Publié le: 26 avril 2023 Par: Journal Santé Environnement Commentaire: 0

« Chaque fois que nous ne nous sentons pas bien, nous prenons simplement des antipaludéens »

Elles sont nombreuses à choisir et à s’administrer volontairement un ou plusieurs médicaments pour un symptôme qu’elles ont elles-mêmes identifié. Il s’agit de l’auto diagnostic et de l’automédication. Ces pratiques sont courantes pour de nombreuses personnes souffrant de maladies bénignes. Dans le cas du paludisme, ces pratiques peuvent être dangereuses et doivent être évitées selon les spécialistes.

Bien que le rapport mondial publié en décembre 2022 par l’OMS fasse état d’une situation stable, le paludisme au Bénin, continue d’être un fléau majeur, notamment chez les enfants de moins de cinq ans et les adultes en particulier les femmes enceintes. Les dernières statistiques démontrent que cette pathologie représente à elle seule 40 % des consultations externes et un quart de toutes les admissions à l’hôpital.

Dans le même temps, les pratiques de soins traditionnelles côtoient celles de la biomédecine et sont encore largement utilisées pour des raisons d’ordre économique, géographique et bien d’autres. À noter également, la persistance des médicaments de rue qui facilite l’automédication supposée antipaludéenne. Des réalités qui compliquent la maitrise et le traitement de la maladie.

Dans les régions reculées du Bénin où le paludisme est endémique, de nombreuses personnes ont recours à l’auto diagnostic et à l’automédication.

C’est le cas de dame FELIHO, une résidente de Dan dans la commune de Djidja. Sa fille âgée de sept ans revenait des congés de Pâques à Bohicon avec de la fièvre et des maux de tête. « J’ai rapidement compris qu’elle avait le paludisme », affirme, dame FELIHO, admettant ne pas senti le besoin d’emmener sa fille dans un centre de santé. Elle est convaincue qu’elle souffre du paludisme et la vendeuse de médicaments n’est plus qu’à un pas de sa maison.

Comment pouvez-vous être convaincue que votre fille souffre du paludisme sans avoir fait un test ? « C’est le paludisme » nous a-t-elle, répondu banalement.

Selon elle, il n’est pas nécessaire de l’emmener dans un centre de santé, car cela ne ferait que perdre du temps et de l’argent. Elle préfère lui administrer rapidement des antipaludéens.

« Chaque fois que nous ne nous sentons pas bien, nous prenons simplement des antipaludéens » a-t-elle lancé.

Pour des symptômes semblables à ceux du paludisme, la majorité des interviewés affirment avoir recours premièrement au paracétamol, à la chloroquine, à l’amoxicilline, l’ibuprofène et à l’aspirine.

«…. J’ai frôlé la mort…. »

Quand le patient choisi de ne pas avoir recours à l’expertise d’un professionnel de santé, ça n’est pas sans risques pour sa santé. Cette pratique a des conséquences graves, car les symptômes du paludisme peuvent ressembler à ceux d’autres maladies courantes.

En outre, certains médicaments antipaludiques peuvent être dangereux s’ils ne sont pas pris correctement. Les doses incorrectes peuvent entraîner une résistance aux médicaments, ce qui rend le traitement du paludisme plus difficile et plus tard une complication.

Lucas K. est un enseignant de langue dans la commune de Bohicon. Il a perdu entre Juin et juillet 2022, 13 kg de poids en moins de deux mois pour avoir pris des médicaments qu’il s’est lui-même prescrit.

Il raconte, « Je me suis rendu à l’hôpital tardivement. J’ai frôlé la mort. J’avais déjà dépensé le triple de ce que je devrais dépenser pour une consultation légale. » Aujourd’hui, il continue de trainer les séquelles de ce coup dur. Mais, il regrette avoir fait de l’automédication.

Pour ne pas arriver à ce stade, il est donc crucial de se faire diagnostiquer et traiter par un professionnel de la santé si vous présentez des symptômes de paludisme. Les tests de diagnostic sont disponibles dans les centres de santé et les hôpitaux, et les médicaments antipaludiques doivent être prescrits par un professionnel de la santé.

La prévention est également essentielle dans la lutte contre le paludisme, avec l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide et de l’élimination des sites de reproduction des moustiques. Comme Lucas l’a appris, les médicaments soignent. Mais lorsqu’ils ne sont pas pris sur la base d’une prescription recommandée par un professionnel de la santé, ils peuvent aussi rendre malade.

Megan Valère SOSSOU

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