La fièvre de Lassa : une menace endémique en Afrique de l’Ouest

La fièvre de Lassa, une maladie mortelle causée par le virus Lassa, continue de sévir en Afrique de l’Ouest, affectant entre 100 000 et 300 000 personnes chaque année, avec un taux de mortalité variant entre 5 000 et 6 000, selon l’Institut Pasteur. Cette maladie, pour laquelle aucun vaccin n’est actuellement disponible, représente non seulement un défi majeur en termes de santé publique mais aussi une menace potentielle pour la sécurité, pouvant être utilisée dans des actes de bioterrorisme.

Le tableau clinique de la fièvre de Lassa est diversifié, allant d’une infection asymptomatique, présente dans 80% des cas, à une forme hémorragique grave. Les symptômes initiaux incluent fièvre, vomissements, nausées, douleurs abdominales, céphalées, myalgies et asthénie, évoluant parfois vers des complications sévères telles que des saignements et des défaillances d’organes.

Particulièrement dévastatrice pour les femmes enceintes, la fièvre de Lassa entraîne souvent la mort de la mère et du fœtus. Même parmi les survivants, des séquelles peuvent persister, notamment une surdité, temporaire ou permanente, ainsi que des troubles cardiaques.

Le virus Lassa, endémique dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, tire son nom de la ville nigériane où il a été identifié pour la première fois en 1969. Principalement transmis par le contact avec les excréments du rongeur Mastomys natalensis, ce virus peut également se propager d’homme à homme, en particulier dans les environnements hospitaliers.

Selon l’Institut Pasteur, bien qu’un traitement antiviral, la ribavirine, soit disponible, son efficacité reste limitée, nécessitant une administration précoce après l’infection. Des efforts de recherche sont en cours pour développer un vaccin efficace contre la fièvre de Lassa, avec plusieurs candidats prometteurs actuellement à l’étude. Ces vaccins, basés sur des vecteurs viraux atténués, ont montré une efficacité chez le primate et offrent un espoir pour contrôler cette maladie mortelle à l’avenir.

Cette maladie continue de poser un défi majeur pour les systèmes de santé en Afrique de l’Ouest et nécessite une action concertée à la fois dans la recherche de traitements efficaces et dans la mise en œuvre de mesures préventives pour limiter sa propagation.

Megan Valère SOSSOU




L’appétit vorace de l’industrie norvégienne du saumon menace les moyens de subsistance en Afrique de l’ouest

Un nouveau rapport intitulé « Blue Empire : How the Norwegian salmon industry extracts nutrition and undermines livelihoods in West Africa » dévoile les conséquences dévastatrices de l’industrie norvégienne du saumon d’élevage sur les populations d’Afrique de l’Ouest. Publié par Feedback et une coalition d’organisations d’Afrique de l’Ouest et de Norvège, le rapport dénonce la voracité de cette industrie qui entraîne une perte des moyens de subsistance et des problèmes de malnutrition dans la région.

Les éléments clés du rapport révèlent que le secteur du saumon d’élevage norvégien extrait près de 2 millions de tonnes de poissons sauvages chaque année pour nourrir les saumons en élevage. Cette extraction massive représente 2,5 % des captures mondiales de pêche marine. Une part significative de l’huile de poisson utilisée dans l’élevage du saumon norvégien provient d’Afrique du Nord-Ouest, une région déjà touchée par une grave insécurité alimentaire.

Feedback a calculé que le poisson utilisé pour produire cette huile aurait pu nourrir jusqu’à 4 millions de personnes en Afrique de l’Ouest, répondant ainsi à leurs besoins nutritionnels annuels. Les principaux responsables de cette situation sont les quatre géants de l’alimentation animale, MOWI, Skretting, Cargill et Biomar, qui fournissent la quasi-totalité de l’alimentation utilisée dans l’élevage du saumon norvégien.

Le rapport met en évidence la disproportion entre la production de saumon d’élevage en Norvège et la quantité de poisson sauvage nécessaire pour produire l’huile de poisson.

Alors que la Norvège envisage de tripler sa production de saumon d’élevage d’ici 2050, la demande en poissons sauvages pourrait être trois fois plus importante qu’en 2020. Malgré les engagements affichés en matière de développement durable, le secteur n’adopte que peu d’alternatives pour remplacer le poisson sauvage dans l’alimentation des saumons.

L’impact sur l’Afrique de l’Ouest est dramatique, avec des conséquences directes sur la sécurité alimentaire. Le poisson provenant des zones de pêche au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest aurait pu nourrir des millions de personnes, mais est détourné pour alimenter l’industrie du saumon norvégien. En 2021, la Norvège a exporté 118 000 tonnes de saumon vers la France, représentant 70% de la consommation de saumon dans le pays.

Des experts et représentants d’organisations ont réagi au rapport. Natasha Hurley, directrice de campagnes de Feedback, dénonce l’expansion de l’aquaculture industrielle comme un « colonialisme des temps modernes ». Marie Suzanna Traore, secrétaire exécutive du RAMPAO, souligne que la pêche artisanale est vitale pour les communautés autochtones, tandis que Dr. Aliou Ba de Greenpeace Afrique appelle à l’arrêt immédiat de ces pratiques destructrices.

Le rapport appelle le gouvernement norvégien à stopper la croissance du secteur du saumon d’élevage, exiger une transparence totale dans la chaîne d’approvisionnement et s’assurer que les objectifs de développement global ne soient pas compromis. Les entreprises, dont les producteurs de saumon et d’aliments pour animaux, sont également appelées à divulguer de manière transparente leurs approvisionnements, cesser de s’approvisionner dans des zones exacerbant l’insécurité alimentaire et mettre fin à l’utilisation de poissons sauvages dans l’alimentation animale.

Megan Valère SOSSOU

Boîte d’info

Pour satisfaire l’appétit de l’aquaculture mondiale pour le poisson sauvage, l’industrie de la farine et de l’huile de poisson s’est développée en Afrique de l’Ouest ces dernières années. Au cours de ces dix dernières années, le nombre d’usines de farine et d’huile de poisson en Afrique de l’Ouest est passé de 5 à 49.
Les producteurs norvégiens d’aliments pour animaux s’approvisionnent en huile de poisson produite à partir de captures issues de la Principale zone de pêche 34 de l’Atlantique Centre-Est, telle que définie par la FAO (« FAO 34 »). Il s’agit de la zone située au large de la côte ouest de l’Afrique, qui s’étend du détroit de Gibraltar jusqu’à l’embouchure du fleuve Zaïre.