Revue du premier semestre 2024 : Progrès et défis du pilier « Résilience, Croissance Durable et Emploi » du Programme-Pays Bénin-PNUD

Le jeudi 22 août 2024, la salle de conférence du Ministère du Cadre de Vie et des Transports a accueilli la revue du premier semestre 2024 du pilier 1 « Résilience, Croissance Durable et Emploi » du Programme-Pays 2024-2026, entre le Gouvernement du Bénin et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Cette rencontre, sous le leadership du Ministère du Cadre de Vie et des Transports, visait à analyser les progrès réalisés dans l’opérationnalisation du cadre de coopération et à proposer des mesures pour résoudre les problèmes éventuels.

Revue semestrielle / Projets PNUD Benin

À l’ouverture de cette revue, M. Elhadj Oumar Diallo, Représentant Résident Adjoint du PNUD au Bénin, a souligné le caractère obligatoire de cette rencontre, essentielle pour la reddition des comptes auprès des partenaires. Il a indiqué que le niveau d’exécution financière des projets de ce pilier était de 41% au 30 juin et de 53% au 19 août 2024, avec un objectif de 75% d’ici fin septembre 2024. Ces chiffres mettent en lumière les défis rencontrés dans l’utilisation des crédits par les projets.

Pour M. Urbain TCHIAKPE, représentant le Ministre du Cadre de Vie et des Transports en charge du Développement Durable, cette revue constitue un moment crucial pour évaluer les progrès réalisés et formuler les mesures nécessaires pour résoudre les problèmes identifiés. Il a exprimé sa gratitude envers les agences du Système des Nations Unies (SNU) qui soutiennent activement le Gouvernement dans la réalisation des objectifs du Programme d’Action du Gouvernement 2021-2026.

Au total, cinq projets ont été passés en revue, présentant leurs performances, les difficultés rencontrées, les risques, les bonnes pratiques, les leçons apprises ainsi que les mesures mises en œuvre suite aux recommandations antérieures. Les projets examinés étaient :

  • Projet de Renforcement de la Résilience des Communautés Agricoles des Zones Frontalières Exposées aux Effets Néfastes des Changements Climatiques (PRRéCAZ)
  • Projet de Renforcement de la Résilience du Secteur de l’Énergie aux Impacts des Changements Climatiques au Bénin (PANA-ENERGIE)
  • Projet de Promotion de la Production Durable de Biomasse Électricité au Bénin (BIOMASSE-ELECTRICITE)
  • Projet de Restauration et de Valorisation des Terres et des Écosystèmes Forestiers Dégradés pour une Meilleure Résilience Climatique au Bénin (PIRVaTEFoD-Bénin)
  • Projet de Promotion du Sel Local Iodé Xwlajê dans la Zone Côtière au Bénin (PROSEL)

Les échanges ont révélé plusieurs résultats intéressants pour le premier semestre 2024, tout en soulignant la nécessité d’efforts supplémentaires pour atteindre la cible de 100% d’exécution financière du Programme d’ici la fin de l’année. Des recommandations ont été formulées pour surmonter les défis liés aux délais de passation des marchés selon la procédure nationale et pour assurer la durabilité des acquis de certains projets.

Cette revue a donc été un moment clé pour renforcer la coopération et ajuster les stratégies afin d’optimiser les résultats des projets du pilier « Résilience, Croissance Durable et Emploi ».

Megan Valère SOSSOU




Pisciculture : La vie reprend près du lac Toho au Bénin

En mai 2018, le Lac Toho, au Sud-Ouest du Bénin, a connu la mort de milliers de poissons. Aujourd’hui, les riverains construisent l’avenir autour de la pisciculture, avec l’appui du Projet d’investissement pour la résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (Waca ResIP). Retour sur cette transformation à Kpinou, dans la commune de Athiémé.

Ferme Wizard sur la berge du Lac Toho. En face, une succession d’étangs où les poissons se font discrets. « Nous les avons nourris il n’y a que peu de temps, donc ce n’est pas le moment de les pêcher », confie Armel Coffi Gbékan, l’un des responsables de ce site de cinq hectares situé sur les berges du lac Toho, à Kpinnou, commune d’Athiémé, à 100 km de Cotonou. Au loin, un milan à bec jaune surgit, survole les étangs et reste dissuadé par des filets qui couvrent les étangs. L’oiseau se retourne avec un cri de désespoir. Ces oiseaux semblent y être fréquents pour trouver de la nourriture, surtout que le plan d’eau semble de moins en moins généreux depuis le drame de mai 2018. « Des poissons, nous n’en avons plus sur le lac », lâche-t-il tristement.

Cette nuit-là de mai 2018, les riverains avaient découvert des milliers de poissons sans vie, flottant à la surface du lac. D’aucuns soupçonnent le déversement d’une substance nocive dans le lac en amont des parcs de production piscicole. Mais la source de cette intoxication, le produit en question, ainsi que les circonstances restent inconnus jusqu’à présent. Alors, à la ferme Vizar, on s’est tourné vers des étangs pour se déconnecter du plan d’eau, tout en continuant à produire des poissons et à les fournir aux mareyeuses.

Avec le soutien du Projet d’investissement pour la résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (Waca ResIP), ils sont passés de quatre étangs à une dizaine. La productivité s’est également intensifiée. « Pour le premier cycle, nous avons produit 12 tonnes. Nous sommes dans le second cycle et nous avoisinons déjà 24 tonnes. Les gens apprécient la qualité. Nous n’avons plus de craintes parce que nous ne sommes pas proches du lac, donc même s’il pleut il n’y a pas d’infiltration. Nous avons beaucoup de commandes venant des hôtels, en plus des mareyeuses », souligne Armel Coffi Gbékan.

Repousser le danger loin

Le promoteur est appuyé par Waca ResIP en ce qui concerne la mise en place et l’ensemencement des étangs, le nourrissage des alevins et l’acquisition des autres équipements de pêche. Mais il a fallu s’assurer de certains préalables pour repousser loin toute nuisance et sécuriser l’investissement. « Les étangs qui sont mis en place sont contrôlés de jour comme de nuit. Les étangs qui ont été creusés ont fait l’objet d’études concernant la qualité de l’eau, et la surveillance est renforcée. Ce qui nous permet d’avoir une pollution saine », dévoile Abdou Salami Amadou, responsable des activités, sous financement du Fonds pour l’Environnement Mondial à Projet Waca ResIP-Bénin.

Le promoteur dispose d’un autre site ailleurs, dans la commune de Ouidah, où Waca Resip-Bénin a financé des cages flottantes installées au niveau des anciennes carrières de sable. « Quand on fait l’extraction des carrières de sables, il y a des excavations qui sont laissées et qui deviennent des pièges pour l’homme et le bétail. Tout promoteur qui est en mesure de valoriser ces sites a besoin d’être appuyé. Ils sécurisent ainsi le site, les gens ne tomberont plus dans ces excavations grâce à la surveillance, ensuite, il y a la production de poissons », explique Abdou Salami Amadou.

Au Bénin, la pêche est principalement artisanale et représente plus de 75% de la production nationale. La production totale en 2022 était de 74 000 tonnes pour un besoin de 220 000 tonnes, soit une couverture de 34%. Pour combler ce déficit, il faudra accentuer la production piscicole qui était de 2528 tonnes en 2022.  Pour les producteurs, cette intervention de Waca Résip Bénin est la bienvenue et suscite un engouement. « Notre ambition, c’est d’augmenter le nombre d’étangs. Nous formons et sensibilisons d’autres riverains. Une trentaine de personnes nous ont emboîté le pas », témoigne Armel Coffi Gbékan.

Ainsi, en plus de s’attaquer à l’érosion côtière et aux inondations affectant le littoral ouest africain, Waca Résip œuvre également pour protéger les communautés, leurs moyens de subsistance, leurs investissements et les aires communautaires de conservation de la biodiversité, comme celle du Lac Toho, auxquelles elles sont intimement liées.

Fulbert ADJIMEHOSSOU