Prévisions Saisonnières des caractéristiques Agro-hydro-climatiques de la saison des
pluies pour les zones Soudanienne et Sahélienne (PRSEASS – 2020)
Du 20 au 24 Avril 2020
La saison des pluies 2020 serait globalement humide. En effet, des quantités de pluies
supérieures à équivalentes aux moyennes saisonnières 1981-2010 sont attendues sur
toute la bande sahélienne. Un démarrage précoce à normal, une fin tardive à normale,
des séquences sèches plus courtes en début de saison et moyennes vers la fin de saison,
et des écoulements globalement moyens à supérieurs à la moyenne sont attendus.
Compte tenu de la pandémie de COVID-19, le PRESASS 2020 a été organisé en ligne par le
Centre Régional AGRHYMET du CILSS, le Centre Africain pour les Applications de la
Météorologie au Développement (ACMAD), les services météorologiques et hydrologiques
(SMNH) des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad, les Organismes des Bassins, avec la
collaboration de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
Le forum a connu la participation de plusieurs invités dont les représentants de la CEDEAO,
les Partenaires Techniques et Financiers du CILSS, des agences de réduction des risques de
catastrophes et des Organisations des Producteurs.
I. Synthèses des prévisions
Les prévisions saisonnières 2020 sont basées sur la configuration actuelle et future des
Températures de Surfaces des Océans (TSO), les prévisions des grands centres mondiaux,
les sorties des modèles statistiques et dynamiques et les connaissances des experts sur les
caractéristiques du climat dans la région. A l’issue des travaux, les tendances ci-après se
dégagent pour les paramètres clés de la saison des pluies 2020 :
• Des quantités de pluies globalement supérieures aux cumuls moyens de la période
1981-2010 sont attendues sur la bande sahélienne et soudanienne allant du Tchad à la
façade Atlantique, notamment sur la partie Sud du Tchad, la bande agricole du Niger,
le Burkina Faso, la partie agricole du Mali, le Sud de la Mauritanie, le Sénégal, la
Gambie, la Guinée Bissau, le Cap-Vert, le Nord de la Guinée, les parties extrême Nord
de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Benin et du Nigéria. Par contre, le Libéria et
la Sierra Leone pourraient enregistrer des cumuls pluviométriques moyens à
déficitaires sur la période Juillet-Août Septembre.
• Des dates de début de saison précoces à normales sont probables sur les parties
Centre et Est du Sahel, notamment sur le Sud-est du Mali, le Burkina Faso, les bandes
agricoles du Niger et du Tchad et sur les parties Nord de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du
Togo, du Benin et du Nigeria. Par contre, sur l’Ouest du Sahel (Sud Mauritanie, Sénégal,
Sud-ouest Mali, Guinée, Guinée Bissau, Sierra Leone et Nord Libéria), il est attendu des dates de début de saison moyennes à tardives, avec toutefois une possibilité de
démarrage précoce par endroits à cause notamment du réchauffement en cours au
niveau des côtes sénégalo-mauritaniennes.
• Des dates de fin de saison tardives à équivalentes aux moyennes sur le Sahel Centre
et Est. Toutefois, sur la façade Ouest couvrant le Sud-ouest Mauritanie, le Sénégal,
l’Ouest Mali, la Gambie, la Guinée Bissau et l’Ouest Guinée, les dates de fin de saison
devraient être moyennes à tardives ;
• Des séquences sèches globalement plus courtes ou équivalentes à celles
habituellement observées sont attendues en début de saison sur le Sahel Centre et Est
et dans certaines localités des parties Nord du Ghana, du Togo, du Benin et du Nigeria.
Vers la fin de la saison, des séquences sèches globalement plus courtes sont attendues
sur toute la bande sahélienne et soudanienne, sauf sur les voisinages du Lac-Tchad (au
Niger, au Nigeria et au Tchad) où il est prévu des durées séquences sèches longues à
moyennes ;
• Des écoulements globalement supérieurs aux moyennes de la période 1981-2010 sont
attendus dans les bassins ci-après : Gambie, Sénégal, Haut Bassin de la Volta, Niger
Moyen et supérieur, Bandama, Sassandra, Cavally, Komadougou-Yobé, Chari et dans
la région du Lac-Tchad. Quant aux bassins de la Comoé, du Mono, de l’Ouémé, du Niger
Inférieur, du Logone et la Volta Inférieure, ils devraient enregistrer des écoulements
globalement moyens.
II. Recommandations pour la réduction des principaux risques
1) Face au risque d’inondation
Au regard des cumuls de pluies globalement supérieurs à la moyenne attendus sur la bande
sahélienne, des durées de séquences sèches plus courtes à moyennes, des écoulements des
cours d’eau exédentaires, les risques d’inondations sont élevés. Pour attenuer ces risques sur
les personnes, les animaux, les cultures et les biens matériels, il est recommandé de :
• suivre de près les seuils d’alerte dans les différents sites à haut risque d’inondation ;
• renforcer la communication des prévisions saisonnières et la sensibilisation des
communautés vulnérables, en impliquant les acteurs étatiques et les différentes
plateformes de réduction des risques de catastrophe dans la chaine de communication
et de gestion des crises,
• prévenir l’occupation anarchique des zones inondables, en particulier dans les zones
urbaines,
• renforcer la veille et les capacités d’intervention des agences en charge du suivi des
inondations, de la réduction des risques de catastrophes et des aides humanitaires,
• assurer le currage régulier des caniveaux d’assainissement,
• faire des exercices de simulation dans le cadre de la préparation des plans de réponses
aux inondations.
2) Face aux risques phytosanitaires et d’insécurité alimentaire
Au regard de la situation globalement humide attendue pour la saison des pluies 2020 et de la
crise acridienne en cours en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique, il est très probable d’observer une incursion d’essaims de criquets pèlerins, à la faveur du démarrage précoce
prévu pour la saison des pluies dans la bande sahélienne. Conjuguée à la situation liée à la
pandémie du COVID19, ce risque d’invasion acridienne pourrait aggraver le risque d’insécurité
alimentaire pour des millions de personnes au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Pour prévenir
les risques, il est recommandé :
• aux Etats, de renforcer la surveillance vis-à-vis de l’invasion acridienne dans les zones
à risque des pays de la ligne de front, et de maintenir la vigilance contre les autres
ravageurs des cultures comme la chénille légionnaire ;
• aux Organisations Inter-Gouvernementales (OIG), de la région de mobiliser les
Partenaires Techniques et Financiers (PTF) et la communauté internationale pour une
gestion préventive du risque acridien
• aux PTF, d’accompagner les Etats du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, les OIGs de la
région dans leurs efforts de lutte contre les nuisibles des cultures et les autres fléaux
qui peuvent impacter négativement la sécurité alimentaire et nutritionnelle des
populations.
3) Face au risque de sécheresse
En dépit du caractère globalement humide attendu pour la saison des pluies 2020, il est
probable d’observer par endroit des déficits hydriques pouvant retarder la mise en place de la
biomasse fourragère, entrainer des échecs de semis et affecter la croissance des plantes. Ces
déficits hydriques pourraient aussi favoriser le développement d’insectes ravageurs des
cultures. Par. Pour prévenir les risques, il est recommandé de :
• diversifier les pratiques agricoles, à travers notamment la promotion de l’irrigation, du
maraichage pour reduire le risque de baisse de production dans les zones exposées;
• veiller à une gestion intégrée des ressources en eau pour une meilleure prise en
compte des différents usages, notamment les besoins des barrages hydro-électriques
et des aménagements hydro-agricoles,
• interagir avec les techniciens de la Météorologie Nationale, de l’Agriculture et de
l’Hydrologie pour des informations spécifiques aux pays et les conseils agro-hydro-
météorologiques sur les conduites à tenir ;
4) Face au risque de maladies
Pour reduire le risque de maladies liées à l’eau (Cholera, malaria, dengue, bilharziose, diarrhée,
etc.) dans les zones humides ou inondées, il est fortement recommandé de :
• sensibiliser sur les maladies climato-sensibles, en collaboration avec les services de
météorologie, d’hydrologie et de santé,
• vacciner les populations et les animaux, encourager l’utilisation de moustiquaires,
mettre en place des stocks d’antipaludéens,
• prévoir des stocks des médicaments dans les zones difficiles d’accès, suite aux
inondations,
• suivre la qualité de l’eau et mettre en place des produits de traitement
• renforcer les capacités des systèmes nationaux de santé et des plateformes de
réduction de risques de catastrophes, III. Recommandations pour la valorisation des opportunités
Au regard du caractère globalement humide attendu de la saison des pluies, il est recommandé
aux agriculteurs, éleveurs, autorités, gestionnaires des ressources en eau et de l’hydro-
éléctricité, Projets, ONG et OP de :
• soutenir le déploiement de techniques d’augmentation de rendements des cultures, à
travers l’apport des fertilisants (fumure organique et engrais minéral) et la mise en place
de variétés à haut rendement ;
• renforcer les dispositifs d’encadrement et d’assistance agro-hydro-météorologiques
des producteurs ;
• faciliter aux producteurs l’accès aux semences améliorées, notamment celles à haut
rendements,
• exploiter les eaux disponibles, à travers la promotion de l’irrigation, des cultures de
décrue et de l’aquaculture, en particulier dans les plaines inondables.
Il est recommandé à tous les acteurs du suivi de la campagne agricole d’être attentifs aux
mises à jour qui seront faites par le Centre Régional AGRHYMET, l’ACMAD et les services
météorologiques et hydrologiques nationaux.
le 24 avril 2020
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