Journée mondiale du paludisme 2025 : le Bénin réaffirme son engagement entre bilan et espoir pour un avenir zéro palu
Le 25 avril 2025, le Palais des Congrès de Cotonou a accueilli une rencontre importante à l’occasion de la 18ème édition de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme. Elle a été marquée par la présence des autorités sanitaires, représentants du secteur privé, société civile, acteurs des médias et des partenaires techniques et financiers notamment Speak Up Africa. Ils se sont réunis autour du thème : « Réinvestir, réimaginer et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme ».
Au lancement de l’événement, le Préfet du Littoral, Alain Orounla a salué l’implication croissante de tous les acteurs de la chaîne sanitaire et particulièrement celle des communautés à la base dans le succès des politiques de lutte. Le Ministre de la Santé, Professeur Benjamin Hounkpatin, a ensuite livré un message fort. Rappelant l’urgence sanitaire et morale que constitue le paludisme, il a souligné que chaque minute, un enfant meurt de cette maladie dans le monde. Une donnée choc, comparée par le ministre à « un crash d’avion invisible », pour rappeler la brutalité de cette réalité.
Des avancées majeures pour le Bénin
Les statistiques communiquées par le ministre illustrent à la fois l’ampleur du problème et les progrès accomplis. En 2023, plus de 8,9 millions de moustiquaires imprégnées ont été distribuées au Bénin. En 2024, les femmes enceintes ont reçu 541 559 moustiquaires, et 386 326 ont été remises à des enfants de 9 mois. Des efforts renforcés par la chimioprévention saisonnière, le traitement préventif intermittent, ainsi que la récente introduction du vaccin antipaludique.
Cette stratégie de vaccination, lancée en avril 2024, a permis de toucher 54 128 enfants pour la première dose, 23 541 pour la deuxième et 9 832 pour la troisième. Selon les données du ministère, cette avancée est déjà synonyme de réduction significative des cas graves.
Sur le terrain, ces efforts se traduisent par une baisse notable des indicateurs : l’incidence du paludisme est passée de 21,49 % en 2022 à 13,68 % en 2024, soit une baisse de 38 %. La mortalité, quant à elle, a chuté de 28,9 décès pour 100 000 cas en 2022 à 17,7 en 2024, soit une réduction de 39 %.
Un front multisectoriel et multi-acteurs au cœur de la riposte nationale
Pour le Dr Jean Kouamé Konan, chef de file des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du secteur de la santé, la lutte contre le paludisme se situe aujourd’hui « à la croisée des chemins ». Il a salué les 2,2 milliards de cas évités et les 12,7 millions de vies sauvées en Afrique au cours des deux dernières décennies, tout en rappelant que près de 600 000 décès sont encore enregistrés chaque année, majoritairement parmi les enfants africains.
Le Dr Konan a félicité le Bénin pour l’introduction du vaccin antipaludique dans 16 zones sanitaires, un pas jugé « historique », avec plus de 50 000 enfants déjà bénéficiaires. Il a insisté sur la nécessité d’accroître les investissements nationaux, de maintenir les approches communautaires et de renforcer les systèmes de santé pour aller plus loin.
La présence du secteur privé a été illustrée par l’allocution du Directeur général d’Ecobank Bénin, Président du Comité de Pilotage du Fonds Zéro Palu. Il a rappelé que les entreprises béninoises ont la responsabilité de protéger leurs employés et leurs familles, tout en soulignant les enjeux économiques du paludisme. « Moins de paludisme, c’est plus de productivité, plus de compétitivité, et un climat des affaires plus stable », a-t-il déclaré.
Le Fonds Zéro Palu, qui s’inscrit dans une dynamique panafricaine, vise à renforcer l’implication du secteur privé dans la lutte contre le paludisme. Il finance des actions concrètes sur le terrain, telles que des campagnes de distribution de moustiquaires, de sensibilisation et de renforcement des capacités des agents communautaires.
Objectif 2030 : vers l’élimination durable du paludisme au Bénin
L’ensemble des interventions a convergé vers une ambition partagée : faire du Bénin un pays sans paludisme à l’horizon 2030. Cette ambition déclinée dans le Plan stratégique national intégré 2024–2030, prône une approche multisectorielle qui combine prévention, traitement, surveillance, innovation et mobilisation communautaire.
La réussite de cette stratégie repose sur l’implication de tous. « Dormir sous les moustiquaires, assainir son environnement, suivre les traitements préventifs et faire vacciner les enfants » : le Ministre de la Santé a réaffirmé que l’implication individuelle est indissociable du succès collectif. Il a appelé les leaders communautaires, les journalistes, les élus locaux, les ONG et les entreprises à renforcer la mobilisation.
Rappelons qu’en marge de cette célébration, les partenaires techniques et financiers ont lancé la Semaine africaine de la vaccination, sous le thème : « Des vaccins pour tous, c’est humainement possible ». Cette opération vise, entre autres, le rattrapage vaccinal des enfants n’ayant reçu aucune dose, l’intégration des services de vaccination dans les soins de santé primaires et la construction d’un système de santé plus robuste.
Mahugnon Josué Tchagnonsi