Accès à la liste des pharmacies de garde au Bénin : PharMap, la solution simplifiée
Pour pallier le casse-tête de la maîtrise des tours de garde puis les promenades inutiles et stressantes dans les officines de pharmacie juste pour connaître celles qui sont ouvertes, PharMap offre aux patients et à leurs parents, une solution en ligne.
Roland Houngbadji et Nourah Mazu ont créé en 2021, PharMap. Une solution de healthtech développée à travers Swiitch Design, une start-up béninoise spécialisée dans la conception de solutions numériques. Conçue sous forme d’application mobile, cette solution aide chaque Béninois à localiser rapidement les pharmacies ouvertes, partout et à tout moment. PharMap simplifie la vie des patients en leur permettant de trouver en quelques secondes une pharmacie de garde ou un médicament précis. Une réalité possible grâce aux nouvelles technologies numériques.
L’application, disponible gratuitement sur Google Play et iOS https://bit.ly/pharmapandroid, a déjà conquis plus de 10 000 utilisateurs. Son mode d’emploi est simple et intuitive. Après l’installation, il suffit de créer un compte pour accéder aux services proposés. Le premier permet de rechercher un médicament en fonction de sa disponibilité et de son prix dans les pharmacies à proximité. Il est possible de saisir le nom du produit ou d’envoyer une photo de son ordonnance. Le second service permet de localiser en un clic les pharmacies ouvertes ou de garde dans une zone donnée. PharMap ne se limite pas à la recherche d’informations. L’application propose un service de commande en ligne, permettant aux utilisateurs de réserver leurs médicaments. Le paiement se fait directement depuis l’interface grâce à l’intégration d’un système de paiement rattaché services mobile money. Les utilisateurs peuvent ensuite récupérer leur achat sans attendre.
Pour ceux qui préfèrent une approche plus simple, PharMap fonctionne aussi sur WhatsApp. Un message envoyé à un numéro dédié permet d’obtenir en quelques minutes l’adresse de la pharmacie la plus proche ou la disponibilité d’un médicament.
Selon Emmanuel Moïse Zinsou, PharMap est une application formidable qui sauve des vies. « Je l’ai testée lorsque j’avais besoin d’un médicament contre l’épilepsie, introuvable selon plusieurs pharmacies que j’avais consultées. Grâce à PharMap, j’ai pu le trouver en un temps record. Cette application permet non seulement de gagner du temps, mais aussi d’économiser de l’argent et d’accéder rapidement aux médicaments nécessaires. »
Pour Afoussa Traoré, PharMap est une belle initiative qui apporte une véritable valeur ajoutée au secteur de la santé. Elle apprécie, « Trouver la liste des pharmacies en ligne est possible, mais connaître précisément celles qui disposent du médicament recherché et leur localisation exacte reste un défi, surtout lorsqu’on ne connaît pas bien la ville.»
Nourah Mazu, co-fondatrice de PharMap et pharmacienne de formation, explique que de nombreux patients doivent visiter plusieurs pharmacies avant de trouver un médicament urgent. Cela représente un réel problème de santé publique. « Aujourd’hui, une application permet de trouver le médicament peu importe où vous êtes sur le territoire nationale quelques soit l’heure en moins de 10 min. Mieux après l’avoir commandé vous pouvez le récupérer. Zéro rang, zéro problème de monnaie. » a-t-elle déclaré.
En cas d’urgence médicale, chaque minute compte. Pourtant, dans de nombreuses villes africaines, trouver une pharmacie ouverte au bon moment relève encore du parcours du combattant. Que ce soit en pleine nuit, un jour férié ou simplement dans un quartier peu familier, la recherche d’un médicament peut vite devenir une source de stress et d’incertitude. Ce manque d’accessibilité ne concerne pas seulement les grandes agglomérations, mais touche aussi les zones rurales où l’offre pharmaceutique est encore plus limitée.
D’où est partie l’initiative ?
Face à cette situation, de nombreux patients se retrouvent contraints de faire le tour de plusieurs officines avant de trouver ce dont ils ont besoin, ou pire, de se tourner vers le marché informel et ses médicaments de qualité douteuse. Ce problème, bien que fréquent, reste sous-estimé alors qu’il impacte directement la santé publique.
C’est pourquoi Roland Houngbadji et Nourah Mazu, tous deux promoteurs de PharMap, ont voulu révolutionner le secteur. Tout est parti d’une mauvaise aventure de ces derniers. En effet, ils ont peiné à trouver une pharmacie de proximité afin d’acheter un médicament en urgence pour leur fille.
Roland Houngbadji raconte, « Un soir, alors que je terminais ma journée de travail, un message de ma compagne a changé le cours de ma soirée. Notre fille, Maria, toussait intensément. Je me précipite dehors, persuadé qu’en quelques minutes, j’aurai trouvé une officine ouverte. Mais ma course contre la montre tourne vite au cauchemar.1ère pharmacie : fermée, 2ème pharmacie : fermée, 3ème pharmacie : fermée, 4ème pharmacie ? Devinez… encore fermée. » De nombreux béninois ont déjà eu les mêmes difficultés à trouver une pharmacie ouverte en urgence.
L’application repose sur un modèle économique freemium où plus de 300 officines sont à retrouver sur l’application avec la possibilité d’utiliser les fonctionnalités initiales et avancées. Son utilisation est gratuite pour le grand public, mais un service premium payant est proposé aux pharmacies pour améliorer leur visibilité et optimiser la gestion de leur stock. En parallèle, la start-up explore des partenariats avec des hôpitaux et des mutuelles de santé pour intégrer PharMap dans les services médicaux.
Avec des milliers d’utilisateurs et un impact concret sur l’accès aux soins, PharMap constitue le modèle pour un accès rapide et efficace aux médicaments.
Une initiative qui vient renforcer la volonté du ministère de la santé de garantir une répartition équilibrée et efficace des structures pharmaceutiques sur le territoire béninois. Une mesure actée par le ministre de la Santé du Bénin, Benjamin Hounkpatin le lundi 16 décembre 2024 et qui met en vigueur une nouvelle carte pharmaceutique pour la période 2025-2027.
L’impact de ces innovations est déjà perceptible. PharMap facilite déjà l’accès aux médicaments pour de nombreux Béninois. Elle réduit le stress et les pertes de temps associés aux situations d’urgence médicale. C’est la preuve que les infrastructures publiques numériques peuvent jouer un rôle important dans l’accessibilité aux services de santé publique.
Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.
Megan Valère SOSSOU
Projet AQSAEP : Les Jardins de l’Espoir œuvre pour une charte des bonnes pratiques agroécologique au Bénin
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet Assurance Qualité et Maîtrise Financière des Systèmes d’Agroécologie Paysanne de la fourche à la fourchette (AQSAEP), les Jardins de l’Espoir a organisé un atelier de présentation d’étude diagnostique et validation de la charte AQSAEP à Ouidah.
Financé par le Global Greengrants Fund (GGF) sur recommandation du Agroecology Fund (AEF), ce projet vise à garantir aux consommateurs, ainsi qu’aux producteurs, une production et une consommation saine et durable.
Les détails sont à retrouver dans ce reportage de Venance Ayébo TOSSOUKPE
Projet AQSAEP : une charte des bonnes pratiques pour guider l’Agroécologie au Bénin
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet Assurance Qualité et Maîtrise Financière des Systèmes d’Agroécologie Paysanne de la fourche à la fourchette (AQSAEP), les Jardins de l’Espoir a organisé un atelier de présentation d’étude diagnostique et validation de la charte AQSAEP à Ouidah.
Financé par le Global Greengrants Fund (GGF) sur recommandation du Agroecology Fund (AEF), ce projet vise à garantir aux consommateurs, ainsi qu’aux producteurs, une production et une consommation saine et durable.
L’atelier a réuni plusieurs acteurs de l’agroécologie, notamment des agricultrices des communes du département de l’Atlantique. Selon Noël Obognon, Directeur Exécutif de Les Jardins de l’Espoir, l’accès au marché et la qualité des produits restent des défis majeurs pour les producteurs agroécologiques. C’est pourquoi a-t-il confié, des études diagnostiques ont été réalisées pour cartographier les acteurs agro écologique et identifier les pratiques existantes.
Dans la continuité de ces travaux, l’atelier a également permis de présenter la charte des pratiques agroécologiques, élaborée pour guider les agriculteurs vers des méthodes durables. « Dans le cadre de ce projet Assurance Qualité et Maîtrise Financière des Systèmes d’Agroécologie Paysanne, nous avons formé 100 femmes en majorité des filles mères vulnérables mais nous pensons que ce n’est pas suffisant. Nous avons constaté que les femmes sont déterminées à respecter les itinéraires techniques agro écologiques. » a-t-il expliqué.
Un référentiel technico-économique pour structurer le secteur
L’un des résultats majeurs du projet est l’élaboration d’une étude référentielle technico-économique pour la mise en valeur agroécologique d’une parcelle sur une année. Ce document, présenté lors de l’atelier, détaille les mesures techniques et économiques nécessaires à l’exploitation réussie d’une ferme agroécologique.
Pour Jaurès Monkoun, Ingénieur Agronome et Chargé de l’étude diagnostique sur les pratiques agroécologiques au Bénin dans le cadre du projet AQSAEP, l’étude a été menée sur toute l’étendue du territoire national. « Nous avons parcouru les sept (07) pôles de développement agricole et documenté les pratiques agricoles en fonction des zone et des facteurs sociologiques » a-t-il déclaré avant d’inviter tous les acteurs à multiplier la sensibilisation afin que l’agroécologie soit une réalité.
La contribution de ce référentiel est unique et novatrice en ce sens qu’il permettra aux agriculteurs de s’inspirer de son contenu pour développer et valoriser leurs cultures a affirmé Moukaila Bagui Bouraima, consultant de l’étude et ingénieur agronome spécialisé en agroécologie et protection des cultures. Un avis partagé par Pierre Bédié, Président de la Fédération Agroécologique du Bénin (FAEB). Ce projet est intéressant, car il documente les réalités du terrain. Il révèle les défis et les perspectives de l’agroécologie au Bénin. Pour consolider ces acquis, il est impératif selon Pierre Bédié de continuer à accompagner les acteurs et le soutien du gouvernement au mouvement agro écologique.
Parlant de la charte, Jaurès Monkoun en charge de sa rédaction pense qu’elle constitue un outil d’orientation qui permettra de former les acteurs intervenant dans les chaines de valeur agricole. A l’en croire, cette charte vient répondre à des exigences en matière de qualité des produits agroécologiques.
De son côté, Charles Nfotta, de l’ONG Culture Éducation et Recherche pour le Développement au Bénin, estime que la charte des pratiques agroécologiques élaborée dans le cadre de ce projet constitue une avancée importante. Elle permettra de réguler le secteur et de mieux identifier les véritables praticiens de l’agroécologie a-t-il justifié.
« Il y a un bon travail qui a été fait par Les Jardins de L’Espoir, les résultats présentés démontrent qu’un travail formidable a été fait. Les contributions des uns et des autres permettront de les améliorer » a déclaré Germain Dossou, expert en agroécologie et Coordonnateur de l’Association Nationale des Femmes Agricultrices du Bénin. C’est pourquoi à l’en croire, l’initiative peut être étendu à d’autres communes du Bénin et même au-delà. Il invite chaque acteur à mettre en application tout ce qui a été mis au point comme mesure agro écologique, à contribuer à la sécurité alimentaire du Bénin.
La reconnaissance des efforts fournis par les producteurs passe aussi par la certification des produits agroécologiques, un enjeu capital selon Bertrand Yehouenou, Président de AMARRE Bénin et membre du Cadre National de Concertation de l’Agroécologie pour la Convergence Globale. « C’est un projet qui vient régler le problème lié à l’identification des acteurs de l’agro écologie et leurs pratiques. Dans un contexte lié au changement climatique, les agriculteurs doivent revenir aux pratiques anciennes qui ne sont rien d’autres que les pratiques agro écologiques. Ces pratiques sont résilientes aux changements climatiques et la certification des produits issus de ces pratiques va permettre d’assurer leur compétitivité sur le marché. »
Les agricultrices en première ligne du changement
Les bénéficiaires du projet en témoignent également. Gisèle Gnanssounougué, agricultrice bénéficiaire à Tori, se réjouit. « Depuis que Les Jardins de l’Espoir nous accompagne, nos pratiques s’améliorent. Ils nous ont fourni du matériel et des équipements. Notre principal défi reste l’accès à l’eau, mais nous comptons pérenniser les connaissances acquises au sein de nos coopératives. » Même constat pour Kantchemè Claudine, bénéficiaire à Ouidah : « Nous cultivons désormais des légumes sans intrants chimiques. Nos produits sont sains et contribuent à préserver la santé des consommateurs tout en augmentant nos revenus. Tout ceci grâce au projet de Les Jardins de l’Espoir. »
Comme Gisèle et Claudine, Houeze Pauline venue de So Ava est mieux aguerrie sur les bonnes pratiques agro écologiques. Elle témoigne. « Mes cultures se développent naturellement. J’ai constaté une croissance de la productivité au niveau de mes cultures. Désormais, nos consommateurs sont fidèles à nos produits et savent que les produits agroécologiques ne sont pas nuisibles. »
Face à ces résultats encourageants, Hubert Dognon Tchoukpéni, ancien Directeur départemental de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, salue l’initiative de Les Jardins de l’Espoir tout en appelant l’État à soutenir davantage la production et l’accessibilité des engrais biologiques.
Une visite de terrain pour mesurer les avancées du projet
L’atelier s’est achevé par une visite de terrain menée par une équipe d’experts agronomes dans les fermes témoins du projet. Ce parcours, qui a débuté à Ouidah avant de passer par Tori, Allada et So-Ava pour s’achever à Godomey Togoudo, a permis d’évaluer concrètement l’impact du projet sur les exploitations agricoles. Du compost fabriqué sur place avec les bouses de vaches et les digestions des caprins et plusieurs autres techniques agro écologiques ont été touchées du doigt par les visiteurs émus du grand travail effectué.
Cette visite qui constitue la dernière étape des activités du projet AQSAEP, ouvre également la voie à une meilleure structuration du secteur agroécologique au Bénin. Grâce aux efforts de Les Jardins de l’Espoir et de ses partenaires, une dynamique durable se met en place pour favoriser une agriculture respectueuse de l’environnement et économiquement viable, notamment pour les femmes productrices.
Rappelons que plusieurs ateliers avaient été organisés en prélude à la validation de cette charte qui permettra de guider les pas des populations en particuliers des agriculteurs et agricultrices dans l’agroécologie au Bénin.
Mahugnon Josué TCHAGNONSI
Conférence des chefs d’État africains : plus de 175 associations appellent à la priorisation de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles !
Tribune : Ensemble pour mettre fin aux violences à l’égard des femmes et des filles en Afrique
Alors que les Chefs d’État de l’Union Africaine s’apprêtent à se réunir lors de la 38ᵉ session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement les 15 et 16 février 2025 à Addis-Abeba, pour débattre des priorités continentales, une opportunité historique se présente à nous : l’adoption de la Convention sur l’Élimination de la Violence à l’Égard des Femmes et des Filles. Nous, associations du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Niger, du Burkina Faso, du Sénégal et du Mali appelons les leaders des Etats africains à adopter cette convention sans plus tarder !
Cette convention constitue un cadre ambitieux et transformateur. Elle se distingue également par son évolution favorable, soulignant la nécessité d’une approche intersectionnelle qui reconnaît les inégalités systémiques affectant les femmes et les filles. Elle réaffirme un principe fondamental : les femmes et les filles africaines ont le droit de vivre à l’abri de toute forme de violence.
Une crise persistante qui exige une action courageuse
En Afrique, une femme sur trois subit des violences basées sur le genre au cours de sa vie, qu’il s’agisse de violences physiques, sexuelles, émotionnelles ou économiques. Ces violences, enracinées dans des inégalités structurelles et perpétuées par des normes patriarcales, affectent démesurément les femmes et les filles en situation de vulnérabilité – déplacées, réfugiées, femmes en situation de handicap ou issues de groupes marginalisés.
Au Bénin, par exemple, 69 % des femmes ont déclaré avoir subi des violences au moins une fois dans leur vie, tandis que 86 % ont été victimes de violences verbales ou psychologiques. Au Burkina Faso, 44 % des femmes mariées l’ont été avant l’âge de 18 ans, et plus de 9 800 cas de violences basées sur le genre ont été signalés en 2021.Au Niger, le mariage d’enfants demeure une pratique courante : près de 25 % des femmes étaient déjà mariées avant l’âge de 15 ans. Enfin, en Côte d’Ivoire, le Programme National de Lutte contre les VBG faisait état de 8 782 cas de VBG rapportés et pris en charge en 2023, 1 067 cas de viols, 6 717 cas de violences domestiques, 154 cas de VBG sur les personnes en situation de handicap.
Ces données illustrent l’ampleur de la crise et l’urgence d’une réponse coordonnée.
Un moment décisif pour l’Afrique
L’adoption de cette convention au Sommet de l’Union Africaine serait un signal fort. Elle marquerait l’engagement collectif des nations africaines à faire de la lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles une priorité absolue, en alignant leurs politiques nationales sur les principes énoncés. En garantissant des services accessibles et centrés sur les survivantes, cette convention répond aux besoins et droits fondamentaux, impératifs des femmes africaines, trop souvent ignorés ou minimisés. Elle reconnait également la notion de féminicide (meurtre d’une femme ou d’une fille en raison de son genre) : un enjeu de vocabulaire majeur qui permet de lutter contre l’invisibilisation des violences sexistes, et ainsi d’apporter une reconnaissance juridique et des solutions plus adaptées.
L’un des points phares de cette convention est la proposition de mise en place du Comité africain pour la fin de la violence à l’égard des femmes et des filles. Ce comité jouerait un rôle central dans la coordination, le suivi et l’évaluation des engagements des États membres. En étant un organe dédié à la surveillance de l’application des dispositions de la Convention, il assurerait une responsabilisation accrue des gouvernements, tout en favorisant la participation active des organisations de la société civile et des mouvements féministes. Ce mécanisme garantirait une réponse durable et effective aux Violences Sexistes et Sexuelles à travers le continent.
Un appel à l’action collective
Le Réseau Alliance Droits et Santé et ses partenaires, dans le cadre de son plaidoyer régional, appellent les leaders africains à adopter et à ratifier sans tarder cette convention. Nous les exhortons à traduire ces engagements en actions concrètes : un engagement à lutter contre l’impunité des auteurs, des lois renforcées, des budgets alloués, des mécanismes de suivi efficaces, et une volonté politique constante !
Nous appelons également les mouvements de femmes, les organisations de la société civile et les activistes à maintenir la pression. Ce combat est le nôtre, et il ne prendra fin que lorsque chaque femme et chaque fille, dans chaque coin du continent, pourra vivre en sécurité et dans la dignité.
Construire une Afrique sans violences
L’avenir de l’Afrique repose sur la capacité de ses nations à protéger leurs citoyennes et citoyens les plus vulnérables. En adoptant cette convention, les dirigeants africains peuvent poser un jalon historique vers une égalité véritable et une société libérée des violences sexistes et sexuelles. Ensemble, faisons de cette vision une réalité !
Réseau Alliance Droits et Santé et ses partenaires
Art et environnement : l’Association Fenou Art et Culture sensibilise à la protection de l’environnement au moyen de théâtre
La Terre brûle » est la pièce de théâtre organisé par l’Association Fenou Art et Culture, ce vendredi 07 février 2025, à l’Institut Français de Parakou. À travers cette œuvre poignante et captivante, les acteurs alertent et sensibilisent à la protection de l’environnement.
Vivez les grands moments et les émotions qui ont caractérisé cet événement, dans ce reportage de Venance Ayébo TOSSOUKPE du Journal Santé Environnement
Maty Niang nommée Responsable des Programmes Éducatifs de l’ARDN en Afrique
Le Réseau de la Renaissance Africaine et de la Diaspora (ARDN) a procédé à la nomination de Mme Maty Niang en qualité de Responsable Principale des Programmes pour les Initiatives Éducatives de l’ARDN en Afrique, à compter du lundi 3 février 2025. Dans ce rôle clé, Mme Niang dirigera la mise en œuvre des programmes éducatifs de l’ARDN à travers le continent, en développant des partenariats avec des institutions éducatives, en renforçant les initiatives de renforcement des capacités des jeunes, et en promouvant les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, avec un accent particulier sur l’égalité des sexes et l’éducation.
Avec plus de dix ans d’expérience dans les domaines de l’éducation, de la gestion de programmes et de la promotion de l’égalité des sexes, Mme Niang apporte une expertise précieuse et une compréhension approfondie du contexte africain.
Son expérience avérée dans l’établissement des partenariats universitaires, la gestion d’initiatives axées sur les jeunes et la défense de pratiques équitables en matière d’éducation fait d’elle un atout inestimable pour l’équipe de direction de l’ARDN.
Le Dr Djibril Diallo, Président et PDG de l’ARDN, a exprimé son enthousiasme à propos de cette nomination : “L’expérience approfondie de Maty Niang et son engagement indéfectible en faveur de l’éducation et de l’égalité des sexes s’alignent parfaitement avec la mission de l’ARDN. Son leadership sera déterminant pour atteindre notre objectif de lutter contre les discriminations et d’autonomiser les communautés à travers l’Afrique. Nous sommes ravis de l’accueillir dans ce rôle essentiel.”
En tant que Responsable Principale des Programmes, Mme Niang dirigera des initiatives clés, notamment le renforcement des partenariats avec TRACE, une plateforme musicale urbaine mondiale qui promeut la culture, la créativité et le développement communautaire, ainsi que la mise en œuvre du protocole d’accord signé avec la National Association for Equal Opportunity in Higher Education (NAFEO) – une association regroupant des universités historiquement noires (HBCU). Elle se concentrera également sur la mobilisation de ressources, l’organisation d’ateliers et le développement de programmes pour les jeunes abordant des problématiques cruciales telles que la formation professionnelle, le changement climatique et l’équité entre les sexes.
Mme Niang a partagé son enthousiasme à l’idée de rejoindre l’ARDN :
“C’est un honneur de rejoindre le Réseau de la Renaissance Africaine et de la Diaspora pour faire avancer sa mission de promotion de l’éducation et de l’égalité des sexes à travers le continent. Je suis profondément engagée à autonomiser les jeunes et à promouvoir des pratiques inclusives qui créent des opportunités durables pour tous. Je me réjouis de contribuer à la vision transformatrice de l’ARDN.”
Basée à Dakar, au Sénégal, Mme Niang travaillera en étroite collaboration avec l’équipe du bureau de Dakar de l’ARDN et relèvera des Co-Présidents de l’Initiative pour l’Enseignement Supérieur de l’ARDN, sous la supervision du Dr Roger Salla Ntounga, Directeur Régional de l’ARDN pour l’Afrique.
Ce rôle illustre l’engagement de l’ARDN à mobiliser des individus de tous les secteurs de la société pour lutter contre les discriminations et les violences, en particulier à l’encontre des femmes et des filles, comme point d’entrée pour la promotion des Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030, un projet spécial de l’ARDN pour les Nations Unies. La nomination de Mme Niang réaffirme l’engagement de l’organisation à promouvoir un développement durable et à créer un avenir plus équitable.
Inclusion financière au Bénin : Prêt Xpress de MTN MoMo, une solution pour des microcrédits instantanés
Face aux imprévus du quotidien, de nombreux Béninois peinent à accéder au crédit bancaire, Un nouveau service de microcrédit mobile a vu le jour. Une solution accessible en quelques minutes via téléphone mobile, sans garanties ni formalités complexes pensée pour les non-bancarisés.
Au Bénin, l’opérateur de téléphonie MTN Mobile Money S.A., en partenariat avec Ecobank Bénin et la société technologique Optasia, a lancé « Prêt Xpress ». Ce service basé sur le système de paiement instantané et inclusif, MTN Mobile Money vise à offrir aux travailleurs informels, aux petits entrepreneurs et aux étudiants un accès rapide et simplifié au crédit. Chaque matin, Jonas K., un conducteur de taxi-moto à Bohicon transporte des clients à travers les rues animées de la ville carrefour, des apprenants pressés de se rendre à l’école aux commerçantes chargées de marchandises. Mais un matin, tout bascule. En tentant de démarrer sa moto, Jonas réalise que le moteur refuse de s’allumer.
« La veille, j’avais remarqué un bruit bizarre, mais je pensais pouvoir tenir encore quelques jours », raconte-t-il. Sans argent de côté et incapable de travailler, Jonas risque de perdre une journée de revenus cruciale pour subvenir aux besoins de sa famille.
C’est alors qu’un collègue lui parle du Prêt Xpress de MTN MoMo. Sans hésiter, Jonas compose le 880# sur son téléphone, suit les instructions et, en moins de deux minutes, reçoit 5 000 FCFA sur son compte mobile money. Une somme modeste, mais suffisante pour réparer sa moto et reprendre son activité. « J’étais soulagé. Le mécanicien a changé la pièce défectueuse et j’ai pu travailler comme d’habitude », confie-t-il.
Cette réalité, de nombreux Béninois la vivent au jour le jour et peinent à accéder au crédit bancaire. Prêt Xpress se présente comme une réponse adaptée aux besoins de ces travailleurs informels.
Selon Serge Soglo, Directeur général de MTN Mobile Money S.A., Prêt Xpress a été conçu pour offrir une solution de financement aux personnes exclues du système bancaire traditionnel. Il permettra aux citoyens, quels que soient leurs conditions et statut de disposer d’une source de financement rapide et accessible, sans les lourdeurs administratives des banques. Il s’agit des particuliers, des professions libérales, des micros et petites entreprises non bancarisées ou sous-bancarisées du Bénin. « Ce produit répond au bien-être social», a-t-il insisté.
Prêts variant de mille à cent mille francs
Le service fonctionne de manière simple : un utilisateur disposant d’un compte MTN MoMo actif depuis au moins six mois peut demander un prêt en composant *880# sur son téléphone portable. Les intérêts sont en fonction du type de prêt choisi. Quant aux frais de mise en place, ils sont très compétitifs. Pour Brice Médo, chef de la Division produits à Ecobank Bénin, « Les intérêts sont de 11 % contrairement à ce à quoi on est habitué sur le marché ». Le montant des prêts varie de 1 000 F à 100 000 F suivant le profil de l’abonné dans le système a-t-il indiqué. Trois options de remboursement sont proposées : journalier, hebdomadaire ou mensuel.
« C’est un produit accessible, disponible dans tous les coins et recoins du pays et vous pouvez faire du prêt sans dossier », a déclaré Lazare Noulékou, Directeur général d’Ecobank Bénin. Pas besoin de remplir de formulaires ni de fournir des garanties pour faire des prêts à travers Prêt Xpress.
Si pour de nombreux Béninois, l’accès au crédit est un casse-tête, depuis mars 2024, la solution Prêt Xpress apporte une réponse adaptée à ce problème. Worou Bagnan, vendeur de fruits et légumes à N’dali, témoigne, « Avant, quand j’avais un besoin urgent d’argent, je devais emprunter auprès d’amis ou de prêteurs informels à des taux exorbitants. Maintenant, avec Prêt Xpress, j’obtiens fréquemment de petits prêts en quelques minutes et acheter mes marchandises sans stress avec mon téléphone. Je rembourse toujours ».
Pour les étudiants, Prêt Xpress représente une alternative intéressante en cas de dépenses imprévues. Merveille Agbetossou, étudiante à l’Université de Parakou, explique, « Parfois, je dois acheter des documents. Prêt Xpress m’aide à gérer ces situations sans devoir solliciter ma famille tout le temps. »
Si Prêt Xpress est perçu comme une innovation qui intéresse plus d’un, il n’en demeure pas moins que des défis subsistent. L’un des principaux risques est le surendettement. Pour Jean Prosper Danzabe, Manager Banktech à MTN MoMo, le taux d’intérêt est de 0,288 %. Mais des pénalités sont prévues en cas de non-respect des engagements. Ces pénalités sont de 10,00 %, indique-t-il. Car, certains utilisateurs pourraient être tentés d’emprunter de manière excessive sans un plan de remboursement.
Toutefois, au-delà des risques de surendettement, Prêt Xpress présente également un fort potentiel d’inclusion financière, notamment en milieu rural. Selon Apollinaire Sogbo, économiste spécialiste en inclusion financière, cette solution pénètre déjà les milieux ruraux car avec un téléphone classique à touche, toute personne peut accéder facilement à ce service grâce au code USSD (Unstructured Supplementary Service Data). Le grand défi demeure l’éducation financière. « Il faut accompagner les utilisateurs avec des formations pour leur apprendre à mieux gérer leur budget et éviter les pièges de l’endettement » a recommandé le spécialiste.
Procédures simplifiées
Le gouvernement béninois, à travers son programme microcrédit Alafia, cherche lui aussi à renforcer l’inclusion financière. La ministre du Numérique et de la Digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, voit en Prêt Xpress une initiative complémentaire avec le microcrédit Alafia. En évoquant «le pouvoir de l’innovation» qui se traduit par la facilité d’accès au prêt sans se déplacer, des procédures simplifiées, elle a exhorté Mtn Momo S. a et Ecobank à prêter une grande attention aux femmes et aux jeunes, souvent les plus touchés par l’exclusion financière.
Avec son approche innovante et sa simplicité d’utilisation, Prêt Xpress reste l’alternative pour emprunter de l’argent afin de contourner des difficultés financières ponctuelles. Toutefois, sa durabilité dépendra de plusieurs facteurs dont l’éducation financière de ses utilisateurs.
Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.
Megan Valère SOSSOU
Partenariat REMAPSEN – SPEAK UP AFRICA: Des journalistes formés sur le rôle des médias dans la recherche, le développement et l’innovation en santé en Côte d’ivoire
Du 30 janvier au 1er février derniers, une trentaine de journalistes ivoiriens ont participé à un atelier de formation à Abidjan sur le rôle des médias dans la Recherche-Développement et l’innovation en santé.
Organisé par Speak Up Africa, en partenariat avec le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), cet événement avait pour objectif de fournir aux journalistes les outils nécessaires pour mieux comprendre l’importance de la recherche -développement et de l’innovation dans l’amélioration des systèmes de santé en Afrique. Animé par Mme Yaye Sophiétou Diop, Directrice du Partenariat et du Développement de Speak Up Africa, et Roxane Fian, Chargée de programmes, l’atelier a permis aux participants d’approfondir leurs connaissances sur les maladies tropicales négligées, des pathologies encore sous-estimées malgré leur impact considérable sur les populations vulnérables.
Un plaidoyer pour un financement accumulé de la recherche en santé
Lors de son intervention, Mme Yaye Sophiétou Diop a mis en avant l’importance d’un financement adapté pour la recherche médicale en Afrique. « Il est crucial que les pays africains disposent de solutions financières incitatives adaptées, afin de maintenir leurs experts sur place et de garantir un plateau technique approprié pour la santé de leurs populations », a-t-elle déclaré. Elle a également souligné que le financement de la recherche en santé en Côte d’Ivoire reste insuffisant, avec seulement 0,07 % du PIB alloué à la RD&I depuis 2016.
En 2020, les dépenses publiques de santé représentaient 5,7 % du budget national, un chiffre bien inférieur aux 15 % recommandés par l’OMS dans la Déclaration d’Abuja. Malgré cette situation, la Côte d’Ivoire dispose d’atouts majeurs, notamment l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire (IPCI), l’Institut National de Santé Publique (INSP) et son implication dans des programmes régionaux et internationaux dédiés à la recherche et le développement en santé.
Le rôle clé des médias dans la sensibilisation Les journalistes présents ont pris des engagements concrets pour produire du contenu médiatique visant à soutenir les efforts de plaidoyer pour un financement accumulé de la recherche et du développement. Bamba Youssouf, président du REMAPSEN, a insisté sur la nécessité pour les médias d’exercer pleinement leur rôle de sensibilisation : « Par vos productions et articles, vous devez tirer la sonnette d’alarme de manière collective pour attirer l’attention des gouvernants, du secteur privé et de la communauté.»
Un engagement durable pour la santé en Afrique
À l’issue de l’atelier, les participants ont reçu des certificats de participation, témoignant de leur engagement à promouvoir une couverture médiatique plus engagée et responsable sur les questions de santé en Afrique. Cette initiative marque une étape essentielle dans la mobilisation des médias en faveur d’un meilleur financement de la recherche et du développement en santé, contribuant ainsi à des politiques publiques plus efficaces et adaptées aux réalités du continent. Une cinquantaine de journalistes africains ont participé de façon virtuelle à cet atelier qui a aussi permis à Speak Up Africa de présenter ses domaines prioritaires.
Dix cadres du ministère de la santé certifiés pour renforcer la lutte contre le paludisme au Bénin
La salle de réunion du cabinet du ministère de la Santé a abrité, ce jeudi 30 janvier 2024, la cérémonie de remise de certificats aux lauréats de la première cohorte du programme de renforcement des compétences en leadership, management et gouvernance pour l’éradication du paludisme (ALAMIME). Dix cadres du ministère ont ainsi été formés à travers un parcours alternant formations en ligne et en présentiel.
Dans le cadre de la lutte contre le paludisme au Bénin, dix cadres du ministère de la Santé ont reçu, ce jeudi 30 janvier 2025, leurs attestations après avoir suivi une formation intensive en leadership, management et gouvernance. Cette initiative, portée conjointement au Benin par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et l’Institut Régional de Santé Publique (IRSP), vise à doter les acteurs clés de compétences renforcées pour atteindre l’objectif national d’élimination de la maladie d’ici 2030. Elle s’inscrit dans le cadre du projet ALAMIME incluant 13 pays africains francophones et anglophones mis sous le leadership de l’université de Makekere en Ouganda.
Présent à la cérémonie, la coordonnatrice du projet au Benin, le professeur Colette AZANDJEME, enseignante-chercheure a l’IRSP a salué la persévérance des participants et demandé que toutes les notions acquises soient maintenant utilisées pour des actions concrètes sur le terrain par la mise en œuvre des plans élaborés. Elle a exhorté les 36 nouveaux participants de la deuxième cohorte du Benin à prendre le pas et donner le meilleur d’eux même dans la riche expérience qui est prévue pour eux dans la formation qui va commencer au cours du mois de février.
A sa suite, le Directeur de la formation, le professeur Ghislain SOPOH, enseignant-chercheur à l’IRSP et représentant du directeur de l’IRSP a rappelé le contexte de la formation, ses objectifs et son déroulement. Il a ensuite proclamé les résultats. Les impétrants ont alors reçu leurs certificats.
Germain PADONOU, Directeur du Centre de Recherche Entomologique de Cotonou, a salué l’engagement des lauréats. « Chers participants, chers lauréats, c’est un grand plaisir pour nous de vous encourager dans cette démarche qui suscite notre engagement formel dans la lutte contre le paludisme. Félicitations à vous et courage aux prochaines cohortes ! », a-t-il déclaré.
Le Dr Rock AÏKPON, mentor de la formation et coordonnateur national adjoint du PNLP, a souligné l’importance de ce programme. « Il s’agit d’une formation très riche, alternant apprentissages en ligne et sessions en présentiel à Lomé. Les lauréats ont été suivis dans leur stage et leur rédaction de mémoire. Aujourd’hui, nous sommes heureux de voir cette première cohorte couronnée de succès », a-t-il affirmé.
Pour M. Toumadougou, DPAF du ministère, représentant le ministre de la sante, c’est une réelle fierté que de voir de telle initiative de renforcement de capacite des professionnels de la sante visant à réduire l’impact néfaste d’une maladie qui nuit à tous.
Parlant au nom des lauréats, Saka Iréné AMOUSSOU, chef du service Partenariat et Interventions à base communautaire du PNLP, a insisté sur l’impact des compétences acquises. « Aller vers l’élimination du paludisme d’ici 2030 nécessite des compétences solides. Ces cadres joueront un rôle clé au sein du ministère de la Santé pour atteindre cet objectif. »
Il a exprimé la satisfaction et l’engagement de tous les lauréats à mettre en pratique les connaissances acquises. Cette initiative marque une étape importante dans le renforcement des capacités des acteurs de la santé publique et témoigne de la détermination du Bénin à éradiquer le paludisme.
Opportune AHITCHEME
Accès aux soins de santé au Bénin : Go Médical, une application pour la prise de rendez-vous et la gestion des dossiers médicaux
« Go médical », une application de prise de rendez-vous et de gestion des dossiers médicaux facilite les soins de santé aussi bien par les médecins que pour les patients…
Dans la clinique Citadelle du cœur à Parakou, le jeune médecin cardiologue nommé Dr. Dakpo Marius scrute son téléphone portable. Non pas pour vérifier ses messages, mais pour consulter un dossier médical électronique via Go Médical, une plateforme qui redéfinit l’accès aux soins médicaux au Bénin. « Avant Go Médical, nous passions des heures à chercher les dossiers imprimés des patients. Maintenant, tout est à portée de main », explique-t-il avec enthousiasme. « Avant, pour les soins de notre Papa, je devais passer des heures dans des files d’attente avant de prendre un rendez-vous et de payer les frais de consultation. » témoigne Sylvestre Adiba, résident à Parakou. Quand à Dame Modoukpe, elle raconte sa mésaventure avec son carnet de soin : « Lors d’un voyage de Abomey – Calavi pour Bohicon, j’avais oublié de garder sur moi mon carnet de soin. Pour un malaise exigeant à faire des analyses médicales. J’avais le choix d’aller chercher mon carnet de soin à Calavi ou à refaire les analyses. Finalement, j’ai dû refaire certaines analyses médicales avec les coûts redondants. »
Comme eux, nombreux sont ces patients à se plaindre des files d’attentes interminables et les difficultés liés à la gestion des dossiers médicaux. Des réalités auxquelles, Go Médical apporte des solutions pratiques. Depuis son lancement le 24 novembre 2017 par le jeune Gilles Kounou, Ingénieur en génie logiciel et système d’informations et fondateur de la société Open SI, Go Médical, transforme progressivement l’accès aux services de santé au Bénin. L’objectif de cette infrastructure publique numérique selon Gilles est de faciliter l’accès aux soins de santé en rapprochant le patient de son médecin. En effet, cette plateforme e-santé disponible en version mobile et web est utilisée à la fois par les patients ou accompagnants, les médecins et agents administratifs du secteur.
« J’avais besoin qu’un médecin dermatologue pour un mal. Go Médical m’aide à mieux gérer mon temps. Une fois les rendez-vous enregistrés, la plateforme envoie automatiquement des alertes aux patients pour leur rappeler leur consultation 24 heures à l’avance. Elle offre également la possibilité aux patients de choisir eux-mêmes leur créneau, ce qui simplifie les choses. » a expliqué Challa Laetitia, secrétaire principale à la clinique Baguidi-Parakou.
Aujourd’hui, Go Médical compte plus de 10 000 utilisateurs, il met à disposition des patients un éventail de services qui simplifient leur parcours en cas de soins. Il comporte l’annuaire des médecins spécialistes et généralistes du Bénin avec plus de 300 profils de plus de 60 centres de santé.
Grâce au carnet numérique de santé, les antécédents médicaux des patients sont stockés en ligne. Ce qui permet un suivi optimal, même en cas de changement de centre de santé. Romaric Agbodjanto, agent commercial et superviseur d’équipe, explique : « L’application permet de consulter l’annuaire des médecins et de prendre rendez-vous depuis chez soi en payant les frais de consultation pour soi ou pour de tiers.»
Impact sur la réduction des inégalités
Pour les professionnels de santé, la plateforme optimise la gestion des rendez-vous. Selon Dr. Philippe Emmanuel Johnson, directeur de la clinique Les Grâces à Cotonou, « Go Médical fluidifie la gestion des consultations et les rappels de rendez-vous par SMS incitent les patients à respecter leurs engagements. » Le cardiologue Dakpo Marius ajoute, « En fin de journée, je peux consulter les statistiques des patients rencontrés et ceux programmés pour le lendemain, ce qui facilite mon organisation. »
Il est difficile d’avoir un rendez-vous avec un médecin spécialiste en raison de leur effectif pour lequel ils devraient se déplacer en permanence d’un Hôpital à un autre à travers le pays.
Pour Emmanuel Gbavou, développeur mobile et web, l’amélioration de la qualité des soins dans le secteur sanitaire au Bénin passe par la mise en place d’un système automatisé de gestion des dossiers patients, une solution essentielle pour moderniser et rendre favorable les services de santé.
A Go Médical, en plus de la prise de rendez-vous et la gestion des dossiers médicaux, il est possible de se géo localiser par rapport aux pharmacies de garde et de connaitre le prix des produits pharmaceutiques.
L’une des fonctionnalités phares de Go Médical est la téléconsultation, qui permet aux médecins d’offrir des avis à distance, une avancée cruciale pour les patients vivant dans des zones reculées. Des initiatives de ce type reçoivent le soutien du ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin. Lors d’une rencontre de haut niveau à Cotonou, avait indiqué que les technologies de l’information et de la communication (TIC) possèdent un potentiel considérable pour améliorer la qualité, l’accès et la sécurité des soins de santé au bénéfice des patients.
Cependant de nombreux défis restent encore à relever selon les acteurs. Il s’agit des difficultés liées à la connectivité et l’analphabétisme numérique qui continuent de freiner l’utilisation massive de la plateforme. Le Bénin compte 12 535 929 d’habitants selon le RGPH 2021. Pour cette taille de population, il n’y a qu’un médecin pour 13 913 habitants selon les dernières données recueillies au Service de gestion du système d’information partagées par la Direction de la programmation et de la perspective du ministère de la santé. De 6 769 914 à 10 008 749 respectivement en 2002 et en 2013, le Bénin a connu une croissance de sa population de plus de 3 500 000.
Selon le rapport 2021 de la Direction de la programmation et de la perspective du ministère de la santé, 12 535 929 béninois se partagent 803 centres de santé publique sans oublier les cliniques privées installées avec une meilleure organisation chaque béninois pourra avoir accès aux soins de santé.
Avec la croissance démographique, il est vrai que les hôpitaux ou centres de santé connaissent une affluence mais il est irréfutable de se servir du numérique pour contenir le flux d’usagers.
Go Médical envisage d’intégrer un service de livraison de médicaments à domicile, ce qui répondrait aux besoins des patients les plus vulnérables. Avec une adoption croissante et des fonctionnalités toujours plus performantes, cette plateforme est un exemple prometteur de la manière dont la technologie peut améliorer les systèmes de santé en Afrique.
Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.
Megan Valère SOSSOU
Les Jardins de l’Espoir outille les femmes à la logistique agricole et aux normes qualité agro écologique
Dans le cadre de ses projets « Assurance qualité et maîtrise financière des systèmes agroécologiques paysans » (AQSAEP) et Promotion des Pratiques AgroEcologiques (ProPAE), l’ONG Les Jardins de l’Espoir a organisé une formation du 7 au 9 janvier 2025 au profit des femmes des communes de Tori – Bossito, de So – Ava, d’Abomey – Calavi, de Ouidah et de Sèmè – Kpodji.
Formation à la gestion de la logistique agricole
S’adressant principalement aux femmes, aux jeunes filles mères et aux femmes vulnérables du département de l’Atlantique, ce projet place la femme au cœur de ses activités. « Les femmes jouent un rôle important dans l’alimentation des ménages. Elles ont besoin d’être mieux outillées pour augmenter leurs revenus et devenir autonomes financièrement », a expliqué la présidente de Les Jardins de l’Espoir, Raoudath Bouraima. Elle a souligné que cette formation s’inscrit dans le cadre d’une série d’ateliers destinés à promouvoir l’agroécologie, gage d’une bonne santé et d’un environnement sain.
Cet atelier de formation était axé sur la gestion logistique des produits issus des fermes agroécologiques, de la production à la vente.
Avec une approche basée sur la participation interactive, les différents formateurs ont su susciter l’intérêt des femmes et maintenir leur implication tout au long des trois jours.
Marthe Kinigbé est une participante à la formation. Elle déclare « C’est une excellente initiative. Produire, c’est bien, mais savoir conserver est important pour éviter les pertes. Grâce à cette formation, je suis mieux préparée pour préserver mes produits et les commercialiser efficacement. »
Une initiative qui change la donne
« Ces formations nous permettent d’éviter les pertes post-récolte et d’augmenter nos revenus. Par exemple, moi je plante de la patate douce sans la mettre sous terre, et je produis des engrais naturels en plus. Je compte appliquer les connaissances acquises dans mes activités pour rentabiliser. Je remercie Les Jardins de l’Espoir et ses partenaires pour cet appui, » a souligné Agballia Yolande, venue de la commune de Ouidah.
Du côté des formateurs, l’approche pédagogique a été pensée pour maximiser l’engagement et l’apprentissage des participantes.
Pour le formateur Serge Koutchoro, spécialiste en renforcement des capacités et conservation sociale, cette formation contribue à l’atteinte des objectifs du développement durable. Il s’est agi d’amener les femmes à changer leurs approches en matière de collecte, stockage et conservation des produits pour une meilleure valorisation sur le marché.
L’autre volet de l’atelier, assuré par la formatrice Ezéchielle Bouet Kouanou, ingénieure en contrôle qualité des aliments et produits de santé, a porté sur les normes de qualité agroécologique des produits et les méthodes de conservation.
À ce niveau, les participantes ont appris plusieurs techniques, notamment l’entreposage des produits, l’accès aux clients, ainsi que l’essentiel à maîtriser avant, pendant une récolte et au cours de l’acheminement vers les consommateurs.
Un suivi de terrain pour pérenniser les acquis
Au-delà de la formation, le projet AQSAEP prévoit un accompagnement continu pour s’assurer de l’application des connaissances sur le terrain. Des animateurs de terrain sont chargés de ce suivi.
Nicherolle Larissa Aissi, est animatrice à Tori-Bossito. Elle se réjouit : « Les échanges ont été interactifs et les femmes se sont montrées très motivées à appliquer les connaissances acquises. »
Vue d’ensemble des participantes
Les Jardins de l’Espoir n’attend pas moins des bénéficiaires. « Nous attendons que les bénéficiaires non seulement maîtrisent la logistique agricole et le mécanisme de stockage et de conservation, mais aussi le transport des produits vers le marché fermier pour une meilleure valorisation des efforts consentis, » a laissé entendre Noël Obognon, Directeur exécutif de Les Jardins de l’Espoir.
« Depuis quelques mois, nous bénéficions d’un accompagnement précieux. Je partage ces nouvelles connaissances avec mes collègues et espère voir ces sessions devenir permanentes, » a confié Houézé Pauline, saluant la qualité des formations.
Comme elle, Jeannette Anoumou et Donatienne Dansou, venues de So-Ava, ont également témoigné de l’efficacité de la formation. Pour les différents acteurs, les trois jours d’atelier ont eu le mérite de combler les attentes.
Avec le soutien continu de ses partenaires, Les Jardins de l’Espoir, à travers ce projet, amorce la transformation des systèmes agricoles traditionnels en des modèles résilients, durables et équitables. Il promeut une agroécologie inclusive, respectueuse de la santé et de l’environnement, tout en contribuant à l’autonomisation des femmes rurales. Pour rappel, cet atelier de formation a été effectif grâce à Agroecology Fund et SUCCO à travers le projet ProPAE.
Edwige B. BINAZON
Menace sur une aire marine protégée au Bénin : Un député au cœur de la controverse
Malgré l’existence de dispositifs légaux visant à protéger les ressources marines, notamment le décret 003-2022 du 05 janvier 2022 portant création des aires marines protégées de Donaten et de la Bouche du Roy en République du Bénin, une affaire suscite une vive indignation dans les localités de Hiyo et Hounmanse.
Un député est accusé d’avoir acquis 24 hectares de mangrove dans une aire marine protégée (AMP), un espace pourtant classé comme patrimoine naturel à préserver. Selon les informations recueillies, le député aurait acheté ces terres à des individus ne disposant d’aucun titre légal de propriété sur cette zone. Située sur un bras de la lagune côtière, au cœur de l’AMP, cette transaction aurait été conclue pour une somme dont une grande partie aurait déjà été versée. Il s’agit d’un projet d’extraction de sable dans l’aire marine protégée.
Carte AMP Bouche du Roy
Une communauté indignée
La mangrove, essentielle pour la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques, est protégée par des lois nationales et internationales. Cette vente illégale constitue une violation flagrante du décret 003-2022, qui interdit toute exploitation ou appropriation privée des aires marines protégées.
Au cours d’une audience publique tenue le samedi 4 janvier 2025, les populations locales ont exprimé une opposition catégorique à cette transaction. Habitants, pêcheurs, et défenseurs de l’environnement se sont mobilisés pour dénoncer cet acte qu’ils qualifient de pillage environnemental.
Les populations demandent à rencontrer le promoteur pour exiger des explications. Une résolution qui unanime appelle à l’annulation immédiate de la transaction et à des sanctions à l’encontre des auteurs de cette vente illégale.
Un enjeu environnemental et juridique majeur
Cette affaire témoigne des défis persistants liés à la protection des écosystèmes fragiles au Bénin. Les aires marines protégées, notamment les mangroves, jouent un rôle crucial dans la régulation du climat, la préservation de la biodiversité et la protection des moyens de subsistance des communautés locales.
Selon des experts environnementaux, si cette transaction est entérinée, elle pourrait ouvrir la voie à d’autres violations et menacer la survie de cet écosystème vital.
Face à cette situation, les organisations de la société civile et les défenseurs de l’environnement appellent à une enquête urgente pour faire la lumière sur cette affaire. La restauration intégrale des terres à l’état naturel et l’application stricte des dispositions du décret 003-2022.
Megan Valère SOSSOU
Protection de l’environnement et numérique : le casse-tête des déchets électroniques
L’essor du numérique et la digitalisation des activités humaines nécessitent des équipements devenus indispensables ; mais, usés, ces équipements deviennent d’énormes déchets souvent mal gérés.
Des plaquettes d’équipements électroniques
« Quand mon ancien téléphone s’est arrêté de fonctionner, je ne savais pas où le jeter. Aucun point de collecte n’était disponible dans mon quartier. Je l’ai gardé à la maison, comme beaucoup de gens le font ici », raconte Serge Toassegnitche, Directeur d’école primaire à Zakpota. Comme lui, des milliers de Béninois se retrouvent confrontés à un dilemme lorsqu’un appareil électronique arrive en fin de vie.
Selon le rapport Global E-waste Monitor en 2020, 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produites à l’échelle mondiale en 2019. Le Bénin quant à lui, a généré 9 200 tonnes de déchets électroniques la même année. Ces déchets d’équipements électriques et électroniques représentent le flux de déchets solides qui connaît la croissance la plus rapide au monde en raison du développement numérique.
Ces déchets d’équipements électriques et électroniques générés au Bénin constituent une menace silencieuse selon Géraud Koudakpo, spécialiste de l’assainissement à l’ONG Save Our Planet. « Ces déchets, classés comme ‘’déchets chimiques’’, contiennent des substances toxiques comme le plomb et le cadmium, qui, une fois libérées dans la nature, contaminent les sols, les eaux et l’air », a-t-il déclaré.
Face à ces constats inquiétants, certains acteurs, tant privés que citoyens, commencent à prendre des initiatives pour limiter les impacts de ces déchets.
Responsabilités sociétales et citoyennes
En 2021 à Cotonou, l’Entreprise Ericsson et le réseau de téléphonie mobile MTN Bénin se sont associés pour recycler les équipements électroniques et électriques en fin de vie, dans le cadre d’une initiative dénommé Ericsson Product Take-Back Program. Une collaboration qui a permis la collecte, la mise hors service, le transport et le recyclage de plus de 123 tonnes métriques de déchets d’équipements électriques et électroniques. « Chez MTN, nous croyons aux bienfaits d’une planète saine et nous nous sommes engagés à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2040. Nous reconnaissons notre devoir d’atténuer les effets négatifs du changement climatique et de soutenir la préservation de l’environnement… », avait déclaré, Uche OFODILE, PDG de MTN Bénin dans un communiqué de presse.
À Porto-Novo, des jeunes réunis au sein de l’ONG Voix et Actions Citoyennes organisent des campagnes de sensibilisation et des ateliers pour une meilleure gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques. Elias Guivi est l’un d’entre-deux. Il est activiste pour l’économie circulaire. « Nous avons initié Blodothon qui signifie littéralement Marathon de réparation. Un atelier collaboratif qui promeut la réparation, la customisation des déchets d’équipements électriques et électroniques… » a-t-il confié.
En l’espace d’une année, plus de 30 ateliers collaboratifs ont été organisés avec à la clé des centaines d’équipements électroniques réparés. Près de 500 apprenants appartenant à plus de 20 groupes pédagogiques ont été sensibilisés à l’utilisation durable des appareils électriques et électroniques.
Des initiatives louables mais qui restent insuffisantes face au défi que posent ces déchets au quotidien pour de nombreux acteurs du secteur.
« Après plusieurs réparations, beaucoup de clients préfèrent acheter de nouveaux téléphones et abandonnent parfois les anciens chez moi. Voici, je me retrouve avec de plus en plus de déchets électroniques », raconte Yves Atonhonton, Maintenancier électronique à Bohicon.
C’est pourquoi, Sahoudatou Orèdola PIO, Juriste spécialiste de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) pense que les entreprises qui fournissent des équipements électriques et électroniques doivent collaborer avec les entreprises de réparation pour une meilleure gestion des déchets. Cependant, les efforts des entreprises et des initiatives citoyennes ne suffisent pas à eux seuls. L’Etat a un grand rôle de veille à jouer.
Responsabilité de l’Etat
Le Ministère du cadre de Vie, des transports en charge du développement durable à travers la Direction Générale du Climat et de l’Environnement (DGEC) multiplie les séances de sensibilisation à l’endroit des acteurs locaux sur l’utilisation de ces déchets.
Dans le même temps, la loi n° 2017-20 portant code du numérique en République du Bénin en son Article 32 oblige tout équipementier, opérateur, importateur et distributeur à respecter les normes environnementales. « Le Bénin ne dispose pas d’une politique claire sur la gestion des déchets électriques et électroniques. Ce manque d’encadrement pousse les utilisateurs et fournisseurs de services à adopter des méthodes d’élimination inappropriées avec des conséquences sur la santé communautaire et l’environnement. », déplore la spécialiste RSE.
Pourtant, au plan international le Bénin est signataire de plusieurs conventions sur les déchets électriques et électroniques reconnus comme dangereux. Il s’agit des conventions de Rotterdam, de Bamako, de Stockholm et de Bâle.
Pulchérie Donoumassou Simeon, Point Focal de la Convention de Bâle au Bénin à la DGEC, pense que les défis sont encore nombreux et entiers en ce qui concerne les méthodes de gestion des déchets électriques et électroniques au Bénin.
« Il n’existe pas encore de procédure formellement établie par les textes… mais il serait très important que l’Etat mette en place une procédure en termes d’accompagnement des personnes qui importent ces équipements. » Il y va de la santé des populations et de la protection de l’environnement a-t-elle indiqué.
Dans le cadre de la formalisation du secteur, il est envisagé le recensement des acteurs et la coordination des importations des équipements électriques et électroniques a-t-elle expliqué en soulignant que les techniciens réparateurs seront des maillons essentiels.
Le Bénin dans son élan pour le développement numérique doit veiller aux impacts environnementaux. Il s’agira de développer des solutions pour gérer les déchets électroniques de manière responsable.
Pour y arriver, il est essentiel que les pouvoirs publics, les entreprises, et les citoyens s’unissent pour relever ensemble ce défi environnemental, sans quoi, la transition numérique ne peut être durable.
Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.
Megan Valère SOSSOU
Droits en santé sexuelle et reproductive au Bénin: l’ONG New World crée des clubs à Domè
Après le succès de sa première phase, le projet de lutte contre les grossesses précoces et à promouvoir des méthodes contraceptives responsables, conduit par l’ONG New World entame une nouvelle phase. Une nouvelle phase qui vise à créer des clubs DSSR mixtes dans quatre villages de l’arrondissement de Domè autour des questions de santé sexuelle et reproductive.Les filles et les adolescentes à Domè, commune de Zogbodomè, deviennent des ambassadrices pour les Droits en Santé Sexuelle et Reproductive.
Ce samedi 28 décembre 2024, l’ONG New World, en partenariat avec Plan International Bénin et avec le financement de YCF3, a mis en place des Clubs sur les Droits en Santé Sexuelle et Reproductive à Domè.
Au cours de cette journée, des jeunes filles, adolescentes et femmes de la communauté ont participé à des séances de sensibilisation axées sur l’hygiène menstruelle. Des ateliers pratiques ont été également organisés pour apprendre à fabriquer des serviettes hygiéniques écologiques adaptées aux besoins de chaque femme.
Selon Déo Gratias Bonou, chargé de projet à l’ONG New World, il s’agit de former des adolescentes pour qu’elles deviennent des ambassadrices des droits en santé sexuelle et reproductive au sein de leurs communautés.
« Nous avons appris comment fabriquer les serviettes hygiéniques selon les caractéristiques de chaque femme. C’est une véritable avancée pour nous. », s’est réjouie l’une des participantes Ahonnon Débora.
Lokonon Sylvie, également participante, a souligné: « Les précieux savoirs que nous venons d’acquérir feront de nous des femmes exemptes de maladies sexuelles. Nous comprenons désormais nos droits en santé sexuelle et reproductive et sommes prêtes à les partager avec nos communautés. »
Les autorités locales, notamment le Chef d’arrondissement, les délégués, et les pairs éducateurs formés lors de la première phase, sont partie prenantes de ce projet.
Adjakpa Nadège, une participante, a exprimé sa gratitude envers l’ONG : « Je salue l’initiative de l’ONG New World, car elle vient de nous sauver de l’ignorance. Nous avons beaucoup appris et partagerons les connaissances acquises avec nos jeunes sœurs qui n’ont pas eu l’opportunité d’être ici avec nous. »
Amen Bouba, historienne et consultante en hygiène menstruelle, a animé les séances avec une approche inclusive et éducative. Selon elle, ces actions sont essentielles pour autonomiser les jeunes filles et favoriser une meilleure compréhension des enjeux liés à leur santé.
Avec cette nouvelle phase du projet, l’ONG New World sensibilise non seulement les jeunes filles mais aussi leur offre des outils concrets pour la fabrication de serviettes hygiéniques écologiques indispensables à une santé sexuelle et reproductive saine à Domè.
Constance AGOSSA
Festival Kwanzaa au Bénin: Pari gagné pour le CEVASTE et ses partenaires
Le Festival Kwanzaa, événement phare célébrant la fin d’année dans les communautés noires, a été lancé en grande pompe cette année à Allada. Démarrée par une caravane le 26 décembre, cette édition 2024 s’est officiellement ouverte au public le vendredi 27 décembre dans la cité d’Adjahouto.
Une célébration des valeurs africaines riche en couleur.
Les festivités, riches en couleurs et en symboles, ont rassemblé des participants venus de tous le Bénin en particulier les communautés de Savalou, Lokossa, Ouidah, Tori ainsi que d’autres pays. La cérémonie a débuté par les prières du Père Jah, un moment solennel marquant l’entrée dans cette célébration des récoltes, enracinée dans les traditions africaines.
Père Jah a rappelé l’essence même du Kwanzaa. « Beaucoup disent que nous sommes en 2024, c’est vrai, mais à Kwanzaa, nous sommes en 6251 ans. Il y a 6251 ans que le premier homme africain a établi le premier calendrier. »
Dans son discours de bienvenue, Jahojah, la présidente du CEVASTE a exprimé l’honneur d’organiser le festival à Allada, une ville chargée d’histoire, notamment celle des afro-descendants. C’est également le premier Kwanzaa organisé sans la présence de la mère Jah, une figure emblématique de cette fête a-t-elle fait remarquer.
Kwanzaa, une réjouissance africaine
Pour le président de la Fédération Agroécologique du Bénin (FAEB), cette fête dépasse les réjouissances. « Il s’agit de célébrer, mais aussi de réfléchir au développement du continent africain. » Cette dimension introspective de Kwanzaa met en lumière l’importance des célébrations endogènes et des réalités propres à l’Afrique a-t-il ajouté.
Le représentant du maire de la commune d’Allada, Séverin HOUNGNANDAN présent pour l’occasion, a salué l’organisation de l’événement qui mérite d’être rééditée à l’en croire. En félicitant la famille Jah pour sa détermination à promouvoir les valeurs et principes des peuples africains, il a réitéré l’engagement de l’autorité communale à toujours soutenir le CEVASTE dans cette mission. « Je ne manquerai pas de rapporter tout ce que j’ai vu ici au maire de la commune d’Allada ». a-t-il laissé entendre. Dans ce cadre solennel, les discours prononcés ont rappelé l’importance historique et symbolique du Festival Kwanzaa.
Selon Daniel Jean Edwins, chargé de projet au CEVASTE, la particularité de cette nouvelle édition réside dans l’intégration du Festival Kwanzaa au projet « Un Monde sans Faim ». Ce projet, mis en œuvre dans plusieurs pays africains et financé par l’African Biodiversity Network (ABN), vise à identifier les semences en voie de disparition, à mettre en place une banque de semences et à promouvoir les techniques agroécologiques. Il inclut également des activités de plaidoyer pour influencer les politiques agricoles et environnementales. Depuis 2018, ce projet a impacté de nombreuses communautés au Bénin.
Pour renforcer cette dynamique, diverses activités éducatives et culturelles ont été organisées pour impliquer pleinement les participants.
Un retour aux sources africaines
Diverses activités ont été proposées pour sensibiliser les participants à ce grand événement. Parmi elles, des circuits touristiques, des ateliers de créativité, du jardinage agroécologique, des contes africains, des danses traditionnelles, une projection de film, et des échanges sur les valeurs endogènes.
La cuisine végétalienne et les mets africains ont également été à l’honneur pour rappeler l’importance de la reconnexion avec la nature et les traditions culinaires du continent.
Micheline Adjovi en participant à ce grand événement estime que les peuples africains possèdent un potentiel immense. « Le continent africain a la capacité d’utiliser les ressources déjà disponibles pour répondre de manière efficace et durable à leurs propres besoins. » a-t-elle déclaré.
Une fête aux racines profondes
Le nom « Kwanzaa » provient de l’expression swahilie matunda ya kwanza, signifiant « premiers fruits ». Cette fête, célébrée depuis des siècles en Afrique, met l’accent sur les récoltes, les valeurs ancestrales et la biodiversité.
En conclusion, le Festival Kwanzaa 2024 à Allada s’est imposé comme un véritable carrefour de célébration et de réflexion, unissant les communautés autour de leurs racines communes et des enjeux actuels liés à la préservation de l’environnement. Ce lien avec les traditions africaines s’enracine dans le symbolisme même du mot ‘Kwanzaa’ et de ses principes fondamentaux.
Megan Valère SOSSOU
Quels sont les sept principes de Kwanzaa et que signifient-ils ?
Le Kwanzaa est basé sur sept principes ou idées clés qui incluent : Unité (Umoja) : se concentre sur l’importance de travailler et de maintenir l’unité entre les membres de la famille, la communauté noire aux États-Unis et le pays. Autodétermination (Kujichagulia) : souligne l’importance pour les personnes de se définir, de se nommer, de créer pour elles-mêmes et de parler en leur nom. Travail et responsabilité collectifs (Ujima) : construire et maintenir la communauté et aider les autres à résoudre leurs problèmes. L’économie coopérative (Ujamaa) : création et gestion de magasins et d’entreprises de la communauté afro-américaine dont elle peut bénéficier ensemble. Objectif (Nia) : construire et développer des personnes et restaurer leur grandeur. Créativité (Kuumba) : faire ce que chacun peut pour laisser la communauté plus belle et plus bénéfique que celle dont il a hérité. Foi (Imani) : Croire aux autres, notamment aux parents, aux enseignants, aux dirigeants et à la lutte des Afro-Américains.
Consultation nationale au Bénin : Vers une gestion durable et sécurisée du complexe W-Arly-Pendjari
Après le Niger et le Burkina Faso, le Bénin a tenu sa consultation nationale dans le cadre de l’initiative visant à soutenir la gestion durable du complexe W-Arly-Pendjari (WAP). Cette rencontre organisée par le CENAGREF, s’est déroulée les 19 et 20 décembre 2024 à Grand-Popo, avec le soutien de partenaires internationaux tels que l’UNESCO, la Fondation des Savanes Ouest-Africaines (FSOA), l’UICN et la GIZ, et grâce au financement du gouvernement norvégien. L’événement a réuni des acteurs clés de la conservation, des forces de défense, de la sécurité publique, des experts ainsi que des représentants des communautés locales.
Face à la crise sécuritaire persistante au sein du complexe WAP, les trois pays concernés le Bénin, le Burkina Faso et le Niger ont réaffirmé leur engagement à protéger et gérer durablement ce patrimoine naturel commun. Une initiative qui met en avant la coopération transfrontalière renforcée pour répondre aux défis liés à ce site classé au patrimoine mondial.
Au cours des échanges et des travaux de groupe, les participants ont recensé les dispositifs et actions de sécurisation en place, tout en identifiant les risques et lacunes. Ces réflexions ont permis d’élaborer un plan d’action spécifique pour la protection du complexe.
Les participants témoignent
Pendant plusieurs jours d’intenses activités de réflexion, les acteurs ont pu faire le diagnostics et proposer des solutions nécessaires à la gestion durable et sécurisée du complexe. Sylvestre Djagoun, enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi et consultant, a salué la qualité des discussions et l’implication des acteurs dans la gestion du complexe WAP.
Pour Bello Abdel Aziz, Directeur du Parc National W au Bénin, les solutions proposées représentent une réponse efficace aux défis de sécurisation du complexe. Il a particulièrement mis en avant la participation active des communautés locales à cette rencontre, tout en soulignant l’importance d’initiatives sociales complémentaires pour renforcer la confiance des populations envers l’État.
À l’issue de cette consultation, Ibrahim Baré Oumarou, Trésorier Général de l’Association Nationale des Organisations Professionnelles des Éleveurs de Ruminants au Bénin, a exprimé son espoir de voir les parcs véritablement renaître et continuer à jouer un rôle crucial dans le développement durable.
Pour Junior Ohouko, de l’Unité Afrique du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, cette initiative se distingue par son approche inclusive et participative. « Nous collaborons d’abord avec les acteurs responsables de la gestion, notamment le CENAGREF et tous les autres acteurs dans chacun des trois pays. »
A noter que ces consultations nationales des différents pays aboutiront à l’élaboration d’un Plan Régional d’Urgence commun et à l’organisation d’une table ronde des partenaires techniques et financiers.
Megan Valère SOSSOU
L’Alliance d’Afrique Francophone pour l’Eau et l’Assainissement donne de la voix pour le droit à l’eau et à l’assainissement
Le lundi 16 décembre 2024 à Dakar (Sénégal) l’Alliance d’Afrique Francophone pour l’Eau et l’Assainissement (AAFEA) a formulé une déclaration en faveur de l’eau et de l’assainissement en Afrique dont voici le contenu.
La crise mondiale de l’eau reste alarmante : 2,2 milliards de personnes, soit un quart de la population mondiale, n’ont pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité, et 1,5 milliard ne disposent même pas d’un service élémentaire d’eau potable selon le rapport 2023 du Joint Monitoring Program (JMP) de l’OMS et de l’UNICEF. Ces chiffres reflètent une situation d’insécurité hydrique persistante à l’échelle mondiale. En Afrique subsaharienne, 14 % de la population, principalement des femmes, passent plus de 30minutes par jour pour collecter de l’eau. Les conflits aggravent la situation, rendant ainsi l’accès à l’eau et à l’assainissement encore plus difficile, comme au Burkina Faso, où l’insécurité a déplacé2 millions de personnes, dont 53 % de femmes, au 31 mars 2023. S’agissant de l’assainissement, seule 24 % de la population d’Afrique subsaharienne a accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité selon le même rapport OMS/Unicef.
Face à cette situation alarmante, les Organisations de la Société Civile (OSC) jouent un rôle essentiel non seulement pour garantir la reconnaissance effective du droit à l’eau et à l’assainissement en tant que droits humains fondamentaux par les États (sur le plan politique et juridique à l’échelle nationale), mais aussi pour s’assurer de la concrétisation de ces droits au niveau national et local. Regroupant dix pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’Alliance d’Afrique Francophone pour l’Eau et l’Assainissement (AAFEA), œuvre pour que les droits humains à l’eau et à l’assainissement soient une réalité universelle. L’AAFEA contribue, par ses actions, à l’atteinte des ODD et en particulier l’ODD 6 « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ». Ce onzième atelier d’échange de l’Alliance d’Afrique Francophone pour l’Eau et l’Assainissement qui se clôture aujourd’hui a été un moment fort d’échange et de renforcement de capacités autour de la question des droits humains à l’eau et à l’assainissement, notamment en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Au terme de cet atelier, les collectifs membres de l’AAFEA ont formulé plusieurs messages à l’endroit des décideurs pour rendre effectifs les droits humains à l’eau et à l’assainissement et favoriser l’atteinte de l’ODD 6. Ces messages sont :
1. Formaliser sur le plan juridique et politique les droits humains à l’eau et à l’assainissement Dans de nombreux États, les droits humains à l’eau et à l’assainissement restent insuffisamment reconnus ou appliqués, faute de volonté politique, de mécanismes d’application efficaces et en raison des crises sécuritaires. Les collectifs membres de l’AAFEA recommandent aux États d’intégrer ces droits dans les cadres juridiques, les mettre en œuvre par des décrets, établir des mécanismes de suivi et adopter des plans inclusifs basés sur la non-discrimination et l’universalité, en ciblant les populations vulnérables. Une Approche Basée sur les Droits Humains (ABDH) est nécessaire pour garantir un accès universel à l’eau et à l’assainissement et contribuer à une paix sociale durable.
2. Allouer des financements adaptés, suffisants, répondant aux besoins réels des communautés Les financements pour l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène sont, dans certains cas, insuffisants ou peu priorisés dans les budgets nationaux, avec une attention encore moindre pour l’assainissement et l’hygiène.
Les collectifs membres de l’AAFEA recommandent aux États de mobiliser et d’allouer des financements suffisants, transparents et adaptés aux besoins du secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, en visant au moins 3 % du budget national. Nous leur recommandons de communiquer régulièrement sur ces allocations et exploiter des sources innovantes comme les partenariats public-privé, les financements climatiques et la coopération internationale. Enfin, il est nécessaire de travailler à renforcer la traçabilité des flux financiers, et lever les obstacles entravant l’exécution des ressources.
3. Assurer une bonne gouvernance du secteur, intégrant la participation citoyenne et la redevabilité L’absence de gouvernance solide dans le secteur de l’eau et de l’assainissement engendre des dérives telles qu’une répartition floue des responsabilités, un manque de transparence, l’absence de régulation et de dialogue entre acteurs, ainsi qu’une faible participation du public et de la société civile. Ces lacunes, lorsqu’elles existent, compromettent la mise en œuvre efficace des politiques publiques à l’échelle des territoires.
Pour les collectifs membres de l’AAFEA, il est primordial que les stratégies du secteur de l’eau et de l’assainissement incluent des indicateurs de transparence, d’équité, de redevabilité et de participation citoyenne. Les usagers-citoyens doivent être impliqués dans les instances consultatives et décisionnelles à tous les niveaux. Les rôles des institutions et des collectivités locales, actrices clés du développement, doivent être clarifiés et articulés. Les États ont l’obligation de promouvoir des plates-formes de dialogue multi-acteurs et de renforcer les capacités techniques et opérationnelles des acteurs pour harmoniser et optimiser les actions dans le secteur.
Nous, collectifs membres de l’Alliance d’Afrique Francophone pour l’Eau et l’Assainissement, sommes convaincus que la concrétisation de ces messages aboutira à une effectivité des droits humains à l’eau et à l’assainissement, notamment en Afrique de l’Ouest et du Centre. Nous espérons que Monsieur le Ministre appréciera et portera ces messages dans les instances africaines et mondiales de décision sur l’eau et l’assainissement.
Par les collectifs membres de l’Alliance d’Afrique Francophone pour l’Eau et l’Assainissement (AAFEA) :
CANEA – Cadre de Concertation des acteurs Non Étatiques pour l’Eau et l’Assainissement (Bénin)
SPONG – Secrétariat Permanent des ONG (Burkina Faso) l AME – Alliance pour la Maîtrise de l’Eau (Cameroun)
CN-CIEPA – Coalition Nationale de la Campagne Internationale pour l’Eau potable et l’Assainissement (Mali)
CCOAD – Chambre de concertation des Collectifs d’ONG et d’Associations de Développement (Niger)
CNAPE – Coalition Nationale Action et Plaidoyer pour l’Eau (République de Guinée)
POSCEAS – Plateforme des Organisations de la Société Civile de l’Eau et de l’Assainissement auSénégal (Sénégal)
REAT – Réseau des Organisations de la Société Civile d’Eau et d’Assainissement au Tchad (Tchad)
CCEABT – Conseil de Concertation pour l’Eau et l’Assainissement de Base au Togo (Togo).
Ecocitoyenneté : Sur les pas du colibri, les jeunes s’engagent pour sauver la planète
L’une des leçons les plus inspirantes que l’humanité a reçues en matière d’écocitoyenneté est celle donnée par le colibri, ce petit oiseau des Amériques. En effet, il était une fois un feu de forêt qui fit fuir toute la faune, sauf le plus petit des oiseaux : le colibri. N’écoutant que son courage et sa détermination, celui-ci transporta une goutte d’eau, puis une autre, et encore une autre. D’un air moqueur, le gros ours lui demanda : « Mais qu’est-ce que tu fais là ? », et le colibri de répondre : « Je fais ce que je peux, je fais ma part ».
Le colibri, symbole d’engagement éco citoyen
Cette fable, racontée par les Quechuas, Amérindiens d’Amérique du Sud, prend tout son sens dans le contexte actuel du changement climatique, où des milliards de « gouttes d’eau », symbolisant des gestes quotidiens, sont nécessaires pour assurer la survie de l’humanité et de la planète. Cela est d’autant plus vrai en Afrique, où les effets du changement climatique sont particulièrement sévères en raison de la vulnérabilité et de la précarité des communautés.
« Au quotidien, en Afrique, des familles sont déplacées, des familles souffrent de famine, et des conflits éclatent à cause de la lutte pour des ressources devenues de plus en plus rares », a déploré Augustine Njamnshi, président des affaires techniques et politiques de l’Alliance Panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA), lors de la COP23 en 2017 à Bonn, en Allemagne. Cette triste réalité rappelle combien il est essentiel de s’engager, individuellement et collectivement, dans la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement.
Activité de reboisement à l’EPP Baka et formation des écoliers de l’EPP Camp-Adagbè à la fabrication de sacs biodégradables
C’est dans ce combat que s’inscrivent plusieurs organisations de jeunes au Bénin, dont l’ONG Save Our Planet. Convaincue que seule l’éducation environnementale peut changer les habitudes au sein des communautés, l’ONG a lancé le Projet de Renforcement de l’Éducation Relative à l’Environnement en Milieu Scolaire et Estudiantin. Ce projet vise à faire des élèves et des étudiants les acteurs d’un monde durable, capables de relever les défis climatiques et environnementaux actuels.
Les actions menées par cette organisation en témoignent. En 2021, des élèves de l’École Primaire Publique de Baka à Parakou ont participé à des activités de reboisement, et en 2023, des ateliers de formation sur la fabrication de sacs biodégradables ont été organisés au profit des écoliers du Complexe Scolaire Camp-Adagbè de Parakou.
L’objectif était de sensibiliser les enfants au reboisement et à l’utilisation de sacs biodégradables pour qu’ils abandonnent les sacs en plastique, néfastes pour la santé et l’environnement. « Une fois rentrée à la maison, je sensibiliserai mes frères aux dangers des sacs en plastique et les encouragerai à utiliser désormais des sacs en papier pour préserver notre santé et notre environnement », a promis Josline Balogoun, écolière en cours élémentaire 2ᵉ année au Complexe Scolaire Camp-Adagbè.
Megan Valère Sossou, directeur exécutif de l’ONG Save Our Planet, a profité de cette occasion pour plaider en faveur d’une interdiction stricte des sacs en plastique dans les écoles, conformément à la loi n° 2017-39 du 26 décembre 2017, interdisant la production, l’importation, l’exportation, la commercialisation, la détention, la distribution et l’utilisation de sachets en plastique non biodégradables en République du Bénin.
L’ONG ne laisse personne de côté dans son ambition d’éduquer à un environnement sain et durable. Dans la commune d’Adjohoun, les enfants à déficience intellectuelle du Centre Didier le Bihan ont été sensibilisés aux meilleures techniques d’hygiène et d’assainissement, renforçant ainsi leurs capacités à entretenir leur cadre éducatif de façon saine et durable.
Sensibilisation des enfants handicapés du Centre Didier le Bihan aux techniques d’hygiène et d’assainissement
Selon Alfreda Christiane Akotègnon, coordonnatrice Sud de l’ONG, cette initiative vise à étendre l’éducation environnementale aux groupes sociaux marginalisés, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Cette inclusion dans l’éducation environnementale est une action salvatrice, saluée par les activistes et les organismes en charge de la protection de l’environnement.
Dans le même esprit, la société Cité Fidèle sensibilise au reboisement comme moyen de lutter contre le changement climatique. En 2022, elle a organisé, au profit de l’Université de Parakou, la mise en terre de plus de 100 plants d’arbres.
Reboisement à l’université de Parakou
« Les effets du changement climatique, tels que la mauvaise répartition des pluies, les excès de chaleur et les inondations, sont principalement dus à la destruction de nos patrimoines forestiers à travers la déforestation. L’objectif de cette activité est de sensibiliser les populations et de les encourager au reboisement », a déclaré feu Maxime Gbokpannon, alors président du groupement ayant conduit cette activité. Cette initiative illustre l’engagement de Cité Fidèle dans la lutte contre le changement climatique.
Inès Sehlan, une jeune activiste qui exprime son génie créatif pour limiter la pollution plastique
Inès Sehlan, étudiante et activiste écologiste résidant à Parakou, la cité des Koburu, est également engagée pour la protection de l’environnement. À travers le recyclage des déchets plastiques, elle crée des objets de décoration et d’autres articles utiles, tels que des fleurs, des sacs et des portemonnaies.
Inès Sehlan et ses articles conçus à base de déchets plastiques
Dans une interview accordée à Venance Tossoukpè du Journal Santé Environnement, elle a expliqué : « L’idée m’est venue de l’observation de mon environnement. J’ai constaté que les déchets plastiques représentent une pollution environnementale importante ». Pour la sociologue de formation : « Si une personne peut essayer de limiter sa consommation de plastiques, et que mille personnes s’y mettent, cela permettrait de réduire l’impact des déchets plastiques dans le monde ». Inès ambitionne d’implanter un centre de recyclage dans sa ville afin de réduire la pollution plastique tout en créant des emplois verts pour les jeunes.
Il souligne qu’en plus d’être autonomes en électricité, les bidets FLB consomment peu d’eau et sont accessibles aux personnes vulnérables. « Il suffit juste d’appuyer sur un bouton, et le jet d’eau se charge de faire le nettoyage à votre place. Ce qui permet aux personnes vulnérables, notamment les femmes enceintes et les personnes en situation de handicap, de faire aisément leurs besoins sans aucune assistance », a-t-il rassuré.
A l’en croire, cette initiative est partie du constat que le papier toilette utilisé dans les toilettes classiques exige une grande consommation d’eau et induit une forte pression sur les ressources forestières. Les bidets FLB se positionnent ainsi comme une alternative pratique, saine et durable pour le bien-être de l’Homme et de la planète, dans un contexte où le changement climatique a de graves répercussions sur les modes de vie des communautés.
Ces initiatives, portées par des jeunes Africains et Béninois, s’inscrivent dans une dynamique collective pour contrer les effets du changement climatique, même si le continent ne contribue qu’à environ 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon le GIEC.
Il est évident que chaque action compte dans la lutte contre le changement climatique. À l’image du colibri, chacun de nous peut apporter sa goutte d’eau pour préserver notre planète. Nous devons prendre exemple sur les initiatives des jeunes et des organisations qui œuvrent déjà sur le terrain pour éduquer, sensibiliser et protéger notre environnement. Ensemble, que ce soit par le reboisement, la réduction de l’usage du plastique ou le recyclage, nous avons le pouvoir d’agir pour un avenir durable. Chacun de nous, à son niveau, peut contribuer à cet effort collectif.
Venance Ayébo TOSSOUKPE
Gestion durable du complexe W-Arly-Pendjari : les acteurs du Bénin en consultation nationale
Dans le cadre de l’initiative visant à renforcer la gestion durable du complexe W-Arly-Pendjari, le Centre National de Gestion des Réserves de Faune (CENAGREF) organise, depuis ce jeudi 19 décembre 2024, une consultation nationale à Grand-Popo.
Cette initiative bénéficie du soutien du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, en collaboration avec le ministère du Cadre de Vie et des Transports chargé du Développement Durable, et de l’appui financier du gouvernement de la Norvège. Il s’agit de soutenir la conservation des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial en Afrique dont le complexe W-Arly-Pendjari appartient.
La rencontre réunit une trentaine de participants, comprenant des experts, des représentants de la société civile, ainsi que des membres des forces de défense nationale et de sécurité publique.
Pour sa part, la secrétaire générale de la Commission nationale béninoise pour l’UNESCO, Pr Abossèdé Paulette Okpeicha, a insisté sur la nécessité pour le Bénin, le Burkina Faso et le Niger de synchroniser leurs actions pour améliorer la gestion et la protection de ce joyau qui joue des rôles capitaux. Elle a souhaité qu’à l’issue des travaux des actions concrètes soient identifiées pour relever les défis actuels soulignant l’engagement du Bénin à la Convention de l’UNESCO du 16 Novembre 1972.
Abdel-Aziz Babamoussa, Directeur Général du CENAGREF, a salué les progrès réalisés dans le cadre de l’accord tripartite signé en 2019, tout en exhortant à une mobilisation continue des ressources nécessaires pour mettre en œuvre les stratégies définies lors de cette rencontre et des prochaines assises régionales.
Dans son mot de bienvenue, Georges Sossou, Directeur Technique du CENAGREF, rappelé l’objectif de la rencontre. Il s’agit à l’en croire d’instaurer des processus transfrontaliers efficaces et opérationnels, respectant la souveraineté des États, pour protéger le Complexe W-Arly-Pendjari.
« Je saisis donc cette occasion pour saluer les avancées réalisées dans le cadre de l’Accord tripartite signé en 2019 et pour encourager la mobilisation continue des ressources nécessaires à la mise en œuvre des stratégies qui seront définies ici et lors des prochaines assises régionales » a confié le Directeur générale du CENAGREF avant de lancer officiellement au nom du Ministre du Cadre de Vie et des Transports chargé du Développement Durable.
Il importe de rappeler que cette initiative se tient après celle du Niger et du Burkina. Des consultations qui ont pour objectif d’engager tous les acteurs clés dans l’élaboration de Plans Nationaux d’Actions spécifiques à chaque pays. Elles constituent la première étape d’une série d’activité prévue au plan national et régional en vue d’une gestion durable du complexe W-Arly-Pendjari.
Megan Valère SOSSOU
Usage des drones au Bénin : la loi comme bouclier de la vie privée
Connus principalement pour leur usage dans des missions militaires autrefois, les drones sont devenus des outils indispensables dans divers domaines civils. Mais leur usage au Bénin est soumis à une réglementation stricte, sous peine de sanctions.
« Il y a trois mois, lors d’une cérémonie d’inhumation dans mon quartier à Zakpo Adame, un drone a survolé notre concession alors que je prenais une douche à l’extérieur, près de notre chambre. J’ai été très dérangée de le voir juste au-dessus de ma tête. », a confié Eudoxie Aiclounon, depuis Bohicon perplexe quant à la finalité des enregistrements effectués.
Des témoignages comme celui-ci reflètent la préoccupation croissante des citoyens sur les drones qui peuvent être utilisés pour espionner des espaces privés, filmer des événements sans consentement, voire collecter des données sensibles.
Pour David Gnaha, photojournaliste et pilote drone, bien qu’il soit très difficile d’identifier formellement une personne dans une vue du ciel sauf cas exceptionnel, il est important de respecter la vie privée.
Au Bénin, l’organe en charge de la protection des données personnelles est l’Autorité de Protection des Données Personnelles (APDP). Bellor GANHOUNOUTO est Consultant délégué à la protection des données personnelles à l’APDP. Il explique que l’APDP, dans sa mission de veiller à la protection des données personnelles, organise des séances de formation et de sensibilisation. L’APDP peut se saisir d’office un dossier, tout comme toute personne se sentant victime peut également saisir l’autorité, a-t-il informé. A ce sujet, il déplore l’ignorance des auteurs et des victimes, des droits et devoirs en la matière.
Des mesures pour un usage éthique
L’Agence Nationale de l’Aviation Civile (Anac) est responsable de la régulation de l’utilisation des appareils volants au Bénin. Elle exige que tous les exploitants de drones, qu’ils soient à des fins ludiques ou professionnelles, adressent une demande formelle d’autorisation via son site web avant tout usage. La même démarche est également possible sur le site web des services publics.
« Tous les amateurs doivent savoir que le survol de drone exige qu’on ait une autorisation au niveau de l’Agence nationale de l’aviation civile (Anac) et en plus une formation certifiant. C’est pourquoi au niveau de notre creuset, nous accompagnons tous ceux qui sont passionnés à suivre une formation pour avoir le niveau et la certification requise afin de faire le survol de drone dans de meilleures conditions et éviter les dégâts », avait déclaré Daniel Tossou, président de l’Association Béninoise des Professionnels et Amateurs de Drone (Abepa-Drone) à nos confrères de Etele.
Du cadre juridique
Au Bénin l’utilisation des drones est encadrée par la règlementation technique relative à l’utilisation des aéronefs pilotés à distance, adoptée le 17 Septembre 2018. La règlementation permet aux drones à usage ludique de monter jusqu’à 122 mètres de hauteur maximale tandis que ceux à usage professionnel sont limités à 91,5 mètres.
Selon Qowiyou FASSASSI, juriste spécialisé en droit du numérique, survoler un domicile privé avec un drone constitue une violation de la vie privée, donnant ainsi le droit aux personnes concernées de saisir la justice. Si l’infraction est commise par une entreprise, elle risque une sanction selon l’article 453 du Code du numérique qui considère comme grave toute atteinte à la vie privée.
Si pour le Juriste l’article 20 de la Constitution protège l’inviolabilité du domicile il n’en demeure pas moins du Code de l’information et de la communication en ses articles 48 et 49, « toute personne a droit au respect de sa vie privée. Cela s’entend que toute personne est libre de gérer sa propre existence comme elle la pense sans craindre aucune ingérence extérieure et ou publicité. »
L’Autorité de Protection des Données Personnelles (APDP) peut mettre en demeure en vertu de l’article 454 du Code du numérique. Quant au nouveau Code pénal, il prévoit dans son article 608, des peines allant de six mois à cinq ans d’emprisonnement et des amendes de 500 000 à 2 000 000 de francs CFA pour les infractions liées à l’atteinte à la vie privée par l’écoute, l’enregistrement ou la transmission d’images sans consentement. Cependant, lorsque la personne est dans un lieu public, la notion de vie privée ne s’applique pas.
En attendant des dispositions légales plus spécifiques aux drones en matière de protection de la vie privée, les citoyens sont invités à contribuer au contrôle de l’usage des drones. L’APDP encourage à signaler tout abus, tandis que les professionnels multiplient les campagnes de sensibilisation et de formation aux bonnes pratiques.
Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.
Megan Valère SOSSOU
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Au Bénin, l’utilisation des drones est courante en raison de leur utilité pour la société, à des fins diverses, comme dans le cadre du projet d’Autonomisation des femmes et du dividende démographique en Afrique subsaharienne (SWEDD) en 2021. En effet, pendant la pandémie de la COVID-19, des drones ont été utilisés pour livrer des médicaments dans des zones reculées, comme à Firou, une localité de la commune de Kérou, au nord du Bénin. Cela prouve que les drones peuvent desservir des zones reculées et inaccessibles en produits essentiels. C’est le cas de Léopold Degbegnon, Ingénieur en Géodésie qui a utilisé le drone pour le calcul des réserves de granite sur le site d’Okouta dans l’arrondissement de Setto au centre Benin. Pour l’ingénieur, l’utilisation du drone est plus rapide, moins coûteuse avec des livrables plus précises que l’utilisation d’un avion, lente et plus coûteuse. En clair, l’utilisation des drones constitue des opportunités pour les domaines de la santé, de l’agriculture, de la cartographie, du divertissement et bien d’autres. Elle mérite d’être surveillée pour prévenir les dérives pouvant violer la vie privée d’autrui.
Patrick Atangana Fouda : Un héros de la lutte contre le VIH nous quitte
Tout comme la communauté internationale, l’ONUSIDA pleure la perte de Patrick Atangana Fouda, un activiste exceptionnel et une figure emblématique de la lutte contre le VIH. Militant infatigable et voix des personnes vivant avec le VIH, Patrick a consacré sa vie à défendre les droits humains, à promouvoir l’accès aux soins et à briser le silence entourant cette maladie.
Vivant lui-même avec le VIH depuis sa naissance, Patrick Atangana Fouda a su transformer sa réalité personnelle en un puissant moteur de changement. Il a courageusement partagé son histoire pour sensibiliser à l’importance de la prévention, de la prise en charge et, surtout, de la lutte contre la stigmatisation. À travers son propre parcours, il a incarné l’espoir et la résilience, prouvant que vivre avec le VIH n’est pas une limite, mais une opportunité de redéfinir les perceptions et d’inspirer les autres.
À travers son plaidoyer courageux et ses interventions percutantes, il a rappelé à tous l’urgence d’agir pour garantir un accès équitable à la prévention, aux traitements et aux droits humains pour les personnes vivant avec le VIH. Une anecdote marquante de sa vie témoignage de son esprit combatif et de sa volonté d’agir. Lors d’une conférence internationale sur le VIH, Patrick avait pris la parole spontanément après un panel pour interpeller les décideurs. Avec une voix ferme et une passion palpable, il avait déclaré : « Je suis ici, vivant avec le VIH. Je ne suis pas seulement un chiffre dans vos rapports, je suis une personne avec des rêves, une famille, et une dignité. Faites plus que des promesses, agissez maintenant ! » Ses mots, empreints de sincérité et de force, avaient ému tous les participants, réaffirmant la nécessité de replacer les voix des personnes affectées au centre de nos stratégies et incitant plusieurs organisations présentes à renforcer leurs engagements pour les communautés les plus affectées.
Patrick a mené un combat acharné pour défendre les droits et le bien-être des jeunes vivant avec le VIH, particulièrement les enfants. Il était profondément convaincu que chaque enfant, indépendamment de son statut sérologique, mérite tout comme lui, une vie pleine de possibilités et d’espoir. À travers ses initiatives, il a plaidé pour un accès équitable aux traitements pour les enfants vivant avec le VIH, dénonçant les inégalités criantes dans l’accès aux médicaments pédiatriques.
Son travail auprès des jeunes, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest et du Centre, a inspiré toute une génération à se lever contre la stigmatisation et à exiger un avenir meilleur. Avec l’appui de notre bureau il a fondé le Réseau Afrique de l’Ouest et Afrique Central de D’adolescents et Jeunes Positifs (RAJ+ AOC), la première organisation régionale francophone d’adolescent(e)s et jeunes vivant avec le VIH. Patrick croyait fermement que l’éducation, la sensibilisation et la solidarité sont des piliers essentiels pour mettre fin à la transmission du VIH et pour garantir des vies dignes et épanouies.
Son combat pour le SIDA pédiatrique reste l’une des contributions les plus marquantes de son parcours. Il s’est battu sans relâche pour que les enfants vivant avec le VIH reçoivent des traitements adaptés, insistant sur le fait qu’aucun enfant ne devrait mourir à cause d’un manque de médicaments ou d’une prise en charge inadéquate.
Son partenariat avec l’ONUSIDA a été d’une valeur inestimable. Patrick était non seulement une voix pour les communautés, mais aussi un allié stratégique dans nos efforts pour briser les chaînes de la stigmatisation et de la discrimination. Il a contribué à façonner des initiatives clés visant à améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH, tout en plaidant sans relâche pour des politiques inclusives et durables.
Patrick a joué un rôle central dans de nombreuses initiatives internationales visant à améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. Ses interventions dans des forums mondiaux, ses collaborations avec des organisations de santé publique, et ses efforts pour renforcer les systèmes de santé en Afrique ont été déterminants. Grâce à son travail, des milliers de personnes ont pu accéder à des services vitaux, tandis que des communautés entières ont appris à mieux comprendre et soutenir les personnes vivant avec le VIH.
Mais Patrick n’était pas seulement un militant. Il était une source d’inspiration pour les jeunes et pour tous ceux qui le connaissaient. Sa force intérieure, son humanité et sa détermination à surmonter les défis étaient palpables dans chacune de ses actions. Quelques jours avant sa mort, aux côtés des collègues d’ONUSIDA, il participait activement aux travaux de préparation de la Conférence internationale sur le SIDA et les IST en Afrique (ICASA) au Ghana, pour s’assurer que la voix des jeunes était entendue. Alors que nous pleurons sa perte, nous restons résolus à poursuivre son combat avec la même détermination et la même passion qu’il incarnait.
La vie de Patrick Atangana Fouda témoigne de l’impact qu’une personne peut avoir en choisissant de transformer sa propre expérience en une force pour le bien commun. Son engagement et sa résilience continueront d’inspirer les générations futures dans la lutte pour un monde sans VIH et sans stigmatisation.
C’est pourquoi au nom de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, j’adresse un message d’espoir et de détermination à tous les jeunes de notre région. Patrick croyait en votre force, en votre capacité à transformer vos défis en opportunités, et en votre pouvoir de bâtir un avenir sans stigmatisation ni exclusion.
En son honneur, je vous invite à poursuivre le combat qu’il a si courageusement mené. Faites entendre vos voix, engagez-vous pour le changement et inspirez le monde par votre résilience. Patrick aurait voulu que vous continuiez à vous battre, non seulement pour vous-mêmes, mais pour tous ceux qui comptent sur votre leadership et votre courage.
Repose en paix, Patrick. Ton combat et ton héritage vivront à travers ces jeunes que tu as tant aimés et défendus.
Berthilde Gahongayire
Le Mobile Money, terreau de l’agriculture au Bénin
Le Mobile Money booste l’activité agricole autrefois confrontée aux barrières géographiques, aux difficultés de trésorerie, à la lourdeur administrative, à l’insécurité et aux retards de paiement, souvent causés par des circuits bancaires classiques.
Un agriculteur avec son téléphone mobile
Selon les données de l’Enquête Statistique Agricole de la Direction de la Statistique Agricole, la production de soja est passée de 421 886 tonnes en 2022 à 520 929 tonnes en 2023, soit une croissance de 19 %. Quant au maïs, la production a progressé de 1 619 605 tonnes en 2022 à 2 059 254 tonnes en 2023, une hausse remarquable de 27,1 %, attribuable aux paiements en ligne.
Firmin et dame Adagbe témoignent des gains en temps, en sécurité et en productivité. « Grâce à ce système, nous avons vendu notre maïs à des acheteurs de Cotonou sans nous déplacer. Les paiements sont instantanés et sécurisés », raconte Dame Adagbe.
Firmin renchérit, parlant de la plateforme mise en place par l’Association de Lutte pour la Promotion des Initiatives de Développement (ALIDé) : « Avec la solution Bank to Wallet, les frais de transaction sont fixes : seulement 200 F CFA par opération, quel que soit le montant. Le remboursement aussi se fait directement sur la plateforme ».
Aujourd’hui, la plateforme de ALIDé compte plus de 12 000 utilisateurs actifs, composés d’agriculteurs, de commerçants, de fournisseurs d’intrants, de transformateurs et bien d’autres.
Firmin Matchi, producteur de soja résidant à Ansèkè, une localité de la commune de Ouèssè, située à plus de 330 kilomètres de Cotonou, raconte : « C’était vraiment difficile d’effectuer des transactions financières pour un achat d’intrants ou pour vendre un sac de soja. Je faisais plusieurs navettes avec l’état défectueux de la route et le coût élevé du transport avant même d’obtenir des crédits agricoles ».
Quant à dame Adagbe, dite Maman Ro, productrice et commerçante de maïs dans la localité de Mougnon, commune de Djidja, les structures financières dites décentralisées ne l’étaient pas vraiment. Elle explique : « Il fallait attendre deux, trois, voire quatre mois pour obtenir un crédit agricole. Les agences secondaires renvoyaient les dossiers aux principales pour traitement, ce qui impliquait des navettes épuisantes physiquement, financièrement et psychologiquement ». Elle ajoute qu’auparavant, avec des crédits difficilement contractés, elle devait se déplacer avec d’importantes sommes d’argent en liquide, ce qui l’exposait aux risques de braquage.
Comme Firmin et dame Adagbe, nombreux sont les agriculteurs et agricultrices confrontés à d’énormes difficultés pour effectuer des transactions financières depuis leur localité.
Une tonne à l’hectare
La plateforme de paiement instantané déployée par ALIDé a permis de transformer la réalité financière des agriculteurs.
Firmin Matchi, a vu sa production s’améliorer grâce à ces paiements instantanés. Aujourd’hui, il cultive 10 hectares contre seulement 3 auparavant, avec une production de soja variant entre 500 kg et 1 tonne à l’hectare.
Nicaise Ganhounouto, Assistant du Responsable marketing et exploitation à ALIDé, explique : « Depuis 2018, avec l’appui de l’un de nos partenaires, nous avons proposé aux producteurs la solution Bank to Wallet en collaboration avec le réseau de téléphonie MTN Bénin. Ce service permet d’effectuer des transactions directement depuis un téléphone mobile. Les clients peuvent décaisser un crédit ou rembourser via la même plateforme ».
L’initiative de ALIDé s’inscrit dans un environnement favorable où le mobile money connaît une croissance accélérée au Bénin. Selon les données des opérateurs MTN Bénin, Moov Africa et Celtiis, partagées avec l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et de la Poste (ARCEP), le nombre de comptes mobile money a triplé entre 2019 et 2023.
De 3 707 281 utilisateurs actifs recensés au dernier trimestre 2019, le Bénin a atteint 11 171 087 utilisateurs au dernier trimestre 2023, soit un taux de pénétration supérieur à 88 %. Ce qui signifie que 8 Béninois sur 10 possèdent au moins un compte d’argent mobile actif.
Pour Colette Kiki Houeze Biga, experte en financement agricole, la numérisation des services financiers a réduit le fossé entre les populations rurales et urbaines. Elle déclare : « Ce système favorise la fluidité des transactions et la traçabilité des flux financiers, un élément capital dans l’accès au financement ».
Elle ajoute : « L’activité agricole est saisonnière. Quand un financement ne vient pas au moment indiqué, cela compromet toute la saison. À long terme, l’accès rapide aux services financiers améliore la productivité et la compétitivité des filières agricoles ».
« Aujourd’hui, 1 400 milliards de dollars transitent chaque année sur près de 1,75 milliard de comptes enregistrés, soit environ 2,7 millions de dollars par minute », indiquele rapport 2023 du Groupe Special Mobile Association (GSMA), une organisation mondiale qui rassemble l’écosystème de la téléphonie mobile.
Dans ce contexte où l’Afrique de l’Ouest s’impose comme un leader mondial du mobile money, le Bénin ne fait pas exception. Le pays s’appuie sur le développement numérique pour transformer la vie de milliers d’agriculteurs. Toutefois, certains obstacles persistent. Le manque d’éducation financière et numérique, ainsi que la couverture limitée du réseau mobile dans certaines zones rurales, freinent encore l’adoption généralisée du Mobile Money.
Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.
Megan Valère SOSSOU
Ces pesanteurs qui clouent au sol les innovations africaines
Bien qu’elles répondent aux besoins du continent, les solutions africaines sont souvent étouffées par le caractère extraverti de nos habitudes de consommation, entre autres.
En plein essor dans de nombreux domaines, les innovations africaines peinent paradoxalement à s’imposer
Reflexe des importations, complexe du colonisé et absence de politiques nationales sont les raisons citées
On invite les Etats à avoir de véritables politiques de R&D et les innovateurs à se mettre en réseau
« Cette machine que vous voyez est mise au point pour rendre le travail des menuisiers moins pénible », explique à SciDev.Net Fatoumata Binta Diallo, ingénieure à la Dakar American University of Science & Technology (DAUST) et membre d’une équipe d’innovateurs venus présenter leurs innovations au salon d’exposition dénommé DAUST Impact, tenu au mois de mai dernier.
La DAUST est une école spécialisée dans la formation aux métiers de l’ingénierie mécanique et informatique ainsi qu’aux nouvelles technologies. Elle est l’une des rares institutions au Sénégal à avoir l’innovation technologique et scientifique comme priorité.
En guise de démonstration, l’ingénieure actionne, en quelques clics sur son ordinateur portable, le mécanisme de découpe du bois. Une vingtaine de secondes plus tard, les planches disposées sous la lame de la machine sont toutes découpées.
« Vous voyez ? C’est tellement facile et rapide », commente-t-elle, avant de poursuivre : « Nous avons remarqué qu’au Sénégal, les travailleurs du bois entrent en contact direct avec les outils de découpe et cela comporte beaucoup de risques d’accidents. Certains se blessent grièvement ou perdent leurs doigts. Notre machine vient enlever de leur travail cette partie qui comporte des risques de blessure ».
Cette machine à découper fait partie d’une cinquantaine de projets exposés au cours de ce salon organisé par la DAUST à Somone, ville située à environ 80 kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise.
« Ces projets couvrent beaucoup de domaines : l’agriculture, les biens de services, la santé, l’environnement, la robotique, le spatial, la substitution du minéral de bentonite par un minéral local dans le domaine du pétrole et du gaz, etc. », fait savoir Mamadou Diop, enseignant-chercheur et directeur des études de la DAUST.
Ce salon d’exposition est une parfaite illustration de ce que le paysage des inventions et innovations en Afrique est en plein essor. Quel que soit le domaine, les initiatives se multiplient…
Au Congo, par exemple, l’ingénieur Luvick Otoka a conçu un détecteur de fuite de gaz dénommé « Keba na Gaz ». Destiné aux ménages afin de leur permettre d’éviter d’éventuels incendies, le détecteur est disponible en plusieurs modèles.
« Le premier qui est fini à 100 % détecte la fuite de gaz et vous alerte par des signaux lumineux et des bips sonores. Le son devient de plus en plus aigu si aucune disposition n’est prise et ne s’arrête que quand il n’y a plus de gaz présent dans la maison. Il a une batterie incorporée et peut fonctionner sans électricité », explique le concepteur.
Ses compatriotes Landry Ndinga et Yannick Mboumba, deux jeunes entrepreneurs, ont quant à eux conçu un générateur d’eau qui transforme l’air ambiant en eau potable. Ils ambitionnent, grâce à leur invention, dénommée « Moboti Mayi », d’améliorer l’accès à l’eau potable au Congo, mais aussi dans les pays africains confrontés à un manque d’eau potable.
Le générateur d’eau est muni d’un dispositif qui permet de produire de l’eau en transformant la vapeur d’eau contenue dans l’air ambiant et peut fonctionner à la fois avec le courant domestique, le groupe électrogène et les panneaux solaires, expliquent-ils.
Complexe d’infériorité
Pour autant, malgré ce dynamisme, les inventions et innovations africaines peinent à jouer les premiers rôles sur le continent, mais aussi à l’échelle internationale. Selon l’Indice mondial de l’innovation de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle 2023, sur les 132 pays classés, les pays africains occupent pratiquement les derniers rangs.
Yannick Mboumba et Landry Ndinga pensent que cette situation s’explique par le fait que « les conservateurs restent accrochés aux solutions traditionnelles plutôt que de s’ouvrir aux solutions innovantes d’une part ; et d’autre part par le fait que la jeune génération est plus friande des solutions technologiques et scientifiques proposées par des chercheurs et promoteurs d’ailleurs ».
Un point de vue partagé par le Béninois Apollinaire Gandonou, inventeur du « foyer sans soucis ». C’est un foyer écologique connecté à un panneau solaire et qui utilise les coques de noix de palme comme combustible.
« Nous n’aimons pas consommer local. Nous n’aimons pas donner de la valeur aux produits locaux. Nous sommes friands de ce qui est importé », déplore-t-il.
« On se dit souvent que les autres produisent mieux que nous », renchérit Luvick Otoka. Or, ajoute-t-il, « nos innovations sont mieux adaptées à notre contexte socio-culturel. Il faudrait que les consommateurs sachent que nos solutions ne sont peut-être pas mieux présentées que celles des autres, mais elles sont efficaces pour résoudre nos réels problèmes. Et il se trouve juste que les conditions ne sont pas réunies pour produire comme les autres. Mais il nous faut une approche patriotique et panafricaine ».
Concepteur de la couveuse néonatale connectée, Serge Armel Njidjou est plus nuancé. L’innovateur et entrepreneur technologique camerounais reconnait qu’il subsiste un « complexe d’infériorité de certains Africains » vis-à-vis des produits importés. Mais, il reconnaît que ce qu’on présente comme innovation, ce sont des choses qui ne sont souvent pas très connectées à l’écosystème utilisateur.
« L’innovation pour moi, c’est quelque chose de nouveau dans un contexte, mais surtout qui est adopté. (…) On a beaucoup de spectacles, mais pas de vraies innovations. Ce sont de petits changements qu’on met en œuvre dans un environnement pour l’adapter au contexte », explique-t-il.
« Par exemple, je n’ai pas inventé la couveuse, il y avait déjà des couveuses. Mais je suis parti du principe que comme on a beaucoup de problèmes d’électricité, peut-être il faudrait des couveuses solaires. Comme on a peu de pédiatres, peut-être qu’il faudrait des couveuses connectées, pour que les pédiatres puissent suivre les nouveau-nés sur leurs téléphones », explique Armel Njidjou.
Et de poursuivre : « une fois que je fais le prototype, il faut que j’emmène à l’hôpital et que les gens l’utilisent et que ça corresponde à leurs préoccupations et à leurs habitudes, qu’ils y trouvent leur intérêt et qu’ils soient prêts à l’adopter. Tant que ces étapes ne sont pas franchies, on ne peut même pas parler d’innovation ».
En général, si ces étapes étaient franchies, insiste-t-il, la suite serait plus facile, « parce qu’on saurait que c’est un produit qui correspond à tels utilisateurs, à tels bénéficiaires qui sont potentiellement prêts à consommer et donc qu’on doit développer », soutient l’innovateur.
Absence de législation et de fonds dédiés à l’innovation
Toutefois, Armel Njidjou reconnaît aussi que notre environnement n’est pas favorable à l’éclosion des innovations. Il affirme que « la graine de l’innovation ne peut pas pousser sur une terre aussi aride que la nôtre. Nos États n’ont pas de législations pour favoriser l’innovation », regrette-t-il.
« Si vous voulez faire un truc technique, vous avez besoin d’outils de production. Ailleurs, vous allez trouver des fablabs (laboratoires de fabrication) pour faire au moins rapidement les premiers prototypes. Ici, vous n’allez pas les trouver. Comment avoir donc les moyens qui vont financer votre prototype ? Par conséquent, beaucoup d’initiatives restent au stade artisanal… », affirme-t-il.
L’ingénieur togolais en électromécanique et fondateur du Centre de recherche, d’inventions et d’innovations technologiques (CRIIT Lado Concept), Edouard Akakpo-Lado, soutient pour sa part qu’il manque de fonds dédiés à la recherche et au développement en Afrique. « Les recherches sont faites avec des fonds propres par des inventeurs et innovateurs isolés dans leur coin », souligne l’intéressé pour le regretter.
Conséquence : de nombreuses inventions et innovations ne sont pas viables au bout d’une certaine période, constate Apollinaire Gandonou.
« Généralement, l’inventeur fait tout du début jusqu’à la fin avec ses propres moyens. À un moment donné, quand il est essoufflé, tout tombe à l’eau parce qu’il n’y a pas de soutien technique ni financier. Moi, par exemple, je suis allé au Nigeria pour faire du taxi-moto. Ce sont mes économies que j’ai investies dans mon projet. Mais avec ça, le résultat ne sera jamais comparable à celui de quelqu’un qui a les accompagnements qu’il faut », analyse-t-il.
Abdoulaye Faye, cofondateur et directeur technique de « CAYTU Robotics », partage cet avis. Sa start-up se distingue dans la fabrication de robots de services et la fourniture de plateformes de contrôle à distance. Connue notamment pour son drone de livraison de repas, opérant depuis Dakar jusqu’aux États-Unis, la société a été honorée par le Grand Prix du chef de l’État pour l’innovation et la recherche lors de la semaine du numérique au Sénégal en mai 2023.
Il soutient que « le domaine de l’innovation et de la recherche est un domaine où il faut acheter beaucoup de matériels qui coûtent cher. C’est donc un apport en financement qui peut permettre un réel développement de ce secteur. C’est le financement qui peut aussi permettre de recruter de nouveaux talents, de produire des prototypes et d’être compétitif à l’international », relève-t-il.
Contraintes financières
Yannick Mboumba et Landry Ndinga connaissent très bien ces contraintes financières. Selon leur témoignage, jusqu’ici, ils ont financé sur fonds propres les différents prototypes du générateur d’eau « Moboti Mayi », qui a une capacité actuelle de production de 12 litres d’eau par jour.
« Nous avons besoin de partenaires techniques et financiers pour améliorer la dernière version de façon à réduire le temps de production et augmenter considérablement la quantité d’eau produite. Mais depuis des années, nous n’avons que des promesses. Il n’y a vraiment pas du concret pour nous permettre d’avancer », déplorent-ils.
Également confronté à ce manque de financement, Luvick Otoka affirme être dans l’incapacité de produire en grande quantité son détecteur de fuite de gaz. Pourtant, dit-il, la demande est « forte »…
« Nous sommes en train de chercher les fonds pour une production considérable parce que, avec nos propres moyens, nous ne pouvons produire que 500 exemplaires alors que la demande est grande. Il y a des entreprises qui veulent 1 000 ou 2 000 exemplaires. Avec nos moyens propres, nous ne sommes pas capables de satisfaire une telle demande », confie l’inventeur.
Pour Dodzi Kossi, directeur de la recherche scientifique et technique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du Togo, c’est ce faible soutien financier accordé aux innovateurs locaux qui favorise l’importation de produits étrangers par les États africains.
« Parfois, les gens importent des produits parce qu’il n’y a pas mieux sur le plan national, parce qu’il n’y a pas mieux à proximité. C’est pourquoi ils sont obligés d’importer certains produits. Ailleurs, les inventeurs et les innovateurs sont subventionnés ; ce qui leur permet de mettre sur le marché, y compris sur les marchés internationaux, des produits subventionnés beaucoup plus compétitifs et qui présentent des gages de qualité », explique-t-il.
« La réponse aux questions de développement implique un engagement transversal des États qui commence par la qualification d’une ressource humaine qui soit à la hauteur de la nécessité d’apporter des solutions technologiques pour faciliter la transformation locale des ressources minières, minéralières et organisationnelles », appuie François Bouansa, directeur de l’Innovation technologique à la Direction générale de l’innovation technologique (DGIT) en République du Congo.
Cependant, poursuit-il, la concurrence sur le marché de la mondialisation impose des défis à relever à l’échelle organisationnelle, de production en chaine et de tous les moyens technologiques qui s’y prêtent.
« Les besoins urgents des marchés ne permettent pas aux administrations africaines de rivaliser avec les pays industrialisés. L’avantage technologique des nations développées et la compétence des ressources humaines favorisent une production de qualité en chaine à un prix défiant toute concurrence », précise François Bouansa.
Manque de connexion
D’autres facteurs tels que le manque de connexion entre innovateurs, centres d’innovations et les grandes entreprises du secteur privé africain peuvent expliquer la faible compétitivité des innovations africaines à l’échelle mondiale, précise Mamadou Diop.
« L’une des causes du manque de soutien aux chercheurs et innovateurs africains, c’est l’absence d’une tradition de collaboration entre les universités et les entreprises qui sont dans le domaine industriel », introduit-il.
Pour lui, cette absence de collaboration a pour corollaire le manque de financement des start-up et des porteurs de projets innovants pour leur permettre d’être plus créatifs et compétitifs.
« Normalement, pense-t-il, les entreprises devraient financer les recherches scientifiques et la mise en place des prototypes. Il faut donc renforcer la collaboration entre chercheurs et entreprises susceptibles d’utiliser les résultats des recherches », ajoute-t-il.
Les responsabilités sont partagées entre les inventeurs et les innovateurs africains d’une part et les États d’autre part, soutient pour sa part François Bouansa. Ce dernier déplore le fait que les chercheurs et entrepreneurs travaillent la plupart du temps sur les mêmes projets et n’arrivent pas à se constituer en réseau. Leur incapacité à créer des partenariats afin d’éviter de compter sur les financements de leurs États constitue aussi un frein, soutient-il.
Mais pour Djiba Millimono, coordinateur du « Grand concours jeunes entrepreneurs », un projet qui a pour but de lutter contre le chômage des jeunes et l’émigration en les accompagnant dans les domaines du numérique et de l’agrobusiness en Guinée, l’Afrique « est un peu sanctuarisée ».
« Il n’y a pas un véritable programme d’accompagnement de ces start-up qui évoluent dans le domaine de l’innovation, ni un cadre juridique qui favorise un réseautage pouvant leur permettre de compétir ou d’avoir un accompagnement. A cela s’ajoutent la cherté des matières premières et un manque d’identification des besoins du marché… », détaille-t-il.
Pour illustrer ce manque d’accompagnement, François Bouansa révèle par exemple qu’en dépit de l’arsenal administratif mis en place au Congo pour identifier, appuyer et accompagner les inventeurs et innovateurs, « dans la pratique, on ne constate pas grand-chose. La DGIT, qui a entre autres missions d’identifier et de faire la promotion des inventeurs et innovateurs, a le budget le plus faible du ministère. »
De telles conditions ne permettent pas aux inventeurs, innovateurs et chercheurs « de réaliser de véritables exploits. Alors les produits obtenus dans ces conditions précaires ne peuvent pas s’imposer sur le terrain, mais vont rester dans les tiroirs », ajoute cette source.
Système de valorisation
Toutefois, certaines inventions ou innovations africaines ont réussi à se démarquer en Afrique et même au-delà. C’est le cas par exemple du Cardiopad, conçu et fabriqué par l’ingénieur camerounais Arthur Zang. Ou encore de la couveuse néonatale connectée d’Armel Njidjou.
« À l’époque, on avait juste notre atelier à Bafoussam (Ouest-Cameroun). Aujourd’hui, on a trois sites (Yaoundé, Douala, Bafoussam) avec une présence dans 5 pays africains (Mali, Sénégal, RDC, Benin et Côte d’Ivoire). Le produit a été homologué en 2020. On va atteindre les 200 couveuses vendues », se félicite ce dernier.
Cependant, il soutient que « la projection à l’international est difficile. Un peu partout chez nous, c’est comme si les lois sont faites pour importer. Quand vous fabriquez, vous vous retrouvez face à des législations complétement illogiques, face à des fonctionnaires qui ne comprennent rien, et on est sur le médical. Le processus d’homologation dans divers pays est pour nous une barrière alors que le potentiel est vraiment énorme », confie-t-il.
Pour Rosy Kadel Ntsiloulou, secrétaire général de l’Association des inventions et innovations du Congo Brazzaville, les inventions qui sont créées en Afrique auront de la valeur si et seulement si nous mettons en place un autre système capable de les valoriser.
« Une fois que nous les valoriserons nous-mêmes, les autres leur accorderont de la valeur. Il y a des produits, par exemple, qui vont vous demander de l’or pur, un petit cristal de diamant ou du cobalt ou encore du mercure. Mais on ne peut pas les avoir parce qu’on n’a pas tous les moyens nécessaires, ni les centres de recherches technologiques adéquats pour pouvoir faire les recherches, transformer ces matières premières en produits qui seront utilisés afin d’avoir des inventions qui auront une viabilité dans le temps et l’espace », soutient-il.
Soutien à l’innovation
Même si innovateurs et inventeurs s’accordent sur les maux qui freinent une véritable émergence des innovations et inventions en Afrique, certaines institutions, organismes et autres fondations s’investissent de plus en plus dans l’accompagnement des porteurs de projets innovants sur le continent.
C’est le cas par exemple au Sénégal de l’Agence belge de développement (Enabel), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ou encore de l’Agence luxembourgeoise de coopération et de développement (Luxdev). Cette dernière a inscrit le financement et le soutien à l’innovation comme priorités, selon sa responsable chargée du secteur privé et des partenariats, Ndèye Awa Guèye.
A travers son projet LuxAid challenge Fund, doté d’un million d’euros et lancé en novembre 2023, l’agence entend accompagner et cofinancer un total de dix innovations à fort impact portées par des jeunes entreprises ayant moins de 5 années d’existence ou des start-up du Mali, du Burkina Faso et du Sénégal, selon les explications de Ndèye Awa Guèye.
Pour cette première édition, elle précise que seuls les secteurs relevant de la sécurité alimentaire et de l’apprentissage à distance seront financés. Chaque start-up ou projet retenu pourra bénéficier d’un cofinancement allant jusqu’à cent quarante mille euros.
À travers son programme d’entrepreneuriat lancé en 2015, la Fondation Tony Elumelu figure parmi les organisations qui accordent des financements aux start-up sur le continent. Contactée à plusieurs reprises, elle n’a cependant pas souhaité répondre aux questions de SciDev.Net.
Quant à la Fondation Mo Ibrahim, elle renvoie SciDev.Net au rapport du Forum Ibrahim 2024 qui souligne que l’Afrique a besoin de financement pour atteindre ses objectifs de développement.
En plus des financements, Serge Armel Njidjou martèle qu’il faut avoir la culture du travail en équipe. « C’est tellement compliqué que, pour avoir une chance de réussir, il faut être une équipe. Il y a très peu d’équipes d’innovateurs chez nous ; ce sont toujours des individualités. Les aventures solitaires ne sont pas susceptibles d’inspirer la confiance des gens qui pourraient financer ou accompagner l’innovation », insiste-t-il.
Ce dernier explique que « la mise en place d’un incubateur constitue un pôle de créativité et de développement qui rassemble des inventeurs, des chercheurs et des entrepreneurs dans un espace collaboratif qui facilite les rencontres fortuites, créant des opportunités de réseautage et conduisant à des innovations raffinées ».
En outre, Dodzi Kossi pense qu’il faut mettre en place des mécanismes d’accompagnement tels que des fablabs qu’il présente comme des espaces où il y a des infrastructures nécessaires pour que les innovateurs qui n’ont pas la possibilité de créer eux-mêmes un centre de développement de leurs produits, puissent avoir l’équipement nécessaire pour le faire.
« Quand vous prenez aujourd’hui la Silicon Valley (États-Unis), c’est un espace où il y a tous les équipements et toutes les infrastructures. Un espace où les inventeurs, chercheurs et autres… font des expérimentations et développent des produits. Pourquoi ne pas créer aussi des parcs scientifiques et technologiques, des technopoles dans nos pays où les inventeurs puissent développer leur talent ? » S’interroge-t-il.
A l’en croire, les jeunes ont des talents, ils conçoivent les premiers modèles, mais ce ne sont pas des modèles aboutis parce qu’il n’y a pas d’appui pour déjà faire le prototypage. « Or c’est le premier prototype qui attire les investissements », indique Dodzi Kossi.
Quelques incubateurs technologiques existent dans certains pays africains. Au Sénégal par exemple, l’incubateur technologique FRTN Technologie, spécialisé dans la formation et l’accompagnement des porteurs de projets technologiques, guide les innovateurs jusqu’à la mise sur le marché de leurs produits, depuis la phase de conceptualisation jusqu’à celle de la disponibilité du produit final.
« L’une des structures à avoir bénéficié de notre accompagnement est « Clarize Technology Group », une start-up spécialisée dans la proposition de solutions cloud aux entreprises et aux particuliers. Nous avons aussi accompagné PRO DEME, une start-up spécialisée, elle, dans la gestion de déchets et la production de l’énergie renouvelable », explique Mbemba Diallo, start-up mentor chez FRTN Technologie.
Toutefois, « malgré les efforts qui sont faits, nos innovateurs ont toujours des difficultés d’accès aux sources de financements… », regrette-t-il.
Selon Dodzi Kossi, les États africains devraient tenir leur promesse faite en 2006 de consacrer 1 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la recherche et au développement. « Aujourd’hui, c’est à peine 0,51 % du PIB en moyenne que nous investissons dans les pays africains », se désole le directeur de la recherche scientifique et technique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche du Togo.
Il propose aussi la mise en place de mécanismes d’assurance qualité pour garantir la qualité et la compétitivité des produits, « parce que nous sommes de plus en plus dans des marchés ouverts. Si nous ne prenons pas garde, ce sont d’autres produits qui vont encore inonder nos pays ».
Armel Ndjidjou rappelle que la priorité devrait être accordée aux produits locaux. « Il faut qu’on comprenne que pour que nos petites initiatives émergent, il faut que dès qu’on a une bonne innovation, qu’on la protège pour qu’elle se développe », conclut-il.
Brice Kinhou, Kuessi Giraud Togbé, Beatrice Longmene Kaze et Charles Kolou
L’UNFPA offre un don de plus d’un milliard de francs CFA au Ministère de la Santé du Bénin
Le mardi 10 décembre 2024, une cérémonie de remise de matériels, équipements et produits de santé d’une valeur totale de 1 177 800 506 francs CFA s’est tenue entre le représentant résident de l’UNFPA au Bénin, M. Richmond TIEMOKO, et le ministre de la Santé, Prof. Benjamin HOUNKPATIN.
Ce don représente un acte fort dans le renforcement du système de santé béninois, particulièrement dans les domaines de la santé maternelle, néonatale et reproductive.
Parmi les matériels remis, on retrouve 95 concentrateurs d’oxygène, pour améliorer la prise en charge des patients en situation d’hypoxie. 75 tables d’accouchement et 15 tables d’examen, pour optimiser les conditions de travail dans les maternités. 126 lits d’hospitalisation avec matelas et 44 autoclaves de 24 litres, indispensables pour la stérilisation des instruments médicaux. 37 ventouses obstétricales et 191 kits d’AMIU, pour appuyer les interventions obstétricales complexes. 50 000 comprimés d’Azithromycine (250 mg), utilisés pour prévenir les infections. 5 oxymètres de pouls et 2 tables de réanimation pour nouveau-nés, essentiels pour la surveillance et le soin des patients les plus vulnérables. 33 kits d’accouchement pour sage-femme, adaptés aux maternités SONU (Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence). 12 échographes et une table opératoire, pour renforcer les capacités diagnostiques et chirurgicales. Des modèles anatomiques, pour la formation des professionnels de santé.
L’UNFPA a également fourni 1 ambulance et 1 véhicule de supervision pour le Département de l’Atlantique. 8 motos ambulances, afin de faciliter les références des patients vers les centres de santé communautaires. 32 motos pour les Agents de Santé Communautaires Qualifiés (ASCQ), afin de renforcer leur mobilité.
Le don est aussi composé des contraceptifs, des produits vitaux pour la santé maternelle, ainsi que des équipements innovants tels que : 4 000 ballons de tamponnement utérin et 15 000 draps gradués de collection des pertes sanguines, dont la réception est prévue dans les prochains jours.
Cette initiative de l’UNFPA vise à améliorer les soins de santé dans les structures publiques et à réduire les décès maternels et néonatals au Bénin. Le ministre de la Santé, Prof. Benjamin HOUNKPATIN, a exprimé sa gratitude envers l’UNFPA pour cet appui qui contribuera grandement à atteindre les objectifs nationaux en matière de santé.
Awards des REMAPSEN: Plusieurs journalistes récompensés à Dakar
Le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), en partenariat avec Brands on a Mission (BOAM), a récompensé les meilleurs journalistes et les meilleures coordinations nationales lors de la clôture de son forum tenu du 4 au 6 décembre 2024 à Dakar, au Sénégal. Ces distinctions, dénommées « Prix Michel Sidibé », ont célébré l’engagement des médias dans la promotion de la santé et de l’environnement.
L’engagement des médias dans les domaines de la santé et de l’environnement a été récompensé par le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), avec le soutien financier de Brands on a Mission (BOAM). Les prix, portant le nom de Michel Sidibé, ancien directeur exécutif de l’ONUSIDA, visent à reconnaître et encourager les efforts des journalistes ainsi que des coordinations nationales du réseau.
Deux types de récompenses ont été attribués :
Prix pour les journalistes : huit distinctions au total, réparties à égalité entre les thématiques de la santé et de l’environnement, couvrant les catégories presse en ligne, presse écrite, radio et télévision.
Prix pour les meilleures coordinations nationales : trois distinctions récompensant les initiatives les plus dynamiques et structurées.
Awards des REMAPSEN : Madina Belémviré de bulletin santé lauréate du 1er « Prix Michel Sidibé » presse en ligne
Cette initiative reflète l’importance de l’implication des médias africains dans la sensibilisation et la promotion de ces thématiques cruciales pour le développement durable et le progrès social.
Au total, sept journalistes ont été primés, parmi lesquels notre consœur Madina Belémviré de Bulletin Santé, qui s’est vu décerner le 1er Prix Michel Sidibé dans la catégorie santé, presse en ligne. Membre du bureau REMAPSEN du Burkina Faso, c’est la deuxième fois qu’elle est distinguée, après avoir remporté le 3e prix l’année dernière. Cette reconnaissance témoigne de sa détermination et de son engagement à contribuer à la promotion des droits en matière de santé sexuelle et reproductive.
Les autres lauréats pour la thématique santé sont Idrissa Niassy (Sénégal) pour la presse écrite, Jules Elobo (Cameroun) pour la radio, et Constance Mananga (RDC) pour la télévision.
Les lauréats en environnement sont composés de Wilfrid Diankabakana (Congo Brazzaville) pour la presse en ligne, Mireille Siapje (Cameroun) pour la presse écrite, et Cécile Goudou (Bénin) pour la radio. Aucun lauréat n’a été désigné pour la télévision dans cette catégorie.
L’ancien directeur exécutif, de l’ONU Sida, Michel Sidibé remettant le prix de la meilleure coordination
En ce qui concerne le Prix de la meilleure coordination nationale, les critères sont entre autres, la légalité de l’existence, l’organisation des initiatives de sensibilisation médiatique sur la santé et l’environnement dénommées les « Rendez-vous du REMAPSEN » et la production des rapports d’activités réguliers.
Le Madagascar a remporté le 1er prix Michel Sidibé coordination pays, le 2e et le 3e sont revenus respectivement à la Guinée équatoriale et au Benin.
Les prix varient de 200 000 à 50 000fcfa. Le président du REMAPSEN, Youssouf Bamba, a remercié le parrain des awards du REMAPSEN, Michel Sidibé qui a assisté himself à la remise des prix mais aussi au partenaire Brands on a Mission (BOAM), représenté par M Tobi Onabolu.
Remise du prix spécial au Président sénégalais
Michel Sidibé, ancien directeur exécutif de l’ONUSIDA et envoyé spécial de l’Union africaine pour le médicament, s’est déclaré honoré par l’institutionnalisation du « Prix Michel Sidibé des meilleures coordinations pays » du REMAPSEN.
« Ce prix, a-t-il affirmé, ne célèbre pas uniquement mon parcours de plus de 40 ans au service de la santé en Afrique. Il met également en lumière le rôle essentiel des médias dans notre combat collectif pour le progrès social. »
Tout comme le représentant du ministre en charge de la communication, Amadou Kanouté, et la représentante résidente d’ONU Femmes, Arlette Mvondo, Michel Sidibé a souligné l’importance incontournable des médias dans le changement social.
« Les médias africains ne sont pas de simples relais d’information. Ils sont des bâtisseurs de conscience, des architectes du changement. Leur travail connecte les décideurs aux réalités des populations, inspire l’action, sauve des vies et donne une voix à ceux qui, souvent, ne sont pas entendus », a-t-il déclaré avec conviction.