Gestion des aires protégées en Afrique : African Parks renforce la protection des droits humains
Pour enquêter sur toutes les allégations de fautes graves affectant les communautés vivant dans ou autour des zones protégées qu’elle gère à travers le continent africain, l’organisation de conservation African Parks (AP) a annoncé la création d’un comité indépendant chargé de superviser son mécanisme de réclamation et de recours (GRM).

Ce comité vise à offrir une réponse crédible et impartiale aux griefs exprimés par les communautés locales et les autres parties prenantes. Il garantira une supervision autonome du fonctionnement du mécanisme de gestion des plaintes existant, contribuant ainsi à prévenir et résoudre les conflits sociaux souvent liés à des divergences de valeurs, d’intérêts ou à des pressions extérieures.
Les membres de ce comité indépendant, qui rendront compte directement au conseil d’administration d’African Parks, joueront également un rôle consultatif en matière de droits humains.
« Nous sommes profondément reconnaissants envers ces experts juridiques qui consacrent leur temps à titre bénévole pour promouvoir les droits de l’homme dans le domaine de la conservation. Leur expérience et leur expertise profiteront grandement aux communautés dans lesquelles African Parks opère, garantissant que l’organisation respecte les normes internationales en matière de droits de l’homme. Nous considérons le lancement du Panel indépendant comme une initiative clé parmi une série d’améliorations critiques mises en œuvre dans l’ensemble de notre organisation », a déclaré Peter Fearnhead, PDG d’African Parks.
Le Groupe indépendant du GRM est composé de six éminents juristes africains spécialisés dans les droits humains : le juge Isaac Lenaola de la Cour suprême du Kenya, Ivete Mafundza Espada, avocate au Mozambique, le juge Zione Ntaba de la Haute Cour du Malawi, Brigadier Siachitema, avocat en Zambie, Isidore Clément Capo-Chichi, avocat béninois, et Justice Violet Mavisi, juge au Kenya. Leur travail sera soutenu par un conseiller externe spécialisé en droits humains et en justice pénale, ainsi que par une équipe d’enquêteurs et de spécialistes chargés d’accompagner les victimes.
Dans un communiqué, https://www.africanparks.org/african-parks-announces-appointment-independent-panel-grievance-resolution l’organisation souligne : « African Parks a considérablement amélioré ses processus de protection dans l’ensemble de l’organisation. Ces améliorations continues favoriseront la collaboration avec les communautés locales et garantiront le respect et la protection des droits humains pour toutes les parties prenantes. African Parks continuera d’améliorer son approche de la conservation, en veillant à ce qu’elle soit fondée sur les droits et durable dans toutes ses dimensions. »
Pour rappel, African Parks est une organisation à but non lucratif dédiée à la gestion à long terme des aires protégées. À ce jour, elle gère 23 sites dans 13 pays africains, totalisant plus de 20 millions d’hectares, notamment en Angola, au Bénin, en République centrafricaine, au Tchad, en RDC, en Éthiopie, au Malawi, au Mozambique, en République du Congo, au Soudan du Sud, au Rwanda, en Zambie et au Zimbabwe. L’ensemble de ces interventions sont menées en étroite collaboration avec les gouvernements nationaux et les communautés locales.
En République Démocratique du Congo, African Parks est active depuis 2005 dans le Parc National de la Garamba, l’un des plus anciens parcs d’Afrique, situé dans le nord-est du pays. La gestion s’y effectue en partenariat avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).
Ce renforcement des mécanismes de redevabilité intervient dans un contexte délicat pour African Parks. En mai 2025, l’organisation a reconnu que « dans certains cas, des violations des droits humains ont été commises » dans le cadre de ses activités au Congo-Brazzaville. Ces aveux faisaient suite à une enquête menée par un cabinet indépendant, après de graves accusations de la part de membres du peuple Baka. Ces derniers affirment avoir subi des violences, tortures, voire des viols de la part de rangers opérant dans le parc national d’Odzala-Kokoua, que l’ONG cogère depuis 15 ans avec le gouvernement congolais.
Dans son communiqué du 8 mai, https://www.africanparks.org/african-parks-response-conclusion-independent-human-rights-investigation-odzala-kokoua-national African Parks exprimait ses regrets face à la douleur causée aux victimes et reconnaissait des « défaillances » dans son dispositif. Soutenues par l’organisation Survival International, les victimes réclament justice. Ces faits ont ravivé les critiques sur le modèle de conservation de type « forteresse » de l’organisation, longtemps présidée par le prince Harry, qui siège toujours à son conseil d’administration.
Megan Valère SOSSOU