Des échos résonnent depuis plusieurs années sur la découverte de lithium au Bénin, et la récente annonce de gisements dans la commune de Tchaourou, au nord du Bénin, ne fait pas exception. Alors que certains experts du secteur minier sont empreints d’enthousiasme face à cette nouvelle, d’autres se montrent plus sceptiques, soulevant des interrogations quant à l’impact environnemental et social de cette perspective. Pendant que Roger Masso SOUROGOU, Directeur départemental de l’eau et des mines du Borgou, se montrait catégorique sur la découverte de lithium, l’expert géologue sénior, Désiré GANGNON, a exprimé des réserves quant à la manière dont cette annonce a été présentée.
En effet, selon les déclarations de Roger Masso SOUROGOU, les gisements de lithium découverts à Tchaourou sont en quantité suffisante et les premiers résultats sont concluants. Cette déclaration a été présentée comme une opportunité exceptionnelle pour le Bénin, susceptible de propulser le pays sur la scène mondiale en tant que fournisseur de cette ressource stratégique.
Cependant, l’expert géologue Désiré GANGNON soulève des questions importantes sur les bases de données d’exploration utilisées pour faire cette déclaration. Il met en garde contre le risque de se laisser emporter par des considérations politiques et rappelle l’exemple du pétrole dans le passé, où des annonces prématurées ont créé des attentes démesurées et finalement déçues.
Il souligne que la découverte d’un véritable gisement minier nécessite un processus rigoureux d’exploration, impliquant des compétences diverses en géologie et des forages approfondis pour évaluer avec précision la teneur et la taille des ressources. Les exemples du Mali et du Ghana sont cités pour illustrer des projets de lithium bien avancés dans la sous-région, avec des mises à jour régulières des estimations des ressources et des plans concrets de construction de mines.
Dès lors, il est crucial selon l’expert de faire la distinction entre un simple indice minéral et un véritable gisement économiquement viable. Les retombées sociales, économiques et environnementales d’une telle découverte sont énormes, et les annonces prématurées peuvent entraîner des attentes irréalistes et des déceptions potentielles pour la population a-t-il poursuivi.
Désiré GANGNON suggère que les autorités béninoises mènent des études approfondies, basées sur des données scientifiques vérifiables, avant de faire des déclarations publiques sur la découverte de gisements miniers. A l’en croire, la transparence et la rigueur scientifique sont nécessaires pour bâtir la crédibilité du Bénin dans le secteur minier et attirer des investissements étrangers sérieux.
Du Lithium au Bénin ? Ce n’est pas une première fois
Avant Tchaourou, le ministère de l’Eau et des Mines avait déjà annoncé la découverte du lithium dans le département du Plateau, plus précisément à Kétou, ainsi qu’à Ségbana, dans le département de l’Alibori.
Une ressource minière dont les études sont effectuées dans la commune de Ségbana à Lougou, à environ 60 km du village Gbassé dans l’Alibori. Selon des informations renseignées sur le site officiel du ministère, une reconnaissance géologique a été menée par la Direction Générale des Mines (DG-Mines) et l’Office Béninois de Recherche Géologiques et Minières (OBRGM) sur une superficie de 16 km² à la maille 500 m x 500 m. Des prélèvements de 77 échantillons ont été réalisés et les analyses de laboratoire ont révélé des teneurs en lithium allant de 0,0024 à 43 ppm.
Le lithium est une ressource rare et stratégique, le gouvernement souhaite explorer le potentiel de ces gisements pour attirer des investisseurs étrangers intéressés par cette matière première essentielle.
Selon Samou Adambi, Ministre de l’Eau et des Mines, des investisseurs étrangers sont déjà prêts à investir dans ces gisements, et l’État béninois travaille activement pour établir le périmètre global des ressources minérales. Des partenaires européens et américains se montrent particulièrement intéressés.
Une approche innovante pour l’exploitation du lithium au Bénin
Cependant, le Bénin ne souhaite pas exploiter de manière brute ses ressources minières. Samou Adambi déclare que le pays a une vision à long terme pour cette ressource. L’objectif est de créer une chaîne de valeur intégrée, du lithium brut à la fabrication de produits finis au Bénin. Par exemple, si l’on veut produire des batteries avec le lithium béninois, ces batteries seront fabriquées sur le territoire national a-t-il soutenu.
Une décision qui illustre la volonté du Bénin de tirer pleinement parti de ses ressources et de favoriser le développement d’une industrie locale autour du lithium.
De sources bien informées, la découverte du lithium au Bénin est une réalité, cependant certains acteurs politico-administratifs pour des visées purement politiques commencent à en faire une propagande démesurée moins avantageuse pour le Bénin.
Si le potentiel en lithium du Bénin se concrétise davantage, cela pourrait non seulement stimuler l’économie nationale mais aussi renforcer la position du pays sur la scène internationale en tant que fournisseur clé de cette ressource précieuse.
Il convient de rappeler que le lithium est un composant essentiel utilisé dans la fabrication de batteries pour les véhicules électriques, le stockage d’énergie, les téléphones, les ordinateurs portables, les drones, et bien plus encore. Sa demande mondiale est en augmentation constante, car il est considéré comme un élément clé de la transition énergétique vers des sources d’énergie plus propres et durables.
Megan Valère SOSSOU
Un commentaire sur « Découverte de lithium au Bénin : Distorsion politique ou véritable opportunité à saisir ? »
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