
« Soyez audacieuses », leur a-t-on dit : à Dakar, les filles lancent leur feuille de route contraignante
Le premier Sommet des Filles adolescentes de l’Afrique de l’Ouest et du Centre s’est tenu à Dakar les 10 et 11 octobre. Co-organisé par l’UNICEF et le Ministère sénégalais de la Famille, il a rassemblé plus de 200 jeunes issus de 24 pays autour d’une ambition commune : dessiner un avenir meilleur pour les droits des adolescentes.

Face à la lenteur des progrès, trente ans après la Déclaration de Beijing, les jeunes filles ont pris la parole pour exiger des actes. Leurs revendications, fortes et unanimes, ont tracé la voie à suivre : la fin du mariage des enfants, une protection renforcée contre les violences y compris la traite et la cyber-violence en période de crise, l’adoption de lois strictes contre les auteurs, et un accès garanti à l’éducation, aux outils numériques et à des services de santé de qualité. L’inclusion des filles handicapées dans toutes les décisions a également été placée au cœur des débats.
Un engagement solennel et une feuille de route régionale
L’aboutissement concret de ce sommet a été l’adoption d’un « Agenda Régional pour les Filles », un plan d’action collectif accompagné d’engagements fermes des parties prenantes. Cet Agenda a été officiellement remis à la Ministre Maïmouna Dièye, qui l’a reçu au nom du Président de la République du Sénégal.

Devant une assemblée attentive, la Ministre a salué la clairvoyance des participantes : « Les filles ont parfaitement réussi à démontrer qu’elles ont une réelle connaissance des multiples défis inhérents à leur situation d’adolescence. » Prenant un engagement solennel, elle a assuré porter ces documents « de manière inclusive et participative » devant le Conseil des ministres sénégalais. Elle a ensuite lancé un appel pressant à la communauté internationale : « J’appelle tous les États ici présents ainsi que les partenaires au développement à ne pas en faire un simple document, mais une feuille de route contraignante. Vos voix […] doivent être entendues, respectées et financées. »
Les partenaires s’engagent pour le suivi et le financement
Du côté des partenaires, l’engagement était tout aussi marqué. Omar Abdi, Directeur général adjoint de l’UNICEF, a rappelé le formidable levier que représente l’investissement dans les filles, soulignant que « combler le fossé numérique pourrait ajouter 1,5 mille milliards de dollars américains à l’économie mondiale ». Il a encouragé les jeunes à continuer de partager leurs idées et à construire des réseaux.

Gilles Fagninou, Directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, est allé plus loin en annonçant la mise en place d’un mécanisme de suivi. « Nous nous engageons aux côtés du gouvernement Sénégalais et des gouvernements de tous les 23 autres pays, pour le suivi des recommandations […] afin que la prochaine session, qui se tiendra dans deux ans, soit réellement une célébration de victoire, de progrès. »
Ce premier sommet, tenu symboliquement lors de la Journée Internationale de la Fille, a ainsi posé les bases d’une action régionale concertée. Il a démontré la puissance d’une génération de filles prêtes à être, comme les y a exhortées la Ministre Dièye, « le moteur de la transformation de l’Afrique et de l’avènement d’un monde plus juste ». Leur agenda est désormais sur la table ; le compte à rebours pour sa mise en œuvre est lancé.
Megan Valère SOSSOU
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