Combattre la Désinformation : un grand défi pour la planification familiale au Bénin

Alors que le Bénin s’est engagé au Partenariat de Ouagadougou à faire passer le taux de prévalence contraceptive moderne chez toutes les femmes de 11,7 % à 18 % en 2026, c’est sans compter sur les rumeurs et fausses informations qui circulent au sujet de la contraception au Bénin.

Selon les données de la 5e enquête démographique et de santé au Bénin, seuls cinq pour cent des jeunes femmes du département du Couffo, où se trouve Aboloumè, utilisent des méthodes contraceptives modernes. Ce faible taux s’explique en grande partie par la propagation de mythes et de fausses informations au sein de communautés conservatrices.

Amour Priscille AGUIAR, sage-femme et spécialiste en santé sexuelle et reproductive, explique que de nombreuses rumeurs sont basées sur des « on-dit » plutôt que sur des expériences réelles. Elle qui a longtemps servi au Centre de Santé de Akassato dans la commune de Abomey-Calavi, l’une des villes populaires du Bénin, a elle-même été témoin de cas de désinformation, tels qu’une femme prétendant qu’un dispositif intra-utérin s’était déplacé dans la gorge de sa sœur, provoquant une opération chirurgicale. En réalité, il s’agissait d’un goitre non lié au dispositif.

Même s’il existe quelques effets secondaires liés à certaines méthodes contraceptives, les avantages de l’utilisation des contraceptifs l’emportent largement.

Nécessité de combattre les informations anti-contraceptives

Edwige BINAZON, journaliste spécialisée dans la vérification des informations à UNICEF Bénin et activiste des droits en santé sexuelle et reproductive, relève des progrès significatifs au Bénin, mais souligne que les informations correctes ne sont pas encore accessibles à tous. Elle plaide pour la création d’un répertoire des fausses informations afin de mieux orienter la lutte contre la désinformation.

Les adolescentes et les jeunes sont particulièrement exposés aux conséquences de la désinformation, avec des grossesses non intentionnelles et des infections sexuellement transmissibles en hausse. Le rapport 2022 du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) estime qu’environ 12 millions de grossesses non intentionnelles surviennent chaque année dans le monde, avec des naissances de plus en plus rapprochées au sein des couples.

Pourtant, selon les estimations de données réalisées en 2021 par Track20 grâce à l’utilisation de contraceptifs, 140 000 grossesses non intentionnelles pourraient être évitées, ainsi que 52 000 avortements non sécurisés. De plus, 410 décès maternels pourraient être évités chaque année au Bénin.

Il est donc impératif de lutter contre les rumeurs et les fausses informations afin de promouvoir efficacement la planification familiale, que ce soit en milieu rural ou urbain. Si de telles désinformations étaient déconstruites dans l’entourage de dame Nondi, elle ne serait pas aujourd’hui confrontée à la difficulté de subvenir aux besoins de huit enfants à seulement 25 ans.

L’engagement du tous les acteurs

« La taille d’une population et sa jeunesse peuvent être un atout, son augmentation trop rapide est un frein pour son développement, quand dans un pays la demande en matière d’éducation, de santé et de l’emploi croît beaucoup trop vite que l’investissement et l’offre dans ces trois domaines, le pays s’appauvrit », avait déclaré le Président de la République du Bénin, Patrice Talon au cours d’une interview accordée au média français Le Figaro.

En claire, le président Patrice Talon soutient que l’explosion démographique constitue un frein au développement, et la responsabilité de tous les acteurs est nécessaire pour atteindre cet objectif.

Pour y parvenir, il faut miser sur l’engagement des activistes, des agents de santé, des Organisation de la Société Civile, des gouvernants et aussi bien des femmes que des hommes. A cet effet, les personnes ressources rencontrées recommandent de profiter des opportunités de sensibilisation à la maternité pour mieux informer les femmes. Des campagnes d’information, y compris des cliniques mobiles au sein des communautés et des campagnes digitales, sont nécessaires pour lutter efficacement contre la désinformation et atteindre les objectifs de planification familiale au Bénin.

Megan Valère SOSSOU




Pêcheurs, pisciculteurs et mareyeuses de la zone riveraine du parc W s’engagent aux côtés du projet Adapt-WAP

Démarrée le 20 septembre 2022 à Kandi, la formation sur les techniques de pêche durable, de pisciculture, de la transformation et la conservation des produits halieutiques dans la zone périphérique du parc W initiée par le projet Adapt-WAP s’est achevée le vendredi 23 septembre sur une note de satisfaction.

Cette formation qui avait réuni une vingtaine de participants, acteurs de la pêche et de la pisciculture venus des différentes contrées de Malanville, Kandi, Banikoara et Karimama. Elle s’est déroulée avec une andragogie qui a permis que d’aborder les sujets non pas avec des cours magistraux, mais avec des jeux facilitant l’assimilation des différentes notions.

De la théorie à la pratique sur le terrain tout a été rendu possible pour que les participants s’imprègnent des techniques de gestion durable des ressources halieutiques. Que ce soit le choix du site d’élevage, le choix du poisson à élever, l’alimentation du poisson, la pêche du poisson, la vente du poisson et la transformation du poisson, aucun aspect n’a été occulté aux curieux participants. Dans leur rang, les appréciations sont diverses.

Garba Loukman est pêcheur venu de Malanville. Il se réjouit : « J’ai été émerveillé de savoir comment faire des brochettes avec le poisson de type clarias. Si on ne vous dit pas, vous allez croire que c’est de la viande ». À l’en croire, si cette technique venait à être répandue, elle permettrait de préserver la faune sous la pression humaine dans la zone riveraine du parc W.

Sa collègue mareyeuse, Bani Alfaridéri, de Banikoara ne pense pas garder pour elle seule les savoirs acquis à la suite de la formation. Elle affirme, « …Par exemple, le flirtage du poisson c’est une pratique rare dans notre communauté que je viens d’apprendre grâce au projet Adapt-WAP ».

Contrairement à ce que pensait, Gounbi Gounou Sani, pisciculteur à Karimama, il y a bien plusieurs méthodes d’élever et d’alimenter les poissons. Il pense que la formation en pisciculture et le mareyage servirait aux jeunes de sa localité à s’auto employer.

Quant à Moussiliath KPOTEGUI et Noéline IBLOU, toutes mareyeuses, elles disent avoir compris que l’adoption des règles d’hygiène du transport des poisson à leur conservation en passant par la transformation avec des fours et de fumoirs donnent de la plus-value aux produits.

Très reconnaissant envers le projet Adapt-WAP, les participants rencontrés sont convaincus de l’enjeu et ont profité de cette aubaine pour solliciter un appui en matériel pour arriver à tenir le pari d’une réplique efficace au sein des communautés à la base.

Pour le consultant formateur principal, Martial KOUDERIN, Ingénieur agronome, Pisciculteur et Secrétaire Général de l’Interprofession Poisson d’Élevage du Bénin, la tendance au niveau mondiale, des ressources halieutiques reste stagnante en termes production. Il importe, argumente-t-il, d’adopter la pêche durable. Il se réjouit que les participants y aient nourri un intérêt particulier tout au long de la formation.

Il attend désormais d’eux un changement de comportement. « Il faudrait désormais que leurs actions et stratégies d’exploitation des ressources naturelles changent » dira-t-il.

Conscient que nul n’est censé ignorer la loi, le consultant formateur n’a pas manqué de partager avec ces derniers la réglementation en vigueur en matière de pêche et de pisciculture.

Puis qu’ils ont compris qu’il est nécessaire de pêcher de manière responsable, dit-il, qu’ils utilisent désormais des engins autorisés, et particulièrement commencent à poser les premiers pas par rapport à la pisciculture. Car elle est la seule alternative durable pour combler le déficit, des produits halieutiques a-t-il ajouté.

Rappelons que cette formation riche en apprentissage a été possible grâce au projet Adapt-WAP mis en œuvre par l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) et conduit par le CENAGREF au Bénin à travers le Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable.

Sylvain KOUNDE




Le projet Adapt-WAP œuvre pour une gestion durable des ressources halieutiques autour du parc W au Bénin

Face à la baisse de la production halieutique due à la surexploitation des plans et cours d’eau à travers l’usage des techniques et engins de pêche prohibés, le projet Adapt-WAP initie une formation à l’endroit des acteurs de la pêche continentale traditionnelle dans le département de l’Alibori.

L’objectif de cette formation est non seulement d’inculquer un changement au sein de ces acteurs pour une gestion durable des ressources halieutiques associée à la pisciculture, mais aussi de leur apprendre les techniques améliorées de la transformation des produits de pêche avec une plus-value pour les communautés riveraines du complexe WAP.

Au nombre d’une vingtaine, ces participants constitués de mareyeuses. eurs, de pisciculteurs, de pêcheurs et de transformatrices des produits halieutiques sont venus de Karimama, de Malanville, de Banikoara, et des contrées de Kandi.

À l’ouverture officielle le mardi 20 septembre 2022 à l’Hôtel Saka Kina de Kandi, le premier adjoint au maire Bouko YAYA a souhaité au nom de Madame le Maire de la commune de Kandi les bienvenus aux participants présents à l’invitation du projet Adapt-WAP.

Quant à Jeannot FRANCISCO, Secrétaire Exécutif de l’AVIGREF, l’initiative de l’intégration de l’adaptation au changement climatique dans la gestion des parcs est le signe qu’un pas important a été franchi. À l’en croire, cette formation répond à juste titre au besoin des populations riveraines du parc W au niveau du Bénin. Il reste certain que leurs préoccupations seront comblées à l’issue de la formation.

Selon le Chef de l’Inspection de Forestière de l’Alibori, Léon FANTODJI, il est urgent d’œuvrer à la maitrise de l’eau pour que les activités liées à la pêche soient davantage économiques et rentables. Ce faisant, pense-t-il, le département de l’Alibori pourra se permettre d’exporter des poissons vers le Niger ou d’autres régions. Les revenus permettront aux populations de se porter mieux, les parcs aussi a-t-il ajouté.

Au Coordonnateur du projet Adapt-WAP, Benoît NOUHOHEFLIN, de préciser que cette session de formation est une étape très importante et constitue le socle pour les formations à venir. Elle est un levier sur lequel le dispositif s’appuie pour impacter activement les populations à la base, a-t-il indiqué avant de remercier toutes les parties prenantes à sa réussite.

Il n’a pas manqué d’exhorter les participants à prêter une attention particulière aux enseignements et à en tirer profit.

Le Préfet de l’Alibori Ahmed Bello KY-SAMAH, dans son allocution d’ouverture officielle de la session de formation, a chaleureusement remercié les participants pour avoir bravé monts et vallée afin d’être à la formation. Il demeure persuadé que de la session sortiront de meilleures approches pour la pêche dans les cours d’eau autour des parcs nationaux.

Rappelons que cette formation, dirigée par deux experts consultants du domaine, va durer quatre jours alternés entre théorie et pratique. Elle permettra d’aguerrir les acteurs invités sur les techniques de pêche durable, les techniques de pisciculture, la transformation et la conservation des produits halieutiques. Ces mêmes acteurs en formation sont appelés à répercuter les notions apprises à leurs différentes bases.

Sylvain KOUNDE