Lutte contre la désertification au Bénin : le charbon écologique, une réponse innovante

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Le Bénin fait face à un défi environnemental majeur : plus de 62 % de ses terres sont dégradées, principalement en raison de la fabrication massive de charbon de bois. Ce combustible, essentiel pour la cuisson des aliments dans les foyers béninois, contribue fortement à la déforestation. Face à ce constat alarmant, une solution innovante émerge : le charbon écologique.

Charbons écologiques

Oslyde Cham Glele Langanfin, étudiante en agronomie spécialisée en « industries bioressources », a choisi ARPY REIGNS pour son stage de fin de formation. « Puisque je m’intéresse à la question environnementale, j’ai trouvé bon de venir ici parce que ça contribue non seulement à la valorisation des déchets, mais ce charbon permet aussi de lutter contre le changement climatique à travers l’atténuation de la déforestation. Je compte continuer sur cette lancée-là en trouvant des moyens plus innovants de faire du charbon écologique », explique la jeune étudiante.

Charbon Eco-Sika, une initiative prometteuse

À environ 25 km de Cotonou, une équipe de jeunes, de femmes et d’hommes, s’active pour changer les comportements face à la déforestation. À la tête de cette initiative se trouve Roland ADJOVI, promoteur de la start-up « charbon Eco-Sika ». Son objectif : créer des emplois pour les jeunes et élargir le cercle des défenseurs de l’environnement en fabriquant du charbon écologique.

« La désertification et la déforestation m’ont poussé à réfléchir à une solution pour réduire la pression sur nos forêts. Le charbon écologique est cette solution. Il remplace le charbon de bois traditionnel en utilisant des matières premières comme les feuilles de maïs, les tiges de maïs, les coques de coco, les peaux de bananes, et plus encore », explique Roland ADJOVI.

Processus de transformation du charbon écologique

Le processus commence par la collecte des matières premières, suivie de la carbonisation et du broyage. Ensuite, la matière broyée passe au mélangeur, où des éléments naturels sont ajoutés avant d’être compactée en briquettes. Ces briquettes sont ensuite séchées au soleil pendant trois jours. Avec un four, ce processus pourrait être réduit à deux heures.

Grâce à quelques appareils motorisés, l’équipe est passée de 250 kilogrammes à 1 voire 2 tonnes de production de charbon écologique par jour. « Il faut valoriser la jeunesse et réduire le chômage. Nous sommes dans la lutte contre la déforestation, mais aussi dans le social. Montrer aux jeunes qu’ils peuvent entreprendre quelque chose pour s’en sortir est essentiel », souligne Roland ADJOVI.

Impact positif sur les consommateurs et l’environnement

Elisé Kpavode, un consommateur de charbon Eco-Sika, témoigne : « J’ai beaucoup apprécié ce charbon écologique. C’est plus économique. Par exemple, avec 100 francs CFA, je peux cuisiner beaucoup de choses, alors que j’aurais besoin de 250 francs CFA pour le charbon de bois traditionnel. De plus, cela participe à la protection de l’environnement et à la lutte contre le déboisement. »

Vers une préservation durable de la végétation

L’initiative de Roland ADJOVI et de son équipe représente un espoir pour la préservation de la végétation au Bénin. En continuant à promouvoir et à améliorer le charbon écologique, ils contribuent non seulement à la lutte contre la désertification, mais offrent également une alternative durable aux ménages béninois.

Cette approche innovante montre que, même dans des situations de dégradation environnementale sévère, des solutions existent. Le charbon écologique, en plus de protéger l’environnement, offre des opportunités économiques pour les jeunes et les communautés locales. En poursuivant sur cette voie, le Bénin peut espérer un avenir où la tradition de l’utilisation du charbon de bois ne compromettra plus ses ressources naturelles.

Megan Valère SOSSOU

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