Journée Internationale de la Femme 2025 : La PASCiB engagée au renforcement des droits, de l’égalité et de l’autonomie de la femme et de la fille

À l’occasion de la Journée Internationale de la Femme 2025, sous le thème retenu par l’ONU, « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », la Plateforme des Acteurs de la Société Civile au Bénin (PASCiB) réaffirme son engagement à promouvoir les droits humains, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles. Ce thème, en phase avec les actions entreprises par le programme Benkadi, souligne l’importance de l’égalité entre les sexes pour aller vers un avenir durable et résilient face aux défis mondiaux actuels, en particulier ceux liés aux changements climatiques.

Le nom « Benkadi » que porte le programme vient de la langue bambara et signifie « travailler ensemble dans la même direction ». Ce nom « Benkadi » est également celui du consortium de mise en œuvre du programme, formé par quatre (4) plateformes d’organisations de la société civile (OSC) ouest africaines que sont : la Plateforme des Acteurs de la Société Civile au Bénin (PASCiB), le Secrétariat Permanent des ONG (SPONG) au Burkina-Faso, la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) en Côte d’Ivoire et le Secrétariat de Concertation des ONG nationales du Mali (SECO-ONG).

Le programme Benkadi, qui bénéficie de l’appui technique de l’ONG néerlandaise Woord en Daad et celui financier du Ministère des Affaires Étrangères (MoFa) du Royaume des Pays Bas, est un programme de plaidoyer et d’influence des politiques publiques en faveur des groupes vulnérables (femmes, jeunes et personnes handicapées) dans le domaine agricole et de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques.

Cette déclaration révèle quelques acquis du programme en lien avec le thème retenu pour cette année et appelle à des actions plus soutenues dans la poursuite des efforts que la PASCiB effectue avec l’appui de ses partenaires.

  1. Acquis du Programme Benkadi et leur impact sur les femmes et les filles

Le programme Benkadi, lancé en 2021, met l’accent sur la résilience des communautés vulnérables face aux effets néfastes des changements climatiques, avec une attention particulière pour les femmes, les jeunes et les personnes handicapées.

Ce programme a permis de :

• Renforcer le rôle des femmes dans l’adaptation au changement climatique : Grâce à des actions de sensibilisation, de formation et de plaidoyer, les femmes ont acquis une meilleure compréhension des enjeux climatiques et ont participé activement aux décisions locales, notamment en ce qui concerne les Plans de Développement Communal (PDC) de 4ème génération.

• Promouvoir l’autonomisation économique des femmes : À travers des projets innovants comme la transformation de la jacinthe d’eau en biofertilisants et biopesticides, les femmes maraîchères ont, non seulement, renforcé leur résilience face au changement climatique, mais ont également bénéficié de nouvelles opportunités économiques, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et à la durabilité de leurs communautés.

• Soutenir les femmes dans la gestion des ressources naturelles : le programme Benkadi a facilité l’accès des femmes à des terres agricoles pour la production et le reboisement, tout en les élevant au rang d’actrices clés dans la gestion durable des écosystèmes, en particulier dans les réserves des biosphères du Mono et de l’Ouémé.

  • Approche Genre et Inclusion dans les Changements Climatiques

Les femmes, en particulier celles vivant en milieu rural, sont les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Leur dépendance vis-à-vis des ressources naturelles, leur accès limité à la terre, à l’eau et à l’énergie, exacerbent leur précarité face à ces phénomènes.

La PASCiB, à travers le programme Benkadi, intègre la dimension genre et inclusion dans ses actions d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique, en veillant à ce que les besoins spécifiques des femmes, des jeunes et des personnes handicapées soient pris en compte dans les politiques climatiques. Cette approche de résilience et centrée sur l’adaptation basée sur les écosystèmes (AbE) contribue à l’autonomisation des femmes en leur fournissant les outils nécessaires pour défendre leurs droits et améliorer leurs conditions de vie.

  • Objectifs et Engagement pour 2025

À l’occasion de la JIF 2025, la PASCiB, par le biais du programme Benkadi, réaffirme son engagement à :

▪ Promouvoir l’égalité des sexes dans la lutte contre le changement climatique :

Nous appelons les autorités, tant locales que nationales, à prendre des mesures concrètes pour intégrer la dimension genre dans les politiques de développement durable et dans les stratégies d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.

▪ Valoriser les actions entreprises par les femmes :

En tant que piliers de la résilience face aux changements climatiques, les femmes doivent être reconnues et soutenues pour leurs contributions essentielles à la durabilité des communautés.

▪ Encourager l’inclusion des femmes et des filles dans les processus décisionnels : Leur participation active à la gestion des ressources naturelles, à la mise en œuvre des Plan de Développement Communal (PDC) et à la définition des stratégies climatiques est cruciale pour garantir l’égalité des chances et l’autonomisation.

4. Appel à l’Action

La PASCiB appelle les gouvernements, les organisations de la société civile, le secteur privé, et toutes les parties prenantes à :

• Renforcer l’accès des femmes aux ressources, aux services et aux opportunités économiques, en particulier dans les secteurs les plus affectés par le changement climatique tels que l’agriculture et les ressources en eau.

• Promouvoir l’éducation et la formation sur les droits des femmes et l’adaptation aux changements climatiques, en intégrant une approche genre dans les programmes et les projets de développement.

• Développer des partenariats stratégiques pour multiplier les impacts du programme Benkadi et d’autres initiatives similaires en vue de renforcer la résilience des communautés vulnérables, en particulier les femmes, les jeunes et les personnes handicapées.

La PASCiB réaffirme son engagement à poursuivre ses efforts pour garantir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, en intégrant ces objectifs dans la lutte contre les effets du changement climatique.

À l’occasion de cette Journée Internationale de la Femme 2025, nous réaffirmons que l’égalité des sexes est un impératif pour la construction d’un avenir durable, juste et équitable pour tous.

Nous appelons les autorités et les acteurs de la société civile à poursuivre le travail entamé et à unir leurs forces pour créer un environnement propice à l’épanouissement de toutes les femmes et de toutes les filles.

La PASCiB, à travers son programme Benkadi, continue de soutenir l’engagement de chaque femme et de chaque fille pour un avenir plus juste et résilient face aux défis climatiques.




Regards croisés d’un chercheur, d’une avocate et d’une jeune activiste

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque 8 mars et dont le thème pour cette année est « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », le Partenariat de Ouagadougou met en lumière les contributions d’une avocate, d’une jeune activiste et d’un enseignant-chercheur, tous engagés pour la promotion des droits des femmes. Leurs actions, bien que spécifiques, se renforcent mutuellement, créant une dynamique de changement et d’émancipation collective.

Ils s’appellent Pr Georges Guiella, enseignant-chercheur à l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, Me Francine Aka-Anghui, avocate en Côte d’Ivoire, et Oumou Hawa Diallo, une jeune activiste féministe guinéenne. Bien que provenant de milieux et de parcours différents, ces trois acteurs partagent un objectif commun : l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes. Comme l’a mentionné Me Francine Aka-Anghui, « Force est de constater qu’il y a une déperdition des filles au fur et à mesure de l’avancement dans les études ». Ce phénomène souligne la nécessité de garantir une égalité des chances pour toutes les filles, indépendamment de leur contexte social ou économique, et de lutter contre les obstacles qui entravent leur éducation et leur autonomisation.

Pour Me Francine Aka-Anghui, présidente de l’Association des Femmes Juristes de la Côte d’Ivoire, spécialiste des droits de l’Homme et des droits des femmes, les défis pour garantir les droits des femmes sont immenses. Son association plaide pour des réformes législatives et une meilleure application des droits des femmes. « Nous menons des activités de plaidoyer auprès des gouvernements pour améliorer la législation sur les droits des femmes et toutes les questions y afférentes. Nous encourageons aussi le leadership féminin à travers des formations et des activités en réseau », a-t-elle affirmé. La jeune activiste féministe guinéenne, Oumou Hawa Diallo, membre du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, Coordinatrice du programme « Girls Talk Guinée » et membre du Think Tank Jeunes du Partenariat de Ouagadougou, appelle ses pairs à s’engager pour déconstruire les stéréotypes de genre au niveau communautaire.

Ces deux actions se rejoignent et sont interconnectées car les réformes législatives nécessitent des évolutions des normes sociales pour être véritablement efficaces et l’engagement social bénéficie du soutien législatif pour garantir la protection des droits. En effet, les réformes légales doivent aller de pair avec des changements de mentalités pour que l’égalité de genre devienne une réalité tangible. « Les jeunes peuvent jouer un rôle clé en devenant des ambassadeurs du changement et en militant activement pour les droits des jeunes filles et des femmes, en réalisant des activités communautaires liées aux droits sexuels et reproductifs, à l’égalité de genre et à la lutte contre les violences basées sur le genre », affirme Oumou Hawa Diallo, lauréate du concours photo du coaching Femme Modèle en 2022.

Mme Aka-Anghui, tout comme l’activiste Diallo, mène des activités pour sensibiliser les communautés aux droits des femmes et à l’égalité des droits. Elle organise des formations, des campagnes de sensibilisation et des ateliers sur les droits humains, l’éducation et la santé des femmes, en impliquant aussi les hommes et les jeunes garçons pour changer les perceptions et comportements sexistes, mais surtout les leaders communautaires, les guides religieux, les chefs de villages et de communauté.

Les résultats des recherches du Pr Guiella, conseiller de recherche du Partenariat de Ouagadougou (PO), mettent en lumière l’impact des normes sociales sur l’autonomisation des femmes, et trouvent un écho dans les initiatives d’Oumou Hawa Diallo et de Me Aka-Anghui, qui œuvrent à déconstruire ces normes au niveau local et communautaire.

En termes clairs, les travaux de recherche du Pr Guiella ont montré que l’autonomisation des femmes, en particulier dans le domaine de la santé reproductive, est profondément liée à la prise de décisions individuelles et collectives. Ses recherches ont révélé les obstacles systémiques (normes sociales, domination masculine) qui freinent cette autonomisation. « Depuis 2019, l’ISSP, à travers sa plateforme de recherche PMA (Performance Monitoring for Action), collecte et analyse des données pour étudier le lien entre égalité de genre et autonomisation des femmes, en particulier dans le domaine de la santé et du bien-être des femmes. Ces données, accessibles aux chercheurs, portent, entre autres, sur l’autonomie décisionnelle en matière de santé reproductive, le poids des normes sociales et de genre relatif à la sexualité et à la fécondité, la coercition reproductive, etc. », s’est réjoui le Pr Guiella.

Ces trois acteurs, par leurs approches complémentaires, incarnent l’essence de l’engagement pour l’égalité de genre, de la recherche académique à l’action législative en passant par l’engagement communautaire. La recherche fournit les preuves nécessaires à l’action politique et sociale, tandis que l’engagement pratique des activistes et des juristes participe à l’évolution des politiques publiques et des mentalités. Leurs contributions se croisent et se renforcent pour dessiner un avenir où l’égalité de genre est pleinement réalisée.

À l’endroit de ses pairs, Hawa Diallo a dit ceci : « Vous êtes capables et vous méritez de vivre dans un monde où vos droits sont respectés et vos rêves peuvent devenir réalité. Ne laissez jamais les obstacles ou les normes sociales vous définir. Prenez la parole, osez rêver grand, élevez-vous, et rappelez-vous que l’égalité de genre est un droit, pas un privilège. Votre voix compte, votre avenir est entre vos mains, et ensemble, nous pouvons construire une société plus juste pour toutes les filles et femmes. Ne sous-estimez jamais votre potentiel. »




Femmes et prise de décision : Voix Essentielles étend son action au Bénin et au Togo

Dans le cadre de la Journée internationale des femmes 2025, Speak Up Africa réaffirme son engagement en faveur de l’autonomisation des femmes en Afrique de l’Ouest à travers le projet Voix Essentielles. Une rencontre virtuelle a réuni des expertes et militantes avec des journalistes sur l’importance du plaidoyer et du leadership féminin. Avec l’élargissement du projet Voix Essentielles au Bénin et au Togo, Speak Up Africa se veut renforcer l’impact des organisations communautaires et d’accroître la participation des femmes dans les espaces de décision.

En prélude à la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars, une importante rencontre virtuelle a regroupé une centaine de journalistes du REMAPSEN autour de Mme Awa Yanogo, chargée de plaidoyer à Speak Up Africa, Mme Cécile Konan, présidente de l’Union nationale des femmes handicapées de Côte d’Ivoire, Mme Armanda Sawadogo, secrétaire générale de l’Association de soutien aux enfants et femmes vulnérables au Burkina Faso et Mme Fatimata Sy, présidente de l’Association sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant. Ces panélistes ont entretenu les journalistes sur le thème : Plaidoyer et changement social, amplifier les initiatives locales pour un impact durable.

Chacune des intervenantes a amplement expliqué les activités menées dans sa structure, les résultats enregistrés ainsi que les difficultés rencontrées. C’est dans cet esprit que Mme Awa Yanogo, chargée de plaidoyer à Speak Up Africa, s’est beaucoup appesantie sur le projet Voix Essentielles, les raisons de sa création, les résultats enregistrés et les perspectives de ce projet qui œuvre aujourd’hui dans cinq pays africains. Ce projet est mis en œuvre par Speak Up Africa, une organisation à but non lucratif de communication stratégique et de plaidoyer, en partenariat avec la Fondation CHANEL.

Donnant les raisons de la création de Voix Essentielles, Mme Awa Yanogo a affirmé dans sa présentation que : « Malgré leurs contributions significatives à l’économie africaine, les femmes ont un accès limité aux opportunités dans divers aspects de la vie. La voix, la prise de décision et le leadership sont des facteurs essentiels pour l’autonomisation des femmes. Ces facteurs, selon elle, garantissent que les femmes peuvent exprimer leurs préférences, leurs demandes, leurs points de vue et leurs intérêts et qu’elles peuvent accéder aux postes de décision.»

Elle a rappelé que la phase 1 du projet Voix Essentielles, lancée en juillet 2021 au Sénégal, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, a mobilisé 38 organisations à base communautaire (OCBs) dans le secteur de la santé, qui ont reçu un soutien technique et financier. « L’objectif principal visait à renforcer les politiques et les programmes qui soutiennent la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles et à investir dans la réduction des inégalités en matière de santé et des disparités liées au genre et à l’âge.»

Elle a ajouté que les organisations de la société civile participantes ont pu bénéficier d’une assistance financière dédiée à l’engagement significatif et d’une assistance technique, fournie par l’Université de l’Excellence, sous la forme d’un renforcement des capacités sur mesure des organisations bénéficiaires et d’un programme de leadership ouvert à toutes les organisations communautaires partenaires.

*« Ces organisations ont pu renforcer leurs compétences en leadership, en plaidoyer et en communication afin d’amplifier l’impact de leurs activités communautaires. Cette phase a aussi vu la création de réseaux dirigés par des femmes dans chaque pays et l’établissement de feuilles de route qui ont permis la mise en place d’un plaidoyer pour influencer positivement les plateformes de prise de décision. *»

Ce qui a permis aux femmes d’avancer à grands pas dans le domaine du dialogue national, d’intégrer des instances de décisions publiques et de bénéficier de formations diverses, notamment en matière de leadership.

Eu égard aux résultats enregistrés, la phase 2 du projet (2024-2027) a été étendue à deux nouveaux pays, le Togo et le Bénin. L’objectif, selon Mme Awa Yanogo, est « de transformer les normes sociales et culturelles, lutter contre les lois, politiques et pratiques discriminatoires qui contribuent aux inégalités entre les sexes et augmentent la vulnérabilité des femmes et des filles aux maladies.»

Elle a expliqué que « cet appui consistera à identifier 10 organisations communautaires de base dans chacun de ces pays afin de soutenir leurs efforts de plaidoyer autour de l’accès des femmes et des filles aux espaces de décision et l’amélioration de leurs conditions de vie.»

L’objectif, selon la chargée de plaidoyer de Speak Up Africa, est de renforcer la capacité de ces OCBs à relever efficacement les défis liés à la santé, notamment le VIH, la violence basée sur le genre (VBG), la tuberculose (TB), la santé sexuelle et reproductive (SSR), le paludisme, le changement climatique et la vaccination, et à faciliter l’intégration des femmes dans les espaces de décisions publiques et sanitaires.

Ainsi, « chaque organisation sélectionnée pourra accéder à un financement d’un maximum de 9.000.000 F CFA sur la base d’un plan d’action de plaidoyer et de renforcement des capacités. Ce financement pourra être utilisé pour la réalisation d’activités durant l’année calendaire 2025, renouvelable une fois pour l’année 2026.» Il faut rappeler que l’initiative Voix Essentielles vise à fournir un soutien significatif aux organisations de femmes et de filles œuvrant au niveau communautaire en Afrique francophone de l’Ouest.




Journée mondiale de la femme : l’urgence d’agir pour les femmes et les filles face au VIH/SIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre

Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation

Le 8 mars est une journée de célébration, mais aussi de mobilisation. Alors que nous rendons hommage aux contributions des femmes à nos sociétés, nous devons impérativement rappeler une réalité alarmante : en Afrique de l’Ouest et du Centre, le VIH/SIDA continue de toucher de manière disproportionnée les femmes et les filles.

Par Mme Berthilde Gahongayiré, Directrice Régionale ONUSIDA Afrique de l’Ouest et du Centre. 

Les chiffres sont préoccupants. Dans cette région, les jeunes femmes et les adolescentes représentent près de 60 % des nouvelles infections au VIH. Les inégalités de genre, la pauvreté, la violence basée sur le genre (accentué par les conflits dans notre région et les changement climatiques) et l’accès limité aux services de santé accentuent leur vulnérabilité. Trop souvent, elles n’ont pas le pouvoir de négocier des relations sexuelles sécurisées, d’accéder aux services de prévention ou de poursuivre un traitement sans crainte de stigmatisation et de discrimination.

Mme Arlette Mvondo, Représentante ONUFEMMES, Dakar, Sénégal. 

La Journée internationale des droits des femmes est une occasion de revendiquer des actions concrètes adaptées aux réalités de l’Afrique de l’Ouest et du Centre :

  1. Accélérer l’accès à la prévention et aux soins : Les moyens outils de prévention comme la prophylaxie pré-exposition (PrEP) doivent être accessibles à toutes les femmes et les filles qui en ont besoin. L’intégration du dépistage et du traitement du VIH dans les services de santé sexuelle et reproductive est essentielle pour renforcer la riposte.
  2. Lutter contre les violences faites aux femmes : La violence basée sur le genre, y compris les mariages précoces et forcés, est une des causes majeures de l’exposition des jeunes filles au VIH. Il est urgent de renforcer les lois et les mécanismes de protection pour garantir la sécurité et les droits des femmes et des filles.
  3. Investir dans l’éducation et l’autonomisation : En Afrique de l’Ouest et du Centre, des millions de filles sont déscolarisées, limitant ainsi leurs opportunités d’autonomie et augmentant leur vulnérabilité face au VIH. Un accès équitable à une éducation complète sur la sexualité et les droits des femmes est essentiel pour leur permettre de prendre en main leur santé et leur avenir.
  4. Soutenir le leadership féminin : Les femmes vivant avec le VIH doivent être au centre des décisions qui les concernent. Leur voix, leur expérience et leur résilience sont indispensables pour une réponse efficace et inclusive.
  5. Mobilisation de ressources dans le but de maintenir les acquis en matière de prévention et de traitement du VIH : la situation actuelle du financement de la santé appelle à plus de progrès dans le financement domestique pour la lutte contre le VHI en général et la féminisation du VIH en particulier.

Ce 8 mars, engageons-nous à renforcer la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation. L’égalité ne sera réelle que lorsque la santé et les droits de toutes seront une priorité absolue.




COP16 Bis à Rome : une feuille de route adoptée pour le financement de la biodiversité

Les États ont trouvé un accord sur une feuille de route pour mobiliser les financements nécessaires à la protection de la biodiversité, avec un accent particulier sur les transferts de fonds entre pays du Nord et du Sud. La Conférence des Parties sur la biodiversité (COP16) avait débuté en octobre 2024 à Cali, en Colombie. Toutefois, les discussions avaient été suspendues faute d’accord sur une question clé : le financement. C’est donc à Rome, du 25 au 27 février 2025, que les négociations ont repris. Après d’intenses débats, un accord a finalement été trouvé, traçant la voie vers une meilleure mobilisation des ressources pour préserver la biodiversité mondiale.

La Cop 16 a commencé à Cali (Colombie), du 21 octobre au 2 novembre 2024. Crédits : UN Biodiversity

Le continent africain, riche en biodiversité mais vulnérable face aux défis environnementaux, est au cœur des discussions sur le financement. Lors de la COP15 en 2022, les États avaient convenu de mobiliser 200 milliards de dollars pour la protection de la biodiversité d’ici 2030. Parmi ces fonds, 30 milliards de dollars doivent être transférés chaque année des pays riches vers les pays en développement.

Cependant, un désaccord persistait : comment organiser ces transferts ? Les pays en développement, dont plusieurs en Afrique, plaidaient pour la création d’un nouveau fonds dédié. À l’inverse, les pays développés préféraient utiliser les structures existantes, estimant qu’il y avait déjà trop de mécanismes de financement fragmentés. Finalement, la question a été reportée à 2028, lors de la COP18. D’ici là, l’argent pourra transiter par plusieurs canaux, mais l’Afrique devra veiller à ce que ses besoins spécifiques ne soient pas oubliés.

De belles promesses, mais encore peu d’actes concrets

L’accord de Rome a été accueilli avec un mélange d’espoir et de scepticisme. « Nous avons maintenant une feuille de route, mais il faut des engagements concrets, de l’argent sur la table », a commenté An Lambrechts, représentante de Greenpeace International.

Ce sentiment est partagé par de nombreux observateurs en Afrique. En effet, la biodiversité africaine est menacée par la déforestation, l’exploitation minière et le changement climatique, mais les financements internationaux tardent souvent à arriver sur le terrain. Plusieurs pays du Sud exigent donc que les promesses se traduisent en actions concrètes, notamment à travers un accès simplifié aux fonds et une transparence accrue.

Laura Caicedo, de Greenpeace Colombie, rappelle que l’accord de Rome est un signal positif, mais insiste : « Les pays du Nord doivent maintenant tenir parole et débloquer des fonds réels pour protéger la biodiversité en Afrique, en Amérique latine et dans le monde. »

Si certains saluent cet accord comme une victoire, d’autres le voient comme une manœuvre politique pour éviter une crise de confiance entre pays du Nord et du Sud. Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique, s’est félicitée que le texte n’ait pas créé un nouveau fonds. Pourtant, de nombreux pays africains estiment qu’une structure spécifique leur permettra de mieux accéder aux financements et d’éviter que l’argent soit dilué dans des mécanismes trop complexes.

Et maintenant ? Quels impacts pour l’Afrique ?

L’accord prévoit plusieurs étapes avant la COP18 en 2028. Il s’agit d’identifier les obstacles au financement de la biodiversité, afin de lever les freins administratifs et politiques. Mobiliser toutes les sources de financement disponibles, qu’elles soient publiques ou privées, nationales ou internationales. Faciliter le dialogue entre les ministres de l’environnement et des finances, un point clé pour éviter que la biodiversité ne soit reléguée au second plan dans les budgets des États.

Par ailleurs, deux autres décisions importantes ont été prises lors de cette COP16 bis : Des indicateurs de suivi pour l’accord de Kunming-Montréal ont été adoptés. Cet accord vise notamment à protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030.

Le lancement officiel du Fonds Cali. Ce fonds doit permettre de partager les bénéfices des entreprises qui utilisent des informations issues du séquençage du patrimoine génétique mondial. Cependant, il reste pour l’instant… vide.

L’Afrique doit rester vigilante

Le processus est donc en marche, mais l’Afrique doit s’assurer que ces décisions ne restent pas de simples déclarations. Avec ses forêts, ses savanes, ses mangroves et sa faune exceptionnelle, le continent est un maillon essentiel de la biodiversité mondiale. Pourtant, il ne reçoit qu’une part infime des financements disponibles.

La mobilisation de la société civile africaine sera donc cruciale pour suivre les engagements pris et exiger des résultats concrets. Sans financements adéquats, la protection des écosystèmes africains reste un vœu pieux.

Megan Valère SOSSOU




Condensé de l’actualité du Dimanche 2 Mars 2025 

Ami(e)s auditrices et auditeurs, nous sommes ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro du point de l’actualité sanitaire et environnementale. Voici les sujets qui y sont abordés.

Aménagement urbain au Bénin : 21 communes bientôt dotées de plan directeur d’urbanisme

Plan d’action pour le Climat : la plupart des pays n’ont pas soumis leur nouvelle feuille de route

La BAD et le Fonds pour la lutte contre la pandémie signent un accord visant à mobiliser des ressources pour la préparation aux pandémies

Le directeur général de l’OMS annonce que le mpox demeure une urgence de santé publique de portée internationale

À écouter ici 




Le CHIC recrute pour son ouverture prochaine…

Dans le cadre de son ouverture progressive en 2025, le Centre Hospitalier International de Calavi (CHIC) poursuit le renforcement de ses équipes. L’établissement recherche des professionnels qualifiés dans les domaines paramédicaux, techniques, logistiques et administratifs. Ces recrutements sont essentiels pour assurer une prise en charge optimale des patients et faire du CHIC un pôle d’excellence en Afrique de l’Ouest.

Le CHIC s’inscrit dans la politique gouvernementale d’amélioration du système de santé et de modernisation des infrastructures hospitalières. Avec une capacité de 434 lits et places, il proposera progressivement un large éventail de spécialités médicales et chirurgicales, soutenues par un plateau technique de pointe. Ce projet médical ambitieux repose sur une prise en charge spécialisée, une approche multidisciplinaire et un environnement de travail moderne et performant.

Cette campagne de recrutement est confiée à AP-HP international, avec l’appui d’Alternis Staffing, un cabinet international spécialisé dans le recrutement et l’intérim via des solutions digitales. Le CHIC recherche des professionnels engagés, en quête d’excellence, d’innovation et animés par un profond sens du service au patient. Les premières recrues sont attendues dans les toutes prochaines semaines pour participer activement à la phase d’ouverture de l’hôpital. Les candidats peuvent postuler via le lien du recrutement : https://www.chichopital.bj/recrutements




Comprendre et respecter la loi en un clic grâce à la solution TOSSIN

Face à la complexité et à l’inaccessibilité des textes juridiques au Bénin, la startup RAB TECH propose une solution innovante, TOSSIN. Il s’agit d’une application mobile qui permet aux citoyens et aux entreprises d’accéder facilement aux lois en République du Bénin et au-delà.

« Monsieur, vous êtes en infraction ! » Jules, un jeune meunier résidant à Bohicon, ne s’attendait pas à recevoir une amende pour non-respect du temps de repos face à la pollution sonore que génère son moulin à maïs. Pourtant, il n’avait jamais entendu parler de cette règle. Comme lui, beaucoup de citoyens et d’entreprises ignorent les Lois faute d’un accès facile aux textes juridiques.

Pour résoudre ce problème, une solution dénommée en langue nationale Fon, TOSSIN, et qui signifie en français « Loi du peuple », a été créée et développée par la startup RAB TECH. Elle permet d’accéder aux lois en République du Bénin et dans bien d’autres pays, directement sur son téléphone portable, en un clic et en quelques secondes. Disponible sur Google Play via le lien http://www.bit.ly/tossin-app, cette solution est également accessible en version texte et audio.

« Nous avons une application qui nous donne accès à la loi, permet de la lire et de l’écouter en audio, et de gérer une liste de favoris », a déclaré Roland Alavo, son promoteur. Il précise qu’une fois qu’une loi est téléchargée sur le portable, le citoyen n’a plus besoin de connexion internet pour y accéder en tout temps. « Nous vous permettons d’aller télécharger le fichier PDF de la source pour garantir l’authenticité du travail ».

Selon Amnesty International, c’est un « projet important pour l’éducation aux droits humains ». Parmi les textes disponibles, on trouve la Constitution du Bénin, le Code pénal, le Code de l’Enfant, la loi-cadre sur l’environnement, le Code du numérique, et bien d’autres.

Si nul n’est censé ignorer la Loi, les textes juridiques sont souvent longs et compliqués pour le citoyen lambda. La langue utilisée est difficile à comprendre pour la plupart des gens, même pour les juristes, qui ont parfois du mal à tout retenir. De plus, de nombreuses entreprises ignorent les règles qu’elles doivent respecter.

Une étude de l’Union Africaine menée en Afrique de l’Ouest en 2020 a montré que la majorité des citoyens ne savent pas où trouver les Lois de leur pays, et que de nombreuses petites et moyennes entreprises ont du mal à identifier leurs obligations légales.

Un accès simplifié aux textes législatifs

TOSSIN rend les textes de Loi accessibles et compréhensibles par tous. Grâce à cette application, chaque utilisateur peut consulter les Lois en version numérique, les écouter en audio, et les explorer par thématique. Une fonctionnalité permet également de surligner des passages importants et de créer une liste d’articles favoris. Un moteur de recherche performant aide à retrouver facilement des textes à partir de mots-clés.

Pour les entreprises, cette solution propose une version avancée qui leur permet d’accéder aux exigences légales spécifiques à leurs activités. Elles peuvent consulter les règles qui s’appliquent à leur secteur, ajouter leurs propres exigences internes et évaluer leur niveau de conformité. Un tableau de bord permet de suivre en temps réel les actions mises en place pour respecter la réglementation.

Le juriste Qowiyou Fassassi, l’initiative de TOSSIN soutient le droit à l’information, un principe fondamental inscrit dans la loi n°2015-07 portant code de l’information et de la communication. Les articles 70 à 107 sont particulièrement significatifs à cet égard, car ils sont directement liés à l’accès à l’information tel que défini au chapitre IV.

Pour Achille Azonhoumon, un utilisateur de l’application, le travail accompli par TOSSIN est remarquable et mérite d’être soutenu par le ministère de la Justice afin d’en renforcer l’impact. Un constat partagé par Zimé Oroutamou, « TOSSIN constitue un cadre fédérateur des lois de la République. Grâce à son interface intuitive, elle facilite une recherche rapide et un accès simplifié aux textes législatifs ».

Aujourd’hui, TOSSIN enregistre plus de 56 000 téléchargements de son application, plus de 72 000 téléchargements de Lois, et plus de 20 000 utilisateurs ponctuels. Elle a d’ailleurs remporté le premier prix Jeunesse Francophone.

L’application couvre déjà les Lois de vingt pays ainsi que les traités de cinq organisations internationales. Elle s’adresse aux citoyens, aux juristes, aux étudiants en droit et en relations internationales, aux acteurs politiques, aux gouvernements, aux organisations de la société civile, ainsi qu’aux entreprises.

L’histoire de TOSSIN a commencé en décembre 2016, avec l’initiative de rendre les Lois plus accessibles. Entre 2017 et 2018, l’équipe a travaillé sur un prototype. En 2019, la première version de l’application a été mise en production. L’année suivante, une campagne intensive a permis de numériser plus de trois cents Lois béninoises en seulement quinze jours. En 2021, le projet a pris une dimension internationale avec l’intégration des Lois de 20 pays en huit différentes langues.

Aujourd’hui, TOSSIN continue d’élargir sa base de données, avec pour ambition de couvrir tous les pays du monde. Elle facilite non seulement l’accès aux Lois mais aussi contribue à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable, notamment ceux liés à l’accès à la justice, à la réduction des inégalités, à l’éducation et à l’égalité des genres.

TOSSIN vient compléter et renforcer les efforts déjà entrepris par le gouvernement du Bénin pour améliorer l’accès à la législation. Il s’agit des plateformes existantes, telles que celle du Secrétariat Général du Gouvernement et du Centre de Documentation et d’Information Juridique.

Dans un monde où la Loi régit tous les aspects de la vie en société, des initiatives comme TOSSIN apporte une réponse concrète pour que chacun puisse s’informer, comprendre et agir en toute légalité.

Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.

Megan Valère SOSSOU




Digitalisation du service public en cours au Bénin : le certificat de résidence en un clic…

Finies les longues files d’attente devant l’Agence nationale pour l’identification des personnes (ANIP) pour juste obtenir le justificatif du lieu où on est domicilié. Désormais le certificat de résidence peut être obtenu en ligne.

Jean M’po n’oubliera jamais ce jour. Ce matin-là, il s’était réveillé avec une énergie nouvelle, prêt à saisir une opportunité en or. Après des mois de recherche d’emploi, il venait enfin d’être présélectionné pour un poste qui pouvait changer sa vie. Il ne lui manquait qu’un document pour compléter son dossier : un certificat de résidence à compléter dans un délai très court. Confiant, il se rend chez son chef de quartier pour obtenir la fiche de résidence. Mais il découvre rapidement que le processus ne sera pas aussi simple. Le chef de quartier est absent, il doit repasser plus tard. Lorsqu’il obtient enfin le document manuscrit, il se précipite à la mairie. Là-bas, une longue file d’attente l’attend. Les heures passent, son tour n’arrive toujours pas. À la fermeture des services, il repart bredouille. Le lendemain, il tente à nouveau sa chance, mais il est déjà trop tard : l’entreprise a clôturé le processus de sélection. « C’était frustrant, surtout après avoir tant attendu une offre d’emploi » a-t-il déploré.

Le certificat de résidence est un document essentiel pour de nombreuses démarches administratives. Pour obtenir ce précieux document, les Béninois ont longtemps été confrontés aux tracasseries administratives, des files d’attente, des documents égarés, des allers-retours incessants entre leur chef quartier et la mairie. Mais aujourd’hui, un vent de modernisation souffle sur cette pièce des services d’état civil.

Jusqu’à récemment, obtenir un certificat de résidence était une véritable épreuve. Au-delà des lourdes conséquences en termes de perte d’opportunité, c’est aussi une énorme perte de temps. C’est aussi le cas de Raymond Adjomai : « Récemment, j’ai eu besoin d’un certificat de résidence. J’ai commencé par aller voir mon chef de quartier, ce qui m’a déjà pris beaucoup de temps. Ensuite, je suis allé à la mairie pour payer le timbre, et là, j’ai dû attendre pendant des heures. De 10h du matin à 18h, sans gain de cause. »

Entre les files d’attente et les nombreux déplacements, l’expérience relevait du parcours du combattant. Mais avec la nouvelle réforme annoncée par l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP) le vendredi 14 février 2025, les citoyens peuvent désormais avoir un accès plus rapide et plus simple à leur certificat de résidence.

Désormais, avec quelques clics sur la plateforme eservices.anip.bj, il est possible de faire sa demande et de recevoir son document sans se déplacer.

Selon Elvys Daa –Kpode, Informaticien à l’ANIP, la procédure a été optimisée en trois étapes clés. Il s’agit d’obtenir sa fiche de résidence auprès du chef de quartier ou du village, de soumettre sa demande en ligne sur eservices.anip.bj et de recevoir son certificat validé par l’ANIP, téléchargeable depuis son espace personnel.

Une procédure simplifiée avec un service d’assistance

Pour sécuriser le processus, chaque citoyen doit créer un compte personnel sur la plateforme avec son Numéro Personnel d’Identification (NPI) et son numéro de téléphone a-t-il indiqué. Cette innovation permet également de suivre l’évolution de ses demandes, de vérifier l’authenticité de ses documents et de solliciter des corrections en cas d’erreur.

L’ANIP a également mis en place un centre d’appel gratuit à travers 7054. Ce service d’assistance permet aux citoyens d’obtenir des explications sur la procédure et de signaler d’éventuels blocages même en langue nationale.

Lucresse Y. K., étudiante à Kétou, témoigne : « Puis que c’est nouvellement mis en place, j’avais peur de ne pas comprendre comment faire ma demande en ligne, mais j’ai appelé le service d’assistance et un agent m’a guidée pas à pas. J’ai pu effectuer ma demande et obtenir mon certificat de résidence ! »

Cette réactivité marque une rupture avec le passé et redonne confiance aux usagers de l’administration publique. Le Socio-anthropologue, Valentin Houessou est convaincu qu’avec cette réforme, les citoyens peuvent non seulement tout gérer depuis leur téléphone ou ordinateur mais aussi suivre leur dossier en temps réel. «Finis les jours de patience pour un simple document », a t-il déclaré.

Pour lui, des défis restent à relever, notamment pour les personnes en zone rurale qui ne sont pas à l’aise avec les outils numériques. «Il faut prévoir des séances de sensibilisation et des formations pour accompagner ces personnes, surtout les personnes âgées, pour qu’ils puissent s’adapter à ces nouveaux services ».

Quant à Hilary Christelle Kpadonou, elle regrette encore le passage obligatoire chez le chef de quartier qui peut parfois compliquer inutilement les démarches. « J’espère que cela sera bientôt simplifié aussi. »

Un constat partagé par Chabi Gado Ludovic, qui déplore également le coût de cette pièce. « Pourquoi cette pièce coûte-t-elle désormais jusqu’à 2000 Francs CFA alors qu’elle valait 500 F auparavant ? C’est une bonne réforme, mais le coût reste excessif. »

Selon Aristide Guy Adjinacou Gnahoui, Directeur Général de l’ANIP, tous les défis seront relevés. « Nous voulons transformer l’identification au Bénin en une expérience simple, fluide, moderne. Ce que nous faisons, ce n’est pas seulement moderniser l’état civil. C’est construire l’infrastructure de confiance de notre pays ».

Cette infrastructure permet aujourd’hui d’accéder à plusieurs documents d’état civil : l’acte de naissance sécurisé, le Certificat d’Identification Personnelle (CIP), la carte d’identité nationale biométrique, le certificat de résidence et bien d’autres. L’ANIP ne compte pas s’arrêter là. À moyen terme, l’agence prévoit d’intégrer d’autres services en ligne et de renforcer la sécurisation des données personnelles.

Avec la mise en place de cette réforme, l’obtention du certificat de résidence ne dépendra plus d’interminables files d’attente ou d’aléas administratifs. Un simple clic suffit pour accomplir en quelques minutes ce qui prenait autrefois des jours. Une transformation numérique qui, bien que perfectible, ouvre la voie à un accès et une gestion plus fluide des documents administratifs au Bénin.

Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.

Megan Valère SOSSOU




Plan d’action pour le Climat : La plupart des pays n’ont pas soumis leur nouvelle feuille de route

Le Bénin parmi les absents

La lutte contre le changement climatique marque un temps d’arrêt. Près de 200 pays devaient remettre leur nouvelle feuille de route climatique aux Nations unies avant lundi. Pourtant, seule une dizaine l’a fait, laissant craindre un manque d’engagement face à l’urgence climatique. Le Bénin pays vulnérable aux changements climatiques et régulièrement présent à la Conférence des Parties sur le Climat n’a pas encore présenté son Plan d’Action Climat.

Seuls les États-Unis, l’Équateur, le Brésil, l’Uruguay, le Royaume-Uni, Andorre, la Suisse, les Émirats arabes unis, Sainte-Lucie et la Nouvelle-Zélande ont soumis leurs stratégies mises à jour pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035. Ces pays représentent seulement 16 % des émissions mondiales. Des émetteurs majeurs comme la Chine, l’Inde et l’Union européenne n’ont pas respecté la date limite. L’inaction de ces poids lourds pose question, alors que l’Accord de Paris impose une révision régulière des engagements climatiques pour maintenir le réchauffement bien en deçà de +2°C, voire +1,5°C.

La réélection de Donald Trump aux États-Unis pourrait aussi peser lourd. Son intention de retirer son pays de l’Accord de Paris inquiète, car elle risque de freiner la mobilisation internationale.

Un monde vers +2,6°C à +2,8°C

D’après l’ONU, avec les engagements actuels, la planète se dirige vers un réchauffement de +2,6°C à +2,8°C d’ici la fin du siècle. Un scénario qui accentuerait les canicules, sécheresses et catastrophes naturelles, mettant en péril des millions de vies, notamment en Afrique.

Face aux retards, l’ONU a accordé un répit aux pays qui n’ont pas encore soumis leur plan climatique. Simon Stiell, chef du secrétariat climat des Nations unies, a annoncé qu’ils avaient jusqu’en septembre pour le faire, avant la COP30 prévue au Brésil en novembre.

La question reste posée : ces nouvelles feuilles de route seront-elles à la hauteur des enjeux climatiques ?

Megan Valère SOSSOU