Bénin : La forêt Kpékonzoun retrouve son souffle grâce à un projet innovant
Lancé le 06 février 2023, le Projet d’Appui à la Restauration et la Conservation Durable de la Forêt Sacrée Kpékonzoun dans la commune de Adjohoun, financé par le Fonds National pour l’Environnement et le Climat (FNEC), s’achève avec des résultats probants au sein des communautés de Akpadanou. Ce projet, qui visait à contribuer à la gestion durable de la forêt Kpékonzoun, a été une réussite grâce à l’implication active de tous les acteurs intervenant dans la forêt Kpékonzoun.
Alfred OGA, Responsable Écotourisme et Développement Communautaire et Animateur dudit projet, expose les multiples actions mises en œuvre. « Dans le cadre de ce projet, nous avons initié plusieurs activités », explique-t-il. « Tout d’abord, nous avons entrepris la restauration de la forêt en enrichissant sa biodiversité avec des espèces endogènes. Nous avons également planté dix hectares d’arbres à croissance rapide pour répondre aux besoins en bois de chauffe des populations locales. Ces plants ont été produits par dix pépiniéristes sélectionnés et formés pour produire les plants nécessaires au reboisement. »
Le projet ne s’arrête pas là et met un accent particulier sur l’autonomisation économique des jeunes et des femmes de la communauté. « Nous avons formé dix jeunes, dont cinq femmes, à l’élevage d’escargots. Ils ont reçu des géniteurs et bénéficié des escargotières. En outre, cinq chasseurs locaux ont été reconvertis à l’élevage de caprins, chacun recevant quatre géniteurs (un mâle et trois femelles) dans des enclos métalliques. Deux groupements de femmes transformant l’huile de palme ont été dotés d’équipements modernes, et dix femmes ont appris à fabriquer des foyers améliorés de cuisson. »
Pour couronner le tout, un comité de gestion de la forêt a été mis en place pour encadrer toutes les interventions au sein de la forêt, a-t-il ajouté.
Une reconversion bienfaisante
Adonon Barnabé était un chasseur dans la forêt Kpékonzoun. Il partage son expérience depuis sa rencontre avec le projet piloté par ODDB ONG : « Avant, notre forêt était en dégradation. N’importe qui pouvait y couper des arbres ou chasser les animaux. Le projet nous a montré l’importance de la protection de la forêt. Ils nous ont demandé de renoncer à la chasse pour gérer la forêt avec eux. »
Grâce au projet, Barnabé s’est reconverti à l’élevage des caprins. Pour démarrer, il a reçu un appui constitué d’un mâle et de trois femelles avec un enclos métallique sécurisé.
Son collègue chasseur, Norbert Soton Sotondji, secrétaire général de l’Association des Chasseurs d’Akpadanou, ajoute : « La forêt Kpékonzoun est un héritage de nos ancêtres. Nos pratiques de chasse l’avaient dégradée. L’ONG ODDB nous a sensibilisés à la valeur de la forêt. Aujourd’hui, nous bénéficions de leur soutien et sommes heureux d’être reconvertis dans une activité plus rentable tout en participant à la préservation de la forêt. »
Des progrès confirmés par Gérard Kakpo Semako, chasseur à Akpadanou Dékanmey : « Aujourd’hui, la forêt est mieux sécurisée. Avant, nous chassions jour et nuit pour des gains insignifiants. Nous les chasseurs, sommes désormais plus conscients des enjeux de protection de la forêt. On ne peut que remercier ODDB ONG et ses partenaires. »
Des foyers améliorés, comme cheval de bataille
Si les chasseurs renoncent à la chasse pour préserver la forêt, les femmes, véritables actrices au cœur de la gestion des ressources végétales, ne manquent pas à l’appel.
Fortement impliquées, elles sont résolument engagées pour la préservation des ressources naturelles au sein de la forêt. Dix d’entre elles ont appris à fabriquer les foyers améliorés. Martine Ahoton se confie : « Nous avions l’habitude d’aller chercher du bois de chauffe dans la forêt Kpékonzoun. Grâce au projet de l’ODDB, nous avons appris à fabriquer et utiliser des foyers améliorés. Avec ces foyers améliorés, nous économisons du bois et réduisons les fumées nocives à notre santé. »
Au total, 300 foyers améliorés ont été fabriqués par les dix femmes et distribués aux différents ménages de leur communauté, contribuant à réduire la pression sur les ressources végétales de la forêt Kpékonzoun.
Antoinette Medelome partage ses connaissances : « Pour fabriquer les foyers améliorés, nous utilisons du son de riz, des bouses de vache, de la cendre et du sable argileux. Avec ces nouveaux foyers, nos marmites ne noircissent plus et nous cuisinons de manière plus efficiente, préservant ainsi la forêt. »
À noter qu’une plantation de dix hectares d’arbres à croissance rapide a été mise en place pour répondre aux besoins en bois de chauffe des populations locales.
De la reconversion des chasseurs en éleveurs de caprins à la réorientation des ménages vers les foyers améliorés, l’ODDB ONG, à travers le projet d’Appui à la restauration et la conservation durable de la forêt Kpékonzoun, donne un nouveau souffle de vie à la forêt Kpékonzoun. Avec ces résultats tangibles et une communauté engagée autour de la préservation de leur patrimoine naturel, la forêt Kpékonzoun devient un modèle de réussite pour d’autres forêts.
Le plus grand défi reste à pérenniser les acquis du projet, et pour y arriver, l’ODDB ONG a déjà mis en place un dispositif de suivi-évaluation afin de continuer à inspirer d’autres initiatives similaires à travers le Bénin et au-delà.
Constance AGOSSA