’agriculture de précision
Avec l’appui financier de l’Artificial Intelligence for Developpment Africa (AI4D), géré par African Centre For Technology Studies (ACFTS), le Laboratoire de Biomathématiques et d’Estimations Forestières (LABEF) a organisé le vendredi 25 novembre 2022 à l’Amphithéâtre Etisalat de l’Université de Abomey-Calavi, un séminaire portant sur l’intelligence artificielle et l’agriculture de précision. L’événement a réuni plusieurs acteurs du monde scientifique, des start-ups et des politiques.
À l’ouverture, le Professeur Romain Lucas Glèlè Kakaï, Directeur du Laboratoire de Biomathématiques et d’Estimations Forestières a remercié les différents acteurs qui se sont rendus disponibles à ce premier séminaire dédié à l’intelligence artificielle et l’agriculture de précision. C’est le tout premier séminaire qui ne sera pas sans doute le dernier dixit-il. Car il y en aura qui vont permettre de dérouler des formations sur le développement d’applications tangibles afin de lever les contraintes liées à l’agriculture au Bénin.
Au regard du contexte actuel marqué par la croissance démographique, la pénurie d’eau, la dégradation des sols et les changements climatiques, ce séminaire vient à point nommé selon Achille Ephrem ASSOGBADJO, Secrétaire Permanent du Comité Scientifique Sectoriel des Sciences Agronomiques. À l’en croire, il ne reste qu’à savoir comment rendre opérationnelles toutes les applications liées à l’intelligence artificielle pour une agriculture de précision tout en prenant en compte le pouvoir de décision des politiques dans le cadre législatif, administratif et institutionnel.
Les méthodes agricoles traditionnelles sont tout simplement insuffisantes pour produire suffisamment en réponse à l’augmentation de la demande alimentaire mondiale dira le représentant de l’Institut National de Recherche Agricole du Bénin (INRAB) à ce séminaire. Le Professeur ZOFFOUN Gbeliho Alex, Directeur scientifique de l’INRAB a expliqué qu’aujourd’hui, l’agriculture n’est pas qu’une affaire d’engrais, de semis et d’irrigation. Mais c’est aussi une affaire d’algorithme et d’intelligence artificielle. L’Afrique n’y échappe pas. Le Bénin, non plus, a-t-il poursuivi.
Le Directeur de l’École Doctorale des Science Agronomique et de l’Eau, Professeur Marcel Romuald Benjamin HOUINATO en lançant officiellement l’ouverture du séminaire s’est montré très honoré de prendre part au séminaire. C’est en effet, un domaine scientifique récent qui retient l’attention de tous. Il reste persuadé qu’au terme du séminaire, les échanges permettront de tracer la voie à suivre pour faire de l’agriculture de précision une réalité au Bénin.
Les diverses présentations qui ont meublé l’événement, ont permis aux participants de comprendre l’importance de l’intelligence artificielle et de l’agriculture de précision pour le développement du Bénin. De la clarification des concepts de l’intelligence artificielle et de l’agriculture de précision à la présentation des travaux de recherche en intelligence artificielle et agriculture de précision, dirigés par le Laboratoire de Biomathématiques et d’Estimations Forestières, les participants ont découvert non seulement les résultats et perspectives de jeunes doctorants, mais aussi les actions probantes des start-ups en matière d’intelligence artificielle et d’agriculture de précision.
Les conférenciers quant à eux ont proposé aux décideurs, aux politiques et aux populations béninoises des éclairages sur la thématique et des avis scientifiques constructifs. Les participants à ce séminaire dont l’entrée a été rendue libre et gratuite se sont réjoui des efforts et ont leurs yeux déjà rivés sur le second séminaire qui s’annonce tout aussi intéressant.
Encore faut-il rappeler que ce séminaire, qui a regroupé différents acteurs du monde agricole, est en phase avec la vision du gouvernement qui a su poser les fondations d’une agriculture béninoise émergente.
Constance AGOSSA
Formations en soins de santé primaire : Pari gagné pour la PSSP et l’Université d’Ottawa
Démarrée le lundi 21 novembre 2022, à l’hôtel KTA de Cotonou, la formation en soins de santé primaires axée sur les maladies transmissibles au Bénin et l’éthique clinique a connu son épilogue ce vendredi 25 novembre 2022. À la fin, les participants ont exprimé leurs impressions sur le déroulement de ladite formation.
« Pour moi, c’était une expérience magnifique », a confié Benoît Agossoukpe, médecin et participant à cette formation de cinq jours. Une formation qui lui paraissait longue au début, mais qui est passée très vite. Pour lui, il n’y a que la qualité du savoir partagé, la convivialité dans les échanges qui leur ont permis d’apprendre de nouvelles connaissances et d’acquérir de nouvelles aptitudes, à dupliquer dans leurs formations sanitaires.
Un engagement que chaque participant a d’ailleurs pris. « Quand nous serons de retour, nous allons essayer d’élaborer de petits projets pour renforcer les connaissances de nos confrères et consœurs ; et aussi aller à la performance dans nos secteurs différents, dans nos formations sanitaires », a-t-il promis aux formateurs. Une raison de plus pour ne pas manquer de remercier aussi bien les organisateurs que les formateurs. « Nous vous exposons notre gratitude pour le temps passé avec nous, votre disponibilité, le partage de votre savoir, de votre connaissance qui vont vraiment nous aider et qui vont vraiment faire bouger beaucoup de choses dans nos différentes structures. Que Dieu vous bénisse », a confié la Sœur Solange Houinato, médecin pédiatre, au nom de tous les participants.
Quant au contenu de la formation dispensée, Honed Avahoundje, médecin généraliste s’en réjouit et reste convaincu du travail à faire par la suite. « Ce que je retiens, c’est qu’il y a eu beaucoup de thèmes et on a vu que, face à nos réalités, nous avons encore beaucoup de choses à faire. Nous devons améliorer nos pratiques dans nos structures sanitaires. Il y a beaucoup d’autres choses qu’on a eu à apprendre au cours de cette formation », a-t-il fait comprendre.
L’après formation
Une chose est d’être formée certes, mais une autre est de s’en servir. Là-dessus, les formateurs et les organisateurs n’ont cessé d’insister sur cette réalité. Les participants eux-aussi n’ont pas manqué de s’y engager. C’est pourquoi Jean Roy, le responsable du projet a tenu à les remercier pour leur active participation. « On est ouvert à vos suggestions et recommandations. À moyen et long termes, c’est de vous former comme formateurs », a-t-il laissé entendre.
Une bonne nouvelle que confirme Pascal Fafeh, Secrétaire Exécutif de la PSSP. Appréciant l’assiduité des participants pendant l’ESS cinq jours de travail, il a invité les impétrants, au retour dans les formations sanitaires, à faire un effort pour mettre en pratique les retombées de cette formation, et mettre en exécution leur plan d’amélioration de la qualité. De plus, cette formation ne va pas s’arrêter là. « Il y aura la formation des formateurs. Et c’est justement parmi vous, pour qu’on puisse avoir des équipes mixtes, constituées des Canadiens et des Béninois », a confirmé le Secrétaire Exécutif. Le représentant de la PSSP n’a pas manqué de remercier les formateurs pour la collaboration et la qualité de la formation, mais également les participants pour la volonté d’améliorer leurs pratiques. « Nous sommes toujours prêts à continuer dans la lancée avec ce projet, pour qu’on arrive à un état de changement total du secteur de la santé pour le bonheur des populations », a martelé Pascal Fafeh à l’endroit de l’équipe canadienne.
Faut-il le rappeler, les participants (médecins, infirmiers, sages-femmes) ont essentiellement été formés sur la prévention des infections ; l’antibioprophylaxie ; l’hépatite B ; les meilleures stratégies d’intervention pour réduire les infections chirurgicales ; la résistance aux antimicrobiens ; le professionnalisme et collaboration interprofessionnelle. Ces différentes thématiques ont été animées par des professionnels de la santé, venus du Canada. Il s’agit de Dr Jean Roy, Dre Marie-Hélène Chomienne, Muleka Ngenda, et Maud Mediell. À noter que les participants sont repartis avec des attestations de participation, heureux et engagés.
Arsène AZIZAHO
Cotonou accueille le 37e Congrès de la Société d’Anesthésie-Réanimation d’Afrique Francophone
Le 37e congrès de la société d’anesthésie-réanimation d’Afrique francophone (SARAF), coparrainés par les ministères de l’enseignement supérieur et de la santé s’est ouvert depuis hier au Bénin. L’événement qui rassemble des professionnels de la santé de plus de 20 pays d’Afrique et d’Europe a été officiellement lancé le mercredi 23 novembre 2022 au Palais des Congrès de Cotonou, par le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin. Ce même jour où le Conseil des ministres autorisait l’organisation de ce congrès de la SARAF à Cotonou, du 23 au 25 novembre 2022.
Plus de 600 professionnels de santé, en général les médecins, en particulier les anesthésistes-réanimateurs, les paramédicaux et autres acteurs du domaine sont attendus à ce congrès de la SARAF, le quatrième organisé au Bénin. À l’entame de la cérémonie d’ouverture, le Professeur Eugène Zoumenou, Président de la Société des médecins anesthésistes-réanimateurs du Bénin (SMARB) a formulé ses mots de bienvenue à l’endroit de tous les participants, des conférenciers, des congressistes, des maîtres et des experts venus aussi bien d’Afrique que d’ailleurs. Il n’a pas manqué de reconnaître le coup de génie du comité d’organisation et de tous ceux qui ont contribué à l’organisation de ce 37e congrès, sans oublier les deux ministères qui co-parrainent de cet auguste événement.
« Ce congrès de Cotonou se veut être mémorable », a clamé le Professeur Youssouf Coulibaly, Président de la SARAF. Au regard du riche programme concocté à cet effet, et comptant sur les participants, le président de la SARAF a invité les uns et les autres à participer activement aux échanges. A noter qu’il sera question de conférences pour les médecins et les paramédicaux ; échange avec des experts ; symposiums ; ateliers ; communications libres ; atelier de secourisme grand public ; don de sang, etc.
L’engagement du gouvernement du Bénin
À son tour, le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin a, au nom du gouvernement du Bénin, souhaité à tous, la bienvenue à Cotonou, au pied de l’Amazone (Place des amazones). Un honneur, s’est-il réjoui. Selon le ministre Béninois, ce 37e congrès de la SARAF se tient à un moment important où le secteur de la santé des différents pays est en pleine immersion sur les leçons apprises de la gestion de la pandémie de la Covid-19, qui a mis à l’épreuve les systèmes de santé du monde entier. « S’il est vrai qu’aucun sous-secteur n’a été épargné, il est évident que la filière urgence anesthésie-réanimation a été particulièrement éplorée. C’est le lieu de remercier les collègues pour leur engagement, leur savoir-faire et le courage dont ils ont fait preuve u cours de ces durs moments. Nous sommes tous convaincus que rien n’était possible sans la contribution des autres spécialités, et nous avons tous retenus la grande importance de la gestion pluridisciplinaire des urgences sanitaires », a-t-il martelé.
Le moment des bilans, des projections, pour préparer les ressources humaines à faire face davantage à toutes les situations est venu à l’en croire. Il n’a point de doute que la SARAF saura dégager des pistes claires qui permettront l’atteinte des objectifs de développement durable. Pour sa part, le gouvernement de Patrice Talon depuis 2016, n’a cessé de mener des actions concrètes et tangibles pour la marche vers l’atteinte de ces ODD. Une marche qui prend en compte la revalorisation des ressources humaines (10 bourses offertes chaque année en anesthésie-réanimation et 20 pour les paramédicaux) ; la mise à disposition des infrastructures et des équipements de qualité ; la promotion d’une organisation résiliente de l’offre des soins ; la culture de la bonne gouvernance à tous les niveaux, retient-on de son discours.
Comme son prédécesseur, Benjamin Hounkpatin attend des propositions concrètes des conférences, tables rondes et symposiums, sur les thématiques qui impactent le secteur de la santé, notamment la surmortalité maternelle, les urgences pédiatriques, etc. Persuadé, que les échanges d’expériences seront très importants pour ce congrès, il se réjouit d’avance de l’apport de ces assises à l’ambition du savoir-faire en anesthésie-réanimation dans les différents pays d’Afrique francophone. C’est en souhaitant plein succès aux travaux que le ministre de la Santé a officiellement déclaré ouvert le 37e congrès de la SARAF au Bénin.
Il convient de noter qu’en guise de conférence inaugurale, il s’est entretenu avec les participants sur le thème : couverture sanitaire universelle en Afrique, mythe ou réalité ? ». Partant de l’état des lieux de son pays, il conclut que c’est déjà une réalité en cours au Bénin. « Pour les autres pays, il suffit de s’y engager et ce sera une réalité », a-t-il laissé entendre comme pour inviter chacun à répondre à la problématique tout en surpassant la limite d’un mythe. La cérémonie d’ouverture a pris fin avec une photo de famille et la visite des différents stands prévus dans le cadre de ce congrès.
Pour rappel, la SARAF a été créée en 1984 et regroupe tous les médecins anesthésistes-réanimateurs exerçants an Afrique francophone. Le congrès annuel est aujourd’hui le premier cadre de rencontre des spécialistes de l’anesthésie-réanimation des différents pays membres. L’un des pères fondateurs de la SARAF est le professeur Martin Chobli, Père de l’anesthésie-réanimation béninoise, Président d’honneur de ce 37e congrès.
Arsène AZIZAHO
Projet AGIR-Bénin: L’équipe du projet formée sur la protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles
Pour permettre à l’équipe du projet d’Appui à la Gouvernance et aux Initiatives Relais pour une éducation de qualité (AGIR-Bénin) de jouer pleinement sa partition dans l’accompagnement des élèves et des communautés des villages cibles pour le développement des écoles, l’ONG Aide et Action devenue Action Éducation a initié une formation de renforcement des capacités des membres de son personnel sur les notions de protection de l’environnement et de la gestion des ressources naturelles. Cette formation s’est déroulée en présentiel dans les locaux du projet AGIR Bénin à Allada le 21 novembre 2022.
L’objectif de cette formation, selon Justin AKPO, chef du projet AGIR-Bénin, est de renforcer les capacités techniques des membres de l’équipe opérationnelle du projet sur la protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles. À l’en croire, il est important que les équipes opératrices chargées de l’accompagnement des élèves et des membres de la communauté soient formées en amont sur les différentes thématiques en particulier celle de la protection de l’environnement et de la gestion des ressources naturelles.
Au nombre d’une dizaine, les participants, composés des animateurs et du personnel administratif du projet à cet atelier ont pris connaissance des fondements et défis actuels liés à la protection de l’environnement. Cette formation animée par Megan Valère SOSSOU, Consultant environnementaliste et Directeur Exécutif de l’ONG Save Our Planet a aussi permis aux participants de découvrir les différentes implications en matière de gestion des ressources naturelles et les écogestes pour contribuer à la protection de l’environnement et à la gestion des ressources naturelles au Bénin.
Plusieurs thématiques étaient au cœur des échanges. Il s’agit de l’utilisation rationnelle de la ressource en eau en quantité et en qualité, la gestion des produits de faune et de flore, l’utilisation abusive des produits chimiques dans l’agriculture et la gestion des déchets. Animaux, végétaux, sols, eaux, énergies, minéraux, toutes les composantes de l’environnement ont été passées en revue au cours de cette formation conduite avec une méthodologie assez simple et interactive.
Convaincus, les participants ont pris l’engagement d’œuvrer à une sensibilisation positive à travers l’éducation relative à l’environnement pour impacter les comportements des différentes communautés du département de l’Atlantique.
Pour madame ADIMI Samira, animatrice du projet AGIR-Bénin à So-Ava,« Je croyais avoir maîtrisé des notions assez suffisantes mais cette formation vient éclairer plus ma lanterne sur les points d’ombre. » Forte de ses nouveaux acquis, Samira s’engage à déconstruire les stéréotypes culturels qui continuent d’être un frein pour la protection de l’environnement et la gestion de ressources naturelles dans sa communauté.
Comme elle, Moise OKPE, animateur du projet AGIR-Bénin à Kpomassè, a aussi beaucoup appris. « Cette formation m’a permis de savoir plus par rapport à la protection de l’environnement et à la gestion des ressources naturelles ». À partir de cet instant, il s’engage à dupliquer ce qu’il a appris au niveau des communautés dans sa sphère d’intervention.
Rappelons que le projet AGIR-BENIN est initié par Action Éducation en consortium avec Plan International Bénin avec l’appui financier de la Coopération Suisse au Bénin. Ce projet a été initié afin d’accompagner le gouvernement béninois dans sa volonté d’améliorer la qualité de son système éducation.
Constance AGOSSA
Lutte contre les infections et maladies transmissibles au Bénin: La PSSP et l’université d’Ottawa forment plusieurs acteurs de la santé
Depuis ce lundi 21 novembre 2022, se déroule à l’hôtel KTA de Cotonou, la formation en soins de santé primaires axée sur les maladies transmissibles au Bénin et volet transversal en éthique clinique. Conjointement organisé par la Plateforme du secteur sanitaire privé du Bénin (PSSP) et les Affaires francophones de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, avec le soutien de la Fondation Mérieux de Lyon, cette formation des professionnels de la santé vise en général à améliorer les services de santé offerts aux populations Béninoises.
Trouver des solutions pratiques et concrètes pour minimiser les effets néfastes des maladies transmissibles au Bénin afin d’améliorer la santé de la population d’une part, et intégrer les meilleures pratiques de soins centrés sur le patient à l’aide des équipes travaillant en collaboration interprofessionnelle en faisant preuve d’un grand professionnalisme, d’autre part, sont les objectifs phares de cette initiative qui permet de former depuis quatre ans des acteurs de la santé au Bénin.
Après deux éditions en présentiel en 2019 et trois éditions en ligne en 2021, cette première en présentiel post COVID se déroule du 21 au 25 novembre 2022 et réunis médecins, infirmiers, sages-femmes, aussi bien du privé que du public. Selon Pascal Fafeh, secrétaire exécutif de la faîtière des structures privées du secteur de la santé, la PSSP a mis en place un programme d’optimisation de la qualité qui consiste en une amélioration continue de la qualité des soins et services dans les formations sanitaires privées. Ceci s’inscrit dans la logique de l’implémentation de la convention de partenariat que la PSSP a signée en juillet 2017 avec le ministère de la santé pour amener les acteurs du secteur privé à observer les bonnes pratiques en matière de soin.
« C’est dans le cadre de ce programme que cette formation est initiée pour amener les acteurs des secteur privé et public à avoir les meilleures pratiques, à améliorer les pratiques en matière de service de soins, notamment en ce qui concerne la maîtrise des infections dans les établissements de soins au Bénin », a martelé le Secrétaire Exécutif de la PSSP. Il laisse comprendre, avant de finir, que le partenariat entre la PSSP et l’Université d’Ottawa est bien solide et fructueux et augure des lendemains encore meilleurs en matière du renforcement de la qualité dans les pratique de soins.
Quant au contenu de cette formation qui dure cinq jours, il sera question de : prévention des infections ; antibioprophylaxie ; hépatite B ; meilleures stratégies d’intervention pour réduire les infections chirurgicales ; résistance aux antimicrobiens ; professionnalisme et collaboration interprofessionnelle, renseigne Dr Jean Roy, médecin généraliste à Ottawa et responsable du projet. A l’en croire, il y aura pour chaque formation, une heure de discussion et d’échange, où on essaye d’établir les meilleures façons de procéder ici au Bénin, tenant compte des milieux, respectant les cultures et les façons de faire.
« De ces formations purement pratiques, on veut que des gens apprennent des choses et qu’ils iront changer dans leurs milieux, acquitter de nouvelles connaissances acquises », a-t-il souhaité. Cela lui tient vraiment à cœur. C’est pourquoi il a tenu remercier la PSSP et les affaires francophones de l’université d’Ottawa (Capitale du Canada), ainsi que la fondation Mérieux en France (Lyon) qui finance ce projet.
Premier jour, un satisfécit
« Prévention et contrôle des infections, et sécurité des patients ». C’est le thème du premier jour de ladite formation, animé par Muleka Ngenda, Infirmière clinicienne, spécialisée en prévention et contrôle des infections. Selon ses clarifications, quand on parle de prévention et de contrôle des infections, c’est qu’on a des mesures préventives qu’on peut mettre en place pour prévenir l’arrivée ou la survenue d’une maladie. « Mais une fois que la maladie est déjà arrivée, on peut avoir d’autres mesures supplémentaires pour contrôler cette maladie. Les infections liées aux soins de santé, c’est des incidents qui sont évitables », a martelé la formatrice. A travers sa communication parfaitement animée, les participants ont retenu l’essentiel. C’est du moins ce qu’il ressort de leur avis. « La prévention, le contrôle des infections et la sécurité des patients sont une affaire de tous, aussi bien des patients que des soignants.
En ce qui nous concerne, la responsabilité est accrue, car nous devons évaluer les risques afin de mener des actions pour prévenir les infections dans le milieu hospitalier. C’est le résumé succinct de ce qu’a retenu Kévin Amoussou, médecin et participant. Si pour ce dernier, la facilitatrice leur a apporté l’information de la manière la plus claire possible, Renaude Noucle, infirmière diplômée d’Etat a beaucoup apprécié la manière dont les travaux de groupe se sont déroulés. « Il nous a permis de rappeler à chaque prestataire de soins, certaines pratiques, peut-être délaissées, dont le but est de protéger aussi bien le patient que le prestataire de soins contre certaines infections », a-t-elle retenue. Il s’en est suivi une mise à jour sur l’hépatite virale B, animée par Dr Marie-Hélène Chomienne.
Les attentes du PSSP
« Les attentes, c’est qu’à la sortie, tous les participants maitrisent les modules abordés tout au long des cinq jours de formation ; cernent les méandres des infections pour mieux y faire face sur le terrain », a notifié Pascal Fafeh, Secrétaire Exécutif de la PSSP. Ensuite, ils mettront en place un plan d’amélioration de la qualité des soins dans leurs établissement d’intervention. Il s’agit d’un « plan que chaque participant va élaborer pour sa clinique, et qu’il va mettre en œuvre au niveau de son service », a précisé Pascal Fafeh. Un suivi continu sera fait par l’équipe de la PSSP appuyée par ses partenaires du Canada pour l’obtention des résultats escomptés.
A la fin de cette formation, les participants seront soumis à une évaluation des connaissances en matière de maitrise des infections de la qualité des plans d’action. Des attestations seront délivrées aux participants qui auront passé le cap.
Faut-il le rappeler, la Plateforme du secteur sanitaire privé du Bénin est une structure faitière qui regroupe les acteurs du secteur privé de la santé au Bénin, c’est-à-dire des associations professionnelles du privé qui sont dans le secteur de la santé. Elle travaille à fédérer tous les acteurs du secteur privé de la santé sous un organisme de coordination et d’œuvrer à les amener à une meilleure pratique en terme de respect de la réglementation, respect des normes et des pratiques que le ministère de la santé a défini pour le secteur de la santé au Bénin.
Arsène AZIZAHO
Vaccination contre la COVID-19 : UNICEF Benin prime les meilleures productions, projets et challengers
Alors que le taux de vaccination peine à s’élever au Bénin, les actions ne cessent de se multiplier pour une meilleure couverture de vaccination. C’est ainsi que des concours médias, des appels à projets et des challenges ont été initiés par l’UNICEF en partenariat avec l’UNFPA, l’INSIDE, l’OMS et le gouvernement du Bénin avec le soutien de l’ambassade de France, afin d’inciter et de mobiliser la population, à se faire vacciner. À l’apothéose de la remise des prix le vendredi 18 novembre 2022 au siège de l’UNICEF à Cotonou, les lauréats sont repartis avec plus de quatre millions de Fcfa.
À ce jour, le Bénin est à environ 30 % de couverture vaccinale (au lieu d’une prévision de 60, voire 70 %), un des plus hauts de la sous-région certes. Mais il est resté stable depuis un bon moment en raison de la déformation au sujet de la vaccination. Une situation qui préoccupe plus d’un et qui urge d’être résolue pour le bien-être de la population béninoise. « Le besoin d’une redynamisation de la stratégie de mobilisation communautaire s’est donc imposé », a souligné le représentant de la représentante résidente de l’UNICEF au Bénin, dans son discours. C’est à la suite de ce besoin que l’UNICEF avec l’accompagnement de ses partenaires, grâce aux financements du gouvernement français, a jugé important de mettre les médias et les jeunes au cœur de cette stratégie de mobilisation pour la vaccination. Ainsi, plusieurs actions ont été menées, dont la formation de plus de 200 jeunes de U-Reporter et 100 journalistes dans tous les départements du Bénin sur l’importance de la vaccination et les techniques de vérification de l’information afin de partager des informations fiables pour encourager le public à se faire vacciner. Ce rendez-vous est donc venu reconnaître et célébrer les lauréats et les différentes initiatives, notamment le concours des meilleures productions médiatiques sur la vaccination contre la COVID-19, le concours vaccinons-nous et celui, embarquons-nous pour la vaccination. Des concours qui visent à encourager le public à se faire vacciner et à lutter contre la désinformation.
Une cagnotte de plus de 4 millions Fcfa pour les lauréats
À l’issue de ces concours, 58 projets ont été reçus et 254 participants pour les concours. De sept projets retenus, trois équipes sont sorties gagnantes. Il s’agit des projets : « Vacciner et protéger », le premier qui repart avec 1.500.000 Fcfa; « Tous vaccinés, tous rassurés », deuxième avec 1.000.000 Fcfa ; et « Abawhè », troisième avec 750.000 Fcfa. Quant au concours médiatique, 27 productions ont été reçues, dont 18 radios, 8 presses écrites et 1 télévision. À l’arrivée, Patrice Sokégbé, du quotidien Fraternité est sorti lauréat de la presse écrite et repart avec 500.000 Fcfa. Dans la catégorie, radio, Serge Fanou, de la radio rurale locale de Banikoara occupe la première place et empoche aussi 500.000 Fcfa. Un prix spécial genre a été attribué à Amélie Zonmadin, la candidature féminine ayant recueilli la meilleure note, toute catégorie confondue. La journaliste de la radio Tado d’Abomey-Calavi est repartie avec 200.000 Fcfa. Quant au challenge Embarquons-nous pour la vaccination, huit lauréats ont été primés avec des gadgets. Le premier a fait vacciner 44 personnes. Le reste comptabilise 70 personnes vaccinées.
Notons que tous les lauréats ont également reçu des certificats de mérite. Leurs joies étaient énormes, et ils n’ont pas manqué de remercier l’UNICEF pour l’initiative. Ils s’engagent à continuer sur la même lancée pour que l’objectif soit atteint, même s’ils reconnaissent que le travail de terrain n’est pas une sinécure.
Une initiative salutaire
Cette initiative de l’UNICEF vient donc à point nommé renforcer la volonté du gouvernement et des nations unies de protéger les populations contre les effets dévastateurs de cette pandémie qu’est la COVID-19. Pour Camille Baumann, représentante de l’ambassade de France, « au cœur de ce projet, se trouve la volonté de permettre à chacun d’avoir accès à une information fiable et de qualité sur la vaccination et sur la santé ». C’est pourquoi l’ambassade de France n’a ménagé aucun effort pour l’appuyer. Un effort que salue d’ailleurs Conrad Deguenon. Le représentant de l’Agence nationale des soins de santé primaires (ANSSP) remercie l’ambassade de France pour l’accompagnement, de même l’UNICEF pour sa disponibilité et son engagement, sans oublier tous les autres partenaires techniques qui de par leur nature constante les aident à améliorer la lutte contre la pandémie.
Un certificat de reconnaissance a été décerné par ailleurs, à cinq membres du comité d’organisation du Camp national Adjarra 2022 qui a réuni 148 jeunes autour du thème « La déconstruction des rumeurs sur la vaccination contre la COVID-19 ». La désinformation détourne l’information, dixit Josias Koularambaye. C’est pourquoi il a lancé cet appel fort à la fin de la cérémonie : « La Covid-19 n’est pas finie. Continuons la vaccination ; la sensibilisation afin de faire de ceux qui sont vaccinés des sensibilisateurs ».
Arsène AZIZAHO
ECLOSIO recrute 15 jeunes pour une formation en agroécologie au Bénin
Eclosio recrute 15 jeunes pour suivre un parcours d’acquisition de connaissances en agroécologie. Une opportunité à saisir pour avoir les capacités de compétir sur le marché de l’emploie et dans le développement de vos initiatives entrepreneuriales.
Le projet de Promotion de la transition agroécologique dans la filière anacarde mis en œuvre par Eclosio et financé par Enabel dans le cadre du programme DEFIA (Développement de l’Entreprenariat dans les Filières Agricoles), développe des activités orientées vers les producteurs d’anacarde et les jeunes diplômés du Lycée Technique Agricole de Natitingou. Il vient renforcer les actions du projet PROFI-Anacarde avec un focus sur la promotion des pratiques agroécologiques dans les vergers d’anacardiers de 5 communes des départements de l’Atacora (Natitingou, Péhunco, Kouandé) et de la Donga (Djougou, Bassila).Dans le cadre de ce projet, Eclosio collabore étroitement avec l’Union Régionale des Coopératives des Producteurs d’Anacarde de l’Atacora-Donga (URCPA-AD)
Vous êtes un jeune (homme ou femme) diplômé du secteur agricole; vous avez entre 18 et 28 ans; vous avez suivi votre formation technique et professionnelle en Production Végétale (PV) ou Production Animale (PA) au Lycée Technique Agricole de Natitingou; vous défendez une alimentation saine des populations, et la protection de l’environnement.
Eclosio et Enabel vous offrent cette opportunité de suivre un parcours d’acquisition de connaissances afin de disposer des compétences avérées et de qualité en agroécologie. Cette opportunité de formation va vous permettre d’être compétitif non seulement sur le marché de l’emploi (prestataires des projets/programmes, techniciens en agriculture durable, etc.) mais aussi dans le développement de vos initiatives entrepreneuriales. Les capacités des jeunes diplômés sélectionnés seront renforcées sur les thématiques suivantes : les changements climatiques, les principes de l’agroécologie, les pratiques agroécologiques, les systèmes alimentaires durables, le marché des produits agroécologiques, méthodes participatives d’accompagnement de la transition agroécologique, coaching, Etc….
Les candidatures sont attendues avant le 15 Décembre 2022 en suivant ce lien https://urlz.fr/jwqt
Avant de remplir le formulaire en ligne, assurez-vous que vous disposez des documents suivants :
· Une photo claire de vous
· Une attestation de résidence en format pdf ou jpg
· Votre attestation de fin d’étude en format pdf ou jpg
· Votre CV actualisé en format pdf
Dans les coulisses du « bizi », la prostitution digitalisée au Bénin
Le « bizi », dérivé de « bizness » est l’appellation d’une activité qui prend de l’ampleur ces dernières années au Bénin. Il s’agit d’une nouvelle forme de prostitution qui se démarque du travail de s3xe traditionnel par le mode opératoire des « bizi-girls » ou des « géreuses de bizi » comme elles se font appeler. Diversement apprécié au sein de la société, le « bizi » est devenu quand même une activité génératrice de revenu au profit des acteurs directs, de leur entourage et de certaines entreprises.
Mireille est une jeune femme, la trentaine environ. « Gereuse de bizi » depuis bientôt deux ans, nous l’avons rencontrée dans un forum WhatsApp exclusivement dédié à l’activité de « bizi ». Pour accéder à ce forum, nous avons été soumis à un processus qui est commun à tous les forums que nous avons intégrés dans le cadre de cette enquête. Après avoir pris contact avec l’administratrice principale, nous avons reçu les conditions d’adhésion qui tournaient autour d’un versement de 2100 FCFA comme frais d’inscription, présentation avec photo complète et engagement à respecter rigoureusement le règlement intérieur du groupe, dans lequel il est clairement inscrit : “l’inscription au club nécessite un degré de responsabilité. Si vous n’êtes pas majeur, abstenez-vous”. Le règlement demande également à tout membre du forum de s’abstenir de réclamer des photos des “bizi-girls” de façon tous azimuts et exagérée. C’est après avoir satisfait à ces exigences que notre numéro téléphone a été ajouté au forum. Au niveau du règlement intérieur, il y a un point qui n’est pas passé inaperçu, il était mis en exergue. Ce point indique que “tout nouveau membre du forum a droit à un plan (rencontre) gratuit avec la bizi girl de son choix”. L’objectif serait de faciliter son intégration et lui souhaiter la « bienvenue ».
Mireille réside à Porto-Novo, à plus de 40 kilomètres de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Une situation géographique qui parfois lui fait perdre des clients. « Certains te contactent depuis Cotonou ou Calavi. Dans ces cas, le coût de la prestation monte, parce qu’il faut y ajouter les frais de transport. Ce que beaucoup n’arrivent pas à supporter ».
Néanmoins, Mireille ne se plaint pas. Elle rencontre en moyenne deux clients par semaine. Sa recette varie selon plusieurs facteurs, mais ce qui est sûr, le montant le plus bas que peuvent générer ses prestations pour deux clients est de 10 mille francs CFA. Interrogée sur le coût d’une prestation à effectuer à Cotonou, elle n’a pas hésité à dire 12 mille francs CFA. En détail, elle explique que 2 000 francs CFA sont réservés pour le transport et les 10 mille francs CFA pour le « service rendu ».
Des éléments de facturation…
Tout dépend, en effet, des exigences du client. En général, les « bizi girls » fixent le coût de leur prestation en fonction du nombre de coups et des pratiques sexuelles souhaitées par le client. La facture est généralement salée quand il s’agit de faire une nuit entière. Dans ce cas, la prestation peut coûter jusqu’à 60 mille francs, a confié Mireille, qui avoue que c’est l’option la plus rentable.
Si le montant est discuté et arrêté avant l’arrivée de la « bizi girls », il peut aussi changer pendant la prestation. En clair, les clauses du « contrat » peuvent être révisées selon les circonstances (le canal de prise de contact, le lieu de la rencontre et les pratiques s3exuels exigées par le client). Il faut également noter que la facturation peut aussi varier d’une « bizi girl » à une autre.
Pendant que Mireille vivant à Porto-Novo facture 12 mille francs CFA pour une prestation à Cotonou, Nadège Z. qui habite dans un arrondissement populaire de Cotonou, fixe son prix à 15 mille francs CFA. De taille courte et de teint clair, Nadège paraît plus ouverte à la négociation que sa collègue Mireille qui reste campée sur sa position.
Lors des négociations avec le client, Mireille s’oppose à toute demande d’envoi de photos. Par contre, Nadège ne trouve pas d’objection à cette demande. Pour elle, c’est une méthode pour mettre en confiance le client et monter les enchères.
La recherche de clients…
Tout part généralement des réseaux sociaux, notamment Facebook, mais la suite se gère plus facilement via WhatsApp. Dès les premiers échanges sur Facebook, Tik Tok ou encore Tinder, vous recevez un contact Whatsapp qui vous demande de venir en inbox pour plus de détails. Ici, il n’y a pas de temps à perdre pour des discussions inutiles. C’est du bizness et le temps, c’est de l’argent.
Comme nous l’avions signifié un peu plus haut, le « bizi » se démarque de la prostitution classique par le mode opératoire qui n’est rien d’autre que la recherche de clients en ligne. On peut penser que le choix de l’internet fait par les « bizi girls », se justifie par la facilité et la rapidité d’atteindre un nombre élevé de potentiels clients, en un temps record. Mais derrière, se cache une autre raison.
Selon Émile Comlan Badevou, économiste et docteur en sociologie, « les réseaux sociaux offrent plus d’anonymat et de discrétion, donc sont moins stigmatisants. Étant une pratique hors norme, les acteurs se cachent pour la pratiquer afin de ne pas s’exposer aux critiques de la communauté. Or, la rue ou les espaces publics n’offrent pas cette discrétion que la prostitution en ligne offre ».
Les « géreuses de bizi » ne sont pas les seules qui échappent aux regards du public grâce aux nouvelles technologies . « Les clients aussi recherchent cette discrétion ; ce qui fait que la prostitution en ligne se développe. Les groupes WhatsApp de sexe sont créés à cet effet. Il suffira de les intégrer », a confié le sociologue.
Le fonctionnement des groupes de « bizi » sur WhatsApp
Sur les réseaux sociaux, les groupes de « bizi » sont à peine voilés. Les annonces d’adhésion sont publiées à tout bout de champ et abondamment sur la toile. Les créateurs sont appelés « managers » et dictent les règles à suivre. La condition sine qua non, commune à tous les groupes, ce sont les frais d’adhésion. Sur une dizaine de groupes expérimentés, on a constaté que les frais d’adhésion sont fixés à 2100 francs CFA par groupe. Les frais sont à verser via un numéro Mobile money que l’interlocuteur derrière le clavier communique. C’est du ni vu, ni connu. Les annonces d’adhésion se présentent généralement comme indiqué sur les images ci-dessous.
Dès que vous payez les frais d’adhésion, vous êtes automatiquement ajouté dans le groupe et vous recevez un message qui vous indique la suite de la procédure. Irmine, 24 ans, administre un groupe de « bizi ». Ancienne « bizi girl », elle a déposé les armes pour « encadrer et coacher les plus jeunes dans l’activité ». Elle confie que dans son groupe, chaque nouvel adhérent a droit à une prestation gratuite. « L’objectif, c’est de faciliter son intégration et montrer que nous faisons du sérieux », a-t-elle affirmé.
Une fois dans le groupe, les potentiels clients ont la possibilité d’aborder directement en inbox les filles. Celles-ci peuvent également faire le premier pas. C’est d’ailleurs la méthode la plus courante. Pour convaincre le client, tous les moyens sont bons, notamment le partage de photos et de vidéos de performances précédemment réalisées. Ce qui n’est pas le cas dans le cadre de la prostitution de rue. « À partir de quelques séquences de vidéos, les clients ont un avant-goût de la prestation de la travailleuse du sexe qu’ils sont amenés à choisir parmi tant d’autres. La prostitution de la rue n’offre pas cette possibilité aux clients, d’où la préférence pour la prostitution en ligne », a expliqué Dr Émile Comlan Badevou.
Jérôme vient de décrocher son diplôme de licence dans une université privée de la place, client fidèle de plusieurs « bizi girl ». Il avoue être très investi en tant que client dans cette activité. Pour lui, c’est plus facile de contacter une “fille prostituée” en ligne que d’aller se pointer au Stade de l’Amitié, à Joncquet, à Gbégamey ou à Zongo à la recherche de filles de joie. « Jusque-là, tout s’est toujours bien passé. C’est du business. Chacun joue sa partition et à la fin, tout le monde est content », a-t-il confié avec sourire.
Dos au mur, le bizi comme alternative
Les raisons qui justifient la présence des “bizi girls” dans cette activité sont multiples et diverses, mais celle qui revient très souvent et semble même commune à toutes les bizi girls, c’est la précarité. Selon Nadège Z. et Mireille, cette activité leur permet d’échapper à la précarité et de joindre les deux bouts au quotidien. “J’ai tout essayé. Ce n’est pas de gaieté de cœur que je suis dans le bizi, Livrée à moi-même et sans un travail digne, j’ai opté pour le bizi qui me nourrit désormais”, a confié la première. Elle avoue par la suite qu’elle exerce cette activité grâce à l’influence de ses amies qui y étaient déjà. Les sorties en boîte de nuit entre copines et les “chill party” ont participé à sa prise de décision. Pour ces deux bizi girls, le bizi est une transition vers une activité commerciale. C’est d’ailleurs l’objectif qu’elles s’étaient fixées au début. Elles ne comptent donc pas y demeurer toute leur vie, même si, pour le moment, elles sont encore loin du but. Mireille pense qu’il lui faudra encore un peu plus de temps pour lancer son commerce de friperie qui devait la “sauver des griffes” de la prostitution en ligne. Elle se contente pour le moment de satisfaire ses besoins vitaux. Elle n’a pas encore assez de réserves pour réaliser son projet.
Les bizi girls sont conscientes des conséquences néfastes et du danger qu’elles courent dans ce métier. Elles tentent de se protéger comme elles peuvent. Sur le plan sanitaire, elles sont vulnérables face aux maladies sexuellement transmissibles (IST/MST). Pour être à l’abri de ce danger, “certaines bizi girls se soumettent rigoureusement à des contrôles sanitaires périodiques”, a confié une source (responsable d’un groupe de bizi).
Selon Silvio Zohoungbogbo, spécialiste en épidémiologie et santé publique, les acteurs impliqués dans cette activité de bizi s’exposent de façon permanente aux IST. “Il y a la gonococcie, la chlamydiose qui est une infection très dangereuse, mais très peu connue de la population”, a-t-il indiqué.
Le spécialiste en santé publique évoque l’ignorance des bizi girls qui ne s’offrent pas des soins adéquats. “Ces IST sont généralement causées par des rapports sexuels non protégés avec des partenaires à risque. Nos sœurs qui s’adonnent au bizi sont exposées à beaucoup de maladies. Elles n’ont pas souvent la présence d’esprit de consulter des professionnels de la santé qui s’y connaissent pour un diagnostic complet et un traitement adéquat. Elles font ce qu’on appelle un traitement probabiliste et souvent les gènes responsables de ces IST au lieu d’être tué, sont renforcés”, a-t-il ajouté.
Sur un autre plan, les bizi girls sont exposées à des actes de violences et d’insécurité. Elles peuvent subir des violences par leurs clients ou encore constituées des proies à des crimes rituels.
“Spirituellement et moralement, le bizi a également des inconvénients”, ont laissé entendre certains responsables religieux et sages que nous avons abordés sur le sujet. Mais, ces derniers se sont montrés très réticents et n’ont pas souhaité répondre à nos questions.
Impacts socio-économiques
Le bizi est une activité informelle et indigne aux yeux du commun des Béninois, mais visiblement organisée. C’est du moins ce qu’on peut retenir des propos d’un manager « bizi ». « C’est un travail que nous prenons au sérieux, puisque ça nous permet de survivre », a-t-il confié.
Il est vrai que les retombées financières dépendent de plusieurs facteurs, mais ce qui est tangible, c’est que le « bizi » donne des moyens de subsistance aux différents acteurs. Selon Brythanie, l’une des bizi-girls les plus connues à Cotonou, le gain dépend de la clientèle. Dans une émission diffusée sur la chaîne TVC, elle a publiquement indiqué qu’elle a déjà gagné en une séance de « bizi » la somme de 5 millions de francs CFA.
La prostitution en ligne, à l’instar de la prostitution de la rue, n’impacte pas que les « bizi girls ». Elle procure également « des moyens de survie, à d’autres personnes et secteurs d’activités connexes (parents, amis, propriétaires des maisons de passe, proxénètes, hôteliers, commerçants, salons de coiffure et d’esthétiques, établissements financiers, etc.) », a indiqué Émile Comlan Badevou, auteur d’une thèse sur la prostitution. « Ce faisant, elle soutient les économies locales, morales et marchandes », a-t-il ajouté.
Sur le plan purement social, le sociologue affirme que “la prostitution assure aux hommes qui y ont recours des fonctions d’écoute, de confidence, conseillère conjugale, thérapeutiques, de préservation des couples pour les mariés, de refuge, de survie pour certains, assistance sexuelle aux personnes handicapées, source potentielle de renseignements pour les agents de la sécurité publique, contribue au maintien de l’ordre social.”
Une activité fortement dénoncée, mais…
Sur la plupart des avis reçus sur le bizi, il ressort clairement que c’est une activité qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’opinion. “C’est salissant pour la gent féminine. Elles ont refusé de fournir le moindre effort intellectuel ou physique pour choisir la voie de la facilité. Elles ont choisi de vendre leur corps pour de l’argent, ce n’est pas bien pour l’éducation que nous avons reçue”, s’insurge Roland Djossou, web activiste. Il est appuyé par Habib Ahandessi, activiste politique et leader d’opinion, qui estime qu’il faut fortement dénoncer le phénomène pour ramener les bizi-girls à une vie « normale ». « Il faut dénoncer par tous les moyens », a-t-il martelé. “Les hommes aussi doivent comprendre qu’ils courent beaucoup de risques en côtoyant ces filles (bizi girls)”, a-t-il ajouté. D’un autre côté, “des clients aussi ont intérêt à se méfier des bizi-girls qui développent toutes sortes de vices, notamment le vol”, a confié un agent de la sécurité publique.
Le bizi est dénoncé et contesté, mais légalement, il n’y a pas de dispositif pour conforter l’indignation de la société. A la Brigade des mœurs, unité de police chargée de gérer ces genres de situation, les actions sont limitées à cause de l’absence d’une loi interdisant la prostitution. “Le problème au Bénin, c’est que la prostitution n’est pas interdite. C’est ça le vrai souci que nous avons avec ce qui se passe”, a confié une source proche de la Brigade.
Pour tenter de limiter les dégâts, la Brigade des mœurs s’investit dans la sensibilisation et la répression contre les proxénètes. Précisément, dans le cas de bizi, la Brigade a dans son viseur, les “managers, responsables de groupe bizi et ceux qui jouent les intermédiaires entre bizi-girls et clients”. “Celui ou celle qui met en contact, c’est moyennant quelque chose. Si on prend ces gens-là, on va sévir. C’est sur ceux-là qu’on peut taper pour couper la chaîne. Si un administrateur de groupe WhatsApp joue ce rôle-là, on va le coffrer », a insisté le premier responsable de la Brigade des mœurs.
Le vide juridique qui profite aux travailleurs de s3xe en général, avait été déjà relevé à plusieurs reprises. Le sujet a été remis sur le tapis lorsque le préfet de Cotonou, Alain Orounla, a enclenché une lutte contre le phénomène. Le juriste Bob Yaovi Liassidji, lui avait rappelé que “la prostitution n’est pas un délit. Aucune autorité, soit-elle un préfet de département, ne peut procéder à l’interpellation ou à l’arrestation aux fins de présenter au procureur de la République des personnes qui s’y adonnent”, avait-il expliqué.
En attendant donc ce dispositif légal qui viendra renforcer les actions des structures compétentes de répression, le bizi continue son chemin avec son lot de conséquences.
Cet article a été rédigé dans le cadre d’un programme de formation de l’association Ekôlab. Retrouvez Ekôlab sur Twitter, Facebook et LinkedIn.
Cochimau HOUNGBADJI
Le Maroc à l’initiative d’un débat fructueux sur la réduction des risques sanitaires
Mercredi 16 novembre 2022. Ouverture officielle au Fairmont Royal Palm de Marrakech, de la première conférence africaine sur les risques en santé. L’événement qui a été mis sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste, réunit en conclave un parterre d’acteurs scientifiques, experts en politique, décideurs et de spécialistes de la protection sociale. Ils sont venus de cinquante-sept pays de par le monde pour trois jours d’échange prometteur.
Cet événement d’envergure internationale vise à créer une plateforme africaine d’échange enrichissant dans le domaine de la santé publique et de la prévention des risques. Pour y arriver, il sera question de se baser sur l’expérience des différents pays et des points de vue des experts nationaux et internationaux, afin de partager l’expérience et les compétences marocaines. Toute chose qui permettra de déterminer les meilleures pratiques au niveau de la gouvernance et de faire face aux défis budgétaires et de durabilité financière dans le secteur de la santé.
L’organisation de cette conférence dirigée par le ministère de la Santé et de la Protection Sociale du Maroc en partenariat avec l’Association Marocaine de Médecine addictive et Pathologies Associées (MAPA) s’inscrit dans l’optique d’anticiper des crises et de gérer des risques. C’est en effet dans le cadre de la dynamique du système de santé mondiale et du besoin croissant de le réformer suite à l’impact de la pandémie COVID-19 que cette initiative marocaine s’ouvre aux acteurs de la santé et la protection sociale comme un creuset de réflexion et d’action.
La sécurité sanitaire réfère aujourd’hui à l’ensemble des dangers et des risques pour la santé qui échappent au contrôle des individus et relèvent donc de la responsabilité des pouvoirs publics.
Pr Khalid Ait Taleb, Ministre de la Santé et de la Protection Sociale du Maroc
Selon le Pr Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé et de la Protection Sociale du Maroc, la sécurité sanitaire réfère aujourd’hui à l’ensemble des dangers et des risques pour la santé qui échappent au contrôle des individus et relèvent donc de la responsabilité des pouvoirs publics. Une déclaration partagée par le Secrétaire Général Adjoint et Haut Représentant de l’Alliance des Civilisations des Nations Unies, M. Miguel Ángel Moratinos présent à l’ouverture.
Dr. Imane Kendili est la Présidente de l’Association Marocaine de Médecine Addictive et Pathologies Associées. À l’en croire, cette rencontre se justifie par le fait que la santé prend de nouveaux sillons et les réalités du terrain invitent à repenser les politiques de santé publique de demain.
La santé prend de nouveaux sillons et les réalités du terrain invitent à repenser les politiques de santé publique de demain.
Dr. Imane Kendili, Présidente de l’Association Marocaine de Médecine Addictive et Pathologies Associées
Cette conférence Internationale vient à point nommé dira Pr Morgan CHETTY tout en précisant qu’elle devrait adresser outre des défis ce d’ordre épidémiologique liés au contrôle des déterminants sociaux de la santé.
Les participants mobilisés comme jamais de divers horizons, souhaitent tirer des recommandations pertinentes basées sur l’adoption des politiques et des stratégies de réduction des risques sanitaires à travers l’amélioration des systèmes de prévention, le changement des modes de consommation et la promotion d’un mode de vie sain.
Il convient de noter que suite aux recommandations du système de santé international 2015 (RSI 2005) instaurées par l’Organisation Mondiale de la Santé, le ministère de la Santé et de la Protection Sociale du Maroc a mis en place depuis 2015 des plans de riposte contre les cas d’urgence sanitaire potentiels au niveau international.
Il appelle donc les différents pays à préparer des stratégies de riposte incluant les plans de communication et de mobilisation sociale afin de sensibiliser les citoyens sur des risques sanitaires et les informer des mesures prises par les autorités sanitaires pour contenir les risques et prévenir son impact.
Aussi, le Maroc a-t-il entamé l’adoption des stratégies et des projets concernant la refonte de son système de santé afin d’assurer une mise en place efficace du chantier Royal portant sur la généralisation de la protection sociale.
Rappelons pour finir que la visite des stands qui a suivi la cérémonie d’ouverture officielle a permis de découvrir les efforts qui sont déployés pour le développement du système sanitaire par des laboratoires, des start-ups et des entreprises. Elle vient à juste titre confirmer la nécessité d’anticiper les risques sanitaires en renforçant la recherche scientifique et en considérant leurs impacts sociaux.
Megan Valère SOSSOU
Réduction des risques sanitaires : une Conférence internationale s’y penche demain à Marrakech
Deux ans après l’apparition de la Covid-19 qui a mis à mal le système sanitaire de par le monde, des acteurs de cinquante-sept pays majoritairement africains se pencheront sur l’avenir du monde à travers une rencontre de haut niveau sur la réduction des risques sanitaires. L’événement qui s’ouvre demain, mercredi 16 novembre 2022 à Marrakech au Maroc est mise sous le haut patronage de sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste.
Cette Conférence Internationale, la première sur la Réduction des Risques Sanitaires va durer trois jours. L’objectif pionnier est d’interroger la volonté commune de faire de la santé un sujet discuté au sein des plus hautes instances.
Au menu, la lettre royale de sa majesté, des allocutions, la visite officielle des stands, la signature de plusieurs livres, une conférence de presse, des tables rondes avec des échanges interdisciplinaires.
Diverses thématiques seront abordées. Au nombre de celles-ci se trouvent la santé et les droits Humains, les déterminants sociaux de la santé en Afrique, les maladies cardiovasculaires, l’oncologie, le tabac, le sucre, l’obésité, la santé mentale et les addictions. Le regard sera également porté sur les défis et perspectives des systèmes de santé dans le monde dans un contexte africain.
Cette rencontre constitue une occasion propice pour les éminents experts et acteurs invités, à trouver des solutions aux problèmes liés aux dynamiques sociales en rapport avec la santé.
Le point complet de cette conférence est à retrouver sur votre Journal dans les prochains jours.
Megan Valère SOSSOU
Prolifération des sachets en plastique non biodégradable au Bénin : sur les traces des hors-la-loi
Il n’a jamais vécu un tel désastre dans la lagune de Cotonou depuis plus de vingt (20) ans qu’il y exerce la pêche. En lieu et place des poissons et des crevettes que Pierre AMOUSSOU pêchait, les mailles de son filet n’amassent désormais que des déchets plastiques majoritairement constitués des sachets en plastique non biodégradable. Ces déchets, le Bénin en produit cent trente-neuf mille kilogrammes chaque jour (139 000 kg).
Un véritable drame écologique et sanitaire, au regard de ce que les sachets en plastique non biodégradable prennent plus de 400 ans avant de se décomposer entièrement dans la nature.
Selon les données recueillies sur le site web du Programme de gestion du littoral ouest africain géré par la Banque Mondiale, en 2019, soit deux ans après le vote de la loi sur les sachets en plastiques non biodégradables, le Bénin a importé 6,7 millions de kg de plastiques dont environ 89 % de chlorure de polyvinyle et de polyéthylène connus pour leur dangerosité à la santé et à l’environnement.
Deux années avant, soit le 26 décembre 2017, le Bénin a adopté la loi N° 2017 – 39 portant interdiction de la production, de l’importation, de l’exportation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation des sachets en plastique non biodégradable sur son territoire. Une loi qui punit toute contravention de personne physique ou morale à une amende de cinq (5) millions à cinquante (50) millions avec un retrait de l’agrément ou de l’autorisation, du gel et de la confiscation des avoirs.
Même si un décret d’application est venu dispenser certains domaines de cette interdiction, plus de quatre ans après, les sachets en plastique non biodégradable de tout genre ont plus que jamais envahi les surfaces de vente au Bénin. Le marché international de Dantokpa à Cotonou se trouve au cœur de ce trafic avec des grossistes qui commercialisent au vu et au su de tout le monde.
Dame Samira A., la quarantaine, totalise plus de huit ans d’expériences dans le commerce des sachets en plastique non biodégradable. Elle raconte « Nous commandons les sachets en plastique depuis Lomé parce que les sachets de là-bas sont plus résistants et donc plus prisés par nos clients ». Les balles de sachets sur son espace de ventes étiquetées « Top Chaos » et « Togo Star » en renseignent largement.
Elles sont souvent dix à quinze grossistes à s’associer pour lancer deux tonnes de commande chaque mois chez des commerçants togolais, précise-t-elle avant de faire remarquer les deux possibilités pour faire entrer sur le territoire béninois des marchandises stockées discrètement dans des magasins gérés par la Société de Gestion des Marchés Autonomes (SOGEMA) au sein du marché Dantokpa.
« Quand c’est une grosse marchandise, nous passons par la faveur des agents de la douane à Hillacondji, mais quand c’est d’une quantité moins importante, nous prenons par les voies frauduleuses parallèles à la frontière » a-t-elle avoué.
Hillacondji, la grande porte d’entrée des sachets en plastique non biodégradable au Bénin
À Hillacondji, des sachets en plastique non biodégradable sont déclarés biodégradables et passent la frontière. Des sources bien informées évoquent une nouvelle trouvaille pour camoufler et faire entrer les marchandises de sachets en plastique non biodégradable au Bénin. Il s’agit du système « acquis » ou « escorte douanière » où contrairement à la note circulaire No3774/DGDDI/DLRI, les marchandises passent sans contrôle, au vu et au su des services de conditionnement et de contrôle pourtant assisté techniquement par la société Benin Control SA.
Le jeu se fait de connivence avec les agents de la douane du Togo et du Bénin. Nous en avons rencontré un du côté du Bénin, pas les moindres. Il a souhaité garder l’anonymat. Pour lui, cela ne gêne en rien si les commerçants des sachets en plastique non biodégradable remplissent les formalités douanières.
D’ailleurs, dit-il, je ne peux pas vous avouer que les sachets plastiques qui passent la frontière sont non biodégradables. Mais ce qui est sûr ajoute-t-il, le douanier n’est pas un laboratoire ambulant pour tester la biodégradabilité des sachets en plastique. « Il n’existe pas un réactif pour tester la nature d’un sachet plastique et ce n’est pas à l’œil nu qu’on le fera. » a-t-il laissé entendre.
Les deux courriers de demande d’interview que nous avons adressés à la Direction Générale de la Douane et des Droits Indirects pour comprendre les dispositions prises pour l’application de la loi 39-2017 sont restés sans réponse.
A la frontière d’Hillacondji, il n’existe pas un seul agent de la police environnementale. Sur environ la dizaine d’agents de la police environnementale que compte le Bénin, aucun n’est affecté à cette frontière, selon le Directeur général de l’Agence Béninoise pour l’Environnement, François-Corneille KEDOWIDE.
Au Ministère du Cadre de vie et du développement durable, la lutte contre la prolifération des sachets plastiques non biodégradables se mène avec tact selon Bertin BOSSOU, Directeur en charge de la Gestion de Pollution et de la Nuisance. Le ministère, dit-il, dans sa politique de lutte a recruté plus d’une vingtaine d’Organisations Non Gouvernementales, réparties dans les 77 communes du Bénin pour renforcer la sensibilisation. À l’en croire, il a également été déployé dans cette lutte la police républicaine, la police environnementale, la douane, les contrôleurs de commerce, des leaders religieux, des producteurs de Pur Water, des chefs d’établissement, en particulier ceux des écoles frontalières.
Outre ces actions, poursuit-il, des descentes ont été effectuées dans les marchés de la Société de Gestion des Marchés Autonomes pour sensibiliser et pour saisir des marchandises de sachets en plastique non biodégradable.
Il reste optimiste qu’avec l’acquisition récente de douze détecteurs de sachet en plastique biodégradable, la lutte prendra un autre virage. Ces appareils seront déployés au niveau des postes frontaliers en attendant douze (12) autres qui couvriront l’étendue du territoire national. Bien que décidé à poursuivre la sensibilisation à travers l’information, la formation, il a sans cesse déploré la porosité des frontières qui complique la tâche sur le terrain.
Des voies frauduleuses à la frontière Bénin-Togo
En-dehors de la complicité avec la douane, des commerçants usent de plusieurs stratagèmes pour acheminer les marchandises de sachets en plastique non biodégradable sur le territoire béninois.
Gaël Tchiko est un conducteur de taxi-moto dans la journée et passeur la nuit. Il explique : « Quand bien même les sachets n’étaient pas interdits, les commerçants avaient pris l’habitude de ne pas déclarer leurs marchandises. Imaginez ce que c’est devenu dans ce contexte d’interdiction ». Pour découvrir quelques circuits frauduleux avec lui, il décide de garder notre téléphone éteint dans sa poche pour ne pas se taxer de traître par ses pairs. Nous empruntons une voie embroussaillée passant par Athiémé pour arriver à Fokomé.
À quelques encablures, nous apercevons un véhicule Toyota Picnic immatriculé au Togo en panne, lourdement chargé en provenance du pont d’Athiémé (Frontière Bénin-Togo). À l’intérieur, d’importantes marchandises dissimulées dans le tableau de bord, le repose-tête, les compartiments, des sièges de derrière éventrés contiennent également des marchandises. À force de questionner le conducteur, il fulmine en vernaculaire « je n’ai rien à vous dire ». Nous continuons avec Gaël qui indique, « C’est ici, à Fokomé, que plusieurs produits, dont les sachets en plastique non biodégradable bien dissimulés, arrivent à traverser le fleuve Mono pour le Bénin ». Une activité très lucrative et très dangereuse, mais le jeu en vaut la chandelle selon notre guide.
Si le trafic passant par Athiémé au Togo est très apprécié des fraudeurs, il n’en demeure pas moins du trafic Lokossa-Azovè-Tohoun-Wantché sans occulter celui fluvial qui passe par Djanglanmè pour Agomé-Glozou ou à Agbannankin pour Batonou.
À en croire notre guide, c’est en réalité par ces voies frauduleuses que la grande partie des marchandises de sachets en plastique non biodégradable tout comme d’autres produits interdits ou contrefaits passent nuitamment avant d’atterrir dans des abris de fortune à Fokomé ou au centre-ville d’Athiémé. Pour les contrebandiers, la frontière n’existe que théoriquement.Ils sont tous autant convaincus qu’il serait difficile pour la patrouille douanière de surveiller 24 heures sur 24 les mouvements au niveau de ces voies frauduleuses.
Des commerçantes rencontrées au marché Dantokpa ont fait savoir que des marchandises proviennent également du Nigéria même si ces derniers sont moins résistants et moins prisés. La localité de Banigbé dans le département du plateau et la commune de Semè-Kpodji dans l’Ouémé ont été désignées comme porte d’entrée des sachets en plastique non biodégradables en provenance du voisin de l’Est.
L’internet comme facilitateur des commandes en Chine
Les sachets en plastique non biodégradables sont sans frontières. Pour faciliter les commandes, des fournisseurs confirmés en ligne sont mis à contribution sur Alibaba.com. Sur cette plateforme de vente en ligne, des entreprises chinoises proposent plusieurs gammes de sachets en plastique non biodégradable à destination de nombreux pays du monde dont le Bénin, le Togo et le Ghana.
Au nombre des produits proposés, nous avons des enveloppes plastiques à bulbes, des sacs plastiques autoadhésifs, des assiettes jetables en plastique à emporter, des sachets d’eau, des sachets plastiques transparents et de toutes les couleurs avec diverses dimensions allant de 15/23 cm à 40/60 Cm.
Pour Rodrigue RUSTICO, Financier économiste, les dispositions sont claires : un produit interdit ne doit pas avoir la complicité d’un agent. Si c’est le cas, l’agent s’expose et l’importateur aussi. En la matière, explique-t-il, c’est l’économie béninoise et l’environnement qui en souffrent. Il n’est pas surpris de la grande avancée dans la fraude après le vote de la loi. Car soutient-il, ce sont les mêmes acteurs qui sont toujours restés dans cette filière et cela démontre combien de fois les frontières sont perméables.
Le Spécialiste recommande le renforcement de la sécurité au niveau des frontières avant d’inviter chacun à se ranger et comprendre qu’au-delà de l’aspect financier, la protection de l’environnement doit primer.
Dans la perspective de donner aux consommateurs une alternative, le gouvernement, à travers un décret d’application, a autorisé et fixé les conditions d’installation des sociétés de production des sachets en plastique biodégradable au Bénin. Mais, la mayonnaise tarde à prendre.
« Prêts à faire des sachets en plastiques biodégradables, mais la corde au cou »
Selon Clément KOTAN, Directeur de l’organisation de la société civile dénommée, Unité de Protection de l’Environnement (UPE), aucune des sociétés agréées pour fabriquer les sachets en plastique biodégradable ne peut le faire réellement. Et pour cause, l’investissement serait trop coûteux. Il évoque une somme minimum de 500 millions à 800 millions de Francs CFA.
Par ailleurs, l’amidon, la matière première qui doit servir à la fabrication des sachets en plastiques biodégradables en plus d’être coûteuse est périssable. Les acteurs étants prêts à faire des sachets en plastiques biodégradables, mais la corde au cou, regrette Clément KOTAN.
Tandis que le sachet en plastique non biodégradable du format 40/60 Cm est vendu à 50 Fcfa au marché Dantokpa celui biodégradable du même format est vendu à 250 Francs CFA dans les supermarchés. Un prix inabordable pour le commun des Béninois qui trouve déjà de difficulté à distinguer le bon grain de l’ivraie dans un contexte où tous les sachets en plastique sont vantés de biodégradables.
Félix ADEGNIKA, expert en Eau et Assainissement, relève trois niveaux de contraintes dans cette lutte : Il s’agit du fort ancrage de l’usage des sachets plastiques dans les habitudes des Béninois, de la multiplicité des sources informelles des marchés de sachets en plastiques non biodégradables et de l’absence de substitut en quantité et à prix abordable. Pour y arriver, il propose des actions qui se résument en trois mots. Sensibiliser, Substituer et Sanctionner.
Tant que les sachets plastiques continueront de rentrer dans le pays, les messages de sensibilisation seront dans le vide, dira Sandra IDOSSOU, activiste environnementaliste. Dans tous les cas, le bilan reste un échec quatre ans après le vote de la loi. Le chemin serait long à moins d’un changement de paradigme à tous les niveaux.
Cet article a été rédigé dans le cadre d’un programme de formation de l’association EkôlabRetrouvez Ekôlab sur Twitter, Facebook et LinkedIn.
Megan Valère SOSSOU
Vente illicite de médicaments pharmaceutiques au Bénin : quand la porosité des frontières facilite le trafic
Au Bénin, la vente illicite des médicaments est interdite. Mais ces produits pharmaceutiques intraçables continuent « de circuler dans les marchés, boutiques et rues du pays », malgré les répressions et les sanctions. D’où proviennent-ils alors et que font les services de la douane et de la Police républicaine au niveau des frontières béninoises ? Au-delà, le gouvernement béninois joue-t-il effectivement sa partition dans la lutte contre le phénomène ? Nous avons mené l’enquête.
100.000 morts. C’est le nombre de décès causés chaque année par la consommation de médicaments factices selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Afrique Sub-saharienne. La vente de ces médicaments au Bénin est une importante source de revenus pour de nombreuses familles. Face à la répression corsée contre ce commerce illicite, les revendeurs rivalisent d’astuces pour dissimuler les médicaments contrefaits sur les étalages dans les rues, dans les boutiques et au marché.
Le Bénin partage près de 800 km de frontière avec le Nigéria. Bienvenu D. est un commerçant qui passait régulièrement la frontière bénino-nigériane afin de s’approvisionner en médicaments, boissons sucrées et bien d’autres produits de grande consommation. Ancien employé de la Société Nationale de Commercialisation des Produits Pétroliers (Sonacop), celui qui s’est retrouvé sans emploi suite à la liquidation de la société en juin 2021 par l’État, est retourné à son ancienne activité. En 2021, il a fait, durant six mois, le trafic entre le Nigéria et le Bénin avant d’abandonner cette piste pour se tourner vers des semi-grossistes locaux proches de Parakou, entre Pèrèrè, N’Dali et Nikki.
« La dernière fois que je suis allé (au Nigéria – NDLR), j’ai quitté Parakou à 06 heures du matin et déjà à 11 heures, je suis au poste de police frontalier et j’ai traversé pour aller jusqu’au Nigéria. Le retour, déjà au plus grand tard à 18h, 19h, je suis déjà à Parakou », a-t-il expliqué. Pour rallier le Nigéria depuis la commune de Parakou, Bienvenu prend souvent des raccourcis, à l’aller comme au retour. Ce qui n’est pas sans risque. « Quand on t’arrête, ta moto est saisie. Toi-même, si tu n’as pas de chance…, c’est la prison. C’est très compliqué sur toute la ligne, peu importe ce que tu vas acheter », a-t-il poursuivi en justifiant son commerce par le manque de travail.
Tout comme Bienvenu, Ousmane A. est un commerçant de produits de première nécessité tels que le riz, l’huile végétale, les biscuits, les sucreries et aussi les médicaments. Ousmane a longtemps fait le trajet Bénin – Nigéria au point d’initier ses jeunes frères. Aujourd’hui, ce sont ses frères qu’il envoie désormais au marché de Tchikanda, une localité du Nigéria voisine à Tchikandou, localité située à 22 km de la commune de Nikki dans le département du Borgou au Nord du Bénin.
Ousmane A. dispose de plusieurs boutiques pour la vente de ses produits. Chez lui, se niche une chambre construite en terre battue et couverte de tôles, une « pharmacie clandestine ». Il nous permet d’y accéder. Dans cette pharmacie improvisée, les médicaments sont entreposés en violation des normes sanitaires requises. Provenant du géant de l’Est, ces médicaments ne respectent aucune méthode de conservation. L’entrepôt clandestin de médicaments est géré par l’épouse de Ousmane qui n’a reçu aucune formation dans une branche de la pharmacie.
C’est auprès d’elle que certains détaillants viennent se ravitailler. L’entrepôt est connu des habitants et seuls les clients habitués des lieux peuvent y avoir accès. Les inconnus ou étrangers sont immédiatement identifiés et la réponse à eux servie est claire : « [la vente de médicaments pharmaceutiques], c’est interdit. [Il] faut te rendre à la pharmacie » ; « une solidarité coupable de la population qui nous complique la tâche », a confié une source policière.
Des pratiques malicieuses d’une activité à risque
Tchikanda est une localité nigériane, juste séparée du Bénin par un pont. Elle abrite un marché qui s’anime chaque mardi. Ce marché fait frontière avec l’arrondissement de Ouénou (village Tchikandou), situé dans la commune de Nikki, département du Borgou au Bénin. La monnaie la plus utilisée dans cet espace frontalier est celle du Nigéria, le Naira. Le Baatonu, l’Anglais, le Haoussa, le Ibo ou le Yoruba sont les langues les plus parlées dans cette région frontalière.
Le jour du marché, les contrebandiers (commerçants, revendeurs, trafiquants et simples individus) viennent de partout. Une fois à la frontière, les citoyens peuvent simplement traverser sans protocole. Il faut noter que les frontières béninoises avec le Nigéria sont officiellement fermées depuis 2019 en raison de la persistance de la contrebande transfrontalière. Seules les personnes physiques sont autorisées à passer la frontière.
Une fois dans le marché de Tchikanda, l’on peut constater la vente de différentes marchandises telles que les sucreries, les objets en plastique, les intrants agricoles et bien évidemment des produits pharmaceutiques tels que les comprimés. Ces derniers sont allègrement exposés sur divers étalages par les vendeurs nigérians. Dans les entrepôts qui se trouvent dans ce marché, les produits pharmaceutiques sont simplement disposés dans des cartons à température ambiante estimée à plus de 30°C.
L’achat n’est pas du tout compliqué, il suffit de faire le choix de ses produits et le tour est joué. Pour passer la frontière, les produits sont dissimulés dans des sacs et cartons de biscuits et d’autres marchandises autorisées. « Tout le monde ne passe pas par ici. Mais ceux qui passent, on fouille quand même pour regarder. On a fait des prises aussi. Et ces cas-là, on les envoie au Procureur. Même si c’est un peu, il peut décider qu’on lui amène l’intéressé. Si ce sont des médicaments en quantité, ils ne passent pas par ici. Il y a assez de voies de contournement dans la zone. C’est à des heures tardives, tu vas les voir souvent », a confié un policier que nous avons rencontré.
Du retour du Nigéria, commerçants et vendeurs préfèrent emprunter des chemins détournés tels que les forêts et rivières pour échapper aux contrôles des agents de police et des douanes nigérianes et béninoises qui essaient de les intercepter. De jour comme de nuit, certains contrebandiers parviennent à échapper au dispositif de sécurité en raison, selon nos sources, du manque de moyens humains et matériels des unités de la police et de la douane. Sur cet axe, ces trafiquants passent par les localités de Tasso, Gninsi, Guinangourou, Donplawi, Sérékali et autres. Le phénomène est devenu cyclique. Il se déroule sous le regard impuissant des agents de police et de douane qui sont obligés de se contenter des moyens du bord.
Des raisons pour se justifier
Faridath, Mouina et Odette (noms d’emprunt) sont des revendeuses, semi-grossistes et détaillantes de médicament à Parakou. Faridath et Mouina s’approvisionnent au Nigéria. Quant à Odette, détaillante, elle le fait à Nikki, commune frontalière au Nigéria. Ces femmes n’ont aucun diplôme en pharmacie et ne disposent pas d’autorisation de commercialisation, ni d’autorisation de mise sur le marché, encore moins d’une autorisation spéciale.
Pourtant, l’article 6 de la loi n°2021-03 du 1er février 2021 portant organisation des activités pharmaceutiques en République du Bénin, dispose, en son alinéa trois que : « ne peuvent être exercés que par des pharmaciens ou sous responsabilité, les activités de la vente en gros, la vente au détail et toute dispensation au public des médicaments et des produits assimilés ». Interrogées, les trois commerçantes reprennent le même refrain. D’une part, il y a la pauvreté et d’autre part, la vente illicite de médicaments est très rentable.
Des propos que confirment Clément, Moudachirou et Carine, consommateurs de médicaments de la rue. Pour Clément, ressortissant de Sinendé, la commune ne disposant pas d’officine de pharmacie, les habitants se rabattent sur les médicaments de la rue, la seule officine de pharmacie située à plus de 88 km dans la commune de Bembéréké. Pour s’y rendre, il faut passer plus de deux heures d’horloge. Aussi, faudrait-il braver l’état de la route devenue complètement impraticable.
« Si moi, je prends parfois les médicaments au quartier, chez les bonnes dames, ou au marché, en cachette, c’est parce que c’est moins cher. Je n’ai pas besoin d’aller à la pharmacie ou à l’hôpital. Sauf quand c’est grave », s’est expliquée Carine. Le septentrion (les quatre départements du Nord du Bénin) compte 36 officines de pharmacie dont 19 à Parakou. Le manque de pharmacie dans plusieurs communes du Nord du Bénin (Karimama, Ségbana, Gogounou, Pèrèrè, Kalalé, Sinendé, Kouandé, Matéri, Wassa Péhunco, Cobly, Toucountouna, Copargo) sont également des raisons évoquées par certains citoyens pour justifier leur achat dans les rues et les marchés. Selon un pharmacien, il faut une pharmacie pour 3 500 habitants, mais toutes ces communes de plus de 60 000 habitants, d’après le dernier recensement général de la population et de l’habitation, ne disposent pas de pharmacies.
« On ne peut pas comparer qualité et non qualité »
Maurice Assogba, pharmacien d’officine à Parakou, représentant région 5 (Borgou, Alibori, Atacora, Donga) du Conseil central A de l’ordre des pharmaciens du Bénin définit le médicament comme un produit très sensible dont la manipulation est laissée aux professionnels. « Tout professionnel de la santé sait que c’est un élément important qui rentre dans les soins thérapeutiques. Donc, on ne saurait traiter des gens sans s’assurer de la qualité des éléments qu’on utilise et donc des médicaments qu’on utilise à ces fins-là », a-t-il indiqué en précisant qu’on ne peut comparer ce qui est comparable.
« On ne peut pas comparer qualité et non qualité. Lorsque vous avez un produit alimentaire par exemple, ou une boisson frelatée sur le marché, attendez-vous à ce qu’elle n’ait pas le même prix que la boisson qui a suivi tous les contrôles qu’il faut pour être mise sur le marché. Donc, en fait, il n’y a pas de discussion à avoir là », a-t-il expliqué en ajoutant que celui qui va sur le marché, pensant que c’est moins cher, prend des risques pour sa santé.
« Les produits illicites proviennent d’un peu partout. Ça vient par le port, par les kits en transit. Les tramadol qui transitent pour aller par exemple vers le Niger, ces mêmes produits peuvent encore revenir par voie terrestre au pays. Puisque c’est des produits qui sont en transit, qui ne sont pas destinés au Bénin. Une fois là-bas et que les opérateurs vendent leur chose, les commerçants peuvent ramener ce même produit à l’intérieur du pays. Donc, ce n’est pas seulement par le Nigéria», a rapporté un agent des douanes béninoises.
Répression inefficace
En juin 2017, le gouvernement béninois, garant de la protection du consommateur et de l’accessibilité aux produits de première nécessité, a pris la résolution d’entamer une farouche lutte contre la vente illicite des médicaments pharmaceutiques. Ceci à travers la ratification de la convention Médicrime adoptée par le Conseil de l’Europe en septembre 2010.
Mais avant, en février de la même année, l’opération Pangea IX, organisée par Interpol a permis de démanteler un réseau de trafiquants et de détruire une centaine de tonnes de stock de faux médicaments dans le marché Adjégounlè à Cotonou, un marché réputé pour le trafic de faux médicaments. Les opérations de contrôle et de perquisition se sont poursuivies ensuite. Elles ont abouti à l’arrestation de cinq grossistes-répartiteurs, dont un français, qui ont été condamnés en mars 2018 par le tribunal de première instance de première classe de Cotonou. aux procédures de mises sur le marché de médicaments et d’avoir entretenu un circuit illicite de médicaments.
Selon une source policière, une dizaine de trafiquants de médicaments pharmaceutiques ont été arrêtés au mois de juillet 2022 dans la commune de Nikki et déférés à la prison civile de Parakou.
Douaniers et policiers impuissants face à la porosité des frontières
« A l’œil nu, on ne peut tout détecter. Il faut des matériels sophistiqués. Le minimum que nous faisons, c’est des contrôles avec les frontaliers. Nous prenons des gens de façon sélective parce que, quand les véhicules sont alignés, vous ne pouvez pas vous mettre à les contrôler chacun (…) Par rapport à la frontière maritime, ça, c’est un autre problème… Nous n’avons pas le matériel adéquat pour ces contrôles-là. Il nous faut des vedettes, c’est-à-dire des bateaux sophistiqués pour pouvoir faire ce contrôle… Les vedettes que nous avons ne sont pas des vedettes de grandes puissances », fait savoir un agent des douanes.
Il poursuit, « une mission, ce sont les moyens. Et qui dit moyen, dit moyen matériel, financier et humain. C’est vrai, les moyens humains sont là, mais pour un contrôle approfondi, il faut vraiment le matériel. Pour être honnête… nos frontières sont vraiment poreuses. Et la fraude, ça va vite. Quand vous n’avez pas le matériel adéquat pour le contrôle, c’est vraiment difficile de faire le contrôle… En dehors de ça, il faut aussi l’information… sans l’information, c’est difficile [de détecter les fraudes] ». Des propos que nous avons cherché à confirmer ou infirmer auprès du Directeur départemental Borgou Alibori de la douane, mais sans succès.
Même son de cloche du côté de la police pour qui le travail se fait avec les moyens disponibles. Le commissariat du poste frontalier ne compte que 14 agents. Un effectif très insuffisant face à l’ampleur du phénomène. L’autre raison qui justifie l’entrée des produits illicites à l’intérieur du pays, selon notre source à la police, c’est la fermeture des frontières par le Nigéria. Cette fermeture oblige les trafiquants à passer par des voies de contournement. Des checkpoints sont disposés pour les interventions, mais malgré cela, certains trafiquants arrivent à leur échapper. « Lorsque nous sommes en difficulté, nous faisons appel aux éléments (policiers – NDLR) de Nikki, Biro ou Sérékali », a ajouté un autre agent du poste de police frontalier. À l’en croire, « personne ne veut dénoncer, ce qui justifie le fait que certains trafiquants nous échappent ».
Ce que dit la loi
La loi 2021-03 du 1er février 2021 portant organisation des activités pharmaceutiques en République du Bénin, en l’alinéa 1 de son article 89 dispose que, « est coupable d’exercice illégal de la pharmacie, quiconque se livre à des activités relevant du monopole pharmaceutique, sans être un pharmacien légalement qualifié ». L’alinéa 3 du même article précise que quiconque se rend coupable d’exercice illégal de la pharmacie est puni d’une peine d’emprisonnement d’un à trois ans et d’une amende de 500.000 à 2 millions de francs CFA. Et en cas de récidive (alinéa 4), l’auteur des faits encourt un emprisonnement de 2 à 5 ans.
Il faut noter que, selon la même loi en son article 90 alinéa 1, il est interdit, tout débit, tout étalage ou toute distribution de médicaments sur la voie publique, dans les foires ou les marchés. Les seuls lieux où la vente des médicaments est autorisée, ce sont les officines de pharmacie, la pharmacie à usage intérieur ou le dépôt de produits pharmaceutiques. L’alinéa 4 du même article précise que, « l’auteur de toute violation des interdictions prévues au présent article est puni d’une peine d’emprisonnement ferme d’un (01) à cinq (5) ans et d’une amende de cinq cent mille (500 000) à deux millions (2000 000) de francs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement ».
La mutation de l’ex-Direction de la pharmacie, du médicament et des explorations diagnostiques en Agence béninoise de régulation pharmaceutique (Abrp) semble traduire la volonté du Gouvernement béninois de renforcer le contrôle sur le médicament, d’améliorer et de garantir la sécurité des produits de santé mis en consommation dans le pays. Selon l’Agence, chacune des officines de pharmacie est inspectée en moyenne une fois par an et autant de fois que nécessaire. « Pour ce qui concerne les opérations de saisie réalisées de concert avec les forces de l’ordre, elles sont classées confidentielles », a affirmé l’Abrp dans un mail en réponse à nos questions. « Ces rapports sont destinés aux responsables des structures concernées, sauf si c’est un rapport à caractère public », précise le mail.
Il est difficile, explique-t-il toujours, d’identifier les structures concernées dont parle l’Abrp. « On a fait un contrôle dernièrement, et nous avons regardé toute une série de médicaments prélevés dans toutes les officines du territoire. Et nous avons pu avoir quelques molécules effectivement qui n’étaient pas de qualité. On a procédé à leur retrait », a indiqué le ministre béninois de la Santé, Benjamin Hounkpatin, sur la chaîne nationale du Bénin (Ortb) le 31 mai 2022, lors d’un magazine intitulé « Le Gouvernement en action ».
Mais au-delà de ces retraits, l’autorité ministérielle a reconnu l’existence d’un circuit parallèle à travers les pays voisins. Benjamin Hounkpatin pense qu’il faut également assainir l’environnement sous régional puisque le défi n’est plus interne. Voilà pourquoi il travaille avec ses autres collègues de la sous-région pour lutter contre le phénomène. Ceci a permis la création de l’Agence africaine du médicament dont l’objectif principal est d’améliorer la capacité des États membres et des Communautés économiques régionales reconnues par l’Union Africaine, à réglementer les produits médicaux en vue d’améliorer l’accès à des produits médicaux de qualité, sans risque et efficaces sur le continent.
Le ministre Hounkpatin a également annoncé, lors de cette même émission, la création dans les prochains mois de la plateforme e-pharmacie afin de vérifier la qualité des médicaments qui traversent les frontières.
Cet article a été rédigé dans le cadre d’un programme de formation de l’association Ekôlab.Ekôlab est une organisation à but non lucratif dédiée au développement du journalisme en Afrique et fondée sur trois piliers : les enquêtes sur des sujets de sociétés en Afrique, la formation des journalistes et l’éducation aux médias. Vous pouvez retrouver Ekôlab sur Twitter, Facebook et LinkedIn. / Retrouvez Ekôlab sur Twitter, Facebook et LinkedIn.
Wahabou ISSIFOU
Libération de cinq tortues marines adultes à l’AMP de Donaten à Cotonou
Ce lundi 7 Novembre 2022, dans l’Aire Marine Protégées (AMP) de Donaten, sur la plage Abattoir PK6 Tokplégbé, les Ecogardes de cette zone ont récupéré 4 tortues vertes capturées dans les filets des pêcheurs et une tortue olivâtre qui est venue pondre les 137 œufs dans la nuit du dimanche 6 Novembre 2022 à 23h45 mn. Dans le même temps, les œufs récupérés par la BPLP, il y a environ 46 jours ont donné 108 bébés qui sont libérés.
Les représentants de la Direction Générale des Eaux Forêt et Chasse (DGEFC), à travers la nouvelle Brigade Forestière Maritime et de la Brigade de Protection du Littoral et la lutte Anti-Pollution (BPLP), les Ecogardes, les écotouristes et les communautés locales de la zone étaient présentes à cette libération. C’était aussi une occasion de sensibilisation des participants. Il s’agit du RAMPAO, CEBIOS, Convention d’Abidjan, PAPBIO et du Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable (MCVDD).
C/Com Nature Tropicale ONG
Gestion des urgences de Santé Publique : l’Organisation Mondiale de la Santé offre 15 bourses d’étude
Grâce à une bourse de 3 mois, la région africaine de l’Organisation mondiale de la santé cherche à aider 15 étudiants à la maîtrise, doctorants et responsables de la santé publique d’urgence en Afrique à acquérir des compétences pour élaborer des stratégies, gérer et diriger des programmes de santé qui transformeront positivement les futures interventions d’urgence en santé publique sur le continent.
Le programme utilisera un mélange de composants en personne et virtuels et est ouvert aux ressortissants des États membres de l’OMS. Ce programme de bourses vise à combler les lacunes dans la gestion des urgences de santé publique et la recherche connexe, ainsi que dans les politiques. Le programme a également pour but de former des gestionnaires et des leaders bien équipés et polyvalents pour les interventions d’urgence, tel que l’exige le Cadre d’action d’urgence de l’OMS et le Règlement sanitaire international (2005). En outre, le programme essaye de se frayer un chemin dans l’environnement complexe de la pratique de la santé publique afin d’exercer et de maintenir un impact positif sur la santé, la politique, la négociation, les partenariats et la diplomatie de la santé.
La bourse suivra une approche hybride, combinant donc des échanges en présentiel avec des activités fondées sur la technologie, à l’image du programme phare du groupe organique Préparation aux situations d’urgence et organisation des secours (EPR), qui vise à renforcer et à élargir la qualité et la portée de la gestion des urgences de santé publique en Afrique au cours des cinq prochaines années.
Nombre de bourses à octroyer
Au total, 15 bourses seront octroyées à :
Cinq étudiants en cycle de master ;
Cinq doctorants ;
Cinq experts de la santé publique aux niveaux intermédiaire et supérieur
Critères d’éligibilité
Pour être éligible, les candidats doivent répondre aux critères suivants :
Être citoyen(ne) de tout État Membre de l’OMS travaillant sur la pandémie de COVID-19, et qui met en priorité les citoyens des États Membres de la Région africaine de l’OMS ;
Être inscrit(e) dans un programme de master ;
Être inscrit(e) dans un programme de doctorat (les boursiers inscrits dans un programme de doctorat ou de PhD) ;
Être un(e) employé(e) à temps plein (dans le secteur public/privé ou universitaire), titulaire d’un master, d’un diplôme en santé publique ou d’un doctorat (les boursiers de niveau intermédiaire ou supérieur) ;
Disposer d’une expérience professionnelle en santé publique (dans l’un des domaines suivants : « Une seule santé », médecine, financement de la santé, économie et la politique sanitaire, santé animale, sciences sociales et santé environnementale) ;
Être doté(e) d’une expérience pertinente ayant contribué au progrès de la gestion des urgences de santé publique en Afrique ;
Faire montre d’une capacité de gestion efficace de la santé publique susceptible d’avoir un impact positif sur les résultats sanitaires escomptés pour les populations ; et
Proposer une solution viable qui répond aux défis stratégiques en vue d’améliorer la gestion des urgences de santé publique sur le continent.
Comment poser sa candidature ?
Les candidats doivent fournir les documents suivants :
Un curriculum vitae récent ;
La confirmation d’une inscription dans un établissement universitaire (pour les boursiers inscrits en cycle de master et en doctorat) ;
Une lettre d’engagement (pour les experts de niveau intermédiaire et supérieur) ;
Une lettre de motivation de 500 mots pour les étudiants en cycle de master décrivant leurs objectifs et leur plan d’étude ; et
Un projet de 2000 – 3000 mots pour les candidats (Master, doctorants et experts de niveau intermédiaire et supérieur) décrivant le projet proposé avec les sections suivantes :
Introduction du sujet de recherche
Pertinence du sujet, Brève revue de la littérature sur le sujet, Objectifs, Plan et activités de recherche, Utilisation potentielle des résultats de la recherche et Conclusion.
Date limite de dépôt des candidatures
Le 13 Novembre 2022 : Email : whoafrofellowship@who.int
Avantages de la bourse
Le Bureau régional apportera un soutien financier aux boursiers pour couvrir les frais de scolarité et les subventions de recherche.
Stockage des produits de faune saisis au Bénin: les procédures opérationnelles standardisées validées, pour une gestion plus efficace
Ce mardi 08 novembre 2022, a eu lieu à la Direction générale des eaux, forêts et chasse (DGEFC), l’atelier de validation des procédures opérationnelles standardisées de gestion des stocks des produits d’espèces sauvages saisis et détenus par le gouvernement de la République du Bénin. C’était en présence des acteurs concernés, douaniers, policiers forestiers, etc, sous les directives du CITES, de la DEFC et de l’ONG Nature Tropicale.
« On a longtemps saisi des produits et on ne sait pas si ces produits reviennent sur le marché ou pas », a déploré Benoît TCHOGOU, représentant du Directeur général de la DGEFC. À l’entame de ses propos, le Chef service contentieux a souhaité la bienvenue aux participants, avant d’attirer leur attention sur l’importance de l’atelier qui les réunit. Selon ce dernier, c’est pour régler ce problème sus soulevé que cet atelier a été initié. « Il ne s’agit donc pas de venir applaudir seulement pour dire, on a validé un document, niet », a-t-il clamé avant d’ajouter qu’il faut plutôt se l’approprier et voir ce qu’il faut amender, « puisque c’est un outil qui va nous permettre de faire la traçabilité des produits saisis ». C’est toute la quintessence de ce document pour lequel il invite les acteurs à passer au crible, tout au long de l’atelier.
Sur la même lancée, Ulysse KOROGONE, Conseiller technique de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), clarifie le contexte d’élaboration du document. « Il y a environ un an, à travers le ministère du cadre de vie et du développement, il a été sollicité l’appui de EPIF (Elephant protection initiative Foundation) pour accompagner le gouvernement du Bénin à mettre en place des procédures visant à assurer la traçabilité et la transparence dans la gestion des produits d’espèces sauvages ». En effet, le gouvernement multipliant les actions pour la lutte contre la criminalité, saisis d’énormes produits. Et selon le Chef service de la législation de la DGEFC, ces produits ont besoin d’être stockés et gérés de façon transparente afin d’assurer que ces mêmes produits ne retournent plus jamais dans le commerce illégal, comme pour répondre à l’inquiétude de Benoît TCHOGOU. Ainsi, on aboutira à des produits sécurisés et bien gérés. Au gouvernement de décider de la finalité des produits qui, au-delà du stockage, revient à des questions de souveraineté. « Ils peuvent être utilisés à des fins de destruction ou à des fins d’éducation environnementale », martèle Ulysse KOROGONE.
Pourquoi la présence de Nature Tropicale à cet atelier ?
À cette question, Josea Dossou BODJRENOU, Directeur exécutif de Nature Tropicale ONG a apporté des éléments de réponses pointus. À en croire, pendant plusieurs années, Nature Tropicale a bénéficié d’un accord-cadre du ministère en charge du cadre de vie et du développement durable. Dans le cadre dudit accord, des actions ont été menées pour la lutte contre la criminalité environnementale en général, et faunique en particulier, au Bénin. « Pendant environ six à sept ans, les actions menées ont porté sur la lutte contre le trafic de faune : surtout les espèces intégralement protégées dont l’éléphant et les ivoires qui ont été saisis, les peaux des félins, etc. Ces différents produits ont été gardés dans certains endroits dont les tribunaux, les directions ou inspections forestières… », explique le Directeur de Nature Tropicale, revenant comme ses prédécesseurs au risque qu’ils se retrouvent à nouveau sur le marché. Une question toujours soulevée par la société civile. « C’est ainsi que dans le cadre de notre collaboration avec la DGEFC, qui dirige la gestion de cette problématique, EPIF a accepté accompagner le gouvernement. C’est alors que Nature Tropicale a été associée parce qu’on avait déjà un partenariat avec le gouvernement, et nous conduisons le processus avec la DGEFC », a-t-il expliqué de long en large. Il s’agissait donc pour ces acteurs de se mettre ensemble pour adapter les procédures du Bénin à la procédure reconnue par la CITES. D’où cet atelier de compléments et de validation des procédures opérationnelles standardisées. Place au gouvernement pour la suite.
À noter que ledit document vise à normaliser les procédures de gestion et d’exploitation des produits de la faune stockés dans tous les entrepôts sous le contrôle du Ministre du Cadre de Vie et du Développement Durable du Bénin ; présente les exigences minimales pour la gestion efficace et sécurisée des entrepôts ; et s’applique à tout personnel responsable de la réception, du transport, de la livraison et du stockage des produits de la faune au Bénin.
Arsène AZIZAHO
youth-conservation.org : la nouvelle plateforme d’éducation environnementale des jeunes
Faire prendre conscience à la jeunesse qu’il faut agir pour sauver la nature, tel est l’objectif de youth-conservation.org. Ce site met à disposition, gratuitement et de façon illimitée, un parcours didactique pour que les enfants appréhendent mieux les enjeux environnementaux. Il a été lancé officiellement en octobre 2022 par l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) à travers son Programme Aires Protégées d’Afrique & Conservation (UICN-Papaco).
La jeunesse doit apprendre les bons réflexes pour préserver la nature, avant qu’il ne soit trop tard. Youth-conservation expose de façon simple i) le concept de nature, ii) en quoi elle nous importe et iii) quoi faire pour la conserver. Les jeunes (du primaire au secondaire) sont la cible, leurs enseignants et parents sont un moyen de les atteindre. Actuellement, les activités de promotion de la plateforme sont en cours afin de la faire connaitre et adopter par les écoles et les organisations environnementales ou éducatives en Afrique.
Si vous souhaitez plus d’information, adressez-vous à Monsieur Firmin TAPE joignable +226 56667952, WhatsApp : +22653253893, mail : firmintape7@gmail.com et à Madame Pethuelle Melatia BAYANGA KITEMO, téléphone: +242 066754393, WhatsApp : +242 066754393, e-mail : pethlaprecieuse@gmail.com.
Mission Planète Urgence: Formation aux gestes de premier secours à l’ODDB ONG
L’Organisation pour le Développement Durable et la Biodiversité (ODDB ONG) a organisé à l’endroit de son personnel et des collaborateurs externes, une formation en gestes de premiers secours. Pour cette formation, une phase préliminaire de trois (03) jours a permis à la formatrice d’aller en forêts, visiter les installations pour évaluer les risques éventuels auxquels sont exposés le personnel. La formation proprement dite a débuté le vendredi 4 novembre 2022 et se tient au siège de l’ONG, sis à Fidjrossè. Cette formation est possible grâce au partenariat avec Planète Urgence dans le cadre des missions de congés solidaires.
Le secteur de l’aménagement forestier, la gestion des aires protégées comporte plusieurs risques pour les travailleuses et travailleurs. Que faire quand quelqu’un fait un malaise, un arrêt cardiaque, une chute ? Quelles dispositions prendre en cas d’une brûlure, une hémorragie, un accident ? Bref, comment secourir quelqu’un en danger grâce aux gestes de premiers secours. C’est autour de ces notions que sont réunis depuis quelques jours, le personnel de l’ONG ODDB et d’autres collaborateurs externes. Selon Alfred OGA, Chargé de l’Écotourisme et du Développement Communautaire à ODDB, le besoin a été senti et exprimé. « Etant donné que nous intervenons régulièrement dans les forêts pour diverses activités et sommes aussi souvent en contact avec les animaux sauvages, nous avons exprimé, sous forme de mission, le besoin d’être formé en secourisme et geste de premiers secours », a-t-il expliqué avant d’ajouter que ladite formation permettra est à l’équipe de l’ODDB et ses collaborateurs sur les différents sites d’interventions d’intervenir en cas d’urgence et d’appliquer les principes d’intervention avant l’arrivée des services médicaux d’urgence.
Animée par Christine Blanchard, employée au département de Loire-Atlantique en France, la formatrice dispose de plus de 10 ans des missions humanitaires avec l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) en tant que coordinatrice RH pour leurs missions d’urgence.
Pour mieux aguerrir les participants, la formatrice a opté pour des cours purement pratiques, avec des projections (PowerPoint et vidéos) et des simulations. « Je veux qu’ils soient préparés le plus possible et connaissent ses gestes par cœur ; ainsi, automatiquement, face à une situation, ils pourront faire quelque chose pour sauver une ou des vies », a-t-elle souhaitée. Quant au contenu de la formation, elle y a concocté tout ce qu’une personne peut rencontrer en premier secours. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les participants sont tous aussi attentifs que dévoués. « Ils ont l’air intéressés », a confié Christine Blanchard, parlant des participants.
Et justement, elle n’a pas tort. C’est du moins ce qu’il faille retenir des confidences de Modeste Agossou qui a trouvé la formation opportune et utile. Pour Jessica Fongang, volontaire à ODDB Bénin, cette formation est toute aussi importante parce qu’ils ont l’habitude d’accompagner différents acteurs (collaborateurs, volontaires, étudiants, stagiaires, touristes, etc.) dans des missions en brousse et autres. « Et ne pas savoir les dispositions à prendre en cas d’accident ou d’incident, ce n’est pas judicieux », a-t-elle avouée. Rassurant que la formation se déroule très bien avec Christine, elle se réjouit du fait qu’elle peut déjà sauver quelqu’un confronté à un incident ou autre, en attendant les secours. C’est pourquoi elle n’a pas manqué de remercier la formatrice pour sa disponibilité et la qualité de la formation dispensée. Ses mots de remerciements vont également à l’endroit de l’ODDB qui a permis non seulement à son personnel interne de bénéficier de cette formation, mais aussi à ses collaborateurs externes.
Faut-il le rappeler, le premier secours est la conduite qu’on doit avoir avant l’arrivée des secours, c’est-à-dire des médecins, des pompiers, tutti quanti. N’importe quelle personne peut donc apporter du soutien à une victime, dans la rue, chez soi, au sein de sa famille, etc., quand elle est formée. Le personnel de l’ODDB et tous les participants peuvent de ce fait s’en réjouir.
Arsène AZIZAHO
Caravane « Tambour battant en route vers la COP 27 » : la déclaration officielle des OSC du Bénin
L’ONG Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE Bénin) a organisé une conférence de presse, le mercredi 2 novembre 2022 au siège de SUCO sis à la cité Houéyiho à Cotonou. L’objectif était de faire la lumière sur la Caravane nationale « Tambour battant en route vers la COP 27 », qui s’est déroulée du 29 septembre au 28 octobre, dans plusieurs villes du Bénin. La déclaration de cette caravane africaine, qui constitue même l’essence de ladite conférence devra être vulgarisée, en prélude à la COP 27.
« L’heure est grave ; non à l’inaction climatique ; justice pour les communautés ; non aux énergies fossiles, passons aux renouvelables ; nous luttons pour le climat ; nous demandons le financement des pertes et dangers etc ». Ce sont là les cris de guerre et de ralliement des jeunes volontaires, engagés dans cette campagne. Ils ont fait le tour de cinq villes phares du Bénin à savoir Cotonou, Porto-Novo, So-Ava, Bohicon et Natitingou, sous le lead de l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE BENIN), avec le soutien d’Oxfam. Lancée officiellement par un forum communautaire avec les populations de Tokplégbé (1er arrondissement de cotonou) sur « Comment vivre avec l’érosion côtière ? », elle a mobilisé tout au long du parcours une cinquantaine d’Organisations de la Société Civile et plus de 500 jeunes, femmes, membres d’associations, acteurs locaux (organisations paysannes, associations de producteurs, etc.) demandant la justice climatique et est allée à la rencontre des communautés vulnérables en vue de recueillir leurs voix et messages à remonter aux négociateurs béninois et africains présents à la COP27.
En effet, pendant trop longtemps, les espaces élitistes comme les Conférences des Parties (CdP en français et COP en anglais) ont exclu les perspectives de ceux qui sont les plus touchés par l’urgence climatique mondiale mais qui en sont les moins responsables. C’est à juste titre que la Caravane Africaine pour le Climat “Tambour battant vers la COP27” a logiquement émergé de manière organique pour soutenir l’action collective, la construction de mouvements, la sensibilisation, les campagnes conjointes ainsi que pour mettre en lumière les solutions et les actions d’adaptation en vue de la résilience des communautés africaines. Partant de plus de 21 pays africains, ces caravanes qui représentent un appel à la justice climatique, sont des mouvements citoyens qui visent à galvaniser les voix des parties prenantes à travers le continent africain, à porter les voix des communautés et à transmettre leurs revendications au monde entier qui se réunira en Egypte à Sharm El-Sheikh pour la 27ème session de la Conférence des Parties (COP27). « Plus qu’une initiative portée par les Organisations de la Société Civile (OSC) africaines pour influencer les décisions à l’occasion de la COP27, la Caravane Africaine pour le Climat est un acte d’unité, d’action collective qui rend visible les expériences et les connaissances de diverses communautés s’adaptant au changement climatique ».
Déclaration des caravanes africaines pour la Justice climatique
Ladite déclaration tenant compte de l’état des lieux, des décideurs et politiques aux communautés à la base, dans la lutte contre le changement climatique fait des doléances à l’endroit des Chefs d’Etats et de gouvernements, aux Parties prenantes de l’Accord de Paris, aux Etats riches et pollueurs responsables du réchauffement climatique, et aux bailleurs de fonds multilatéraux. Aux Chefs d’Etats et de gouvernements, ces OSC demandent de soutenir toutes les propositions de loi et textes réglementaires, et leur application pour la sécurisation des terres des communautés ; soutenir la reprise de contrôle de l’agriculture mondiale par les communautés ; protéger les bassins-versants ; accroître la recevabilité sur les flux financiers reçus et fournis au profit des communautés ; assurer une représentation égale et un engagement significatif des femmes et des jeunes, à tous les processus clé du changement climatique.
Aux Parties prenantes de l’Accord de Paris, il est demandé de tenir les pays riches responsables de l’objectif des 100 milliards de dollars et faire en sorte qu’ils s’engagent à respecter leur promesse ; réviser l’article 6 de l’Accord de Paris dont les approches contribuent à renforcer la marchandisation des ressources naturelles y compris la terre au détriment des communautés ; asseoir une démarche scientifique et la réalisation d’études pertinentes sur les dommages et préjudices subies par les communautés africaines liés au changement climatique, et de créer un comité consultatif de jeunes sur les pertes et dommages ; établir un guichet financier provisoire pour financer les pertes et dommages urgents dans le cadre du Fonds vert pour le climat ; définir le nouvel objectif de financement du climat pour la période post-2025 en se basant sur les besoins des communautés d’Afrique.
En ce qui concerne les États riches et pollueurs responsables du réchauffement climatique, les porteurs de cette campagne demandent d’accroître le financement de l’adaptation en donnant la priorité aux subventions plutôt qu’aux prêts ; fournir une feuille de route quantifiée conformément à l’objectif de doubler le financement de l’adaptation d’ici 2025 ; créer un mécanisme d’allègement de la dette souveraine comme moyen de restructurer ou d’annuler les dettes de manière équitable ; mettre en place un mécanisme de financement des pertes et dommages pour faire face aux impacts climatiques dévastateurs subis par les pays vulnérables au climat et les communautés pauvres ; arrêter immédiatement tous les nouveaux investissements dans les combustibles fossiles et l’énergie nucléaire, et passer progressivement aux renouvelables.
Quant aux bailleurs de fonds multilatéraux, les OSC demandent de reconnaître l’inadéquation des dispositions actuelles et passer à un financement de l’adaptation davantage basé sur des subventions, les bailleurs multilatéraux tels que la Banque mondiale, le FIDA ou le Fonds vert pour le climat (qui est l’un des bailleurs ayant le pourcentage le plus élevé de prêts non concessionnels) devraient s’orienter vers une proportion significativement plus élevée de financement de l’adaptation par des subventions pour les PMA et les pays les plus vulnérables au climat ; renforcer les capacités des gouvernements d’Afrique, à tous les niveaux, pour assurer une gestion des risques liés aux changements climatiques et une résilience collective et locale.
À noter que cette déclaration a été officiellement transmise à toutes les mairies qui ont fait l’objet d’une étape de la caravane (Cotonou, Porto-Novo, Bohicon, Natitingou), mais aussi à l’Assemblée nationale et au Ministre du Cadre de Vie et du Développement Durable (représenté par le Directeur Général de l’Environnement et du Climat), Chef de la délégation du Bénin pour la COP27 en Egypte. Cette même déclaration est mise en application dans les autres pays où la caravane s’est tenue. Ainsi, le plaidoyer vient donc d’être acté. C’est pourquoi le Directeur Exécutif de l’ONG JVE, Mawuse Hountondji se réjoui de cette déclaration qu’il espère sera vulgarisé par les hommes de médias. « L’objectif est donc atteint », se réjouissent Mawuse Hountondji et Kossi Appeda, représentant de l’Oxfam. Aux deux s’ajoute dans le présidium, la représentante de SUCO qui a chaleureusement accueilli ladite conférence. Des partenaires qui ne ménagent aucun effort pour apporter leur soutien à l’ONG JVE.