En mars 2024, les premières doses d’un nouveau vaccin contre la tuberculose ont été administrées à Johannesburg en Afrique du Sud, marquant une avancée révolutionnaire dans la lutte contre cette maladie meurtrière.
« S’il marche, ce vaccin pourrait complètement changer la donne en matière de prévention de la tuberculose », déclare la professeure Lee Fairlie de l’institut de recherche Wits RHI, co-investigatrice principale de l’étude clinique menée en Afrique du Sud avec le professeur Willem Hanekom de l’Africa Health Research Institute. L’étude vise à évaluer l’efficacité du vaccin candidat M72/AS01E chez les adolescents et les adultes de moins de 45 ans.
Une étude de grande envergure
Cet essai de phase 3 inclura 20 000 participants volontaires de sept pays : 50 à 60 % seront recrutés en Afrique du Sud, les autres en Zambie, au Malawi, au Mozambique, au Kenya, en Indonésie et au Vietnam. La tuberculose représente un lourd fardeau pour la santé mondiale, étant la deuxième cause de mortalité infectieuse après la COVID-19 en 2022, avec plus de décès que le VIH/sida.
« La tuberculose frappe chaque année environ 280 000 personnes en Afrique du Sud et 10,6 millions dans le monde, avec 1,3 million de décès », explique la professeure Fairlie. « Il s’agit d’un problème majeur, en particulier pour les pays à revenu faible ou intermédiaire. »
Limites du vaccin actuel
Actuellement, le seul vaccin disponible pour la prévention de la tuberculose est le BCG, administré à la naissance dans certains pays. Bien que le BCG offre une bonne protection contre la tuberculose chez les jeunes enfants, il a ses limites. « Le BCG protège les jeunes enfants, en particulier ceux de moins de cinq ans, mais ne protège pas beaucoup au-delà de la petite enfance », explique la professeure Fairlie.
Prévenir la tuberculose latente
Le nouveau vaccin vise à empêcher la tuberculose latente de se transformer en tuberculose maladie, mais pas à empêcher l’infection initiale. Environ un quart de la population mondiale est infectée par le bacille de Koch, mais la majorité réussit à contrôler l’infection sans développer la maladie. Cependant, sous l’effet de facteurs tels que le VIH, la malnutrition ou le diabète, l’infection peut se réactiver et devenir symptomatique et contagieuse.
Des résultats prometteurs
Une première étude a montré une réduction de 50 % des cas de tuberculose pulmonaire chez les sujets présentant des signes de tuberculose latente et vaccinés avec le vaccin M72/AS01E. Les chercheurs espèrent que l’essai en cours confirmera ces résultats prometteurs.
Suivi rigoureux et objectifs de l’étude
Les participants à l’essai recevront soit un placebo, soit le vaccin, l’attribution se faisant au hasard et en « double aveugle ». Le vaccin ou le placebo sera administré en deux doses, le premier jour et le 29e jour de l’étude, avec un suivi rigoureux des événements indésirables et des symptômes de la tuberculose. L’objectif principal de l’étude sera atteint lorsque 110 participants développeront la tuberculose, une analyse prévue pour durer au moins quatre ans.
Un impact global potentiel
La professeure Fairlie est très enthousiaste quant au potentiel de ce vaccin candidat. « C’est une perspective formidable de pouvoir disposer d’un excellent moyen de prévenir la tuberculose sans l’obligation de prendre un traitement ou de se rendre régulièrement dans un centre de santé », affirme-t-elle. « Un vaccin efficace pourrait transformer radicalement la prévention de la tuberculose, améliorant la santé publique et les conditions socio-économiques des populations affectées. »
Avec ces essais en cours, l’espoir renaît pour des millions de personnes dans le monde entier, alors que la lutte contre la tuberculose entre dans une nouvelle ère.
Megan Valère SOSSOU