Construites en 2018, sur le Fonds Fadec santé exercice 2017, par la mairie de Zogbodomey, au profit des populations, les maternités de Tanwé-Hessou et de Cana1 ne sont, à ce jour, opérationnelles. Cet état de chose apparaît comme un gâchis pour les bénéficiaires. Ils crient leur ras-le-bol et appellent au secours le ministre de la santé.
Si le conseil communal a décidé d’orienter le Fonds Fadec santé, exercice 2017, vers la construction de ces infrastructures, c’est parce que le besoin se fait sentir de façon urgente au sein de ces communautés bénéficiaires. Force est de constater avec amertume que près de trois ans après la réception, l’ouvrage n’est toujours pas mis en service au grand désarroi des populations. <<Lorsqu’on lançait les travaux en 2018, on pensait que c’était la fin de notre calvaire. Malheureusement notre espoir s’est vite estompé puisque, la maternité ne nous sert pas encore>>, fait remarquer Christine Tonon. Mais pourquoi trois ans après l’érection de l’édifice, les maternités de Cana1 et de Tanwé-Hessou sont toujours sans équipement ni personnel? La Mairie n’a-t-elle pas prévu ces aspects avant de lancer la construction des édifices ? A qui incombe la responsabilité ? A la mairie ou à l’Etat central? Autant de préoccupations qui trottent dans la tête des bénéficiaires. Difficile pour le Chef de l’arrondissement (Ca) de Tanwé-Hessou d’étancher la soif de compréhension de ses administrés. A défaut de leur servir une réponse convaincante pour les apaiser, Antoine Azaguissou est plutôt compatissant. <<La Mairie a fini les constructions et à déjà remis les infrastructures à la zone sanitaire. En conséquence, il revient à ladite zone sanitaire d’organiser leur mis en service >>, fait savoir un agent de la Mairie sous le sceau de l’anonymat. Fatigués de ces discours, les habitants exigent le concret et non la théorie qui visiblement ne tient pas. <<Nous voulons que notre maternité fonctionne ou rien >>, martèle Vincent Avléssi.
Afin de porter plus loin leur peine, ils ont investi les radios locales pour se faire mieux entendre à travers les “grognes” matinales. <<Nous avons tenté en vain en direction de la Mairie et de l’hôpital de zone des démarches pour s’informer des motifs du blocage. Mais patatras! Ainsi on a décidé de renforcer la pression par les grognes>>, confie un éveilleur de conscience qui a requis l’anonymat.
Un brin d’espoir
Ce moyen privilégié par les jeunes de ces localités pour se faire entendre semble porter ses fruits. Et pour cause. Le mardi 27 avril dernier, une équipe d’experts européens ont effectué une visite sur le site de la maternité de Tanwé-Hessou pour évaluer tout ce qu’il faut en termes d’énergie électrique pour que la maternité soit opérationnelle. <<A notre grande surprise, on m’a appelé pour me dire qu’une équipe sera sur le terrain. Effectivement, ils sont venus>>, a rassuré le Ca de Tanwé-Hessou. Après leur diagnostic, ils ont réitéré leur engagement de revenir la semaine prochaine pour démarrer les travaux d’alimentation de la maternité en énergie solaire photovoltaïque. Une promesse qui illumine quelque peu le visage de la population en commençant par le Ca. <<Je suis très content de leur visite puisque la population peine beaucoup>>, a-t-il laissé entendre. Une joie que partage également Brigitte Assohoto. <<S’ils peuvent nous rendre la maternité fonctionnelle dans un bref délai comme ils l’ont promis, ce serait un salut pour nous les femmes>>, renchérit-elle. Se rendre à la maternité du centre de santé communal de Zogbodomey situé à une dizaine de kilomètres, c’est la croix et la bannière pour ces femmes, notamment celles en état de grossesse. <<Lors des consultations prénatales, on se rend à l’hôpital à pied avec tous les risques que vous connaissez. Le jour de la délivrance, c’est le comble. Certaines parmi nous accouchent en cours de route à cause du retard qu’elles accusent avant de prendre le chemin de l’hôpital faute d’un moyen de déplacement conséquent. Récemment, une dame a fait des jumeaux lors du trajet dans des conditions peu hygiéniques. Conséquence, elle a perdu l’une des filles nouveau-née>>, raconte Brigitte Assohoto. Leur époux aussi en pâtit. <<Franchement, sans vous mentir, tout se passe chez nous comme si nous ne sommes pas des Béninois. Notre droit à la santé est bafoué. Sinon comment comprendre qu’une maternité construite à nos frais depuis environ trois ans soit sans équipement et personnel. C’est inadmissible. L’Etat doit revoir cette politique de développement à la base. Nos enfants et nos femmes meurent à cause de cette banalité. La voie qui dessert le village est impraticable alors que nous contribuons tous au développement de la Nation de par nos activités. Qu’avons-nous fait pour subir ce supplice ?>>, s’indigne Bertrand Azaïnon. Nicolas Azaguissou n’a pas voulu être amer comme son prédécesseur. Tout en adoucissant ses propos, il invite les autorités sanitaires à voler à leur secours. Il faut signaler que les ouvrages réalisés au frais des contribuables béninois végètent actuellement dans la brousse. Pendant que l’on ne sait pas encore à quand ces maternités vont recevoir leur première patiente, les chauves-souris y ont élu leur domicile un peu comme pour dire que la nature a horreur du vide.
A Cana1, en dehors du mur qui laisse des fissures par endroit, les personnes mal intentionnées ont vandalisé les puisards en ôtant leurs avaloirs parce que le site est abandonné dans l’insécurité. Par contre à Tanwé-Hessou, les citoyens veillent au grain en faisant régulièrement des tours pour empêcher les oiseaux et les reptiles de se fixer. <<Ici, nous avons organisé volontairement une permanence en vue de maintenir l’ouvrage>>, fait savoir Nicolas Aguidissou. En somme les populations de Cana1 et de Tanwé-Hessou attendent impatiemment la mise en service de leur maternité en attendant la construction progressive des autres infrastructures connexes pour avoir un centre de santé d’arrondissement digne du nom.
Source: MatinLibre.com