Protection côtière : À Hillacondji, l’océan bat en retraite

Finalisés il y a quelques mois, les travaux de protection de la côte à Grand Popo, à la frontière avec le Togo, montrent des résultats probants. Les ouvrages stabilisent la côte et protègent les populations longtemps tourmentées par une érosion côtière sévère.

C’est la fin des travaux de protection côtière à l’ouest du Bénin. Depuis lors, les riverains, désormais éloignés de l’océan par des enrochements et des moteurs de sable, ne se préoccupent plus du bruit des vagues. « Nous avons enfin les ouvrages tant espérés et nous sommes soulagés », confie Abbeyvi Matey, un dignitaire religieux résidant près du segment transfrontalier Bénin-Togo.

Pourtant, il y a quelques années, cette zone était réputée comme étant une série de plages fortement érodées, sujettes à des épisodes de submersion marine et aux risques d’inondation. « Il y a trente ans, quand j’étais jeune, la mer était à 4 km. Puis, avec l’érosion, des maisons ont été progressivement englouties », se remémore Abbeyvi Matey.

En 2012, la réhabilitation des épis d’Anèho au Togo a entraîné le blocage du sédiment en transit vers le Bénin. Cette situation a exacerbé l’érosion sur 23 km entre Hillacondji et Grand-Popo, menaçant de priver le Bénin de plus de 325 miles (soit 12027 km²) de ses eaux territoriales. Cependant, la collaboration entre les deux pays dans le cadre du Projet d’Investissement pour la Résilience des Zones Côtières en Afrique de l’Ouest (Waca ResIP), a mis fin à cette menace.

Des plages reconstituées

Aujourd’hui, entre Louis-Condji et Agoué, l’océan s’est retiré de 200 mètres par rapport à sa position en novembre 2022. Les cocotiers sur la plage marquent désormais jusqu’où les vagues avait grignoté le littoral. Mieux, les risques d’inondations liées à la submersion marine sont du passé.

« Nous avons remblayé la côte à 4,6 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer. Cette hauteur a été choisie pour lutter contre l’érosion côtière et la submersion marine. Cette année, malgré la submersion marine, nous n’avons pas connu d’inondations, ce qui prouve que l’ouvrage a rempli son rôle », souligne Dr Moussa Bio Djara, spécialiste du littoral du projet Waca.

Concrètement, les travaux ont consisté en la construction de 8 épis, le comblement du bras mort lagunaire avec 100 000 m3 de sédiments, le rechargement des casiers situés entre deux épis, ainsi que le rechargement massif avec 6 400 000 m3 de sable.

Une reconstitution sur 3 km

L’ensemble des ouvrages s’étend sur une distance de 8,3 km de façade maritime aménagée. « Le bras mort qui prend sa source au Togo posait des problèmes de sécurité et de santé publique, en raison du risque de noyade et du fait qu’il favorisait le développement de gîtes larvaires. Il posait également un problème de pollution qui a maintenant été résolu car il était devenu un dépotoir », explique-t-il.

Le suivi effectué depuis la fin des travaux révèle un gain de plage sur 3 km derrière l’hôtel Millenium Popo Beach. De plus, au dernier casier formé par les épis 7 et 8, une saturation a été observée. « Le casier est arrivé à saturation. Cela démontre le succès de l’ouvrage en matière d’engraissement », ajoute Dr Moussa Bio Djara.

Après la stabilisation de la côte, des aménagements récréotouristiques sont prévus. Une piste cyclable a été aménagée entre Louis Condji et Agoué, suivie de la plantation de cocotiers sélectionnés et traités pour le verdissement de la zone. Il ne reste plus qu’à installer des opérateurs pour que la zone reprenne vie.

Fulbert ADJIMEHOSSOU

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