Lutte contre le VIH : une réforme législative attendue pour garantir les droits et l’accès aux soins
Réunis depuis le lundi 30 juin 2025 à Grand-Popo, des députés des commissions permanentes de l’Assemblée nationale, accompagnés de cadres administratifs, participent à un atelier stratégique crucial sur la lutte contre le VIH/SIDA. Organisée par le Programme Santé de Lutte contre le SIDA (PSLS) en partenariat avec l’Institut Parlementaire du Bénin (IPAB) et avec l’appui d’ONUSIDA, cette rencontre vise à préparer la révision de la loi n°2005-31 du 10 avril 2006, désormais jugée obsolète face aux défis sanitaires actuels.

D’entrée de jeu, le Dr Romaric Akpovo, directeur adjoint de l’IPAB, a salué l’engagement des élus, mobilisés en pleine session parlementaire. Il a rappelé que la législation de 2006, bien qu’étant une avancée majeure à l’époque, doit être actualisée pour s’adapter aux mutations scientifiques et sociales. Pour lui, une riposte efficace exige désormais un engagement politique éclairé, basé sur des données à jour.
Le tableau dressé par la directrice pays d’ONUSIDA pour le Bénin et le Togo, le Dr Diallo Yayé Kanny, révèle des progrès significatifs : une diminution de 46 % des nouvelles infections et une baisse de 55 % des décès liés au VIH au cours des dix dernières années. Malgré ces résultats, elle a alerté sur les lacunes persistantes qui empêchent d’atteindre les objectifs mondiaux.
La stigmatisation, les lois restrictives, les inégalités de genre et les discriminations continuent d’entraver l’accès aux soins pour de nombreuses personnes à risque. Dans ce contexte, les objectifs internationaux « 10-10-10 » – visant à éliminer ces barrières structurelles – prennent tout leur sens. Le Dr Diallo a d’ailleurs confirmé que la révision de la loi béninoise est en cours au niveau gouvernemental et a exhorté les parlementaires à en faire une priorité.
Vers une réforme plus équitable et inclusive
S’exprimant au nom du ministère de la Santé, le Dr Anita Wadagni, Secrétaire Exécutive du Conseil National de Lutte contre le SIDA, la Tuberculose, le Paludisme, les Hépatites et les Épidémies (CNLSTP), a souligné les disparités masquées par la baisse globale de la prévalence, estimée à 0,7 % en 2024 chez les 15-49 ans. Certaines communautés, a-t-elle précisé, enregistrent des taux beaucoup plus élevés.
Elle a présenté les grands axes de la future loi, qui se concentrent sur la protection des droits des personnes vivant avec le VIH, l’équité dans l’accès aux soins, la lutte contre les discriminations et la responsabilisation de tous les acteurs. « Ce texte se veut moderne, humaniste et inclusif », a-t-elle affirmé, appelant les députés à jouer un rôle moteur dans cette dynamique.
Présidant l’ouverture officielle des travaux au nom du président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, l’honorable Victor Topanou, président de la commission chargée des affaires sociales, a salué l’implication de ses collègues. Il a rappelé que la baisse de la prévalence au Bénin est aussi le fruit de politiques sociales volontaristes, avec des budgets sociaux représentant près de 42 % du budget national en 2024.
Cependant, il a souligné que des « zones de résistance » persistent concernant le respect des droits humains. Citant le rapport 2024 de la Journée Mondiale du SIDA, intitulé « Suivons le chemin des droits pour mettre fin au Sida », il a plaidé pour une mobilisation accrue autour du nouveau projet de loi, y compris par l’organisation d’un séminaire parlementaire élargi.