Poliomyélite : le Bénin lance une campagne nationale pour vacciner 4 millions d’enfants

Du 20 au 23 juin 2025, le gouvernement béninois, à travers le ministère de la Santé, organise une vaste campagne de vaccination contre la polio. L’objectif : immuniser plus de 4 millions d’enfants de moins de cinq ans face au risque grandissant de circulation du poliovirus variant de type 2.

Trois cas confirmés de poliovirus variant de type 2 (PVDVc2) ont été détectés en 2025 au Bénin, notamment dans les départements du Plateau et du Borgou. Des analyses environnementales ont également révélé la présence du virus dans les eaux usées, signe d’une circulation continue dans certaines zones frontalières avec le Nigeria. Face à ce constat préoccupant, le ministère de la Santé a décidé de lancer une campagne nationale de vaccination avec le nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (nVPO2).

Cette décision s’aligne sur les recommandations de la Commission régionale de certification pour l’Afrique, formulées lors de sa 33e réunion statutaire.

Une stratégie basée sur la santé communautaire

La campagne, qui s’étend du 20 au 23 juin 2025, vise exactement 4 263 190 enfants âgés de 0 à 59 mois sur l’ensemble du territoire national. Elle s’inscrit dans le cadre du Grand Rattrapage vaccinal, sous le thème « L’immunisation pour tous est possible ».

Conformément à la Politique Nationale de Santé Communautaire initiée en 2020, chaque équipe de vaccination est composée de deux relais communautaires chargés de visiter environ 200 ménages chacun. Plus de 15 496 relais, 1 920 membres d’écoute sociale et de nombreux mobilisateurs ont été formés et déployés pour garantir le succès de cette campagne.

Présidant la cérémonie de lancement à Cotonou, le Ministre de la Santé, Professeur Benjamin Hounkpatin, a insisté sur l’importance stratégique de cette opération, « C’est pourquoi notre vigilance ne va jamais faiblir. Grâce à la vaccination, nous avons les moyens de lutter contre la maladie jusqu’à son éradication complète. Cette campagne s’inscrit donc dans une logique de renforcement du Programme Elargi de Vaccination mais aussi dans notre volonté politique de garantir la couverture sanitaire universelle. Le vaccin est sûr, efficace et gratuit. »

Il a également rappelé le rôle essentiel des agents de santé communautaire, « Chers relais communautaires, votre rôle est très déterminant. Vous êtes responsables de la qualité de la campagne. Chaque ménage doit être visité et aucun enfant ne doit être laissé pour compte. »

Un soutien massif des partenaires techniques et financiers

La campagne bénéficie d’un appui important de partenaires internationaux, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UNICEF, Gavi – l’Alliance du Vaccin, et Rotary International. Leurs représentants ont assisté à l’événement de lancement à Cotonou.

Le Représentant de l’OMS, Dr Kouamé Jean Konan, a souligné la nécessité de campagnes régulières, « Les enfants qui ne sont pas à jour de leur vaccination de routine sont des cibles pour la maladie et constituent aussi un risque pour les autres. […] La dernière campagne de riposte, en juin 2024, en est encore l’illustration. »

Une lutte contre la désinformation bien organisée

Pour contrer les fausses informations autour de la vaccination, les autorités béninoises ont mobilisé les chefs traditionnels, leaders communautaires et volontaires de santé, à travers les Composantes locales du Système de Santé (CoLOSS). Cette stratégie vise à renforcer la confiance des populations et encourager l’adhésion.

Le Représentant de l’UNICEF, M. Ousmane Niang, a salué leur implication, « Je témoigne ma reconnaissance à leur endroit pour leur rôle indéniable dans cette campagne. Je les encourage donc à plus d’efforts de mobilisation des parents pour un accueil chaleureux des équipes de vaccination. »

Cette campagne s’inscrit dans la stratégie de l’OMS pour l’Afrique, qui vise à interrompre tous les foyers de PVDVc2 d’ici fin 2025. Le Bénin, par cette action, réaffirme son engagement à garantir la santé de chaque enfant et à éliminer définitivement la poliomyélite sur son territoire.

Megan Valère SOSSOU