PNAN 2024 : une société civile tenue à l’écart d’une politique qu’elle devra mettre en œuvre

Si la Politique Nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (PNAN), adoptée en juillet 2024, est saluée pour sa vision, sa légitimité est fragilisée par le manque d’implication de la société civile dans son processus d’élaboration. Les acteurs communautaires, pourtant au cœur des interventions de terrain, n’ont pas été pleinement associés. Une exclusion dénoncée par plusieurs ONG, qui alertent sur les risques de non-appropriation locale et d’échec dans la mise en œuvre.

L’Alliance de la Société Civile pour l’Intensification de la Nutrition au Bénin (ASCINB), faitière des organisations de la société civile luttant contre la malnutrition au Bénin n’a pas été associée à la validation du document. Le texte officiel mentionne une consultation large, sans toutefois préciser les entités concernées, laissant planer un doute sur la représentativité réelle et la dimension inclusive du processus.

Une société civile absente du processus d’élaboration

Augustin Babagbeto, Chargé de Programmes à la Mutuelle de Jeunes Chrétiens pour le Développement (MJCD ONG), participant à l’atelier national d’appropriation de la PNAN organisé par l’ASCINB, estime que bien que la Politique Nationale de l’Alimentation et de la Nutrition parte d’une bonne intention, elle souffre de lacunes majeures qui traduisent une faible implication de la société civile dans son élaboration.

À son avis, si les organisations de terrain avaient été associées, plusieurs de ces faiblesses auraient pu être évitées. Il souligne également qu’un grand nombre d’acteurs locaux ignorent même l’existence du document, ce qui, selon lui, compromet sérieusement son efficacité, puisque ceux chargés de sa mise en œuvre n’en ont pas connaissance ni appropriation. Il est convaincu qu’avec les apports constructifs de la société civile, le tir pourra être corrigé.

A noter que le document adopte une définition classique de la nutrition, centrée sur les processus biologiques. Une vision jugée trop étroite par les experts ayant passés au peigne fin le document. Pourtant, le Professeur Roch Mongbo, expert reconnu, avait proposé une définition plus intégrative, « La nutrition est l’ensemble des processus biologiques, sociaux, psychiques, environnementaux, par lesquels l’organisme humain valorise l’aliment pour la vie. »

Une telle définition aurait permis une meilleure prise en compte des facteurs sociaux, culturels et environnementaux dans la lutte contre la malnutrition.

L’absence d’approche communautaire

La stratégie proposée reste technocratique selon les experts. Elle néglige les dynamiques communautaires et les savoirs locaux. Aucune stratégie spécifique n’est prévue pour mobiliser les bénéficiaires, intégrer leurs réalités ni valoriser les dispositifs communautaires déjà en place, souvent portés par des ONG.

La PNAN n’analyse pas en profondeur les causes structurelles de la malnutrition, notamment les inégalités de genre, les pratiques culturelles, les difficultés d’accès aux soins, ou encore la précarité économique des femmes. Ces dimensions sont pourtant essentielles pour la réussite de toute politique nutritionnelle.

L’Agence Nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (ANAN), chargée du suivi, ne prévoit pas explicitement la participation des organisations de la société civile dans le mécanisme d’évaluation. Où sont les indicateurs ? Où est le plan d’action ?, s’interrogent les organisations de la société civile avant de noter que la société civile est totalement absente du dispositif de suivi comme à l’élaboration.

Vers une meilleure inclusion ?

Face à cette mise à l’écart, la société civile entend apporter ses contributions pour une politique inclusive et réaliste. Des consultations sont en cours actuellement à Grand Popo pour formuler des propositions concrètes afin d’améliorer la politique, renforcer la transparence et garantir l’appropriation communautaire.

Il est évident que sans la mobilisation des organisations de terrain, la PNAN risque de rester un texte sans effet. Une politique publique qui ne s’appuie pas sur ceux qui œuvrent au quotidien pour la nutrition est vouée à l’inefficacité.

Megan Valère SOSSOU




Bénin : des villages jadis oubliés, aujourd’hui connectés à l’eau potable

Dans la commune de Bantè, les habitants ont longtemps cru que l’eau potable était un luxe réservé aux riches. « Nous n’avons jamais bénéficié des services de la Soneb », déplorait un habitant il y a encore quelques années. Aujourd’hui, cette situation est en train de changer.

Des communes comme Banikoara, Bembèrèkè ou encore Lokossa voient fleurir des forages, des réservoirs d’eau modernes et des bornes-fontaines, signes concrets d’une révolution silencieuse. Trente-huit forages d’exploitation et trois piézomètres y ont récemment été approuvés en Conseil des ministres pour améliorer la disponibilité en eau potable.

Dans les départements du Borgou, de l’Atacora et de la Donga, 177 forages sont en cours de réalisation pour alimenter 47 systèmes multi-villages. Un défi géographique majeur que le gouvernement a décidé de relever pour améliorer la vie quotidienne.

Quand l’eau coule enfin

À Bantè, longtemps privée d’infrastructures hydrauliques, les habitants découvrent les effets d’un vaste programme : deux forages réhabilités, trois nouveaux forages, près de 39 000 ml de conduites posées, des réservoirs de 200 m³… et, surtout, une eau désormais accessible à bas prix.

À Glazoué, la pose de 38 100 ml de conduites, la construction de réservoirs de 500 m³ et l’installation de systèmes de télégestion modernisent tout un réseau. La station d’Ayédjoko, d’une capacité de 2 millions de m³, alimente Savè, Dassa-Zoumè et Glazoué.

Même dynamique à Savalou où un important projet d’extension vise à renforcer le réseau existant et connecter de nouveaux quartiers. Les écoles aussi en bénéficient : 123 postes d’eau modernes y ont été installés, notamment dans les établissements dotés de cantines scolaires.

À Abomey-Calavi, une réponse structurelle à la pression démographique

En 2016, Abomey-Calavi produisait 13 574 m³/jour d’eau potable, alors que les besoins excédaient 17 358 m³/jour. Grâce au projet d’adduction d’eau, la ville respire mieux.

La phase I, mise en service en octobre 2020, a permis une production additionnelle de 1 500 m³/h, impactant 240 000 personnes. Les localités de Agori 1 et 2, Houèto, Tankpè ou Zogbadjè sont désormais connectées. La phase III ciblera Ahossougbéta, Ouèdo et Togba, avec un raccordement au réseau de la Soneb pour garantir qualité et coût accessibles.

Une couverture passée de 42 % à 82 % en milieu rural

Autrefois, seuls 300 villages étaient alimentés en eau potable. Aujourd’hui, grâce à la stratégie des adductions d’eau multi-villages, le taux de desserte rural est passé de 42 % à 82 %. 294 bornes-fontaines ont été réalisées sur les 611 prévues, touchant près de 500 villages.

Un modèle pensé pour l’équité : au bout du système, des bornes permettent aux ménages non encore raccordés d’avoir accès à l’eau, à des prix réduits, le branchement individuel coûtant désormais 10 000 F CFA.

Pour réussir cette transformation, le gouvernement a mis en œuvre une réforme clé : la scission de la Soneb en deux entités distinctes, dont la Sobie chargée des infrastructures, et une seconde structure dédiée à la distribution en zones urbaine et rurale.

Réformes profondes et scission de la Soneb

L’objectif : moderniser les équipements vétustes, professionnaliser la gestion et garantir une tarification équitable. « Les réformes menées ont visé à moderniser les équipements. Elles concernent également la professionnalisation du service d’eau en milieu rural et visent à rétablir l’équité en matière de prix », explique le ministre Paulin Akponna.

En neuf ans, le taux de desserte urbaine est passé de 50 % à 75 %, avec 114 000 nouveaux abonnés. La maintenance des ouvrages et les investissements stratégiques dans toutes les régions ont positionné le Bénin comme un modèle régional.

« Ce que le président Patrice Talon promet est toujours suivi du concret », affirme le ministre Akponna, qui annonce déjà de nouvelles perspectives, aussi bien en ville qu’en milieu rural.

Aujourd’hui, grâce à cette politique audacieuse, le Bénin trace son chemin vers l’objectif 6 des ODD : garantir l’accès de tous à l’eau potable d’ici 2030.

Megan Valère SOSSOU




Nutrition au Bénin : la société civile se mobilise pour mieux s’approprier la PNAN

Ce mardi 24 juin 2025 s’est ouvert à Grand Popo l’atelier national d’appropriation de la Politique Nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (PNAN). L’objectif est de renforcer la participation des organisations de la Société Civile à la gouvernance de la nutrition et la mise en œuvre de la PNAN.

Face à des indicateurs de malnutrition encore préoccupants, la mobilisation des organisations de la société civile (OSC) apparaît plus que jamais stratégique. C’est pourquoi, l’Alliance de la Société Civile pour l’Intensification de la Nutrition au Bénin (ASCINB), organise avec l’appui de ses partenaires Care Bénin Togo, GAIN, le Royaume des Pays – Bas un atelier national sous le signe de la nécessité d’une gouvernance participative pour l’amélioration de la nutrition au Bénin.

Pour Aurélien Atidegla, président de l’ASCINB, la tenue de cet atelier découle de constats préoccupants. « La société civile a été peu impliquée dans le processus ayant conduit à l’adoption de la PNAN », déplore-t-il, citant également la faible appropriation de la PNAN par les organisations de la société Civile.

L’enjeu, aujourd’hui, est donc de créer un espace de dialogue critique, pour mieux comprendre la politique nationale, en apprécier la pertinence et formuler des propositions concrètes pour son amélioration.

Une dynamique soutenue par les partenaires

Cette initiative est soutenue par plusieurs partenaires techniques et financiers, à l’image de Care Bénin-Togo, représenté à l’ouverture par Edmond Zinzindohoué, Chef de projet CASCADE. Ce dernier a salué l’initiative en la qualifiant d’alignée avec la théorie du changement portée par le projet. « Susciter la société civile pour améliorer la redevabilité dans le cadre de la nutrition », a-t-il souligné, appelant les participants à se positionner comme « forces de proposition ».

L’intervention de Dagbégnon Tossougbo, représentant de la Direction de l’Alimentation, de la Nutrition Appliquée (DANA), a permis de poser les jalons officiels de l’atelier. Saluant l’action engagée par l’ASCINB.

Si dans son intervention, Dagbégnon Tossougbo a voulu rassurer l’ASCINB sur l’inclusivité du processus ayant abouti à l’adoption de la PNAN, les acteurs de la société civile à travers l’ASCINB affirment n’avoir jamais contribué ni à l’élaboration, ni à la validation de ladite politique.

A noter que lors du lancement, l’absence de l’Agence Nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (ANAN), bras opérationnel de l’État sur les questions nutritionnelles a été remarquée.

Une volonté d’aller de l’avant

Malgré ces divergences, l’ambiance reste constructive. Les OSC présentes à l’atelier réaffirment leur engagement à jouer un rôle actif dans l’amélioration et la mise en œuvre de la PNAN. Pour elles, cet atelier constitue une opportunité de faire entendre leurs voix, d’influencer les politiques publiques, mais surtout de contribuer efficacement à la lutte contre la malnutrition.

Au Bénin, la malnutrition reste un fléau silencieux qui affecte les groupes les plus vulnérables, notamment les enfants et les femmes enceintes. L’amélioration et l’appropriation collective de la PNAN pourrait bien être l’impulsion nécessaire pour faire reculer durablement la malnutrition au Bénin.

Megan Valère SOSSOU




Assemblée Générale Élective de l’AOLB : vers une nouvelle dynamique au service de la spécialité ORL libérale au Bénin

C’est dans une ambiance conviviale et empreinte de professionnalisme que s’est tenue ce samedi 21 juin 2025, à la Résidence Antoinette de Cotonou, l’Assemblée Générale Élective de l’Association des ORL Libéraux du Bénin (AOLB). Cette rencontre, organisée avec l’appui des laboratoires pharmaceutiques FRILAB et HK Pharma, a permis de faire le point sur la mandature écoulée, d’élire une nouvelle équipe dirigeante et de projeter les grandes ambitions de la corporation pour les trois prochaines années.

Dans son bilan moral, le Président sortant, Dr Serge Kpanou, a retracé les principaux jalons qui ont marqué la première mandature de l’AOLB. Il s’est réjoui de l’enracinement progressif de l’association dans l’écosystème sanitaire béninois, « Nous pouvons être fiers aujourd’hui. Nous avons obtenu notre numéro IFU et nous sommes désormais inscrits à la Plateforme Sanitaire du Secteur Privé (PSSP). Cela nous donne plus de visibilité et crédibilité aux côtés des autres associations de professionnels de santé », a-t-il souligné, visiblement ému.

Il a également rappelé l’implication active de l’AOLB dans le récent congrès conjoint SOBENORL/SORLAF, tenu les 9, 10 et 11 avril 2025, à Cotonou. « L’AOLB a été très dynamique dans l’organisation de ce congrès. Nous n’avons pas laissé la société mère tout faire, nous avons pris notre place et montré notre capacité de mobilisation », a-t-il insisté.

Cette première mandature aura aussi été marquée par l’organisation de plusieurs sessions de formation post-universitaire, dont certaines en synergie avec d’autres associations membres de la PSSP, notamment l’Association des Cliniques Privées du Bénin (ACPB), l’Association des Pharmaciens du Bénin et celle des Kinésithérapeutes.

Mais le Président sortant reste lucide sur les défis à venir, « L’Autorité de Régulation du Secteur de la Santé (ARS) nous engage dans une dynamique de regroupement et de structuration. Ce ne sera pas facile si nous ne prenons pas les devants pour travailler ensemble, dans un esprit de solidarité et de complémentarité », a-t-il averti.

Une équipe réélue autour de la continuité et de l’innovation

À l’issue du vote, le bureau sortant a été largement reconduit avec une seule nouvelle entrée : Dr Salouf Mouckaila, élu Secrétaire Général Adjoint. Le bureau exécutif pour la mandature 2025-2028 se compose comme suit :

  • Président : Dr Serge Kpanou (réélu)
  • Secrétaire Générale : Dr Osséni Lafia Marizoukatou (réélue)
  • Secrétaire Général Adjoint : Dr Salouf Mouckaila (nouvel élu)
  • Trésorière Générale : Dr Amoussa Osséni Assani Kassiratou (réélue)
  • Trésorière Générale Adjointe : Dr Badarou Elègbèdè Souratoulaye (réélue)

Au niveau du Commissariat aux Comptes, Dr Nago Ginette a été reconduite, accompagnée de Dr Lokossou Armelle.

Prenant la parole après sa réélection, le Président Kpanou a remercié les membres pour cette confiance renouvelée :

« Le parcours a été élogieux, mais les défis à venir sont importants. Nous devons désormais accentuer notre visibilité, renforcer la cohésion entre nos membres et travailler à l’union des cliniques au sein de notre association », a-t-il déclaré.

Il a également annoncé la structuration de nouveaux pôles de travail internes : un pôle chirurgie, un pôle exploration, et un pôle dédié aux cliniques de garde (week-end). L’objectif est d’éviter que les patients ne se dispersent dans l’offre de soins faute d’orientation claire.

« Nous voulons qu’à la fin de ce mandat, l’on puisse mesurer concrètement les progrès accomplis. Nous avons les ressources humaines, nous avons la volonté. Il nous faut maintenant de la méthode », a-t-il affirmé.

Vers une profession ORL libérale plus visible et structurée

Président du présidium de l’assemblée, le Dr Adahè Wilfrid Romain, Médecin ORL-CCF a livré un message sobre et encourageant en appelant les ORL libéraux à plus de solidarité et de responsabilité professionnelle. « Il faut que nous soyons représentatifs dans la spécialité. Le secteur public est déjà en place, mais nous devons nous organiser pour inverser la tendance qui donne souvent l’ascendant au public. C’est dans la solidarité et la qualité des soins que nous y parviendrons », a-t-il exhorté. Sur la question de la formation continue, Dr Adahè Wilfrid Romain a encouragé ses collègues à suivre les enseignements de la société mère et des institutions internationales tout en restant concentrés sur leur mission première : offrir des soins de qualité aux patients.

L’événement a également permis d’exprimer les attentes des membres, notamment en ce qui concerne le renforcement des collaborations avec le Ministère de la Santé, les structures hospitalières, et les partenaires techniques.

« Le rôle de l’AOLB est de fédérer les ORL libéraux autour de pratiques éthiques et professionnelles. Nous voulons participer activement aux concertations nationales, et être un relais pertinent entre le terrain et les institutions de régulation », a rappelé le Président Kpanou. Il a aussi évoqué la nécessité d’une meilleure coordination avec l’ARS, pour accompagner la dynamique nationale de structuration du secteur privé de santé. « Nous sommes prêts à jouer notre rôle dans cette mutation en cours », a-t-il conclu.

Une communauté renforcée autour de valeurs partagées

La tenue de cette assemblée a une fois de plus démontré l’engagement de la communauté ORL libérale à construire une association solide, respectée et utile à la profession comme aux patients. L’accompagnement des laboratoires partenaires, notamment FRILAB et HK Pharma, a été salué pour son importance dans la réussite de l’événement.

Avec cette nouvelle équipe dirigeante, des objectifs clairs et une dynamique collective consolidée, l’AOLB entame un nouveau cycle sous le sceau de la continuité, de l’innovation et de la solidarité professionnelle.

Mahugnon Josué TCHAGNONSI




Mobilisation régionale pour la nutrition : l’ASCINB porte la voix du Bénin à Lagos

Du 9 au 14 juin 2025, l’Alliance de la Société Civile pour l’Intensification de la Nutrition au Bénin (ASCINB) a pris part à la rencontre régionale annuelle des Alliances de la Société Civile SUN de l’Afrique de l’Ouest, du Centre et des îles (Comores et Madagascar), tenue à Lagos, au Nigeria. Cet événement a réuni les représentants de 22 pays autour du thème : « Une société civile plus forte pour accélérer les progrès en matière de nutrition ».

Dans un contexte de crises multiples — conflits, changement climatique, insécurité alimentaire, inégalités structurelles, et faiblesse des systèmes de santé —, les participants ont unanimement reconnu les défis persistants que pose la malnutrition dans la région. Ils ont aussi pointé les retards dans l’atteinte des objectifs 2030, exacerbés par un financement insuffisant et une faible coordination.

Face à cette situation, les délégués, dont l’ASCINB, ont réaffirmé leur engagement collectif à mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes, en renforçant leur collaboration avec les gouvernements, les Nations unies, les donateurs, le secteur privé et les communautés.

Les participants ont également réaffirmé leur volonté de poursuivre leurs efforts en faveur de la nutrition, en dépit des contraintes financières et des contextes souvent difficiles.

La déclaration finale appelle les gouvernements à instaurer un environnement propice à l’action de la société civile, fondé sur la transparence, la participation et la redevabilité. Elle les exhorte également à reconnaître pleinement le rôle stratégique des Alliances SUN dans la gouvernance des politiques de nutrition, et à accroître les ressources financières nationales allouées à ce secteur vital.

Les institutions régionales et le secteur privé sont, de leur côté, encouragés à investir durablement dans le renforcement institutionnel des alliances, en soutenant leur ancrage communautaire, leur capacité de plaidoyer et leur autonomie financière.

Quant aux partenaires techniques et financiers, la déclaration les invite à maintenir, voire renforcer leur soutien, afin de préserver les acquis obtenus et de favoriser la mise à l’échelle des solutions locales.

À l’issue de cette rencontre, les Alliances de la Société Civile SUN se déclarent « renforcées, alignées et mobilisées » pour intensifier leur engagement en faveur de l’élimination de la malnutrition en Afrique de l’Ouest, du Centre et des îles.

L’ASCINB, par sa présence, a réaffirmé sa détermination à jouer un rôle central dans la lutte contre la malnutrition au Bénin et à contribuer aux dynamiques régionales, dans un esprit de solidarité et d’engagement collectif.

Lire la Déclaration finale de cette rencontre ici

Megan Valère SOSSOU




Poliomyélite : le Bénin lance une campagne nationale pour vacciner 4 millions d’enfants

Du 20 au 23 juin 2025, le gouvernement béninois, à travers le ministère de la Santé, organise une vaste campagne de vaccination contre la polio. L’objectif : immuniser plus de 4 millions d’enfants de moins de cinq ans face au risque grandissant de circulation du poliovirus variant de type 2.

Trois cas confirmés de poliovirus variant de type 2 (PVDVc2) ont été détectés en 2025 au Bénin, notamment dans les départements du Plateau et du Borgou. Des analyses environnementales ont également révélé la présence du virus dans les eaux usées, signe d’une circulation continue dans certaines zones frontalières avec le Nigeria. Face à ce constat préoccupant, le ministère de la Santé a décidé de lancer une campagne nationale de vaccination avec le nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (nVPO2).

Cette décision s’aligne sur les recommandations de la Commission régionale de certification pour l’Afrique, formulées lors de sa 33e réunion statutaire.

Une stratégie basée sur la santé communautaire

La campagne, qui s’étend du 20 au 23 juin 2025, vise exactement 4 263 190 enfants âgés de 0 à 59 mois sur l’ensemble du territoire national. Elle s’inscrit dans le cadre du Grand Rattrapage vaccinal, sous le thème « L’immunisation pour tous est possible ».

Conformément à la Politique Nationale de Santé Communautaire initiée en 2020, chaque équipe de vaccination est composée de deux relais communautaires chargés de visiter environ 200 ménages chacun. Plus de 15 496 relais, 1 920 membres d’écoute sociale et de nombreux mobilisateurs ont été formés et déployés pour garantir le succès de cette campagne.

Présidant la cérémonie de lancement à Cotonou, le Ministre de la Santé, Professeur Benjamin Hounkpatin, a insisté sur l’importance stratégique de cette opération, « C’est pourquoi notre vigilance ne va jamais faiblir. Grâce à la vaccination, nous avons les moyens de lutter contre la maladie jusqu’à son éradication complète. Cette campagne s’inscrit donc dans une logique de renforcement du Programme Elargi de Vaccination mais aussi dans notre volonté politique de garantir la couverture sanitaire universelle. Le vaccin est sûr, efficace et gratuit. »

Il a également rappelé le rôle essentiel des agents de santé communautaire, « Chers relais communautaires, votre rôle est très déterminant. Vous êtes responsables de la qualité de la campagne. Chaque ménage doit être visité et aucun enfant ne doit être laissé pour compte. »

Un soutien massif des partenaires techniques et financiers

La campagne bénéficie d’un appui important de partenaires internationaux, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UNICEF, Gavi – l’Alliance du Vaccin, et Rotary International. Leurs représentants ont assisté à l’événement de lancement à Cotonou.

Le Représentant de l’OMS, Dr Kouamé Jean Konan, a souligné la nécessité de campagnes régulières, « Les enfants qui ne sont pas à jour de leur vaccination de routine sont des cibles pour la maladie et constituent aussi un risque pour les autres. […] La dernière campagne de riposte, en juin 2024, en est encore l’illustration. »

Une lutte contre la désinformation bien organisée

Pour contrer les fausses informations autour de la vaccination, les autorités béninoises ont mobilisé les chefs traditionnels, leaders communautaires et volontaires de santé, à travers les Composantes locales du Système de Santé (CoLOSS). Cette stratégie vise à renforcer la confiance des populations et encourager l’adhésion.

Le Représentant de l’UNICEF, M. Ousmane Niang, a salué leur implication, « Je témoigne ma reconnaissance à leur endroit pour leur rôle indéniable dans cette campagne. Je les encourage donc à plus d’efforts de mobilisation des parents pour un accueil chaleureux des équipes de vaccination. »

Cette campagne s’inscrit dans la stratégie de l’OMS pour l’Afrique, qui vise à interrompre tous les foyers de PVDVc2 d’ici fin 2025. Le Bénin, par cette action, réaffirme son engagement à garantir la santé de chaque enfant et à éliminer définitivement la poliomyélite sur son territoire.

Megan Valère SOSSOU




Koudjé, là où le typha cède la place à la vie : un projet pilote qui transforme les marais en moteur de résilience

Dans le Dallol Bosso, aux abords de la réserve de Dosso, un combat silencieux se joue : celui de l’homme contre les plantes envahissantes. Mais ici, c’est la nature qui gagne, avec l’homme comme allié. Sur ce territoire le Projet NB-ITTAS transforme des vies grâce à une restauration au service de la communauté.

Dans la commune de Falmey, région de Dosso au Niger, le Projet NB-ITTAS a permis de mettre en œuvre un projet pilote audacieux : la gestion écologique de la mare de Koudjé, envahie par le Typha domingensis, une plante aquatique invasive qui menaçait les moyens de subsistance locaux, la biodiversité et les équilibres hydrologiques.

L’initiative, portée par l’Autorité du Bassin du Niger avec l’appui du FEM, s’est concentrée sur trois axes d’intervention. Il s’agit du faucardage de 10 hectares de typha pour libérer la mare ; de la formation de 31 membres des coopératives locales, dont 9 femmes, sur la GIRE, la gestion communautaire et l’utilisation durable des ressources naturelles ; et la mise en place d’un hectare de site maraîcher irrigué, apportant une nouvelle source de revenu durable pour les populations riveraines.

Pour accélérer le processus pour l’atteinte des résultats, des équipements de pêche et de transformation ont également été remis aux mareyeuses et pêcheurs de Koudjé, concrétisant l’ambition du projet : restaurer l’environnement tout en améliorant la vie des communautés.

Une dynamique collective portée par les acteurs locaux

Le projet s’appuie sur quatre organisations paysannes solidement ancrées dans les villages de Koudjé, regroupant hommes et femmes dans une dynamique coopérative. Avec l’appui de la mairie et des services techniques, des comités de gestion ont été mis en place, assurant un suivi de proximité et la sécurisation des aménagements.

Les premiers résultats sont visibles : les habitats se reconstituent, l’eau circule à nouveau, les revenus augmentent, et les savoirs se transmettent.

C’est un véritable projet intégré qui transforme substantiellement des vies. A Koudjé, la lutte contre le typha n’est pas seulement écologique. Elle est sociale, économique, culturelle. Elle incarne l’avenir.

Après le « happy end »

La communauté exprime un fort engouement pour une extension du projet. Mais des défis subsistent, notamment les menaces sécuritaires et les lenteurs administratives. Le Niger plaide pour que, dans la phase 2 du Projet NB-ITTAS : les projets à fort impact économique soient multipliés (apiculture, écotourisme, éducation environnementale) ; les programmes régionaux soient priorisés, notamment dans le complexe W et les zones humides partagées avec le Bénin et le Burkina ; et la biodiversité soit mieux suivie et valorisée, y compris les espèces aviaires et les produits forestiers non ligneux.

Mais en attendant, les populations profitent d’une nouvelle vie agréable. Plus qu’un projet pilote, Koudjé est une preuve vivante que la gestion durable des ressources peut rimer avec dignité humaine et espoir collectif.

Communication Projet NB-ITTAS




Des journalistes formés aux enjeux sanitaires de l’eau de boisson consommation au Bénin

À Cotonou, le vendredi 13 juin 2025, le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN Bénin) a tenu la quatrième édition de ses rencontres périodiques, consacrée cette fois aux problèmes sanitaires liés à l’eau de consommation. Le thème retenu : « Eau de boisson au Bénin : défis et perspectives pour la santé des populations », a réuni plusieurs journalistes autour d’une problématique majeure de santé publique.

Au cœur des échanges, l’intervention du Dr Firmin Adandédji, chercheur à l’Institut National de l’Eau (INE), a apporté un éclairage scientifique sur la situation actuelle. Il a présenté des résultats de recherches qui confirment une qualité de l’eau préoccupante pour une large partie des Béninois. En 2022, seuls 67,4 % de la population bénéficiaient d’un service de base en eau potable – un chiffre inférieur à la moyenne régionale – et moins de 20 % disposaient d’installations sanitaires sécurisées.

Les causes de la pollution de l’eau sont multiples et bien identifiées. Elles incluent les rejets domestiques non traités, une gestion inefficace des déchets, la défécation à l’air libre et l’insalubrité des alentours des points d’eau. S’y ajoutent les forages privés non autorisés, qui fournissent souvent une eau distribuée sans contrôle sanitaire.

Des analyses menées à Abomey-Calavi ont révélé que plus de 30 % des puits y sont contaminés. Dans des quartiers tels qu’Agori, Cité-la-Victoire ou Jouhadié, la présence de coliformes fécaux dans l’eau de consommation a été constatée. Cette situation est en grande partie due au non-respect des distances réglementaires entre latrines et points d’eau.

À Djougou, les données sanitaires mettent en évidence l’exposition élevée des enfants de 1 à 14 ans à des maladies hydriques. Diarrhées, dermatoses et fièvre typhoïde y sont couramment observées, confirmant l’impact direct de la mauvaise qualité de l’eau sur la santé des populations les plus vulnérables.

Par cette initiative, le REMAPSEN Bénin entend renforcer les capacités des journalistes afin qu’ils puissent mieux relayer ces enjeux auprès du grand public et contribuer à une meilleure sensibilisation autour des problématiques de l’eau et de la santé.

Megan Valère SOSSOU




Nice sonne l’alerte et l’engagement pour les océans

Sur les rives de la Méditerranée, la ville de Nice a accueilli, du 9 au 13 juin, la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC3), co-organisée par la France et le Costa Rica. L’événement a réuni 15 000 participants, dont plus de 60 chefs d’État et de gouvernement, venus des quatre coins du monde pour réfléchir à l’avenir des mers et des océans.

La clôture a été marquée, vendredi, par le puissant concert des cornes de brume des navires du port de Nice. Juste avant, plus de 170 États avaient adopté une déclaration politique ambitieuse visant à accélérer la préservation des océans.

« Nous clôturons cette semaine historique non seulement avec de l’espoir, mais avec des engagements concrets, une direction claire et une dynamique incontestable », a affirmé Li Junhua, secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales, et secrétaire général de la conférence.

Un plan d’action global

La conférence a donné naissance au Plan d’action de Nice, fondé sur deux piliers : une déclaration politique commune des États membres, et plus de 800 engagements volontaires portés par des gouvernements, des scientifiques, des agences de l’ONU et des représentants de la société civile.

Parmi les annonces les plus marquantes, la Commission européenne a promis un milliard d’euros pour la conservation des océans, la science marine et la pêche durable. La Polynésie française a quant à elle annoncé la création de la plus grande aire marine protégée au monde, couvrant l’ensemble de sa zone économique exclusive, soit environ cinq millions de kilomètres carrés.

L’Allemagne s’est engagée à hauteur de 100 millions d’euros pour le retrait de munitions immergées dans les mers du Nord et Baltique. De son côté, la Nouvelle-Zélande a débloqué 52 millions de dollars pour améliorer la gouvernance océanique dans le Pacifique. L’Espagne a annoncé la création de cinq nouvelles aires marines protégées.

Une coalition de 37 pays, menée par le Panama et le Canada, a lancé la High Ambition Coalition for a Quiet Ocean, pour lutter contre la pollution sonore sous-marine. Par ailleurs, l’Indonésie, en partenariat avec la Banque mondiale, a présenté une « obligation corail » destinée à financer la conservation des récifs coralliens.

« Les vagues du changement déferlent », a souligné M. Li. « Il est désormais de notre responsabilité collective de les endosser – pour les peuples, pour la planète, pour les générations futures ».

Une scène de diplomatie planétaire

L’ouverture de la conférence a été marquée par un constat sans appel du secrétaire général de l’ONU, António Guterres : « Nous ne traitons pas l’océan à la hauteur de ce qu’il est – le bien commun mondial par excellence. »

Les présidents Emmanuel Macron et Rodrigo Chaves Robles ont, quant à eux, plaidé pour un renouveau du multilatéralisme, fondé sur la science.

Lors de la clôture, l’envoyé spécial de la France, Olivier Poivre d’Arvor, a rappelé le pari de cette édition : « À Nice, nous avons voulu tenter un pari : celui d’un changement transformateur. Je pense que nous avons avancé, mais nous ne pouvons plus reculer. »

L’un des objectifs principaux de la conférence était d’accélérer l’entrée en vigueur du traité sur la haute mer (BBNJ), adopté en 2023. Avec 19 ratifications supplémentaires annoncées cette semaine, le traité compte désormais 50 ratifications sur les 60 requises. « C’est une victoire considérable », a déclaré M. Poivre d’Arvor. « Il est très difficile d’agir pour l’océan aujourd’hui, alors que les États-Unis sont aussi peu impliqués. » Faisant référence à l’absence de hautes autorités américaines et à l’ordonnance du président Donald Trump visant à lancer l’exploration minière dans les grands fonds marins, il a insisté :

« Les abysses ne sont pas à vendre. » Il s’est toutefois félicité de la participation massive : « Un pays est peut-être absent, mais 92 % des copropriétaires étaient présents aujourd’hui à Nice. » Le ministre des Affaires étrangères du Costa Rica, Arnoldo André-Tinoco, a appelé à un engagement ferme en faveur du financement de la protection océanique : « Chaque engagement doit être scrupuleusement suivi. »

Un moment charnière pour l’avenir marin

Peter Thomson, envoyé spécial de l’ONU pour l’océan, a souligné l’importance du tournant que représente cette conférence : « Ce n’est pas tant ce qui se passe lors de la conférence qui compte, mais ce qui en découle. » Il a évoqué les avancées majeures depuis l’adoption de l’ODD 14 en 2015 : « En 2015, nous étions dans un désert… Regardez où nous en sommes aujourd’hui ! »

Tous les regards sont désormais tournés vers la quatrième conférence, prévue en 2028 au Chili et en Corée du Sud. Peter Thomson a exprimé son espoir de voir d’ici là les grands accords multilatéraux pleinement ratifiés et appliqués : le BBNJ, l’accord de l’OMC sur les subventions à la pêche, et le futur traité sur les plastiques. « Que ferons-nous quand cet objectif arrivera à maturité ? Il faudra aller plus loin, faire preuve de plus d’ambition. »

Saluant les engagements exemplaires des petits États insulaires, il a lancé : « Si de petits pays peuvent faire de grandes choses, pourquoi les grands ne suivraient-ils pas ? » Portant un collier offert par les îles Marshall, il a rappelé : « Les premiers bénéficiaires des aires marines protégées, ce sont les communautés de pêche. »

Des tensions en filigrane

Malgré l’élan général, certaines divergences ont émergé. Les petits États insulaires en développement (PEID) ont exigé une reconnaissance plus forte des pertes et dommages causés par le changement climatique, au-delà de leurs capacités d’adaptation : « On ne peut pas avoir de déclaration sur les océans sans les PEID », a rappelé un délégué.

D’autres voix, notamment celle du président du Costa Rica, ont plaidé pour un moratoire sur l’exploitation minière en haute mer. Cette demande ne figure cependant pas dans la déclaration finale.

Le texte adopté réaffirme néanmoins l’objectif de protéger 30 % des terres et mers d’ici 2030, et soutient plusieurs cadres internationaux, tels que l’accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité ou encore la stratégie climatique de l’OMI.

« La véritable épreuve, ce n’est pas ce que nous avons dit ici à Nice, mais ce que nous ferons ensuite », a conclu M. Li. Alors que la lumière déclinait sur la Promenade des Anglais, la mer, silencieuse mais omniprésente, restait le témoin immuable d’une promesse collective : fragile, mais bien réelle.

Megan Valère SOSSOU




De l’Afrique de l’Ouest au sud-ouest de l’océan Indien : l’action régionale du GRID-Arendal contre la pêche INN prend de l’ampleur

Dans sa lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), Madagascar a organisé une formation intensive à la surveillance aérienne qui a présenté les technologies de pointe des drones aux autorités des pêches, aux agences gouvernementales et de surveillance, ainsi qu’aux acteurs locaux. Cet atelier, organisé par le gouvernement malgache et le WWF-Madagascar en partenariat avec GRID-Arendal et Distant Imagery, s’inscrit dans le cadre d’un programme plus vaste d’économie bleue durable du sud-ouest de l’océan Indien (SWIO-SBE), financé par l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD).

Une personne tenant un appareil avec écran.  Description générée automatiquement.
Un groupe de personnes debout sur une plage  Description générée automatiquement

Vol de démonstration à Madagascar

Un drone dans une boîte posée sur un bloc de béton  Description générée automatiquement

Démonstration de drones à ailes Delta à Madagascar

Capture d'écran d'un jeu vidéo  Description générée automatiquement

Vol de nuit à Madagascar

Pendant trois jours, des participants du Centre de Surveillance des Pêches (CSP), du Ministère des Pêches et de l’Économie Bleue, du WWF et de l’Observatoire Indépendant des Pêches (FITSINJO) ont bénéficié d’une formation pratique sur l’assemblage et la construction locale de drones, l’intégration des opérations aériennes aux systèmes existants de Suivi, Contrôle et Surveillance (SCS) des pêches, et les techniques de surveillance en temps réel. Des démonstrations en direct au-dessus de la baie de Diego ont démontré la puissance des outils aériens pour détecter et dissuader les activités illégales.

Cette formation marque une avancée significative pour Madagascar. En intégrant la surveillance aérienne à notre stratégie nationale de pêche, nous comblons des lacunes techniques critiques en matière de capacités en adoptant des innovations qui nous aideront à protéger nos océans et à soutenir les communautés qui en dépendent.

 Rijasoa Fanazava, directeur exécutif, Centre de surveillance des pêches (CSP), ministère de la Pêche et de l’Économie bleue

Une approche holistique de la gouvernance des pêches

Si la formation aux drones constitue une avancée notable, le GRID-Arendal souligne que les outils technologiques ne constituent pas à eux seuls une solution miracle. Une réponse véritablement efficace à la pêche INN doit être globale : elle doit intégrer l’innovation aux réformes juridiques et institutionnelles, à la collaboration interinstitutionnelle, à l’harmonisation régionale et au développement des capacités à long terme.

Un groupe d'hommes assis autour d'une table  Description générée automatiquement

Intégration de la technologie des drones dans le système MCS des pêches en Guinée

« L’utilisation des technologies de télédétection en combinaison avec les technologies des drones fournit un outil complémentaire puissant aux États côtiers pour mieux protéger leurs ressources marines, améliorer la transparence et améliorer la gouvernance marine globale »,

— Romain Langeard, expert en gouvernance des pêches du GRID-Arendal

Cette philosophie sous-tend le travail de GRID-Arendal au-delà de Madagascar. En Guinée, par exemple, le projet « Renforcer la gouvernance des pêches » lancé en 2021 va au-delà de la surveillance en renforçant les cadres juridiques nationaux, en révisant les mandats institutionnels, en soutenant la mise en œuvre des traités internationaux comme l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port (PSMA) et en améliorant les voies de poursuite et de sanction des infractions liées à la pêche. Dès 2015, aux Seychelles, l’initiative « FishGuard » utilise les données satellitaires et les systèmes VMS non seulement pour l’application de la loi, mais aussi pour améliorer la coordination entre les agences maritimes, les autorités portuaires et les organismes de surveillance environnementale.

Un groupe de personnes sur un bateau  Description générée automatiquement

Déploiement de drones depuis un bateau en Guinée

Plus récemment, en Guinée-Bissau, dans le cadre du projet Bijagos Bleus, en partenariat avec le Partenariat régional pour la conservation marine (PRCM), un travail complémentaire de développement des capacités bleues a été mené par GRID-Arendal, renforçant ainsi la solidité institutionnelle locale. Ce projet soutient les organismes de première ligne, les organisations de la société civile et les communautés côtières en leur fournissant les compétences, les outils et les systèmes de gouvernance nécessaires pour gérer efficacement leurs espaces marins et soutenir les moyens de subsistance locaux sur le long terme.

Soutenir la collaboration interinstitutions régionale

L’initiative de Madagascar renforce également l’importance de la coopération interinstitutionnelle, pierre angulaire d’une gestion efficace des pêches. Le GRID-Arendal œuvre aux niveaux national et régional pour améliorer la coordination entre les autorités des pêches, la police maritime, la marine, les douanes, les autorités portuaires et les organismes régionaux de pêche. Ces liens sont essentiels pour exploiter le renseignement, partager les données et garantir une application cohérente et équitable des règles.

Ce projet pilote est plus qu’une simple mise à niveau technologique : il représente un changement radical dans notre façon de gérer nos ressources marines. Les drones offrent une surveillance rapide et économique qui peut combler d’importantes lacunes en matière de contrôle, notamment dans les zones côtières reculées où la pêche artisanale est la plus active et la plus vulnérable.

— Umair Shahid, responsable des pêches du WWF pour la région SWIO.

Le projet pilote de surveillance aérienne s’inscrit dans une vision régionale plus large de systèmes SCS accessibles et peu coûteux, adaptables et maîtrisables localement. Les enseignements tirés seront intégrés à des notes d’orientation destinées à la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI), à la Commission des pêches du sud-ouest de l’océan Indien (SWIOFC) et au Centre de coordination SCS de la SADC à Maputo. Pour ce faire, GRID-Arendal et le WWF développeront conjointement des outils de communication visuelle, des infographies et des boîtes à outils visant à sensibiliser et à développer une compréhension pratique des meilleures pratiques en matière de surveillance et de contrôle.

Un modèle évolutif à travers les régions

Le portefeuille plus large de GRID-Arendal reflète ce modèle intégré et adapté au contexte. En Guinée-Bissau, l’initiative Blue Bigajos soutient la cogestion des principales pêcheries dans les aires marines protégées tout en pilotant des structures communautaires de SCS. Le programme travaille en étroite collaboration avec les autorités nationales pour mettre en place des systèmes de données et renforcer les réseaux locaux de surveillance, le tout ancré dans les principes d’équité, de durabilité et de conservation de la biodiversité marine.

Vers une gouvernance maritime modernisée et résiliente

Ce pilote de drone à Madagascar pose les bases d’un système de contrôle des pêches plus intelligent et plus réactif. Il constitue également une étape importante dans un processus plus vaste : une évolution vers une architecture régionale de gouvernance marine modernisée et résiliente, capable de répondre aux menaces actuelles et de se préparer aux défis futurs.

Grâce à ses interventions ciblées, ses partenariats régionaux et son engagement à bâtir des institutions durables, GRID-Arendal contribue à façonner un avenir dans lequel les États côtiers peuvent affirmer leur contrôle sur leurs ressources maritimes, lutter contre la criminalité environnementale et offrir des avantages durables aux millions de personnes qui dépendent de l’océan.