Ces pesanteurs qui clouent au sol les innovations africaines

Bien qu’elles répondent aux besoins du continent, les solutions africaines sont souvent étouffées par le caractère extraverti de nos habitudes de consommation, entre autres.

  • En plein essor dans de nombreux domaines, les innovations africaines peinent paradoxalement à s’imposer
  • Reflexe des importations, complexe du colonisé et absence de politiques nationales sont les raisons citées
  • On invite les Etats à avoir de véritables politiques de R&D et les innovateurs à se mettre en réseau

« Cette machine que vous voyez est mise au point pour rendre le travail des menuisiers moins pénible », explique à SciDev.Net Fatoumata Binta Diallo, ingénieure à la Dakar American University of Science & Technology (DAUST) et membre d’une équipe d’innovateurs venus présenter leurs innovations au salon d’exposition dénommé DAUST Impact, tenu au mois de mai dernier.

La DAUST est une école spécialisée dans la formation aux métiers de l’ingénierie mécanique et informatique ainsi qu’aux nouvelles technologies. Elle est l’une des rares institutions au Sénégal à avoir l’innovation technologique et scientifique comme priorité.

En guise de démonstration, l’ingénieure actionne, en quelques clics sur son ordinateur portable, le mécanisme de découpe du bois. Une vingtaine de secondes plus tard, les planches disposées sous la lame de la machine sont toutes découpées.

 « Vous voyez ? C’est tellement facile et rapide », commente-t-elle, avant de poursuivre : « Nous avons remarqué qu’au Sénégal, les travailleurs du bois entrent en contact direct avec les outils de découpe et cela comporte beaucoup de risques d’accidents. Certains se blessent grièvement ou perdent leurs doigts. Notre machine vient enlever de leur travail cette partie qui comporte des risques de blessure ».

Cette machine à découper fait partie d’une cinquantaine de projets exposés au cours de ce salon organisé par la DAUST à Somone, ville située à environ 80 kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise.

« Ces projets couvrent beaucoup de domaines : l’agriculture, les biens de services, la santé, l’environnement, la robotique, le spatial, la substitution du minéral de bentonite par un minéral local dans le domaine du pétrole et du gaz, etc. », fait savoir Mamadou Diop, enseignant-chercheur et directeur des études de la DAUST.

Ce salon d’exposition est une parfaite illustration de ce que le paysage des inventions et innovations en Afrique est en plein essor. Quel que soit le domaine, les initiatives se multiplient…

Au Congo, par exemple, l’ingénieur Luvick Otoka a conçu un détecteur de fuite de gaz dénommé « Keba na Gaz ». Destiné aux ménages afin de leur permettre d’éviter d’éventuels incendies, le détecteur est disponible en plusieurs modèles.

« Le premier qui est fini à 100 % détecte la fuite de gaz et vous alerte par des signaux lumineux et des bips sonores. Le son devient de plus en plus aigu si aucune disposition n’est prise et ne s’arrête que quand il n’y a plus de gaz présent dans la maison. Il a une batterie incorporée et peut fonctionner sans électricité », explique le concepteur.

Ses compatriotes Landry Ndinga et Yannick Mboumba, deux jeunes entrepreneurs, ont quant à eux conçu un générateur d’eau qui transforme l’air ambiant en eau potable. Ils ambitionnent, grâce à leur invention, dénommée « Moboti Mayi », d’améliorer l’accès à l’eau potable au Congo, mais aussi dans les pays africains confrontés à un manque d’eau potable.

Le générateur d’eau est muni d’un dispositif qui permet de produire de l’eau en transformant la vapeur d’eau contenue dans l’air ambiant et peut fonctionner à la fois avec le courant domestique, le groupe électrogène et les panneaux solaires, expliquent-ils.

Complexe d’infériorité

Pour autant, malgré ce dynamisme, les inventions et innovations africaines peinent à jouer les premiers rôles sur le continent, mais aussi à l’échelle internationale. Selon l’Indice mondial de l’innovation de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle 2023, sur les 132 pays classés, les pays africains occupent pratiquement les derniers rangs.

Yannick Mboumba et Landry Ndinga pensent que cette situation s’explique par le fait que « les conservateurs restent accrochés aux solutions traditionnelles plutôt que de s’ouvrir aux solutions innovantes d’une part ; et d’autre part par le fait que la jeune génération est plus friande des solutions technologiques et scientifiques proposées par des chercheurs et promoteurs d’ailleurs ».

Un point de vue partagé par le Béninois Apollinaire Gandonou, inventeur du « foyer sans soucis ». C’est un foyer écologique connecté à un panneau solaire et qui utilise les coques de noix de palme comme combustible.

« Nous n’aimons pas consommer local. Nous n’aimons pas donner de la valeur aux produits locaux. Nous sommes friands de ce qui est importé », déplore-t-il.

 « On se dit souvent que les autres produisent mieux que nous », renchérit Luvick Otoka. Or, ajoute-t-il, « nos innovations sont mieux adaptées à notre contexte socio-culturel. Il faudrait que les consommateurs sachent que nos solutions ne sont peut-être pas mieux présentées que celles des autres, mais elles sont efficaces pour résoudre nos réels problèmes. Et il se trouve juste que les conditions ne sont pas réunies pour produire comme les autres. Mais il nous faut une approche patriotique et panafricaine ».

Concepteur de la couveuse néonatale connectée, Serge Armel Njidjou est plus nuancé. L’innovateur et entrepreneur technologique camerounais reconnait qu’il subsiste un « complexe d’infériorité de certains Africains » vis-à-vis des produits importés. Mais, il reconnaît que ce qu’on présente comme innovation, ce sont des choses qui ne sont souvent pas très connectées à l’écosystème utilisateur.

« L’innovation pour moi, c’est quelque chose de nouveau dans un contexte, mais surtout qui est adopté. (…) On a beaucoup de spectacles, mais pas de vraies innovations. Ce sont de petits changements qu’on met en œuvre dans un environnement pour l’adapter au contexte », explique-t-il.

 « Par exemple, je n’ai pas inventé la couveuse, il y avait déjà des couveuses. Mais je suis parti du principe que comme on a beaucoup de problèmes d’électricité, peut-être il faudrait des couveuses solaires. Comme on a peu de pédiatres, peut-être qu’il faudrait des couveuses connectées, pour que les pédiatres puissent suivre les nouveau-nés sur leurs téléphones », explique Armel Njidjou.

Et de poursuivre : « une fois que je fais le prototype, il faut que j’emmène à l’hôpital et que les gens l’utilisent et que ça corresponde à leurs préoccupations et à leurs habitudes, qu’ils y trouvent leur intérêt et qu’ils soient prêts à l’adopter. Tant que ces étapes ne sont pas franchies, on ne peut même pas parler d’innovation ».

En général, si ces étapes étaient franchies, insiste-t-il, la suite serait plus facile, « parce qu’on saurait que c’est un produit qui correspond à tels utilisateurs, à tels bénéficiaires qui sont potentiellement prêts à consommer et donc qu’on doit développer », soutient l’innovateur.

Absence de législation et de fonds dédiés à l’innovation

Toutefois, Armel Njidjou reconnaît aussi que notre environnement n’est pas favorable à l’éclosion des innovations. Il affirme que « la graine de l’innovation ne peut pas pousser sur une terre aussi aride que la nôtre. Nos États n’ont pas de législations pour favoriser l’innovation », regrette-t-il.

 « Si vous voulez faire un truc technique, vous avez besoin d’outils de production. Ailleurs, vous allez trouver des fablabs (laboratoires de fabrication) pour faire au moins rapidement les premiers prototypes. Ici, vous n’allez pas les trouver. Comment avoir donc les moyens qui vont financer votre prototype ? Par conséquent, beaucoup d’initiatives restent au stade artisanal… », affirme-t-il.

L’ingénieur togolais en électromécanique et fondateur du Centre de recherche, d’inventions et d’innovations technologiques (CRIIT Lado Concept), Edouard Akakpo-Lado, soutient pour sa part qu’il manque de fonds dédiés à la recherche et au développement en Afrique. « Les recherches sont faites avec des fonds propres par des inventeurs et innovateurs isolés dans leur coin », souligne l’intéressé pour le regretter.

Conséquence : de nombreuses inventions et innovations ne sont pas viables au bout d’une certaine période, constate Apollinaire Gandonou.

« Généralement, l’inventeur fait tout du début jusqu’à la fin avec ses propres moyens. À un moment donné, quand il est essoufflé, tout tombe à l’eau parce qu’il n’y a pas de soutien technique ni financier. Moi, par exemple, je suis allé au Nigeria pour faire du taxi-moto. Ce sont mes économies que j’ai investies dans mon projet. Mais avec ça, le résultat ne sera jamais comparable à celui de quelqu’un qui a les accompagnements qu’il faut », analyse-t-il.

Abdoulaye Faye, cofondateur et directeur technique de « CAYTU Robotics », partage cet avis. Sa start-up se distingue dans la fabrication de robots de services et la fourniture de plateformes de contrôle à distance. Connue notamment pour son drone de livraison de repas, opérant depuis Dakar jusqu’aux États-Unis, la société a été honorée par le Grand Prix du chef de l’État pour l’innovation et la recherche lors de la semaine du numérique au Sénégal en mai 2023.

Il soutient que « le domaine de l’innovation et de la recherche est un domaine où il faut acheter beaucoup de matériels qui coûtent cher. C’est donc un apport en financement qui peut permettre un réel développement de ce secteur. C’est le financement qui peut aussi permettre de recruter de nouveaux talents, de produire des prototypes et d’être compétitif à l’international », relève-t-il.

Contraintes financières

Yannick Mboumba et Landry Ndinga connaissent très bien ces contraintes financières. Selon leur témoignage, jusqu’ici, ils ont financé sur fonds propres les différents prototypes du générateur d’eau « Moboti Mayi », qui a une capacité actuelle de production de 12 litres d’eau par jour.

 « Nous avons besoin de partenaires techniques et financiers pour améliorer la dernière version de façon à réduire le temps de production et augmenter considérablement la quantité d’eau produite. Mais depuis des années, nous n’avons que des promesses. Il n’y a vraiment pas du concret pour nous permettre d’avancer », déplorent-ils.

Également confronté à ce manque de financement, Luvick Otoka affirme être dans l’incapacité de produire en grande quantité son détecteur de fuite de gaz. Pourtant, dit-il, la demande est « forte »…

« Nous sommes en train de chercher les fonds pour une production considérable parce que, avec nos propres moyens, nous ne pouvons produire que 500 exemplaires alors que la demande est grande. Il y a des entreprises qui veulent 1 000 ou 2 000 exemplaires. Avec nos moyens propres, nous ne sommes pas capables de satisfaire une telle demande », confie l’inventeur.

Pour Dodzi Kossi, directeur de la recherche scientifique et technique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du Togo, c’est ce faible soutien financier accordé aux innovateurs locaux qui favorise l’importation de produits étrangers par les États africains.

« Parfois, les gens importent des produits parce qu’il n’y a pas mieux sur le plan national, parce qu’il n’y a pas mieux à proximité. C’est pourquoi ils sont obligés d’importer certains produits. Ailleurs, les inventeurs et les innovateurs sont subventionnés ; ce qui leur permet de mettre sur le marché, y compris sur les marchés internationaux, des produits subventionnés beaucoup plus compétitifs et qui présentent des gages de qualité », explique-t-il.

« La réponse aux questions de développement implique un engagement transversal des États qui commence par la qualification d’une ressource humaine qui soit à la hauteur de la nécessité d’apporter des solutions technologiques pour faciliter la transformation locale des ressources minières, minéralières et organisationnelles », appuie François Bouansa, directeur de l’Innovation technologique à la Direction générale de l’innovation technologique (DGIT) en République du Congo.

Cependant, poursuit-il, la concurrence sur le marché de la mondialisation impose des défis à relever à l’échelle organisationnelle, de production en chaine et de tous les moyens technologiques qui s’y prêtent.

« Les besoins urgents des marchés ne permettent pas aux administrations africaines de rivaliser avec les pays industrialisés. L’avantage technologique des nations développées et la compétence des ressources humaines favorisent une production de qualité en chaine à un prix défiant toute concurrence », précise François Bouansa.

Manque de connexion

D’autres facteurs tels que le manque de connexion entre innovateurs, centres d’innovations et les grandes entreprises du secteur privé africain peuvent expliquer la faible compétitivité des innovations africaines à l’échelle mondiale, précise Mamadou Diop.

« L’une des causes du manque de soutien aux chercheurs et innovateurs africains, c’est l’absence d’une tradition de collaboration entre les universités et les entreprises qui sont dans le domaine industriel », introduit-il.

Pour lui, cette absence de collaboration a pour corollaire le manque de financement des start-up et des porteurs de projets innovants pour leur permettre d’être plus créatifs et compétitifs.

« Normalement, pense-t-il, les entreprises devraient financer les recherches scientifiques et la mise en place des prototypes. Il faut donc renforcer la collaboration entre chercheurs et entreprises susceptibles d’utiliser les résultats des recherches », ajoute-t-il.

Les responsabilités sont partagées entre les inventeurs et les innovateurs africains d’une part et les États d’autre part, soutient pour sa part François Bouansa. Ce dernier déplore le fait que les chercheurs et entrepreneurs travaillent la plupart du temps sur les mêmes projets et n’arrivent pas à se constituer en réseau. Leur incapacité à créer des partenariats afin d’éviter de compter sur les financements de leurs États constitue aussi un frein, soutient-il.

Mais pour Djiba Millimono, coordinateur du « Grand concours jeunes entrepreneurs », un projet qui a pour but de lutter contre le chômage des jeunes et l’émigration en les accompagnant dans les domaines du numérique et de l’agrobusiness en Guinée, l’Afrique « est un peu sanctuarisée ».

« Il n’y a pas un véritable programme d’accompagnement de ces start-up qui évoluent dans le domaine de l’innovation, ni un cadre juridique qui favorise un réseautage pouvant leur permettre de compétir ou d’avoir un accompagnement. A cela s’ajoutent la cherté des matières premières et un manque d’identification des besoins du marché… », détaille-t-il.

Pour illustrer ce manque d’accompagnement, François Bouansa révèle par exemple qu’en dépit de l’arsenal administratif mis en place au Congo pour identifier, appuyer et accompagner les inventeurs et innovateurs, « dans la pratique, on ne constate pas grand-chose. La DGIT, qui a entre autres missions d’identifier et de faire la promotion des inventeurs et innovateurs, a le budget le plus faible du ministère. »

De telles conditions ne permettent pas aux inventeurs, innovateurs et chercheurs « de réaliser de véritables exploits. Alors les produits obtenus dans ces conditions précaires ne peuvent pas s’imposer sur le terrain, mais vont rester dans les tiroirs », ajoute cette source.

Système de valorisation

Toutefois, certaines inventions ou innovations africaines ont réussi à se démarquer en Afrique et même au-delà. C’est le cas par exemple du Cardiopad, conçu et fabriqué par l’ingénieur camerounais Arthur Zang. Ou encore de la couveuse néonatale connectée d’ Armel Njidjou.

« À l’époque, on avait juste notre atelier à Bafoussam (Ouest-Cameroun). Aujourd’hui, on a trois sites (Yaoundé, Douala, Bafoussam) avec une présence dans 5 pays africains (Mali, Sénégal, RDC, Benin et Côte d’Ivoire). Le produit a été homologué en 2020. On va atteindre les 200 couveuses vendues », se félicite ce dernier.

Cependant, il soutient que « la projection à l’international est difficile. Un peu partout chez nous, c’est comme si les lois sont faites pour importer. Quand vous fabriquez, vous vous retrouvez face à des législations complétement illogiques, face à des fonctionnaires qui ne comprennent rien, et on est sur le médical. Le processus d’homologation dans divers pays est pour nous une barrière alors que le potentiel est vraiment énorme », confie-t-il.

Pour Rosy Kadel Ntsiloulou, secrétaire général de l’Association des inventions et innovations du Congo Brazzaville, les inventions qui sont créées en Afrique auront de la valeur si et seulement si nous mettons en place un autre système capable de les valoriser.

« Une fois que nous les valoriserons nous-mêmes, les autres leur accorderont de la valeur. Il y a des produits, par exemple, qui vont vous demander de l’or pur, un petit cristal de diamant ou du cobalt ou encore du mercure. Mais on ne peut pas les avoir parce qu’on n’a pas tous les moyens nécessaires, ni les centres de recherches technologiques adéquats pour pouvoir faire les recherches, transformer ces matières premières en produits qui seront utilisés afin d’avoir des inventions qui auront une viabilité dans le temps et l’espace », soutient-il.

Soutien à l’innovation

Même si innovateurs et inventeurs s’accordent sur les maux qui freinent une véritable émergence des innovations et inventions en Afrique, certaines institutions, organismes et autres fondations s’investissent de plus en plus dans l’accompagnement des porteurs de projets innovants sur le continent.

C’est le cas par exemple au Sénégal de l’Agence belge de développement (Enabel), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ou encore de l’Agence luxembourgeoise de coopération et de développement (Luxdev). Cette dernière a inscrit le financement et le soutien à l’innovation comme priorités, selon sa responsable chargée du secteur privé et des partenariats, Ndèye Awa Guèye.

A travers son projet LuxAid challenge Fund, doté d’un million d’euros et lancé en novembre 2023, l’agence entend accompagner et cofinancer un total de dix innovations à fort impact portées par des jeunes entreprises ayant moins de 5 années d’existence ou des start-up du Mali, du Burkina Faso et du Sénégal, selon les explications de Ndèye Awa Guèye.

Pour cette première édition, elle précise que seuls les secteurs relevant de la sécurité alimentaire et de l’apprentissage à distance seront financés. Chaque start-up ou projet retenu pourra bénéficier d’un cofinancement allant jusqu’à cent quarante mille euros.

À travers son programme d’entrepreneuriat lancé en 2015, la Fondation Tony Elumelu figure parmi les organisations qui accordent des financements aux start-up sur le continent. Contactée à plusieurs reprises, elle n’a cependant pas souhaité répondre aux questions de SciDev.Net.

Quant à la Fondation Mo Ibrahim, elle renvoie SciDev.Net au rapport du Forum Ibrahim 2024 qui souligne que l’Afrique a besoin de financement pour atteindre ses objectifs de développement.

En plus des financements, Serge Armel Njidjou martèle qu’il faut avoir la culture du travail en équipe. « C’est tellement compliqué que, pour avoir une chance de réussir, il faut être une équipe. Il y a très peu d’équipes d’innovateurs chez nous ; ce sont toujours des individualités. Les aventures solitaires ne sont pas susceptibles d’inspirer la confiance des gens qui pourraient financer ou accompagner l’innovation », insiste-t-il.

Incubateurs technologiques

L’une des solutions préconisées par François Bouansa est la mise en place d’incubateurs technologiques. « L’incubateur sera le puissant catalyseur du succès des projets dans le paysage dynamique de l’innovation et de l’entrepreneuriat », dit-il.

Ce dernier explique que « la mise en place d’un incubateur constitue un pôle de créativité et de développement qui rassemble des inventeurs, des chercheurs et des entrepreneurs dans un espace collaboratif qui facilite les rencontres fortuites, créant des opportunités de réseautage et conduisant à des innovations raffinées ».

En outre, Dodzi Kossi pense qu’il faut mettre en place des mécanismes d’accompagnement tels que des fablabs qu’il présente comme des espaces où il y a des infrastructures nécessaires pour que les innovateurs qui n’ont pas la possibilité de créer eux-mêmes un centre de développement de leurs produits, puissent avoir l’équipement nécessaire pour le faire.

« Quand vous prenez aujourd’hui la Silicon Valley (États-Unis), c’est un espace où il y a tous les équipements et toutes les infrastructures. Un espace où les inventeurs, chercheurs et autres… font des expérimentations et développent des produits. Pourquoi ne pas créer aussi des parcs scientifiques et technologiques, des technopoles dans nos pays où les inventeurs puissent développer leur talent ? » S’interroge-t-il.

A l’en croire, les jeunes ont des talents, ils conçoivent les premiers modèles, mais ce ne sont pas des modèles aboutis parce qu’il n’y a pas d’appui pour déjà faire le prototypage. « Or c’est le premier prototype qui attire les investissements », indique Dodzi Kossi.

Quelques incubateurs technologiques existent dans certains pays africains. Au Sénégal par exemple, l’incubateur technologique FRTN Technologie, spécialisé dans la formation et l’accompagnement des porteurs de projets technologiques, guide les innovateurs jusqu’à la mise sur le marché de leurs produits, depuis la phase de conceptualisation jusqu’à celle de la disponibilité du produit final.

« L’une des structures à avoir bénéficié de notre accompagnement est « Clarize Technology Group », une start-up spécialisée dans la proposition de solutions cloud aux entreprises et aux particuliers. Nous avons aussi accompagné PRO DEME, une start-up spécialisée, elle, dans la gestion de déchets et la production de l’énergie renouvelable », explique Mbemba Diallo, start-up mentor chez FRTN Technologie.

Toutefois, « malgré les efforts qui sont faits, nos innovateurs ont toujours des difficultés d’accès aux sources de financements… », regrette-t-il.

Selon Dodzi Kossi, les États africains devraient tenir leur promesse faite en 2006 de consacrer 1 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la recherche et au développement. « Aujourd’hui, c’est à peine 0,51 % du PIB en moyenne que nous investissons dans les pays africains », se désole le directeur de la recherche scientifique et technique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche du Togo.

Il propose aussi la mise en place de mécanismes d’assurance qualité pour garantir la qualité et la compétitivité des produits, « parce que nous sommes de plus en plus dans des marchés ouverts. Si nous ne prenons pas garde, ce sont d’autres produits qui vont encore inonder nos pays ».

Armel Ndjidjou rappelle que la priorité devrait être accordée aux produits locaux. « Il faut qu’on comprenne que pour que nos petites initiatives émergent, il faut que dès qu’on a une bonne innovation, qu’on la protège pour qu’elle se développe », conclut-il.

Brice Kinhou, Kuessi Giraud Togbé, Beatrice Longmene Kaze et Charles Kolou




Yêyinou Laura Estelle Loko du Bénin gagnante du Prix ​​TWAS-Abdool Karim en sciences biologiques 2024

La TWAS a annoncé la liste des récompenses pour 2024 ce 14 novembre. L’Académie a décerné 25 distinctions à des scientifiques du monde en développement pour leurs réalisations exceptionnelles.

Yêyinou Laura Estelle Loko

Le Conseil de la TWAS a annoncé aujourd’hui une nouvelle liste de 25 lauréats. En effet, la présidente de la TWAS, Quarraisha Abdool Karim, a dévoilé les noms des lauréats des prix, y compris la conférence de la médaille TWAS, lors de l’assemblée générale de la TWAS. Les assemblées générales de la TWAS sont des sessions à huis clos pour discuter des questions relatives à l’Académie et ont lieu tous les deux ans. Parmi les 25 distingués se trouve une scientifique béninoise, Yêyinou Laura Estelle Loko.

« Pour sa contribution au développement de méthodes de lutte biologique respectueuses de l’environnement contre les insectes ravageurs et pour ses réalisations dans l’amélioration des connaissances et la conservation des ressources phytogénétiques en République du Bénin. »

Yêyinou Laura Estelle Loko est professeure agrégée de zoologie et de génétique et directrice de l’École nationale supérieure des biosciences appliquées et des biotechnologies ( ENSBBA ), Bénin. Elle est lauréate du prix OWSD – Elsevier Foundation Award for Early-Career Women Scientists in the Developing World 2023, lauréate du One Planet Fellowship (2020) et lauréate de la bourse régionale postdoctorale L’Oréal-UNESCO pour les femmes en sciences de l’Afrique subsaharienne (2014).

Loko a déclaré : « Ce prix est un grand honneur et une motivation pour continuer à faire de la science ma passion et à contribuer au développement durable. »

A noter que les prix de l’Académie sont des distinctions spéciales destinées aux scientifiques du Sud global, conçues pour apporter une reconnaissance particulière à leurs réalisations. Ces distinctions comptent parmi les plus prestigieuses pour la recherche et l’application de la science et de la technologie au développement durable dans le monde en développement. En 2024, l’assemblée générale de la TWAS s’est déroulée en ligne et a été coordonnée par le secrétariat de la TWAS à Trieste, en Italie.

Megan Valère SOSSOU




All For Sciences Media annonce le lancement de l’initiative Science Women Voice aujourd’hui

All For Sciences Media (AFoS Media) annonce le lancement de l’initiative Science Women Voice (SWV) lors de sa rentrée médiatique exclusivement en ligne. Cette rencontre est prévue pour le 27 mai 2023 à 11h. AFoS Media est un média scientifique basé en Afrique qui se consacre à la vulgarisation des travaux scientifiques et couvre l’actualité scientifique mondiale. Son objectif est de mettre en lumière les travaux de recherche et les innovations techniques et technologiques, tout en servant de pont solide entre les chercheurs et les populations.

Conscient de l’importance de la représentation des femmes et convaincu de la nécessité de promouvoir un monde scientifique exempt de stigmatisation pour un développement efficace, All For Sciences Media lance l’initiative Science Women Voice. Cette initiative médiatique a pour objectif de révéler les femmes dans toutes les disciplines scientifiques. Elle vise à contribuer à la réalisation de l’Objectif de Développement Durable 5 – l’Égalité des Sexes, en mettant en avant les réalisations des femmes scientifiques, leurs parcours et leurs histoires, afin d’inspirer les jeunes filles et de leur offrir des modèles à suivre dans le secteur scientifique.

Science Women Voice est une initiative qui s’inscrit régulièrement dans la vie des femmes passionnées de science et évoluant dans ce domaine. La rentrée médiatique exclusivement en ligne prévue pour le 27 mai 2023 à 11h sera l’occasion de présenter en détail l’initiative Science Women Voice.

Le programme de la cérémonie est le suivant :

  • Cérémonie d’ouverture : mettant en avant l’importance des médias scientifiques, les actions d’AFoS dans le domaine de la vulgarisation scientifique et des mots d’encouragement adressés à toute l’équipe.
  • Panel d’échanges sur le thème « Femmes dans l’univers de la recherche scientifique en Afrique » en présence de trois scientifiques.
  • Présentation du projet : exposé des objectifs et des actions du projet Science Women Voice, suivi d’une session de questions-réponses avec le public et la projection d’un échantillon de production.

Cette présentation de l’initiative, qui part du constat que même le domaine de la science n’échappe parfois à la marginalisation, offrira l’occasion d’aborder la question souvent peu abordée de la place des femmes dans le domaine scientifique. Elle constitue une opportunité de rencontrer virtuellement un groupe diversifié de femmes et d’hommes scientifiques talentueux.




Le Next Einstein Forum à la recherche de jeunes ambassadeurs

Le Next Einstein Forum (NEF) est une initiative d’engagement public de l’Institut africain des sciences mathématiques (AIMS).  Lancé en 2013, le NEF est né d’une reconnaissance qu’il n’y avait pas de rassemblement sur le sol africain où les meilleurs acteurs avaient l’opportunité de se réunir de leurs diverses communautés de la science, de l’industrie, de la société civile et de la politique, d’Afrique et d’ailleurs.  le monde, pour mettre la science au service du développement mondial.  De plus, il n’y avait pas de plate-forme où les sujets étaient abordés de manière stratégique et holistique, avec des opportunités de fertilisation croisée.  Dans les forums existants, le public est souvent ignoré dans la conception et les résultats des forums.  Les femmes, les jeunes et les personnes handicapées étaient souvent largement sous-représentés dans la participation et/ou les opportunités de prise de parole à ces forums.

 Le NEF repose sur quatre piliers, dont les NEF Global Gatherings, le NEF Policy Work, la NEF Platform et la NEF Community of Scientists.  Le NEF a également deux engagements transversaux : l’engagement envers l’excellence scientifique qui concerne à la fois la recherche et l’éducation et un engagement envers l’équité entre les sexes.  Les ambassadeurs du NEF sont de jeunes champions STEM de moins de 42 ans, un de chaque pays africain, qui dirigent les activités d’engagement du public du NEF.  Ces activités incluent le programme NEF Africa Science Week tout en développant leur propre carrière grâce aux partenariats du NEF qui offrent des opportunités de mentorat et de collaborations avec des chercheurs établis.  Les ambassadeurs du NEF ont un mandat de 2 ans.

Condition à remplir

Doit être âgé de 42 ans ou moins (né le/après le 1er janvier 1980) ;

 Résident et citoyen d’un pays africain avec une histoire de leadership et d’engagement dans la communauté résidente ;

 Études supérieures ou certificats professionnels, projets personnels, réalisations démontrées en matière d’entrepreneuriat et d’innovation, etc. – un doctorat n’est pas nécessairement requis ;

 Les candidats sont encouragés dans tous les domaines des STEM, y compris les sciences fondamentales, les sciences de la santé ainsi que les domaines des sciences sociales;

 Excellentes capacités de rédaction et de pensée critique, et être à l’aise de travailler dans un environnement collaboratif ;

 Passion démontrée pour rehausser le profil de l’Afrique dans les STEM et/ou les sciences sociales ;

 Avoir un profil travail/études actif démontré par une présence active en ligne et/ou sur les réseaux sociaux ;  et

 Capable de communiquer couramment en anglais et en français devant un public.

Missions

Agir en tant qu’ambassadeur NEF représentant votre propre pays lors d’événements NEF :

 Assistez au prestigieux NEF Global Gathering, sur invitation uniquement, aux côtés de lauréats du prix Nobel, de chefs d’État et de gouvernement et de représentants de grandes entreprises mondiales et de la société civile.  Les ambassadeurs recevront des frais de voyage payés pour l’événement NEF Global Gathering;

 Participer à des entretiens, à des panels et à la présentation de recherches, de travaux du NEF et d’articles sur les STEM et l’innovation, entre autres événements pendant / après le NEF Global Gathering ;

 Organiser la semaine annuelle des sciences NEF Africa dans leurs pays respectifs ;

 Rédiger du contenu original et du contenu croisé pour le NEF, y compris, mais sans s’y limiter, des articles de blog, des mises à jour sur les STEM dans sa communauté locale, des profils de scientifiques de votre communauté et d’autres activités pour promouvoir le NEF ;

 Faire partie de la communauté de scientifiques du NEF ;

 Parlez positivement du NEF aux gens chaque fois que vous le pouvez ;

 Promouvoir activement le NEF sur vos réseaux sociaux et apporter régulièrement des idées à l’équipe du NEF sur les moyens de tenir la communauté en ligne informée et intéressée par le NEF ;

 On s’attend à ce que vous passiez un total de 1 à 2 heures par semaine à écrire, éditer, publier des mises à jour, des nouvelles et des articles liés aux STEM en Afrique et au NEF, et à converser avec les boursiers du NEF et la communauté scientifique dans son ensemble.  Les heures peuvent augmenter pendant la semaine du Rassemblement mondial du NEF et de la Semaine africaine des sciences ;

 Faire des présentations aux étudiants, au public, aux classes spéciales et aux événements sur le NEF et les STEM en Afrique ;  et

 Autres responsabilités suggérées et recommandées par vous.

Avantages

Assistez au prestigieux NEF Global Gathering, sur invitation uniquement, aux côtés de lauréats du prix Nobel, de chefs d’État et de gouvernement et de représentants de grandes entreprises mondiales et de la société civile.  Les ambassadeurs recevront des frais de voyage payés pour l’événement NEF Global Gathering;

 Participer à des entretiens, à des panels et à la présentation de recherches, de travaux du NEF et d’articles sur les STEM et l’innovation, entre autres événements pendant / après le NEF Global Gathering ;

 Avoir la possibilité d’organiser la semaine annuelle des sciences NEF Africa dans votre pays ;

 Les ambassadeurs du NEF bénéficieront d’une exposition significative à la communauté des lecteurs du NEF ;

 Avoir la possibilité de réseauter avec d’autres experts, des ambassadeurs du NEF et des boursiers du NEF, ainsi que des scientifiques de haut niveau, des spécialistes des sciences sociales et des leaders technologiques du monde entier ;

 Devenez membre de la prestigieuse communauté de scientifiques du NEF ;

 Après avoir terminé votre mandat, vous avez la possibilité de postuler au programme de bourses du NEF ;

 Avoir l’opportunité d’influencer la politique STEM et d’innovation à travers des articles et des documents NEF et partager leur propre travail;  et

 Avoir la chance de présenter leurs propres projets et idées à des membres de haut niveau du NEF et de contribuer à l’établissement d’une vision globale positive de la science en Afrique.

Un panel de scientifiques éminents comprenant des membres du comité du programme scientifique (SPC) du NEF effectuera la sélection.  Le processus de sélection visera les éléments suivants

 Au moins 40 % des ambassadeurs NEF sélectionnés sont des femmes ;

 Le candidat doit être dans son pays de résidence pendant le programme;  et

 Le processus de notation prendra en compte les éléments suivants :

 (20%) – Études supérieures ou certificats professionnels, projets personnels, réalisations entrepreneuriales démontrées et similaires – un doctorat n’est pas nécessairement requis

 Qualifications académiques exceptionnelles, telles que définies par les normes de la discipline académique de référence.  Voici des exemples de réalisations remarquables :

 Dossier de publication ;

 Prix ​​et autres récompenses, tels que des bourses particulièrement distinguées ou des appartenances à des cercles académiques prestigieux (par exemple, à des comités, organismes, académies de haut niveau, etc.);

 Collecte indépendante de fonds auprès de sources extérieures dans le cadre d’un processus concurrentiel ;

 nombre de brevets ;  et

 Le type et le nombre de conférences invitées lors de conférences internationales.

 (20%)—Passion démontrée pour la promotion des sciences, y compris les STEM ou les sciences sociales en Afrique ;

 (20 %)—Capacités rédactionnelles exceptionnelles et esprit critique aiguisé, et être à l’aise de travailler dans un environnement collaboratif et être capable de communiquer clairement avec un public en anglais ou en français ;

 (30%) – Vous devez avoir une présence active sur l’un des canaux de médias sociaux ou dans une organisation réputée de votre communauté.  Ce critère implique d’avoir un public solide et un engagement constant avec vos abonnés ;  et (10 %)—Autres caractéristiques distinctives.

Délai: le 24 Octobre 2022 Postulez ici