Amélioration de la nutrition à travers l’augmentation des rendements agricoles : le projet CASCADE change les pratiques de production des communautés béninoises.

A Tanguiéta dans le département de l’Atacora, les acteurs de la filière riz ont désormais de quoi se réjouir. Avec l’introduction de nouvelles techniques et outils propres à l’approche Farmers Field Business School (FFBS), les estimations en termes de tonnage ont largement augmenté grâce au projet CASCADE;. Plus de quatre (04) tonnes à l’hectare au cours de la campagne 2024 contre deux (02) tonnes par le passé.

Champ d’expérimentation de l’approche FFBS de la coopérative des producteurs de riz de Sonta, commune de Tanguiéta

L’Atacora est l’un des départements d’intervention du projet CASCADE, réputé pour la production du riz local. Ce riz riche en nutriments et prisé par les populations, est devenu de plus en plus rare sur le marché. Cet état de chose est dû aux facteurs tels que les variations climatiques et les techniques de production désuètes. Avec l’avènement du projet CASCADE, le secteur rizicole dans l’Atacora renait de ses cendres, avec l’approche FFBS. Farmers Field Business School (FFBS) est une approche d’apprentissage par la pratique qui intègre  pratiques d’agriculture durable, engagement sur le marché, genre, sécurité alimentaire et nutritionnelle, autonomisation des groupes vulnérables ainsi que le suivi et l’évaluation.

En 2024, la coopérative villageoise des producteurs de riz du village Sonta a adopté l’approche FFBS avec la mise en application de ses outils et techniques. Selon Pascaline KOUENE, secrétaire de la coopérative « cette première expérience est très positive. Les membres de notre coopérative sont satisfaits parce que nous avons augmenté le rendement et notre bien-être grâce à l’approche FFBS du projet CASCADE ».

Placée au cœur de tous les efforts, l’amélioration de la nutrition des femmes en âge de procréer et des enfants de 0 à 10 ans, est l’objectif principal poursuivi par le projet CASCADE. Par le passé, les producteurs ont tendance à brader presque toute leur production et faire face à des pénuries en période de soudure. Mais le projet CASCADE prône la priorisation de la consommation des produits par le producteur lui-même et la conservation d’une part pour la vente à un meilleur prix sur le marché. Pascaline KOUENE et sa coopérative ont pris conscience de cette nécessité et témoignent : « Les partenaires du projet CASCADE nous ont longtemps sensibilisé sur la nécessité pour nous de manger le riz que nous produisons au lieu d’aller tout vendre au marché à vil prix. D’ailleurs notre riz est de très bonne qualité et nous et nos familles devons en consommer ».

« La mise en œuvre de l’approche FFBS est une expérience réussie pour le projet CASCADE. Elle permet de regrouper les femmes autour du concret tout en renforçant leur capacité à mieux produire, à mieux vendre et à s’auto-suffire » témoigne Fiacre ALLADAYE, Chargé de projet CASCADE au sein de l’ONG ERAD, partenaire de CARE Bénin/Togo dans la mise en œuvre du projet. Des hommes bien outillés pour une meilleure applicabilité des principes de l’approche qu’a introduit le projet CASCADE, mais c’est aussi une synergie bien structurée entre différents acteurs de la filière : « Nous avons mis en place un dispositif de pérennisation qui regroupe tous les acteurs à savoir : la DDAEP, l’ATDA/CCeC, les structures agréées en conseil agricole, les producteurs et les bénéficiaires qui sont les groupements de femmes…En dehors de cette organisation technique, le projet CASCADE a également mis à la disposition des unités de démonstration (UD), tous les intrants agricoles nécessaires à la production. Toutes les activités notamment l’application des innovations, le déroulement des modules de formation et la définition des stratégies de réplication de l’approche, se sont déroulées sous le leadership des responsables de la DDAEP Atacora, de l’ATDA Pôle 3 et de ERAD ONG » a rajouté le Chargé de projet à ERAD ONG.

Pour bien se nourrir, la disponibilité des aliments est l’un des piliers importants. Renforcer ce pilier de la sécurité alimentaire, est devenu un défi important pour l’équipe du projet CASCADE. C’est ce qui fonde les partenariats avec les structures gouvernementales comme l’Agences territoriales de Développement Agricole (ATDA). Au sein de cette structure, les résultats obtenus à travers l’approche FFBS témoignent de la qualité de la synergie d’action. Selon Taofik TAPE BATTA, Chef de la Cellule Communale de Tanguiéta, l’approche FFBS est une approche innovante que l’ATDA a découverte. Il témoigne : « Nous sommes satisfaits par rapport aux résultats obtenus. Dans la zone, l’état des lieux montrait un rendement moyen qui tournait autour de deux (02) tonnes à l’hectare. Et lorsqu’on a mis en œuvre cette approche au niveau de la parcelle vulgarisée, nous sommes allés à quatre (04) tonnes à l’hectare. »

L’approche FFBS a été également appliquée dans d’autres communes du Bénin. A Nikki dans le Borgou et à Toviklin dans le Couffo, plusieurs groupements ont appliqué les techniques de cette approche, avec des résultats positifs enregistrés dans la production des fruits et légumes, de même que la production du niébé.

L’adoption des approches innovantes en termes de production agricole par les communautés leur ouvre ainsi les portes sur un avenir plus prometteur en termes de disponibilité alimentaire pour l’amélioration de la nutrition au sein des ménages Béninois. Chaque ménage s’engage donc à dupliquer l’approche pour la disponibilité alimentaire.

Bamidélé LAOUROU




Sécurité des soins au Bénin : l’ARS et Amnesty International œuvrent pour une charte des droits et devoirs des patients

L’Autorité de Régulation du secteur de la Santé (ARS), avec l’appui financier d’Amnesty International, a organisé un atelier de co-construction et de pré-validation de la charte des droits et devoirs des patients au Bénin. Cet événement, qui a démarré le 11 mars et s’est achevé le 14 mars 2025, a rassemblé divers acteurs : société civile, professionnels de la santé, médias, associations de défense des droits humains et experts.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la campagne d’éducation aux droits à la santé suivie de plaidoyer institutionnel conduite par Amnesty International. Selon Eric-Orion Biao, coordonnateur Éducation aux Droits Humains à Amnesty International, ce projet de charte faisait déjà partie des priorités de l’ARS dans son programme de renforcement du dispositif de sécurité des patients au Bénin. « Amnesty International nourrissait une profonde ambition pour sa concrétisation », a-t-il souligné avant d’expliquer que cette charte aura pour objectif de faire des patients et patientes des acteurs et actrices actifs et actives de leur propre santé.

Un document consensuel et participatif

Durant trois jours d’échanges, de communications et de travaux de groupe, les participants ont identifié 16 droits et 8 devoirs pour le projet de charte, ainsi qu’un plan national de vulgarisation.

Pour Enock Boni, juriste expert en droit de la santé à l’Autorité de Régulation du secteur de la Santé (ARS), « le patient a des droits, mais il a aussi des devoirs. Or, la plupart des citoyens ignorent leurs droits en matière de soins de santé, ce qui limite leur capacité à les faire valoir. »

Selon lui, l’initiative vise à doter les établissements de santé d’une charte unique, harmonisée et standardisée. Ainsi, les droits des patients resteront identiques dans tous les centres de santé du pays, garantissant un traitement équitable et respectueux. « Posséder un droit sans le connaître, c’est presque ne pas l’avoir », a-t-il insisté.

Dagbeto Dieudonné, directeur exécutif d’Amnesty International Bénin, est revenu sur les motivations de cette initiative lors de la pré-validation des documents. Il explique : « Amnesty International a commandité en 2023 une étude qui a révélé plusieurs situations peu reluisantes, notamment une relation parfois tendue entre certains patients et certains professionnels de la santé, ce qui impacte la qualité des soins offerts. » Amnesty International Bénin reste engagé à poursuivre les prochaines étapes, notamment la finalisation, la signature et la vulgarisation de la charte pour la sécurité des patients au Bénin.

Pour Elisée Sessi Kinkpé, chargée de mission et représentant le ministre de la Santé, cette charte constitue un outil indispensable pour améliorer l’offre de soins de santé au Bénin.

Depuis le 28 mars 2024, un dispositif de sécurité des patients a été déployé dans tous les établissements de santé au Bénin par l’ARS. Son président, le Pr Lucien Dossou-Gbèté, a salué l’engagement des parties prenantes dans l’élaboration de cette charte : « Vous apportez la preuve de la bonne compréhension et de l’importance que revêt la sécurité des patients. (…) C’est ensemble que nous pouvons enrichir ce projet de charte et garantir qu’il réponde aux besoins et aux aspirations des parties prenantes. »

Une implication nécessaire des professionnels de santé

L’un des participants, Odelvis Camille Santos, médecin généraliste et membre de la commission d’écoute client de l’hôpital Saint-Martin de Papane à Tchaourou, a appelé les professionnels de santé à voir cette charte non pas comme une contrainte, mais comme un levier pour améliorer la qualité des soins. Il les invite à s’approprier son contenu afin d’en assurer une mise en œuvre efficace.

L’atelier de co-construction et de pré-validation de la charte des droits et devoirs des patients a permis d’élaborer une charte et un plan national de vulgarisation, deux outils qui contribueront à renforcer la protection des patients et à promouvoir un accès équitable à des soins de qualité au Bénin.

La balle est désormais dans le camp des autorités et des acteurs de la santé pour assurer la mise en application effective de cette charte dans tout le pays après sa validation définitive.

Megan Valère SOSSOU




Sécurité des soins au Bénin : Une charte pour garantir les droits et devoirs des patients

L’Autorité de Régulation du Secteur de la Santé (ARS), avec le soutien d’Amnesty International, a organisé un atelier pour co-construire et pré-valider une charte des droits et devoirs des patients au Bénin. Ce document vise à harmoniser les droits des patients dans tous les établissements de santé et à renforcer leur rôle actif dans leur propre prise en charge.

Ecoutez le reportage de Venance Ayébo Tossoukpe, prise de sons Megan Valère SOSSOU




Lancement du programme Voix EssentiELES au Bénin : une nouvelle ère pour l’inclusion et le leadership des femmes

Ce mercredi 12 mars 2025, la Salle Cèdre de l’hôtel Golden Tulip de Cotonou a accueilli le lancement de la deuxième phase du programme Voix EssentiELLES au Bénin, initié par Speak Up Africa avec le soutien financier du Fonds Mondial et de la Fondation CHANNEL. Placée sous le signe d’une solidarité renforcée entre partenaires, cette nouvelle phase vise à amplifier l’impact du programme au Bénin, au Togo et en Côte d’Ivoire.

Frantz Oke, Coordonnateur de Speak Up Africa Bénin, a ouvert la rencontre en souhaitant la bienvenue aux partenaires, aux bénéficiaires et aux représentants des médias. Il a ensuite présenté Speak Up Africa, une organisation engagée dans la transformation sociale et le renforcement du leadership des femmes et des filles en Afrique francophone.

L’introduction de Voix EssentiELLES au Bénin met un accent particulier sur la voix, la prise de décision et le leadership des femmes, des éléments clés de leur autonomisation. L’objectif est de garantir une participation significative des femmes et des filles dans toutes les sphères de prise de décision.

En assurant une inclusion effective des femmes et des filles dans toute leur diversité, Voix EssentiELLES s’attache à influencer positivement les politiques et programmes de santé en Afrique de l’Ouest et du Centre a rappelé Marielle Montcho.

Un programme pour l’autonomisation et la prise de décision des femmes

Les organisations et réseaux locaux impliqués dans cette deuxième phase ont ensuite présenté leurs thématiques de travail et leurs zones d’intervention. Speak Up Africa collabore avec 15 organisations au Burkina Faso, 12 en Côte d’Ivoire et 10 au Bénin, en partenariat avec des réseaux médiatiques comme le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN).

Au Bénin, une dizaine d’organisations bénéficient du programme, parmi lesquelles : ROAJELF, FADEC ONG, ICONE 360, Fondation des Jeunes Amazones pour le Développement, Réseau des Féministes du Bénin, Fondation Reine Hangbé, Bénin Women Alumni Association, Fondation de la Reine Natabou de Toviklin, et bien d’autres.

“Ces organisations vont travailler d’arrache pied pour mettre en place des plaidoyers efficaces qui visent à obtenir soit des lignes budgetaires, soit des changements de politique au niveau local et national pour l’amélioration de l’accès au service de santé pour les femmes dans leurs communautés” a laissé entendre Christiane Yelibi, Coordonnatrice Voix Essentielles.

Tout en saluant les projets portés par les bénéficiaires, Dr Odjè Adeichan, secrétaire permanent de l’instance Nationale de Coordination des Ressources du Fonds Mondial a invité à une gestion transparente des ressources à allouer.

Victorine Kemonou Djitrinou, Présidente de la Fondation Reine Hangbe se réjouit de l’appui de Speak Up Africa pour relever le défi des droits à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles dan la ville de Porto-Novo.

Comme elle, sa majesté Adjignon Natabou, Présidente de la Fondation Reine Adjignon Natabou est convaincue que l’accompagnement de l’initiative Voix Essentielles permettra de conduire une communication stratégique pour la lutte contre le paludisme dans la zone sanitaire Klouekanme-Toviklin – Lalo avec l’implication des leaders religieux et traditionnels.

La Présidente du Caucus des Femmes Parlementaires du Bénin, He Djamilatou Sabi Mohamed, et l’Honorable Aké Natondé ont exprimé leur enthousiasme quant à la participation du Bénin à ce programme, soulignant l’implication des parlementaires béninois dans la réussite de Voix Essentielles.

Rappelons que depuis 2021, Voix Essentielles a permis à plus d’une vingtaine d’organisations et de réseaux locaux de femmes et de filles Burkina Faso, au Sénégal et en Côte d’Ivoire de jouer un rôle actif dans le changement des paradigmes sociaux.

Mahougnon Josué Tchagnonsi




Retrait des États-Unis de la santé mondiale : une menace pour la recherche et les populations vulnérables

L’Académie nationale de médecine exprime une prise de position officielle. L’Académie dans sa séance du mardi 11 mars 2025, a adopté le texte de ce communiqué par 62 voix pour, 8 voix contre et 8 abstentions.

Les récentes mesures des États-Unis : des conséquences délétères pour la santé mondiale et la recherche médicale internationale En participant aux activités de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), à la mise en action de ses différentes résolutions, à la gestion des crises pandémiques successives, les États-Unis ont ces dernières années massivement investi dans le financement et la gouvernance de la santé mondiale où ils jouent un rôle prédominant.

Ce pays a fourni ainsi avec 12,4 Mds$ en 2023 plus de 40 % de l’aide publique au développement en santé dans le monde, sur un total de 23 Mds$ (1). Les récentes décisions de la gouvernance américaine de se désengager de ses actions en faveur de la santé mondiale, et de supprimer la plupart de ses dépenses s’y rapportant, marquent une profonde rupture, qui aura des conséquences délétères pour les populations, dans l’équilibre des efforts menés.

Ces décisions concernent :

  1. La restructuration de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) avec une réduction drastique du personnel et une baisse significative des fonds alloués aux programmes humanitaires et sanitaires (2). Ceci bouleverse les approvisionnements en médicaments, les infrastructures de santé et les réponses d’urgence aux crises humanitaires (3).
  2. Le gel du Plan d’urgence pour la lutte contre le SIDA/VIH (PEPFAR), compromettant des initiatives cruciales dans plus de 50 pays et mettant en péril les avancées réalisées dans la réduction de la transmission du VIH/SIDA (4).
  3. La réduction du financement du National Institute of Health (NIH) et des projets associés de recherche médicale (plafonnement à 15 % des coûts indirects) (5) qui impacte les recherches sur les vaccins, les traitements contre les maladies infectieuses et non transmissibles, compromettant le développement de nouveaux traitements (6) (7). De nombreux essais cliniques internationaux et recherches collaboratives risquent ainsi d’être suspendus, les accès aux bases de données de programmes ciblés (VIH/SIDA, recherches en lien avec le genre, données climatiques etc.), supprimés. Ces coupes budgétaires vont affecter l’ensemble de la recherche médicale aujourd’hui mondialisée.
  4. La réintroduction du « Global Gag Rule » qui empêche tout financement des ONG internationales qui diffusent des informations et aident à l’interruption volontaire de grossesse entraînant une baisse significative des financements destinés à la santé reproductive et maternelle, notamment en Afrique et en Asie, impactant l’accès aux soins prénataux et aux contraceptifs (8).
  5. Le retrait du financement de l’OMS et celui progressif du personnel américain, qui privera l’organisation d’environ 20 % de son budget, affectant les campagnes de vaccination, la coordination des réponses sanitaires et la surveillance des pandémies, désormais sans lien avec les Centers for Disease Control (9) (10) (11) (12), ainsi que la surveillance des maladies non transmissibles.
  6. Le retrait des États-Unis de plusieurs organisations multilatérales internationales et de ses contributions à des institutions-clés comme l’UNESCO et le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (UNHRC), qui affectera les populations les plus vulnérables (13).

Ces mesures peuvent encore faire l’objet de révisions ou d’annulations, de dérogations ou de limitation dans le temps. Cependant, compte tenu du rôle et de l’importance de la contribution américaine à la santé mondiale, elles remettent en question non seulement la coordination, le financement de ces actions mais aussi la recherche et l’innovation dans ce domaine (14), au détriment des populations les plus vulnérables.

Face à ces décisions aux conséquences potentiellement délétères pour la santé mondiale, l’Académie nationale de médecine de France estime essentiel de :

– Maintenir un engagement collectif dans la santé mondiale, en garantissant l’accès aux soins et aux services des personnes directement affectées par l’arrêt brutal des programmes d’aides sanitaires, en exprimant une solidarité envers les chercheurs et personnels de santé concernés par ces restrictions, en renforçant les collaborations en cours et à venir.

– Repenser l’architecture et la gouvernance de la santé mondiale, en précisant notamment le rôle de l’OMS ainsi que la contribution respective des financements internationaux et des fonds domestiques.

– Affirmer un « leadership » européen avec une position commune et proactive définissant une volonté de coordination participative face au retrait américain. La France devrait se donner les moyens d’y jouer un rôle majeur et emporter l’adhésion de ses partenaires à ces nouvelles ambitions.




Journée Internationale de la Femme 2025 : La PASCiB engagée au renforcement des droits, de l’égalité et de l’autonomie de la femme et de la fille

À l’occasion de la Journée Internationale de la Femme 2025, sous le thème retenu par l’ONU, « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », la Plateforme des Acteurs de la Société Civile au Bénin (PASCiB) réaffirme son engagement à promouvoir les droits humains, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles. Ce thème, en phase avec les actions entreprises par le programme Benkadi, souligne l’importance de l’égalité entre les sexes pour aller vers un avenir durable et résilient face aux défis mondiaux actuels, en particulier ceux liés aux changements climatiques.

Le nom « Benkadi » que porte le programme vient de la langue bambara et signifie « travailler ensemble dans la même direction ». Ce nom « Benkadi » est également celui du consortium de mise en œuvre du programme, formé par quatre (4) plateformes d’organisations de la société civile (OSC) ouest africaines que sont : la Plateforme des Acteurs de la Société Civile au Bénin (PASCiB), le Secrétariat Permanent des ONG (SPONG) au Burkina-Faso, la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) en Côte d’Ivoire et le Secrétariat de Concertation des ONG nationales du Mali (SECO-ONG).

Le programme Benkadi, qui bénéficie de l’appui technique de l’ONG néerlandaise Woord en Daad et celui financier du Ministère des Affaires Étrangères (MoFa) du Royaume des Pays Bas, est un programme de plaidoyer et d’influence des politiques publiques en faveur des groupes vulnérables (femmes, jeunes et personnes handicapées) dans le domaine agricole et de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques.

Cette déclaration révèle quelques acquis du programme en lien avec le thème retenu pour cette année et appelle à des actions plus soutenues dans la poursuite des efforts que la PASCiB effectue avec l’appui de ses partenaires.

  1. Acquis du Programme Benkadi et leur impact sur les femmes et les filles

Le programme Benkadi, lancé en 2021, met l’accent sur la résilience des communautés vulnérables face aux effets néfastes des changements climatiques, avec une attention particulière pour les femmes, les jeunes et les personnes handicapées.

Ce programme a permis de :

• Renforcer le rôle des femmes dans l’adaptation au changement climatique : Grâce à des actions de sensibilisation, de formation et de plaidoyer, les femmes ont acquis une meilleure compréhension des enjeux climatiques et ont participé activement aux décisions locales, notamment en ce qui concerne les Plans de Développement Communal (PDC) de 4ème génération.

• Promouvoir l’autonomisation économique des femmes : À travers des projets innovants comme la transformation de la jacinthe d’eau en biofertilisants et biopesticides, les femmes maraîchères ont, non seulement, renforcé leur résilience face au changement climatique, mais ont également bénéficié de nouvelles opportunités économiques, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et à la durabilité de leurs communautés.

• Soutenir les femmes dans la gestion des ressources naturelles : le programme Benkadi a facilité l’accès des femmes à des terres agricoles pour la production et le reboisement, tout en les élevant au rang d’actrices clés dans la gestion durable des écosystèmes, en particulier dans les réserves des biosphères du Mono et de l’Ouémé.

  • Approche Genre et Inclusion dans les Changements Climatiques

Les femmes, en particulier celles vivant en milieu rural, sont les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Leur dépendance vis-à-vis des ressources naturelles, leur accès limité à la terre, à l’eau et à l’énergie, exacerbent leur précarité face à ces phénomènes.

La PASCiB, à travers le programme Benkadi, intègre la dimension genre et inclusion dans ses actions d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique, en veillant à ce que les besoins spécifiques des femmes, des jeunes et des personnes handicapées soient pris en compte dans les politiques climatiques. Cette approche de résilience et centrée sur l’adaptation basée sur les écosystèmes (AbE) contribue à l’autonomisation des femmes en leur fournissant les outils nécessaires pour défendre leurs droits et améliorer leurs conditions de vie.

  • Objectifs et Engagement pour 2025

À l’occasion de la JIF 2025, la PASCiB, par le biais du programme Benkadi, réaffirme son engagement à :

▪ Promouvoir l’égalité des sexes dans la lutte contre le changement climatique :

Nous appelons les autorités, tant locales que nationales, à prendre des mesures concrètes pour intégrer la dimension genre dans les politiques de développement durable et dans les stratégies d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.

▪ Valoriser les actions entreprises par les femmes :

En tant que piliers de la résilience face aux changements climatiques, les femmes doivent être reconnues et soutenues pour leurs contributions essentielles à la durabilité des communautés.

▪ Encourager l’inclusion des femmes et des filles dans les processus décisionnels : Leur participation active à la gestion des ressources naturelles, à la mise en œuvre des Plan de Développement Communal (PDC) et à la définition des stratégies climatiques est cruciale pour garantir l’égalité des chances et l’autonomisation.

4. Appel à l’Action

La PASCiB appelle les gouvernements, les organisations de la société civile, le secteur privé, et toutes les parties prenantes à :

• Renforcer l’accès des femmes aux ressources, aux services et aux opportunités économiques, en particulier dans les secteurs les plus affectés par le changement climatique tels que l’agriculture et les ressources en eau.

• Promouvoir l’éducation et la formation sur les droits des femmes et l’adaptation aux changements climatiques, en intégrant une approche genre dans les programmes et les projets de développement.

• Développer des partenariats stratégiques pour multiplier les impacts du programme Benkadi et d’autres initiatives similaires en vue de renforcer la résilience des communautés vulnérables, en particulier les femmes, les jeunes et les personnes handicapées.

La PASCiB réaffirme son engagement à poursuivre ses efforts pour garantir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, en intégrant ces objectifs dans la lutte contre les effets du changement climatique.

À l’occasion de cette Journée Internationale de la Femme 2025, nous réaffirmons que l’égalité des sexes est un impératif pour la construction d’un avenir durable, juste et équitable pour tous.

Nous appelons les autorités et les acteurs de la société civile à poursuivre le travail entamé et à unir leurs forces pour créer un environnement propice à l’épanouissement de toutes les femmes et de toutes les filles.

La PASCiB, à travers son programme Benkadi, continue de soutenir l’engagement de chaque femme et de chaque fille pour un avenir plus juste et résilient face aux défis climatiques.




Regards croisés d’un chercheur, d’une avocate et d’une jeune activiste

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque 8 mars et dont le thème pour cette année est « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », le Partenariat de Ouagadougou met en lumière les contributions d’une avocate, d’une jeune activiste et d’un enseignant-chercheur, tous engagés pour la promotion des droits des femmes. Leurs actions, bien que spécifiques, se renforcent mutuellement, créant une dynamique de changement et d’émancipation collective.

Ils s’appellent Pr Georges Guiella, enseignant-chercheur à l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, Me Francine Aka-Anghui, avocate en Côte d’Ivoire, et Oumou Hawa Diallo, une jeune activiste féministe guinéenne. Bien que provenant de milieux et de parcours différents, ces trois acteurs partagent un objectif commun : l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes. Comme l’a mentionné Me Francine Aka-Anghui, « Force est de constater qu’il y a une déperdition des filles au fur et à mesure de l’avancement dans les études ». Ce phénomène souligne la nécessité de garantir une égalité des chances pour toutes les filles, indépendamment de leur contexte social ou économique, et de lutter contre les obstacles qui entravent leur éducation et leur autonomisation.

Pour Me Francine Aka-Anghui, présidente de l’Association des Femmes Juristes de la Côte d’Ivoire, spécialiste des droits de l’Homme et des droits des femmes, les défis pour garantir les droits des femmes sont immenses. Son association plaide pour des réformes législatives et une meilleure application des droits des femmes. « Nous menons des activités de plaidoyer auprès des gouvernements pour améliorer la législation sur les droits des femmes et toutes les questions y afférentes. Nous encourageons aussi le leadership féminin à travers des formations et des activités en réseau », a-t-elle affirmé. La jeune activiste féministe guinéenne, Oumou Hawa Diallo, membre du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, Coordinatrice du programme « Girls Talk Guinée » et membre du Think Tank Jeunes du Partenariat de Ouagadougou, appelle ses pairs à s’engager pour déconstruire les stéréotypes de genre au niveau communautaire.

Ces deux actions se rejoignent et sont interconnectées car les réformes législatives nécessitent des évolutions des normes sociales pour être véritablement efficaces et l’engagement social bénéficie du soutien législatif pour garantir la protection des droits. En effet, les réformes légales doivent aller de pair avec des changements de mentalités pour que l’égalité de genre devienne une réalité tangible. « Les jeunes peuvent jouer un rôle clé en devenant des ambassadeurs du changement et en militant activement pour les droits des jeunes filles et des femmes, en réalisant des activités communautaires liées aux droits sexuels et reproductifs, à l’égalité de genre et à la lutte contre les violences basées sur le genre », affirme Oumou Hawa Diallo, lauréate du concours photo du coaching Femme Modèle en 2022.

Mme Aka-Anghui, tout comme l’activiste Diallo, mène des activités pour sensibiliser les communautés aux droits des femmes et à l’égalité des droits. Elle organise des formations, des campagnes de sensibilisation et des ateliers sur les droits humains, l’éducation et la santé des femmes, en impliquant aussi les hommes et les jeunes garçons pour changer les perceptions et comportements sexistes, mais surtout les leaders communautaires, les guides religieux, les chefs de villages et de communauté.

Les résultats des recherches du Pr Guiella, conseiller de recherche du Partenariat de Ouagadougou (PO), mettent en lumière l’impact des normes sociales sur l’autonomisation des femmes, et trouvent un écho dans les initiatives d’Oumou Hawa Diallo et de Me Aka-Anghui, qui œuvrent à déconstruire ces normes au niveau local et communautaire.

En termes clairs, les travaux de recherche du Pr Guiella ont montré que l’autonomisation des femmes, en particulier dans le domaine de la santé reproductive, est profondément liée à la prise de décisions individuelles et collectives. Ses recherches ont révélé les obstacles systémiques (normes sociales, domination masculine) qui freinent cette autonomisation. « Depuis 2019, l’ISSP, à travers sa plateforme de recherche PMA (Performance Monitoring for Action), collecte et analyse des données pour étudier le lien entre égalité de genre et autonomisation des femmes, en particulier dans le domaine de la santé et du bien-être des femmes. Ces données, accessibles aux chercheurs, portent, entre autres, sur l’autonomie décisionnelle en matière de santé reproductive, le poids des normes sociales et de genre relatif à la sexualité et à la fécondité, la coercition reproductive, etc. », s’est réjoui le Pr Guiella.

Ces trois acteurs, par leurs approches complémentaires, incarnent l’essence de l’engagement pour l’égalité de genre, de la recherche académique à l’action législative en passant par l’engagement communautaire. La recherche fournit les preuves nécessaires à l’action politique et sociale, tandis que l’engagement pratique des activistes et des juristes participe à l’évolution des politiques publiques et des mentalités. Leurs contributions se croisent et se renforcent pour dessiner un avenir où l’égalité de genre est pleinement réalisée.

À l’endroit de ses pairs, Hawa Diallo a dit ceci : « Vous êtes capables et vous méritez de vivre dans un monde où vos droits sont respectés et vos rêves peuvent devenir réalité. Ne laissez jamais les obstacles ou les normes sociales vous définir. Prenez la parole, osez rêver grand, élevez-vous, et rappelez-vous que l’égalité de genre est un droit, pas un privilège. Votre voix compte, votre avenir est entre vos mains, et ensemble, nous pouvons construire une société plus juste pour toutes les filles et femmes. Ne sous-estimez jamais votre potentiel. »




Femmes et prise de décision : Voix Essentielles étend son action au Bénin et au Togo

Dans le cadre de la Journée internationale des femmes 2025, Speak Up Africa réaffirme son engagement en faveur de l’autonomisation des femmes en Afrique de l’Ouest à travers le projet Voix Essentielles. Une rencontre virtuelle a réuni des expertes et militantes avec des journalistes sur l’importance du plaidoyer et du leadership féminin. Avec l’élargissement du projet Voix Essentielles au Bénin et au Togo, Speak Up Africa se veut renforcer l’impact des organisations communautaires et d’accroître la participation des femmes dans les espaces de décision.

En prélude à la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars, une importante rencontre virtuelle a regroupé une centaine de journalistes du REMAPSEN autour de Mme Awa Yanogo, chargée de plaidoyer à Speak Up Africa, Mme Cécile Konan, présidente de l’Union nationale des femmes handicapées de Côte d’Ivoire, Mme Armanda Sawadogo, secrétaire générale de l’Association de soutien aux enfants et femmes vulnérables au Burkina Faso et Mme Fatimata Sy, présidente de l’Association sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant. Ces panélistes ont entretenu les journalistes sur le thème : Plaidoyer et changement social, amplifier les initiatives locales pour un impact durable.

Chacune des intervenantes a amplement expliqué les activités menées dans sa structure, les résultats enregistrés ainsi que les difficultés rencontrées. C’est dans cet esprit que Mme Awa Yanogo, chargée de plaidoyer à Speak Up Africa, s’est beaucoup appesantie sur le projet Voix Essentielles, les raisons de sa création, les résultats enregistrés et les perspectives de ce projet qui œuvre aujourd’hui dans cinq pays africains. Ce projet est mis en œuvre par Speak Up Africa, une organisation à but non lucratif de communication stratégique et de plaidoyer, en partenariat avec la Fondation CHANEL.

Donnant les raisons de la création de Voix Essentielles, Mme Awa Yanogo a affirmé dans sa présentation que : « Malgré leurs contributions significatives à l’économie africaine, les femmes ont un accès limité aux opportunités dans divers aspects de la vie. La voix, la prise de décision et le leadership sont des facteurs essentiels pour l’autonomisation des femmes. Ces facteurs, selon elle, garantissent que les femmes peuvent exprimer leurs préférences, leurs demandes, leurs points de vue et leurs intérêts et qu’elles peuvent accéder aux postes de décision.»

Elle a rappelé que la phase 1 du projet Voix Essentielles, lancée en juillet 2021 au Sénégal, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, a mobilisé 38 organisations à base communautaire (OCBs) dans le secteur de la santé, qui ont reçu un soutien technique et financier. « L’objectif principal visait à renforcer les politiques et les programmes qui soutiennent la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles et à investir dans la réduction des inégalités en matière de santé et des disparités liées au genre et à l’âge.»

Elle a ajouté que les organisations de la société civile participantes ont pu bénéficier d’une assistance financière dédiée à l’engagement significatif et d’une assistance technique, fournie par l’Université de l’Excellence, sous la forme d’un renforcement des capacités sur mesure des organisations bénéficiaires et d’un programme de leadership ouvert à toutes les organisations communautaires partenaires.

*« Ces organisations ont pu renforcer leurs compétences en leadership, en plaidoyer et en communication afin d’amplifier l’impact de leurs activités communautaires. Cette phase a aussi vu la création de réseaux dirigés par des femmes dans chaque pays et l’établissement de feuilles de route qui ont permis la mise en place d’un plaidoyer pour influencer positivement les plateformes de prise de décision. *»

Ce qui a permis aux femmes d’avancer à grands pas dans le domaine du dialogue national, d’intégrer des instances de décisions publiques et de bénéficier de formations diverses, notamment en matière de leadership.

Eu égard aux résultats enregistrés, la phase 2 du projet (2024-2027) a été étendue à deux nouveaux pays, le Togo et le Bénin. L’objectif, selon Mme Awa Yanogo, est « de transformer les normes sociales et culturelles, lutter contre les lois, politiques et pratiques discriminatoires qui contribuent aux inégalités entre les sexes et augmentent la vulnérabilité des femmes et des filles aux maladies.»

Elle a expliqué que « cet appui consistera à identifier 10 organisations communautaires de base dans chacun de ces pays afin de soutenir leurs efforts de plaidoyer autour de l’accès des femmes et des filles aux espaces de décision et l’amélioration de leurs conditions de vie.»

L’objectif, selon la chargée de plaidoyer de Speak Up Africa, est de renforcer la capacité de ces OCBs à relever efficacement les défis liés à la santé, notamment le VIH, la violence basée sur le genre (VBG), la tuberculose (TB), la santé sexuelle et reproductive (SSR), le paludisme, le changement climatique et la vaccination, et à faciliter l’intégration des femmes dans les espaces de décisions publiques et sanitaires.

Ainsi, « chaque organisation sélectionnée pourra accéder à un financement d’un maximum de 9.000.000 F CFA sur la base d’un plan d’action de plaidoyer et de renforcement des capacités. Ce financement pourra être utilisé pour la réalisation d’activités durant l’année calendaire 2025, renouvelable une fois pour l’année 2026.» Il faut rappeler que l’initiative Voix Essentielles vise à fournir un soutien significatif aux organisations de femmes et de filles œuvrant au niveau communautaire en Afrique francophone de l’Ouest.




Journée mondiale de la femme : l’urgence d’agir pour les femmes et les filles face au VIH/SIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre

Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation

Le 8 mars est une journée de célébration, mais aussi de mobilisation. Alors que nous rendons hommage aux contributions des femmes à nos sociétés, nous devons impérativement rappeler une réalité alarmante : en Afrique de l’Ouest et du Centre, le VIH/SIDA continue de toucher de manière disproportionnée les femmes et les filles.

Par Mme Berthilde Gahongayiré, Directrice Régionale ONUSIDA Afrique de l’Ouest et du Centre. 

Les chiffres sont préoccupants. Dans cette région, les jeunes femmes et les adolescentes représentent près de 60 % des nouvelles infections au VIH. Les inégalités de genre, la pauvreté, la violence basée sur le genre (accentué par les conflits dans notre région et les changement climatiques) et l’accès limité aux services de santé accentuent leur vulnérabilité. Trop souvent, elles n’ont pas le pouvoir de négocier des relations sexuelles sécurisées, d’accéder aux services de prévention ou de poursuivre un traitement sans crainte de stigmatisation et de discrimination.

Mme Arlette Mvondo, Représentante ONUFEMMES, Dakar, Sénégal. 

La Journée internationale des droits des femmes est une occasion de revendiquer des actions concrètes adaptées aux réalités de l’Afrique de l’Ouest et du Centre :

  1. Accélérer l’accès à la prévention et aux soins : Les moyens outils de prévention comme la prophylaxie pré-exposition (PrEP) doivent être accessibles à toutes les femmes et les filles qui en ont besoin. L’intégration du dépistage et du traitement du VIH dans les services de santé sexuelle et reproductive est essentielle pour renforcer la riposte.
  2. Lutter contre les violences faites aux femmes : La violence basée sur le genre, y compris les mariages précoces et forcés, est une des causes majeures de l’exposition des jeunes filles au VIH. Il est urgent de renforcer les lois et les mécanismes de protection pour garantir la sécurité et les droits des femmes et des filles.
  3. Investir dans l’éducation et l’autonomisation : En Afrique de l’Ouest et du Centre, des millions de filles sont déscolarisées, limitant ainsi leurs opportunités d’autonomie et augmentant leur vulnérabilité face au VIH. Un accès équitable à une éducation complète sur la sexualité et les droits des femmes est essentiel pour leur permettre de prendre en main leur santé et leur avenir.
  4. Soutenir le leadership féminin : Les femmes vivant avec le VIH doivent être au centre des décisions qui les concernent. Leur voix, leur expérience et leur résilience sont indispensables pour une réponse efficace et inclusive.
  5. Mobilisation de ressources dans le but de maintenir les acquis en matière de prévention et de traitement du VIH : la situation actuelle du financement de la santé appelle à plus de progrès dans le financement domestique pour la lutte contre le VHI en général et la féminisation du VIH en particulier.

Ce 8 mars, engageons-nous à renforcer la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation. L’égalité ne sera réelle que lorsque la santé et les droits de toutes seront une priorité absolue.




COP16 Bis à Rome : une feuille de route adoptée pour le financement de la biodiversité

Les États ont trouvé un accord sur une feuille de route pour mobiliser les financements nécessaires à la protection de la biodiversité, avec un accent particulier sur les transferts de fonds entre pays du Nord et du Sud. La Conférence des Parties sur la biodiversité (COP16) avait débuté en octobre 2024 à Cali, en Colombie. Toutefois, les discussions avaient été suspendues faute d’accord sur une question clé : le financement. C’est donc à Rome, du 25 au 27 février 2025, que les négociations ont repris. Après d’intenses débats, un accord a finalement été trouvé, traçant la voie vers une meilleure mobilisation des ressources pour préserver la biodiversité mondiale.

La Cop 16 a commencé à Cali (Colombie), du 21 octobre au 2 novembre 2024. Crédits : UN Biodiversity

Le continent africain, riche en biodiversité mais vulnérable face aux défis environnementaux, est au cœur des discussions sur le financement. Lors de la COP15 en 2022, les États avaient convenu de mobiliser 200 milliards de dollars pour la protection de la biodiversité d’ici 2030. Parmi ces fonds, 30 milliards de dollars doivent être transférés chaque année des pays riches vers les pays en développement.

Cependant, un désaccord persistait : comment organiser ces transferts ? Les pays en développement, dont plusieurs en Afrique, plaidaient pour la création d’un nouveau fonds dédié. À l’inverse, les pays développés préféraient utiliser les structures existantes, estimant qu’il y avait déjà trop de mécanismes de financement fragmentés. Finalement, la question a été reportée à 2028, lors de la COP18. D’ici là, l’argent pourra transiter par plusieurs canaux, mais l’Afrique devra veiller à ce que ses besoins spécifiques ne soient pas oubliés.

De belles promesses, mais encore peu d’actes concrets

L’accord de Rome a été accueilli avec un mélange d’espoir et de scepticisme. « Nous avons maintenant une feuille de route, mais il faut des engagements concrets, de l’argent sur la table », a commenté An Lambrechts, représentante de Greenpeace International.

Ce sentiment est partagé par de nombreux observateurs en Afrique. En effet, la biodiversité africaine est menacée par la déforestation, l’exploitation minière et le changement climatique, mais les financements internationaux tardent souvent à arriver sur le terrain. Plusieurs pays du Sud exigent donc que les promesses se traduisent en actions concrètes, notamment à travers un accès simplifié aux fonds et une transparence accrue.

Laura Caicedo, de Greenpeace Colombie, rappelle que l’accord de Rome est un signal positif, mais insiste : « Les pays du Nord doivent maintenant tenir parole et débloquer des fonds réels pour protéger la biodiversité en Afrique, en Amérique latine et dans le monde. »

Si certains saluent cet accord comme une victoire, d’autres le voient comme une manœuvre politique pour éviter une crise de confiance entre pays du Nord et du Sud. Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique, s’est félicitée que le texte n’ait pas créé un nouveau fonds. Pourtant, de nombreux pays africains estiment qu’une structure spécifique leur permettra de mieux accéder aux financements et d’éviter que l’argent soit dilué dans des mécanismes trop complexes.

Et maintenant ? Quels impacts pour l’Afrique ?

L’accord prévoit plusieurs étapes avant la COP18 en 2028. Il s’agit d’identifier les obstacles au financement de la biodiversité, afin de lever les freins administratifs et politiques. Mobiliser toutes les sources de financement disponibles, qu’elles soient publiques ou privées, nationales ou internationales. Faciliter le dialogue entre les ministres de l’environnement et des finances, un point clé pour éviter que la biodiversité ne soit reléguée au second plan dans les budgets des États.

Par ailleurs, deux autres décisions importantes ont été prises lors de cette COP16 bis : Des indicateurs de suivi pour l’accord de Kunming-Montréal ont été adoptés. Cet accord vise notamment à protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030.

Le lancement officiel du Fonds Cali. Ce fonds doit permettre de partager les bénéfices des entreprises qui utilisent des informations issues du séquençage du patrimoine génétique mondial. Cependant, il reste pour l’instant… vide.

L’Afrique doit rester vigilante

Le processus est donc en marche, mais l’Afrique doit s’assurer que ces décisions ne restent pas de simples déclarations. Avec ses forêts, ses savanes, ses mangroves et sa faune exceptionnelle, le continent est un maillon essentiel de la biodiversité mondiale. Pourtant, il ne reçoit qu’une part infime des financements disponibles.

La mobilisation de la société civile africaine sera donc cruciale pour suivre les engagements pris et exiger des résultats concrets. Sans financements adéquats, la protection des écosystèmes africains reste un vœu pieux.

Megan Valère SOSSOU




Condensé de l’actualité du Dimanche 2 Mars 2025 

Ami(e)s auditrices et auditeurs, nous sommes ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro du point de l’actualité sanitaire et environnementale. Voici les sujets qui y sont abordés.

Aménagement urbain au Bénin : 21 communes bientôt dotées de plan directeur d’urbanisme

Plan d’action pour le Climat : la plupart des pays n’ont pas soumis leur nouvelle feuille de route

La BAD et le Fonds pour la lutte contre la pandémie signent un accord visant à mobiliser des ressources pour la préparation aux pandémies

Le directeur général de l’OMS annonce que le mpox demeure une urgence de santé publique de portée internationale

À écouter ici 




Le CHIC recrute pour son ouverture prochaine…

Dans le cadre de son ouverture progressive en 2025, le Centre Hospitalier International de Calavi (CHIC) poursuit le renforcement de ses équipes. L’établissement recherche des professionnels qualifiés dans les domaines paramédicaux, techniques, logistiques et administratifs. Ces recrutements sont essentiels pour assurer une prise en charge optimale des patients et faire du CHIC un pôle d’excellence en Afrique de l’Ouest.

Le CHIC s’inscrit dans la politique gouvernementale d’amélioration du système de santé et de modernisation des infrastructures hospitalières. Avec une capacité de 434 lits et places, il proposera progressivement un large éventail de spécialités médicales et chirurgicales, soutenues par un plateau technique de pointe. Ce projet médical ambitieux repose sur une prise en charge spécialisée, une approche multidisciplinaire et un environnement de travail moderne et performant.

Cette campagne de recrutement est confiée à AP-HP international, avec l’appui d’Alternis Staffing, un cabinet international spécialisé dans le recrutement et l’intérim via des solutions digitales. Le CHIC recherche des professionnels engagés, en quête d’excellence, d’innovation et animés par un profond sens du service au patient. Les premières recrues sont attendues dans les toutes prochaines semaines pour participer activement à la phase d’ouverture de l’hôpital. Les candidats peuvent postuler via le lien du recrutement : https://www.chichopital.bj/recrutements




Comprendre et respecter la loi en un clic grâce à la solution TOSSIN

Face à la complexité et à l’inaccessibilité des textes juridiques au Bénin, la startup RAB TECH propose une solution innovante, TOSSIN. Il s’agit d’une application mobile qui permet aux citoyens et aux entreprises d’accéder facilement aux lois en République du Bénin et au-delà.

« Monsieur, vous êtes en infraction ! » Jules, un jeune meunier résidant à Bohicon, ne s’attendait pas à recevoir une amende pour non-respect du temps de repos face à la pollution sonore que génère son moulin à maïs. Pourtant, il n’avait jamais entendu parler de cette règle. Comme lui, beaucoup de citoyens et d’entreprises ignorent les Lois faute d’un accès facile aux textes juridiques.

Pour résoudre ce problème, une solution dénommée en langue nationale Fon, TOSSIN, et qui signifie en français « Loi du peuple », a été créée et développée par la startup RAB TECH. Elle permet d’accéder aux lois en République du Bénin et dans bien d’autres pays, directement sur son téléphone portable, en un clic et en quelques secondes. Disponible sur Google Play via le lien http://www.bit.ly/tossin-app, cette solution est également accessible en version texte et audio.

« Nous avons une application qui nous donne accès à la loi, permet de la lire et de l’écouter en audio, et de gérer une liste de favoris », a déclaré Roland Alavo, son promoteur. Il précise qu’une fois qu’une loi est téléchargée sur le portable, le citoyen n’a plus besoin de connexion internet pour y accéder en tout temps. « Nous vous permettons d’aller télécharger le fichier PDF de la source pour garantir l’authenticité du travail ».

Selon Amnesty International, c’est un « projet important pour l’éducation aux droits humains ». Parmi les textes disponibles, on trouve la Constitution du Bénin, le Code pénal, le Code de l’Enfant, la loi-cadre sur l’environnement, le Code du numérique, et bien d’autres.

Si nul n’est censé ignorer la Loi, les textes juridiques sont souvent longs et compliqués pour le citoyen lambda. La langue utilisée est difficile à comprendre pour la plupart des gens, même pour les juristes, qui ont parfois du mal à tout retenir. De plus, de nombreuses entreprises ignorent les règles qu’elles doivent respecter.

Une étude de l’Union Africaine menée en Afrique de l’Ouest en 2020 a montré que la majorité des citoyens ne savent pas où trouver les Lois de leur pays, et que de nombreuses petites et moyennes entreprises ont du mal à identifier leurs obligations légales.

Un accès simplifié aux textes législatifs

TOSSIN rend les textes de Loi accessibles et compréhensibles par tous. Grâce à cette application, chaque utilisateur peut consulter les Lois en version numérique, les écouter en audio, et les explorer par thématique. Une fonctionnalité permet également de surligner des passages importants et de créer une liste d’articles favoris. Un moteur de recherche performant aide à retrouver facilement des textes à partir de mots-clés.

Pour les entreprises, cette solution propose une version avancée qui leur permet d’accéder aux exigences légales spécifiques à leurs activités. Elles peuvent consulter les règles qui s’appliquent à leur secteur, ajouter leurs propres exigences internes et évaluer leur niveau de conformité. Un tableau de bord permet de suivre en temps réel les actions mises en place pour respecter la réglementation.

Le juriste Qowiyou Fassassi, l’initiative de TOSSIN soutient le droit à l’information, un principe fondamental inscrit dans la loi n°2015-07 portant code de l’information et de la communication. Les articles 70 à 107 sont particulièrement significatifs à cet égard, car ils sont directement liés à l’accès à l’information tel que défini au chapitre IV.

Pour Achille Azonhoumon, un utilisateur de l’application, le travail accompli par TOSSIN est remarquable et mérite d’être soutenu par le ministère de la Justice afin d’en renforcer l’impact. Un constat partagé par Zimé Oroutamou, « TOSSIN constitue un cadre fédérateur des lois de la République. Grâce à son interface intuitive, elle facilite une recherche rapide et un accès simplifié aux textes législatifs ».

Aujourd’hui, TOSSIN enregistre plus de 56 000 téléchargements de son application, plus de 72 000 téléchargements de Lois, et plus de 20 000 utilisateurs ponctuels. Elle a d’ailleurs remporté le premier prix Jeunesse Francophone.

L’application couvre déjà les Lois de vingt pays ainsi que les traités de cinq organisations internationales. Elle s’adresse aux citoyens, aux juristes, aux étudiants en droit et en relations internationales, aux acteurs politiques, aux gouvernements, aux organisations de la société civile, ainsi qu’aux entreprises.

L’histoire de TOSSIN a commencé en décembre 2016, avec l’initiative de rendre les Lois plus accessibles. Entre 2017 et 2018, l’équipe a travaillé sur un prototype. En 2019, la première version de l’application a été mise en production. L’année suivante, une campagne intensive a permis de numériser plus de trois cents Lois béninoises en seulement quinze jours. En 2021, le projet a pris une dimension internationale avec l’intégration des Lois de 20 pays en huit différentes langues.

Aujourd’hui, TOSSIN continue d’élargir sa base de données, avec pour ambition de couvrir tous les pays du monde. Elle facilite non seulement l’accès aux Lois mais aussi contribue à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable, notamment ceux liés à l’accès à la justice, à la réduction des inégalités, à l’éducation et à l’égalité des genres.

TOSSIN vient compléter et renforcer les efforts déjà entrepris par le gouvernement du Bénin pour améliorer l’accès à la législation. Il s’agit des plateformes existantes, telles que celle du Secrétariat Général du Gouvernement et du Centre de Documentation et d’Information Juridique.

Dans un monde où la Loi régit tous les aspects de la vie en société, des initiatives comme TOSSIN apporte une réponse concrète pour que chacun puisse s’informer, comprendre et agir en toute légalité.

Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.

Megan Valère SOSSOU




Digitalisation du service public en cours au Bénin : le certificat de résidence en un clic…

Finies les longues files d’attente devant l’Agence nationale pour l’identification des personnes (ANIP) pour juste obtenir le justificatif du lieu où on est domicilié. Désormais le certificat de résidence peut être obtenu en ligne.

Jean M’po n’oubliera jamais ce jour. Ce matin-là, il s’était réveillé avec une énergie nouvelle, prêt à saisir une opportunité en or. Après des mois de recherche d’emploi, il venait enfin d’être présélectionné pour un poste qui pouvait changer sa vie. Il ne lui manquait qu’un document pour compléter son dossier : un certificat de résidence à compléter dans un délai très court. Confiant, il se rend chez son chef de quartier pour obtenir la fiche de résidence. Mais il découvre rapidement que le processus ne sera pas aussi simple. Le chef de quartier est absent, il doit repasser plus tard. Lorsqu’il obtient enfin le document manuscrit, il se précipite à la mairie. Là-bas, une longue file d’attente l’attend. Les heures passent, son tour n’arrive toujours pas. À la fermeture des services, il repart bredouille. Le lendemain, il tente à nouveau sa chance, mais il est déjà trop tard : l’entreprise a clôturé le processus de sélection. « C’était frustrant, surtout après avoir tant attendu une offre d’emploi » a-t-il déploré.

Le certificat de résidence est un document essentiel pour de nombreuses démarches administratives. Pour obtenir ce précieux document, les Béninois ont longtemps été confrontés aux tracasseries administratives, des files d’attente, des documents égarés, des allers-retours incessants entre leur chef quartier et la mairie. Mais aujourd’hui, un vent de modernisation souffle sur cette pièce des services d’état civil.

Jusqu’à récemment, obtenir un certificat de résidence était une véritable épreuve. Au-delà des lourdes conséquences en termes de perte d’opportunité, c’est aussi une énorme perte de temps. C’est aussi le cas de Raymond Adjomai : « Récemment, j’ai eu besoin d’un certificat de résidence. J’ai commencé par aller voir mon chef de quartier, ce qui m’a déjà pris beaucoup de temps. Ensuite, je suis allé à la mairie pour payer le timbre, et là, j’ai dû attendre pendant des heures. De 10h du matin à 18h, sans gain de cause. »

Entre les files d’attente et les nombreux déplacements, l’expérience relevait du parcours du combattant. Mais avec la nouvelle réforme annoncée par l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP) le vendredi 14 février 2025, les citoyens peuvent désormais avoir un accès plus rapide et plus simple à leur certificat de résidence.

Désormais, avec quelques clics sur la plateforme eservices.anip.bj, il est possible de faire sa demande et de recevoir son document sans se déplacer.

Selon Elvys Daa –Kpode, Informaticien à l’ANIP, la procédure a été optimisée en trois étapes clés. Il s’agit d’obtenir sa fiche de résidence auprès du chef de quartier ou du village, de soumettre sa demande en ligne sur eservices.anip.bj et de recevoir son certificat validé par l’ANIP, téléchargeable depuis son espace personnel.

Une procédure simplifiée avec un service d’assistance

Pour sécuriser le processus, chaque citoyen doit créer un compte personnel sur la plateforme avec son Numéro Personnel d’Identification (NPI) et son numéro de téléphone a-t-il indiqué. Cette innovation permet également de suivre l’évolution de ses demandes, de vérifier l’authenticité de ses documents et de solliciter des corrections en cas d’erreur.

L’ANIP a également mis en place un centre d’appel gratuit à travers 7054. Ce service d’assistance permet aux citoyens d’obtenir des explications sur la procédure et de signaler d’éventuels blocages même en langue nationale.

Lucresse Y. K., étudiante à Kétou, témoigne : « Puis que c’est nouvellement mis en place, j’avais peur de ne pas comprendre comment faire ma demande en ligne, mais j’ai appelé le service d’assistance et un agent m’a guidée pas à pas. J’ai pu effectuer ma demande et obtenir mon certificat de résidence ! »

Cette réactivité marque une rupture avec le passé et redonne confiance aux usagers de l’administration publique. Le Socio-anthropologue, Valentin Houessou est convaincu qu’avec cette réforme, les citoyens peuvent non seulement tout gérer depuis leur téléphone ou ordinateur mais aussi suivre leur dossier en temps réel. «Finis les jours de patience pour un simple document », a t-il déclaré.

Pour lui, des défis restent à relever, notamment pour les personnes en zone rurale qui ne sont pas à l’aise avec les outils numériques. «Il faut prévoir des séances de sensibilisation et des formations pour accompagner ces personnes, surtout les personnes âgées, pour qu’ils puissent s’adapter à ces nouveaux services ».

Quant à Hilary Christelle Kpadonou, elle regrette encore le passage obligatoire chez le chef de quartier qui peut parfois compliquer inutilement les démarches. « J’espère que cela sera bientôt simplifié aussi. »

Un constat partagé par Chabi Gado Ludovic, qui déplore également le coût de cette pièce. « Pourquoi cette pièce coûte-t-elle désormais jusqu’à 2000 Francs CFA alors qu’elle valait 500 F auparavant ? C’est une bonne réforme, mais le coût reste excessif. »

Selon Aristide Guy Adjinacou Gnahoui, Directeur Général de l’ANIP, tous les défis seront relevés. « Nous voulons transformer l’identification au Bénin en une expérience simple, fluide, moderne. Ce que nous faisons, ce n’est pas seulement moderniser l’état civil. C’est construire l’infrastructure de confiance de notre pays ».

Cette infrastructure permet aujourd’hui d’accéder à plusieurs documents d’état civil : l’acte de naissance sécurisé, le Certificat d’Identification Personnelle (CIP), la carte d’identité nationale biométrique, le certificat de résidence et bien d’autres. L’ANIP ne compte pas s’arrêter là. À moyen terme, l’agence prévoit d’intégrer d’autres services en ligne et de renforcer la sécurisation des données personnelles.

Avec la mise en place de cette réforme, l’obtention du certificat de résidence ne dépendra plus d’interminables files d’attente ou d’aléas administratifs. Un simple clic suffit pour accomplir en quelques minutes ce qui prenait autrefois des jours. Une transformation numérique qui, bien que perfectible, ouvre la voie à un accès et une gestion plus fluide des documents administratifs au Bénin.

Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.

Megan Valère SOSSOU




Plan d’action pour le Climat : La plupart des pays n’ont pas soumis leur nouvelle feuille de route

Le Bénin parmi les absents

La lutte contre le changement climatique marque un temps d’arrêt. Près de 200 pays devaient remettre leur nouvelle feuille de route climatique aux Nations unies avant lundi. Pourtant, seule une dizaine l’a fait, laissant craindre un manque d’engagement face à l’urgence climatique. Le Bénin pays vulnérable aux changements climatiques et régulièrement présent à la Conférence des Parties sur le Climat n’a pas encore présenté son Plan d’Action Climat.

Seuls les États-Unis, l’Équateur, le Brésil, l’Uruguay, le Royaume-Uni, Andorre, la Suisse, les Émirats arabes unis, Sainte-Lucie et la Nouvelle-Zélande ont soumis leurs stratégies mises à jour pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035. Ces pays représentent seulement 16 % des émissions mondiales. Des émetteurs majeurs comme la Chine, l’Inde et l’Union européenne n’ont pas respecté la date limite. L’inaction de ces poids lourds pose question, alors que l’Accord de Paris impose une révision régulière des engagements climatiques pour maintenir le réchauffement bien en deçà de +2°C, voire +1,5°C.

La réélection de Donald Trump aux États-Unis pourrait aussi peser lourd. Son intention de retirer son pays de l’Accord de Paris inquiète, car elle risque de freiner la mobilisation internationale.

Un monde vers +2,6°C à +2,8°C

D’après l’ONU, avec les engagements actuels, la planète se dirige vers un réchauffement de +2,6°C à +2,8°C d’ici la fin du siècle. Un scénario qui accentuerait les canicules, sécheresses et catastrophes naturelles, mettant en péril des millions de vies, notamment en Afrique.

Face aux retards, l’ONU a accordé un répit aux pays qui n’ont pas encore soumis leur plan climatique. Simon Stiell, chef du secrétariat climat des Nations unies, a annoncé qu’ils avaient jusqu’en septembre pour le faire, avant la COP30 prévue au Brésil en novembre.

La question reste posée : ces nouvelles feuilles de route seront-elles à la hauteur des enjeux climatiques ?

Megan Valère SOSSOU




Le triomphe historique du Niger sur la cécité des rivières est une lueur d’espoir pour l’Afrique.

Une tribune de Dr. Paulin Basinga sur l’élimination de l’onchocercose au Niger

Dans un petit village de la région de Tahoua, au Niger, un homme du haut de ses 80 ans est assis à l’ombre, ses yeux voilés par une cécité irréversible. Sa femme, septuagénaire, est assise à proximité, son corps couvert de cicatrices sous ses vêtements. Ils font partie des dernières personnes au Niger que le Dr Salissou Adamou a traitées pour la cécité des rivières (également connue sous le nom d’onchocercose), une maladie cruelle qui prive les gens de leur vue, de leur santé et de leur dignité.

Environ 70 % des membres de cette communauté ont souffert de la cécité des rivières, l’une des 21 maladies tropicales négligées (MTN) qui, à elles seules, touchent plus d’un milliard de personnes dans le monde. Cette maladie a fait des ravages dans les écoles et les exploitations agricoles locales, plongeant les familles dans la pauvreté. Un grand nombre de leurs voisins ont fui en cherchant une solution, à la fois pour échapper à la maladie et pour fuir la peur.

En moins d’une génération, le contexte s’est remarquablement amélioré. Cela est dû en grande partie grâce à M. Salissou, qui coordonne le programme national de lutte contre la cécité des rivières au Niger avec le soutien du Comité pour l’élimination de l’onchocercose, un réseau mondial d’ONG et d’experts de la maladie, ainsi que des sociétés pharmaceutiques et des donateurs. Plus tôt dans la journée, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a certifié que le Niger avait éliminé la cécité des rivières en tant que problème de santé publique, ce qui signifie qu’aucun enfant né au Niger aujourd’hui ne craindra d’être aveugle de façon permanente à cause de cette maladie évitable.

Cette avancée extraordinaire, qui s’est faite en 45 ans, n’est pas seulement un triomphe en matière de santé publique. C’est la preuve de ce qui est possible lorsque les pays touchés et les donateurs mondiaux s’unissent derrière un objectif commun.

Et ce ne sera pas la dernière, car chaque jour, des champions locaux comme le Dr Salissou font tomber les barrières pour éliminer les MTN et s’assurer qu’elles ne reviennent pas. Certains font office d’historiens, passant au peigne fin de vieilles cartes et de vieux dossiers pour identifier tous les villages qui ont signalé un cas. D’autres se portent volontaires pour servir d’appât humain, s’asseyant pendant des heures sur le lit des rivières – la peau exposée – pour attirer et attraper de minuscules mouches avant qu’elles ne piquent, une tâche dangereuse mais nécessaire qui permet aux scientifiques de suivre la propagation de la maladie.

Leurs efforts inlassables méritent à la fois une large reconnaissance et le soutien total des bailleurs de fonds et des décideurs politiques.

Les programmes visant à éliminer les MTN telles que la cécité des rivières font bien plus que restaurer la santé. Ils permettent aux enfants de rester à l’école, aux adultes d’aller travailler et aux familles d’échapper à la pauvreté. Rien qu’au Niger, on estime que l’élimination de la cécité des rivières ajoutera 2,3 milliards de dollars à l’économie du pays en permettant à un plus grand nombre de personnes de mener une vie productive. Le rapport coût-efficacité est frappant : de nombreuses personnes peuvent être atteintes et traitées pour moins de 50 cents de dollars par personne.

À l’échelle mondiale, 55 pays ont désormais éliminé au moins une MTN, ce qui représente plus de la moitié du chemin à parcourir pour atteindre l’objectif de 100 pays d’ici à 2030 fixé par l’OMS. Plus de 20 de ces pays se trouvent en Afrique, ce qui constitue un exploit remarquable compte tenu de la charge de morbidité disproportionnée de ce continent. Pourtant, plus d’un milliard de personnes dans le monde restent exposées au risque. Pour honorer les efforts des champions locaux et accélérer les progrès, les programmes de lutte contre les MTN ont besoin de ressources plus importantes et de meilleure qualité.

Tout d’abord, les gestionnaires de programmes ont besoin de données fiables pour comprendre les lieux de propagation des maladies afin que les personnes reçoivent un traitement en temps voulu. Des technologies telles que l’intelligence artificielle et la cartographie géospatiale, qui combinent des données sur les conditions météorologiques, les populations et d’autres éléments de manière visuelle, permettent de localiser plus précisément les habitats changeants des insectes vecteurs de maladies, afin que les équipes sachent dans quelles zones allouer des ressources. Les investissements dans le développement de ces outils permettront de s’assurer que les programmes les exploitent au maximum.

Le dépistage des maladies n’est qu’une partie du défi. Les équipes chargées des programmes ont besoin de médicaments efficaces pour prévenir ou traiter rapidement les maladies. Bien qu’il existe de nombreux traitements éprouvés, des schémas thérapeutiques plus courts permettraient aux agents de santé de traiter les malades en moins de consultations et sur des périodes plus courtes, ce qui accélérerait les délais d’élimination. En 2023, moins de 10 % des fonds consacrés à la recherche et au développement pour la plupart des maladies infectieuses ont été affectés aux MTN, ce qui ne représente qu’une petite fraction de ce qui est nécessaire pour s’attaquer pleinement aux MTN.

Même avec des données et des médicaments, les pays ont besoin d’un financement flexible pour s’adapter à l’évolution de la situation et pour orienter la planification. C’est précisément ce que fait le fonds « Reaching the Last Mile » (Atteindre le dernier kilomètre) (RLMF), une plateforme de financement collaborative et diversifiée, en réunissant des autorités locales, des bailleurs de fonds internationaux, des entreprises et des ONG pour soutenir les gestionnaires de programmes dans leurs priorités essentielles, qu’il s’agisse de renforcer les capacités des laboratoires locaux ou de donner aux travailleurs de la santé les moyens d’atteindre les populations vulnérables.

En 2023, le Fonds « Reaching the Last Mile » a audacieusement élargi son objectif afin d’atteindre tous les pays d’Afrique où la cécité des rivières et la filariose lymphatique sont endémiques d’ici 2030, soit cinq fois plus que l’objectif initial. La Fondation Gates est fière de s’associer à d’autres partenaires désireux de soutenir cette vision, mais l’augmentation des objectifs du fonds s’est accompagnée d’une augmentation de ses besoins de financement. Des investissements accrus de la part des bailleurs de fonds et des pays endémiques aideraient les pays du continent à mettre en place des programmes de traitement dans un plus grand nombre de communautés et à veiller à ce que les progrès durement acquis soient préservés même après l’arrêt du traitement – reproduisant ainsi le succès du Niger à grande échelle.

Dans le contexte actuel, nous devons donner la priorité aux investissements qui ont un effet transformateur. S’il existe de nombreuses opportunités intéressantes dans le domaine de la santé publique, les programmes de lutte contre les MTN représentent une opportunité inégalée. Rien qu’au Niger, on estime que l’élimination de la cécité des rivières a ajouté 2,3 milliards de dollars USD à l’économie du pays entre 1976 et 2019 – lorsque la plupart des programmes étaient actifs – permettant ainsi à davantage de personnes de mener une vie saine et productive.

Les bailleurs de fonds internationaux et les pays endémiques sont redevables à ceux qui sont en première ligne de la lutte et doivent faire plus en mettant tout leur soutien financier et politique au service des programmes de lutte contre les MTN. Ensemble, nous pouvons faire de la réussite historique du Niger le catalyseur d’un mouvement mondial, en permettant à des millions de personnes d’échapper à la négligence et en donnant de l’espoir à ceux qui souffrent encore.

Au Niger, cela fait des années déjà que l’équipe de Salissou a traité les derniers patients atteints de cécité des rivières et qu’elle a entamé le long chemin vers la certification de l’élimination de la maladie. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes n’ont jamais entendu parler de la maladie, ce qui représente un profond symbole de progrès, que nous pouvons continuer à reproduire, j’en suis persuadé.




Accès à la liste des pharmacies de garde au Bénin : PharMap, la solution simplifiée

Pour pallier le casse-tête de la maîtrise des tours de garde puis les promenades inutiles et stressantes dans les officines de pharmacie juste pour connaître celles qui sont ouvertes, PharMap offre aux patients et à leurs parents, une solution en ligne.

Roland Houngbadji et Nourah Mazu ont créé en 2021, PharMap. Une solution de healthtech développée à travers Swiitch Design, une start-up béninoise spécialisée dans la conception de solutions numériques. Conçue sous forme d’application mobile, cette solution aide chaque Béninois à localiser rapidement les pharmacies ouvertes, partout et à tout moment. PharMap simplifie la vie des patients en leur permettant de trouver en quelques secondes une pharmacie de garde ou un médicament précis. Une réalité possible grâce aux nouvelles technologies numériques.

L’application, disponible gratuitement sur Google Play et iOS https://bit.ly/pharmapandroid, a déjà conquis plus de 10 000 utilisateurs. Son mode d’emploi est simple et intuitive. Après l’installation, il suffit de créer un compte pour accéder aux services proposés. Le premier permet de rechercher un médicament en fonction de sa disponibilité et de son prix dans les pharmacies à proximité. Il est possible de saisir le nom du produit ou d’envoyer une photo de son ordonnance. Le second service permet de localiser en un clic les pharmacies ouvertes ou de garde dans une zone donnée. PharMap ne se limite pas à la recherche d’informations. L’application propose un service de commande en ligne, permettant aux utilisateurs de réserver leurs médicaments. Le paiement se fait directement depuis l’interface grâce à l’intégration d’un système de paiement rattaché services mobile money. Les utilisateurs peuvent ensuite récupérer leur achat sans attendre.

Pour ceux qui préfèrent une approche plus simple, PharMap fonctionne aussi sur WhatsApp. Un message envoyé à un numéro dédié permet d’obtenir en quelques minutes l’adresse de la pharmacie la plus proche ou la disponibilité d’un médicament.

Selon Emmanuel Moïse Zinsou, PharMap est une application formidable qui sauve des vies. « Je l’ai testée lorsque j’avais besoin d’un médicament contre l’épilepsie, introuvable selon plusieurs pharmacies que j’avais consultées. Grâce à PharMap, j’ai pu le trouver en un temps record. Cette application permet non seulement de gagner du temps, mais aussi d’économiser de l’argent et d’accéder rapidement aux médicaments nécessaires. »

Pour Afoussa Traoré, PharMap est une belle initiative qui apporte une véritable valeur ajoutée au secteur de la santé. Elle apprécie, « Trouver la liste des pharmacies en ligne est possible, mais connaître précisément celles qui disposent du médicament recherché et leur localisation exacte reste un défi, surtout lorsqu’on ne connaît pas bien la ville.»

Nourah Mazu, co-fondatrice de PharMap et pharmacienne de formation, explique que de nombreux patients doivent visiter plusieurs pharmacies avant de trouver un médicament urgent. Cela représente un réel problème de santé publique. « Aujourd’hui, une application permet de trouver le médicament peu importe où vous êtes sur le territoire nationale quelques soit l’heure en moins de 10 min. Mieux après l’avoir commandé vous pouvez le récupérer. Zéro rang, zéro problème de monnaie. » a-t-elle déclaré.

En cas d’urgence médicale, chaque minute compte. Pourtant, dans de nombreuses villes africaines, trouver une pharmacie ouverte au bon moment relève encore du parcours du combattant. Que ce soit en pleine nuit, un jour férié ou simplement dans un quartier peu familier, la recherche d’un médicament peut vite devenir une source de stress et d’incertitude. Ce manque d’accessibilité ne concerne pas seulement les grandes agglomérations, mais touche aussi les zones rurales où l’offre pharmaceutique est encore plus limitée.

D’où est partie l’initiative ?

Face à cette situation, de nombreux patients se retrouvent contraints de faire le tour de plusieurs officines avant de trouver ce dont ils ont besoin, ou pire, de se tourner vers le marché informel et ses médicaments de qualité douteuse. Ce problème, bien que fréquent, reste sous-estimé alors qu’il impacte directement la santé publique.

C’est pourquoi Roland Houngbadji et Nourah Mazu, tous deux promoteurs de PharMap, ont voulu révolutionner le secteur. Tout est parti d’une mauvaise aventure de ces derniers. En effet, ils ont peiné à trouver une pharmacie de proximité afin d’acheter un médicament en urgence pour leur fille.

Roland Houngbadji raconte, « Un soir, alors que je terminais ma journée de travail, un message de ma compagne a changé le cours de ma soirée. Notre fille, Maria, toussait intensément. Je me précipite dehors, persuadé qu’en quelques minutes, j’aurai trouvé une officine ouverte. Mais ma course contre la montre tourne vite au cauchemar.1ère pharmacie : fermée, 2ème pharmacie : fermée, 3ème pharmacie : fermée, 4ème pharmacie ? Devinez… encore fermée. » De nombreux béninois ont déjà eu les mêmes difficultés à trouver une pharmacie ouverte en urgence.

L’application repose sur un modèle économique freemium où plus de 300 officines sont à retrouver sur l’application avec la possibilité d’utiliser les fonctionnalités initiales et avancées. Son utilisation est gratuite pour le grand public, mais un service premium payant est proposé aux pharmacies pour améliorer leur visibilité et optimiser la gestion de leur stock. En parallèle, la start-up explore des partenariats avec des hôpitaux et des mutuelles de santé pour intégrer PharMap dans les services médicaux.

Avec des milliers d’utilisateurs et un impact concret sur l’accès aux soins, PharMap constitue le modèle pour un accès rapide et efficace aux médicaments.

Une initiative qui vient renforcer la volonté du ministère de la santé de garantir une répartition équilibrée et efficace des structures pharmaceutiques sur le territoire béninois. Une mesure actée par le ministre de la Santé du Bénin, Benjamin Hounkpatin le lundi 16 décembre 2024 et qui met en vigueur une nouvelle carte pharmaceutique pour la période 2025-2027.

L’impact de ces innovations est déjà perceptible. PharMap facilite déjà l’accès aux médicaments pour de nombreux Béninois. Elle réduit le stress et les pertes de temps associés aux situations d’urgence médicale. C’est la preuve que les infrastructures publiques numériques peuvent jouer un rôle important dans l’accessibilité aux services de santé publique.

Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.

Megan Valère SOSSOU




Conférence des chefs d’État africains : plus de 175 associations appellent à la priorisation de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles !

Tribune : Ensemble pour mettre fin aux violences à l’égard des femmes et des filles en Afrique

Alors que les Chefs d’État de l’Union Africaine s’apprêtent à se réunir lors de la 38 session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement les 15 et 16 février 2025 à Addis-Abeba, pour débattre des priorités continentales, une opportunité historique se présente à nous : l’adoption de la Convention sur l’Élimination de la Violence à l’Égard des Femmes et des Filles. Nous, associations du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Niger, du Burkina Faso, du Sénégal et du Mali appelons les leaders des Etats africains à adopter cette convention sans plus tarder !

Cette convention constitue un cadre ambitieux et transformateur. Elle se distingue également par son évolution favorable, soulignant la nécessité d’une approche intersectionnelle qui reconnaît les inégalités systémiques affectant les femmes et les filles. Elle réaffirme un principe fondamental : les femmes et les filles africaines ont le droit de vivre à l’abri de toute forme de violence.

Une crise persistante qui exige une action courageuse

En Afrique, une femme sur trois subit des violences basées sur le genre au cours de sa vie, qu’il s’agisse de violences physiques, sexuelles, émotionnelles ou économiques. Ces violences, enracinées dans des inégalités structurelles et perpétuées par des normes patriarcales, affectent démesurément les femmes et les filles en situation de  vulnérabilité – déplacées, réfugiées, femmes en situation de handicap ou issues de groupes marginalisés. 

Au Bénin, par exemple, 69 % des femmes ont déclaré avoir subi des violences au moins une fois dans leur vie, tandis que 86 % ont été victimes de violences verbales ou psychologiques. Au Burkina Faso, 44 % des femmes mariées l’ont été avant l’âge de 18 ans, et plus de 9 800 cas de violences basées sur le genre ont été signalés en 2021.Au Niger, le mariage d’enfants demeure une pratique courante : près de 25 % des femmes étaient déjà mariées avant l’âge de 15 ans. Enfin, en Côte d’Ivoire, le Programme National de Lutte contre les VBG faisait état de 8 782 cas de VBG rapportés et pris en charge en 2023, 1 067 cas de viols, 6 717 cas de violences domestiques, 154 cas de VBG sur les personnes en situation de handicap.

Ces données illustrent l’ampleur de la crise et l’urgence d’une réponse coordonnée.

Un moment décisif pour l’Afrique

L’adoption de cette convention au Sommet de l’Union Africaine serait un signal fort. Elle marquerait l’engagement collectif des nations africaines à faire de la lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles une priorité absolue, en alignant leurs politiques nationales sur les principes énoncés. En garantissant des services accessibles et centrés sur les survivantes, cette convention répond aux besoins et droits fondamentaux, impératifs des femmes africaines, trop souvent ignorés ou minimisés. Elle reconnait également la notion de féminicide (meurtre d’une femme ou d’une fille en raison de son genre) : un enjeu de vocabulaire majeur qui permet de lutter contre l’invisibilisation des violences sexistes, et ainsi d’apporter une reconnaissance juridique et des solutions plus adaptées. 

L’un des points phares de cette convention est la proposition de mise en place du Comité africain pour la fin de la violence à l’égard des femmes et des filles. Ce comité jouerait un rôle central dans la coordination, le suivi et l’évaluation des engagements des États membres. En étant un organe dédié à la surveillance de l’application des dispositions de la Convention, il assurerait une responsabilisation accrue des gouvernements, tout en favorisant la participation active des organisations de la société civile et des mouvements féministes. Ce mécanisme garantirait une réponse durable et effective aux  Violences Sexistes et Sexuelles à travers le continent.

Un appel à l’action collective

Le Réseau Alliance Droits et Santé et ses partenaires, dans le cadre de son plaidoyer régional, appellent les leaders africains à adopter et à ratifier sans tarder cette convention. Nous les exhortons à traduire ces engagements en actions concrètes : un engagement à lutter contre l’impunité des auteurs, des lois renforcées, des budgets alloués, des mécanismes de suivi efficaces, et une volonté politique constante !

Nous appelons également les mouvements de femmes, les organisations de la société civile et les activistes à maintenir la pression. Ce combat est le nôtre, et il ne prendra fin que lorsque chaque femme et chaque fille, dans chaque coin du continent, pourra vivre en sécurité et dans la dignité.

Construire une Afrique sans violences

L’avenir de l’Afrique repose sur la capacité de ses nations à protéger leurs citoyennes et citoyens les plus vulnérables. En adoptant cette convention, les dirigeants africains peuvent poser un jalon historique vers une égalité véritable et une société libérée des violences sexistes et sexuelles. Ensemble, faisons de cette vision une réalité !

Réseau Alliance Droits et Santé et ses partenaires




Art et environnement : l’Association Fenou Art et Culture sensibilise à la protection de l’environnement au moyen de théâtre

La Terre brûle » est la pièce de théâtre organisé par l’Association Fenou Art et Culture, ce vendredi 07 février 2025, à l’Institut Français de Parakou. À travers cette œuvre poignante et captivante, les acteurs alertent et sensibilisent à la protection de l’environnement.

Vivez les grands moments et les émotions qui ont caractérisé cet événement, dans ce reportage de Venance Ayébo TOSSOUKPE du Journal Santé Environnement 




Maty Niang nommée Responsable des Programmes Éducatifs de l’ARDN en Afrique

Le Réseau de la Renaissance Africaine et de la Diaspora (ARDN) a procédé à la nomination de Mme Maty Niang en qualité de Responsable Principale des Programmes pour les Initiatives Éducatives de l’ARDN en Afrique, à compter du lundi 3 février 2025. Dans ce rôle clé, Mme Niang dirigera la mise en œuvre des programmes éducatifs de l’ARDN à travers le continent, en développant des partenariats avec des institutions éducatives, en renforçant les initiatives de renforcement des capacités des jeunes, et en promouvant les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, avec un accent particulier sur l’égalité des sexes et l’éducation.

Avec plus de dix ans d’expérience dans les domaines de l’éducation, de la gestion de programmes et de la promotion de l’égalité des sexes, Mme Niang apporte une expertise précieuse et une compréhension approfondie du contexte africain.

Son expérience avérée dans l’établissement des partenariats universitaires, la gestion d’initiatives axées sur les jeunes et la défense de pratiques équitables en matière d’éducation fait d’elle un atout inestimable pour l’équipe de direction de l’ARDN.

Le Dr Djibril Diallo, Président et PDG de l’ARDN, a exprimé son enthousiasme à propos de cette nomination : “L’expérience approfondie de Maty Niang et son engagement indéfectible en faveur de l’éducation et de l’égalité des sexes s’alignent parfaitement avec la mission de l’ARDN. Son leadership sera déterminant pour atteindre notre objectif de lutter contre les discriminations et d’autonomiser les communautés à travers l’Afrique. Nous sommes ravis de l’accueillir dans ce rôle essentiel.”

En tant que Responsable Principale des Programmes, Mme Niang dirigera des initiatives clés, notamment le renforcement des partenariats avec TRACE, une plateforme musicale urbaine mondiale qui promeut la culture, la créativité et le développement communautaire, ainsi que la mise en œuvre du protocole d’accord signé avec la National Association for Equal Opportunity in Higher Education (NAFEO) – une association regroupant des universités historiquement noires (HBCU). Elle se concentrera également sur la mobilisation de ressources, l’organisation d’ateliers et le développement de programmes pour les jeunes abordant des problématiques cruciales telles que la formation professionnelle, le changement climatique et l’équité entre les sexes.

Mme Niang a partagé son enthousiasme à l’idée de rejoindre l’ARDN :

“C’est un honneur de rejoindre le Réseau de la Renaissance Africaine et de la Diaspora pour faire avancer sa mission de promotion de l’éducation et de l’égalité des sexes à travers le continent. Je suis profondément engagée à autonomiser les jeunes et à promouvoir des pratiques inclusives qui créent des opportunités durables pour tous. Je me réjouis de contribuer à la vision transformatrice de l’ARDN.”

Basée à Dakar, au Sénégal, Mme Niang travaillera en étroite collaboration avec l’équipe du bureau de Dakar de l’ARDN et relèvera des Co-Présidents de l’Initiative pour l’Enseignement Supérieur de l’ARDN, sous la supervision du Dr Roger Salla Ntounga, Directeur Régional de l’ARDN pour l’Afrique.

Ce rôle illustre l’engagement de l’ARDN à mobiliser des individus de tous les secteurs de la société pour lutter contre les discriminations et les violences, en particulier à l’encontre des femmes et des filles, comme point d’entrée pour la promotion des Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030, un projet spécial de l’ARDN pour les Nations Unies. La nomination de Mme Niang réaffirme l’engagement de l’organisation à promouvoir un développement durable et à créer un avenir plus équitable.




Inclusion financière au Bénin : Prêt Xpress de MTN MoMo, une solution pour des microcrédits instantanés

Face aux imprévus du quotidien, de nombreux Béninois peinent à accéder au crédit bancaire, Un nouveau service de microcrédit mobile a vu le jour. Une solution accessible en quelques minutes via téléphone mobile, sans garanties ni formalités complexes pensée pour les non-bancarisés.

Au Bénin, l’opérateur de téléphonie MTN Mobile Money S.A., en partenariat avec Ecobank Bénin et la société technologique Optasia, a lancé « Prêt Xpress ». Ce service basé sur le système de paiement instantané et inclusif, MTN Mobile Money vise à offrir aux travailleurs informels, aux petits entrepreneurs et aux étudiants un accès rapide et simplifié au crédit. Chaque matin, Jonas K., un conducteur de taxi-moto à Bohicon transporte des clients à travers les rues animées de la ville carrefour, des apprenants pressés de se rendre à l’école aux commerçantes chargées de marchandises. Mais un matin, tout bascule. En tentant de démarrer sa moto, Jonas réalise que le moteur refuse de s’allumer.

« La veille, j’avais remarqué un bruit bizarre, mais je pensais pouvoir tenir encore quelques jours », raconte-t-il. Sans argent de côté et incapable de travailler, Jonas risque de perdre une journée de revenus cruciale pour subvenir aux besoins de sa famille.

C’est alors qu’un collègue lui parle du Prêt Xpress de MTN MoMo. Sans hésiter, Jonas compose le 880# sur son téléphone, suit les instructions et, en moins de deux minutes, reçoit 5 000 FCFA sur son compte mobile money. Une somme modeste, mais suffisante pour réparer sa moto et reprendre son activité. « J’étais soulagé. Le mécanicien a changé la pièce défectueuse et j’ai pu travailler comme d’habitude », confie-t-il.

Cette réalité, de nombreux Béninois la vivent au jour le jour et peinent à accéder au crédit bancaire. Prêt Xpress se présente comme une réponse adaptée aux besoins de ces travailleurs informels.

Selon Serge Soglo, Directeur général de MTN Mobile Money S.A., Prêt Xpress a été conçu pour offrir une solution de financement aux personnes exclues du système bancaire traditionnel. Il permettra aux citoyens, quels que soient leurs conditions et statut de disposer d’une source de financement rapide et accessible, sans les lourdeurs administratives des banques. Il s’agit des particuliers, des professions libérales, des micros et petites entreprises non bancarisées ou sous-bancarisées du Bénin. « Ce produit répond au bien-être social», a-t-il insisté.

Prêts variant de mille à cent mille francs

Le service fonctionne de manière simple : un utilisateur disposant d’un compte MTN MoMo actif depuis au moins six mois peut demander un prêt en composant *880# sur son téléphone portable. Les intérêts sont en fonction du type de prêt choisi. Quant aux frais de mise en place, ils sont très compétitifs. Pour Brice Médo, chef de la Division produits à Ecobank Bénin, « Les intérêts sont de 11 % contrairement à ce à quoi on est habitué sur le marché ». Le montant des prêts varie de 1 000 F à 100 000 F suivant le profil de l’abonné dans le système a-t-il indiqué. Trois options de remboursement sont proposées : journalier, hebdomadaire ou mensuel.

« C’est un produit accessible, disponible dans tous les coins et recoins du pays et vous pouvez faire du prêt sans dossier », a déclaré Lazare Noulékou, Directeur général d’Ecobank Bénin. Pas besoin de remplir de formulaires ni de fournir des garanties pour faire des prêts à travers Prêt Xpress.

Si pour de nombreux Béninois, l’accès au crédit est un casse-tête, depuis mars 2024, la solution Prêt Xpress apporte une réponse adaptée à ce problème. Worou Bagnan, vendeur de fruits et légumes à N’dali, témoigne, « Avant, quand j’avais un besoin urgent d’argent, je devais emprunter auprès d’amis ou de prêteurs informels à des taux exorbitants. Maintenant, avec Prêt Xpress, j’obtiens fréquemment de petits prêts en quelques minutes et acheter mes marchandises sans stress avec mon téléphone. Je rembourse toujours ».

Pour les étudiants, Prêt Xpress représente une alternative intéressante en cas de dépenses imprévues. Merveille Agbetossou, étudiante à  l’Université de Parakou, explique, « Parfois, je dois acheter des documents. Prêt Xpress m’aide à gérer ces situations sans devoir solliciter ma famille tout le temps. »

Si Prêt Xpress est perçu comme une innovation qui intéresse plus d’un, il n’en demeure pas moins que des défis subsistent. L’un des principaux risques est le surendettement. Pour Jean Prosper Danzabe, Manager Banktech à MTN MoMo, le taux d’intérêt est de 0,288 %. Mais des pénalités sont prévues en cas de non-respect des engagements. Ces pénalités sont de 10,00 %, indique-t-il. Car, certains utilisateurs pourraient être tentés d’emprunter de manière excessive sans un plan de remboursement.

Toutefois, au-delà des risques de surendettement, Prêt Xpress présente également un fort potentiel d’inclusion financière, notamment en milieu rural. Selon Apollinaire Sogbo, économiste spécialiste en inclusion financière, cette solution pénètre déjà les milieux ruraux car avec un téléphone classique à touche, toute personne peut accéder facilement à ce service grâce au code USSD (Unstructured Supplementary Service Data). Le grand défi demeure l’éducation financière. « Il faut accompagner les utilisateurs avec des formations pour leur apprendre à mieux gérer leur budget et éviter les pièges de l’endettement » a recommandé le spécialiste.

Procédures simplifiées

Le gouvernement béninois, à travers son programme microcrédit Alafia, cherche lui aussi à renforcer l’inclusion financière. La ministre du Numérique et de la Digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, voit en Prêt Xpress une initiative complémentaire avec le microcrédit Alafia. En évoquant «le pouvoir de l’innovation» qui se traduit par la facilité d’accès au prêt sans se déplacer, des procédures simplifiées, elle a exhorté Mtn Momo S. a et Ecobank à prêter une grande attention aux femmes et aux jeunes, souvent les plus touchés par l’exclusion financière.

Avec son approche innovante et sa simplicité d’utilisation, Prêt Xpress reste l’alternative pour emprunter de l’argent afin de contourner des difficultés financières ponctuelles. Toutefois, sa durabilité dépendra de plusieurs facteurs dont l’éducation financière de ses utilisateurs.

Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.

Megan Valère SOSSOU




Partenariat REMAPSEN – SPEAK UP AFRICA: Des journalistes formés sur le rôle des médias dans la recherche, le développement et l’innovation en santé en Côte d’ivoire

Du 30 janvier au 1er février derniers, une trentaine de journalistes ivoiriens ont participé à un atelier de formation à Abidjan sur le rôle des médias dans la Recherche-Développement et l’innovation en santé.

Organisé par Speak Up Africa, en partenariat avec le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), cet événement avait pour objectif de fournir aux journalistes les outils nécessaires pour mieux comprendre l’importance de la recherche -développement et de l’innovation dans l’amélioration des systèmes de santé en Afrique. Animé par Mme Yaye Sophiétou Diop, Directrice du Partenariat et du Développement de Speak Up Africa, et Roxane Fian, Chargée de programmes, l’atelier a permis aux participants d’approfondir leurs connaissances sur les maladies tropicales négligées, des pathologies encore sous-estimées malgré leur impact considérable sur les populations vulnérables.

Un plaidoyer pour un financement accumulé de la recherche en santé

Lors de son intervention, Mme Yaye Sophiétou Diop a mis en avant l’importance d’un financement adapté pour la recherche médicale en Afrique. « Il est crucial que les pays africains disposent de solutions financières incitatives adaptées, afin de maintenir leurs experts sur place et de garantir un plateau technique approprié pour la santé de leurs populations », a-t-elle déclaré. Elle a également souligné que le financement de la recherche en santé en Côte d’Ivoire reste insuffisant, avec seulement 0,07 % du PIB alloué à la RD&I depuis 2016.

En 2020, les dépenses publiques de santé représentaient 5,7 % du budget national, un chiffre bien inférieur aux 15 % recommandés par l’OMS dans la Déclaration d’Abuja. Malgré cette situation, la Côte d’Ivoire dispose d’atouts majeurs, notamment l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire (IPCI), l’Institut National de Santé Publique (INSP) et son implication dans des programmes régionaux et internationaux dédiés à la recherche et le développement en santé.

Le rôle clé des médias dans la sensibilisation Les journalistes présents ont pris des engagements concrets pour produire du contenu médiatique visant à soutenir les efforts de plaidoyer pour un financement accumulé de la recherche et du développement. Bamba Youssouf, président du REMAPSEN, a insisté sur la nécessité pour les médias d’exercer pleinement leur rôle de sensibilisation : « Par vos productions et articles, vous devez tirer la sonnette d’alarme de manière collective pour attirer l’attention des gouvernants, du secteur privé et de la communauté.»

Un engagement durable pour la santé en Afrique

À l’issue de l’atelier, les participants ont reçu des certificats de participation, témoignant de leur engagement à promouvoir une couverture médiatique plus engagée et responsable sur les questions de santé en Afrique. Cette initiative marque une étape essentielle dans la mobilisation des médias en faveur d’un meilleur financement de la recherche et du développement en santé, contribuant ainsi à des politiques publiques plus efficaces et adaptées aux réalités du continent. Une cinquantaine de journalistes africains ont participé de façon virtuelle à cet atelier qui a aussi permis à Speak Up Africa de présenter ses domaines prioritaires.




Dix cadres du ministère de la santé certifiés pour renforcer la lutte contre le paludisme au Bénin 

La salle de réunion du cabinet du ministère de la Santé a abrité, ce jeudi 30 janvier 2024, la cérémonie de remise de certificats aux lauréats de la première cohorte du programme de renforcement des compétences en leadership, management et gouvernance pour l’éradication du paludisme (ALAMIME). Dix cadres du ministère ont ainsi été formés à travers un parcours alternant formations en ligne et en présentiel.

Dans le cadre de la lutte contre le paludisme au Bénin, dix cadres du ministère de la Santé ont reçu, ce jeudi 30 janvier 2025, leurs attestations après avoir suivi une formation intensive en leadership, management et gouvernance. Cette initiative, portée conjointement au Benin par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et l’Institut Régional de Santé Publique (IRSP), vise à doter les acteurs clés de compétences renforcées pour atteindre l’objectif national d’élimination de la maladie d’ici 2030.  Elle s’inscrit dans le cadre du projet ALAMIME incluant 13 pays africains francophones et anglophones mis sous le leadership de l’université de Makekere en Ouganda.

Présent à la cérémonie, la coordonnatrice du projet au Benin, le professeur Colette AZANDJEME, enseignante-chercheure a l’IRSP a salué la persévérance des participants et demandé que toutes les notions acquises soient maintenant utilisées pour des actions concrètes sur le terrain par la mise en œuvre des plans élaborés. Elle a exhorté les 36 nouveaux participants de la deuxième cohorte du Benin à prendre le pas et donner le meilleur d’eux même dans la riche expérience qui est prévue pour eux dans la formation qui va commencer au cours du mois de février.

A sa suite, le Directeur de la formation, le professeur Ghislain SOPOH, enseignant-chercheur à l’IRSP et représentant du directeur de l’IRSP a rappelé le contexte de la formation, ses objectifs et son déroulement. Il a ensuite proclamé les résultats. Les impétrants ont alors reçu leurs certificats.

Germain PADONOU, Directeur du Centre de Recherche Entomologique de Cotonou, a salué l’engagement des lauréats. « Chers participants, chers lauréats, c’est un grand plaisir pour nous de vous encourager dans cette démarche qui suscite notre engagement formel dans la lutte contre le paludisme. Félicitations à vous et courage aux prochaines cohortes ! », a-t-il déclaré. 

Le Dr Rock AÏKPON, mentor de la formation et coordonnateur national adjoint du PNLP, a souligné l’importance de ce programme. « Il s’agit d’une formation très riche, alternant apprentissages en ligne et sessions en présentiel à Lomé. Les lauréats ont été suivis dans leur stage et leur rédaction de mémoire. Aujourd’hui, nous sommes heureux de voir cette première cohorte couronnée de succès », a-t-il affirmé. 

Pour M. Toumadougou, DPAF du ministère, représentant le ministre de la sante, c’est une réelle fierté que de voir de telle initiative de renforcement de capacite des professionnels de la sante visant à réduire l’impact néfaste d’une maladie qui nuit à tous.

Parlant au nom des lauréats, Saka Iréné AMOUSSOU, chef du service Partenariat et Interventions à base communautaire du PNLP, a insisté sur l’impact des compétences acquises. « Aller vers l’élimination du paludisme d’ici 2030 nécessite des compétences solides. Ces cadres joueront un rôle clé au sein du ministère de la Santé pour atteindre cet objectif. » 

Il a exprimé la satisfaction et l’engagement de tous les lauréats à mettre en pratique les connaissances acquises. Cette initiative marque une étape importante dans le renforcement des capacités des acteurs de la santé publique et témoigne de la détermination du Bénin à éradiquer le paludisme.

Opportune AHITCHEME




Accès aux soins de santé au Bénin : Go Médical, une application pour la prise de rendez-vous et la gestion des dossiers médicaux

« Go médical », une application de prise de rendez-vous et de gestion des dossiers médicaux facilite les soins de santé aussi bien par les médecins que pour les patients…

Dans la clinique Citadelle du cœur à Parakou, le jeune médecin cardiologue nommé Dr. Dakpo Marius scrute son téléphone portable. Non pas pour vérifier ses messages, mais pour consulter un dossier médical électronique via Go Médical, une plateforme qui redéfinit l’accès aux soins médicaux au Bénin. « Avant Go Médical, nous passions des heures à chercher les dossiers imprimés des patients. Maintenant, tout est à portée de main », explique-t-il avec enthousiasme. « Avant, pour les soins de notre Papa, je devais passer des heures dans des files d’attente avant de prendre un rendez-vous et de payer les frais de consultation. » témoigne Sylvestre Adiba, résident à Parakou. Quand à Dame Modoukpe, elle raconte sa mésaventure avec son carnet de soin : « Lors d’un voyage de Abomey – Calavi pour Bohicon, j’avais oublié de garder sur moi mon carnet de soin. Pour un malaise exigeant à faire des analyses médicales. J’avais le choix d’aller chercher mon carnet de soin à Calavi ou à refaire les analyses. Finalement, j’ai dû refaire certaines analyses médicales avec les coûts redondants. »

Comme eux, nombreux sont ces patients à se plaindre des files d’attentes interminables et les difficultés liés à la gestion des dossiers médicaux. Des réalités auxquelles, Go Médical apporte des solutions pratiques. Depuis son lancement le 24 novembre 2017 par le jeune Gilles Kounou, Ingénieur en génie logiciel et système d’informations et fondateur de la société Open SI, Go Médical, transforme progressivement l’accès aux services de santé au Bénin. L’objectif de cette infrastructure publique numérique selon Gilles est de faciliter l’accès aux soins de santé en rapprochant le patient de son médecin. En effet, cette plateforme e-santé disponible en version mobile et web est utilisée à la fois par les patients ou accompagnants, les médecins et agents administratifs du secteur.

« J’avais besoin qu’un médecin dermatologue pour un mal. Go Médical m’aide à mieux gérer mon temps. Une fois les rendez-vous enregistrés, la plateforme envoie automatiquement des alertes aux patients pour leur rappeler leur consultation 24 heures à l’avance. Elle offre également la possibilité aux patients de choisir eux-mêmes leur créneau, ce qui simplifie les choses. » a expliqué Challa Laetitia, secrétaire principale à la clinique Baguidi-Parakou.

Aujourd’hui, Go Médical compte plus de 10 000 utilisateurs, il met à disposition des patients un éventail de services qui simplifient leur parcours en cas de soins. Il comporte l’annuaire des médecins spécialistes et généralistes du Bénin avec plus de 300 profils de plus de 60 centres de santé.

Grâce au carnet numérique de santé, les antécédents médicaux des patients sont stockés en ligne. Ce qui permet un suivi optimal, même en cas de changement de centre de santé. Romaric Agbodjanto, agent commercial et superviseur d’équipe, explique : « L’application permet de consulter l’annuaire des médecins et de prendre rendez-vous depuis chez soi en payant les frais de consultation pour soi ou pour de tiers.»

Impact sur la réduction des inégalités

Pour les professionnels de santé, la plateforme optimise la gestion des rendez-vous. Selon Dr. Philippe Emmanuel Johnson, directeur de la clinique Les Grâces à Cotonou, « Go Médical fluidifie la gestion des consultations et les rappels de rendez-vous par SMS incitent les patients à respecter leurs engagements. » Le cardiologue Dakpo Marius ajoute, « En fin de journée, je peux consulter les statistiques des patients rencontrés et ceux programmés pour le lendemain, ce qui facilite mon organisation. »

Il est difficile d’avoir un rendez-vous avec un médecin spécialiste en raison de leur effectif pour lequel ils devraient se déplacer en permanence d’un Hôpital à un autre à travers le pays.

Pour Emmanuel Gbavou, développeur mobile et web, l’amélioration de la qualité des soins dans le secteur sanitaire au Bénin passe par la mise en place d’un système automatisé de gestion des dossiers patients, une solution essentielle pour moderniser et rendre favorable les services de santé.

A Go Médical, en plus de la prise de rendez-vous et la gestion des dossiers médicaux, il est possible de se géo localiser par rapport aux pharmacies de garde et de connaitre le prix des produits pharmaceutiques.

L’une des fonctionnalités phares de Go Médical est la téléconsultation, qui permet aux médecins d’offrir des avis à distance, une avancée cruciale pour les patients vivant dans des zones reculées. Des initiatives de ce type reçoivent le soutien du ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin. Lors d’une rencontre de haut niveau à Cotonou, avait indiqué que les technologies de l’information et de la communication (TIC) possèdent un potentiel considérable pour améliorer la qualité, l’accès et la sécurité des soins de santé au bénéfice des patients.

Cependant de nombreux défis restent encore à relever selon les acteurs. Il s’agit des difficultés liées à la connectivité et l’analphabétisme numérique qui continuent de freiner l’utilisation massive de la plateforme. Le Bénin compte 12 535 929 d’habitants selon le RGPH 2021. Pour cette taille de population, il n’y a qu’un médecin pour 13 913 habitants selon les dernières données recueillies au Service de gestion du système d’information partagées par la Direction de la programmation et de la perspective du ministère de la santé. De 6 769 914 à 10 008 749 respectivement en 2002 et en 2013, le Bénin a connu une croissance de sa population de plus de 3 500 000.

Selon le rapport 2021 de la Direction de la programmation et de la perspective du ministère de la santé, 12 535 929 béninois se partagent 803 centres de santé publique sans oublier les cliniques privées installées avec une meilleure organisation chaque béninois pourra avoir accès aux soins de santé.

Avec la croissance démographique, il est vrai que les hôpitaux ou centres de santé connaissent une affluence mais il est irréfutable de se servir du numérique pour contenir le flux d’usagers.

Go Médical envisage d’intégrer un service de livraison de médicaments à domicile, ce qui répondrait aux besoins des patients les plus vulnérables. Avec une adoption croissante et des fonctionnalités toujours plus performantes, cette plateforme est un exemple prometteur de la manière dont la technologie peut améliorer les systèmes de santé en Afrique.

Cet article est rédigé dans le cadre de la bourse du Programme de journalisme sur les Infrastructures Publiques Numériques (IPN) de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.

Megan Valère SOSSOU




Les Jardins de l’Espoir outille les femmes à la logistique agricole et aux normes qualité agro écologique

Dans le cadre de ses projets « Assurance qualité et maîtrise financière des systèmes agroécologiques paysans » (AQSAEP) et Promotion des Pratiques AgroEcologiques (ProPAE), l’ONG Les Jardins de l’Espoir a organisé une formation du 7 au 9 janvier 2025 au profit des femmes des communes de Tori – Bossito, de So – Ava, d’Abomey – Calavi, de Ouidah et de Sèmè – Kpodji.

Formation à la gestion de la logistique agricole

S’adressant principalement aux femmes, aux jeunes filles mères et aux femmes vulnérables du département de l’Atlantique, ce projet place la femme au cœur de ses activités. « Les femmes jouent un rôle important dans l’alimentation des ménages. Elles ont besoin d’être mieux outillées pour augmenter leurs revenus et devenir autonomes financièrement », a expliqué la présidente de Les Jardins de l’Espoir, Raoudath Bouraima. Elle a souligné que cette formation s’inscrit dans le cadre d’une série d’ateliers destinés à promouvoir l’agroécologie, gage d’une bonne santé et d’un environnement sain.

Cet atelier de formation était axé sur la gestion logistique des produits issus des fermes agroécologiques, de la production à la vente.

Avec une approche basée sur la participation interactive, les différents formateurs ont su susciter l’intérêt des femmes et maintenir leur implication tout au long des trois jours.

Marthe Kinigbé est une participante à la formation. Elle déclare « C’est une excellente initiative. Produire, c’est bien, mais savoir conserver est important pour éviter les pertes. Grâce à cette formation, je suis mieux préparée pour préserver mes produits et les commercialiser efficacement. »

Une initiative qui change la donne

« Ces formations nous permettent d’éviter les pertes post-récolte et d’augmenter nos revenus. Par exemple, moi je plante de la patate douce sans la mettre sous terre, et je produis des engrais naturels en plus. Je compte appliquer les connaissances acquises dans mes activités pour rentabiliser. Je remercie Les Jardins de l’Espoir et ses partenaires pour cet appui, » a souligné Agballia Yolande, venue de la commune de Ouidah.

Du côté des formateurs, l’approche pédagogique a été pensée pour maximiser l’engagement et l’apprentissage des participantes.

Pour le formateur Serge Koutchoro, spécialiste en renforcement des capacités et conservation sociale, cette formation contribue à l’atteinte des objectifs du développement durable. Il s’est agi d’amener les femmes à changer leurs approches en matière de collecte, stockage et conservation des produits pour une meilleure valorisation sur le marché.

L’autre volet de l’atelier, assuré par la formatrice Ezéchielle Bouet Kouanou, ingénieure en contrôle qualité des aliments et produits de santé, a porté sur les normes de qualité agroécologique des produits et les méthodes de conservation.

À ce niveau, les participantes ont appris plusieurs techniques, notamment l’entreposage des produits, l’accès aux clients, ainsi que l’essentiel à maîtriser avant, pendant une récolte et au cours de l’acheminement vers les consommateurs.

Un suivi de terrain pour pérenniser les acquis

Au-delà de la formation, le projet AQSAEP prévoit un accompagnement continu pour s’assurer de l’application des connaissances sur le terrain. Des animateurs de terrain sont chargés de ce suivi.

Nicherolle Larissa Aissi, est animatrice à Tori-Bossito. Elle se réjouit : « Les échanges ont été interactifs et les femmes se sont montrées très motivées à appliquer les connaissances acquises. »

Vue d’ensemble des participantes

Les Jardins de l’Espoir n’attend pas moins des bénéficiaires. « Nous attendons que les bénéficiaires non seulement maîtrisent la logistique agricole et le mécanisme de stockage et de conservation, mais aussi le transport des produits vers le marché fermier pour une meilleure valorisation des efforts consentis, » a laissé entendre Noël Obognon, Directeur exécutif de Les Jardins de l’Espoir.

« Depuis quelques mois, nous bénéficions d’un accompagnement précieux. Je partage ces nouvelles connaissances avec mes collègues et espère voir ces sessions devenir permanentes, » a confié Houézé Pauline, saluant la qualité des formations.

Comme elle, Jeannette Anoumou et Donatienne Dansou, venues de So-Ava, ont également témoigné de l’efficacité de la formation. Pour les différents acteurs, les trois jours d’atelier ont eu le mérite de combler les attentes.

Avec le soutien continu de ses partenaires, Les Jardins de l’Espoir, à travers ce projet, amorce la transformation des systèmes agricoles traditionnels en des modèles résilients, durables et équitables. Il promeut une agroécologie inclusive, respectueuse de la santé et de l’environnement, tout en contribuant à l’autonomisation des femmes rurales. Pour rappel, cet atelier de formation a été effectif grâce à Agroecology Fund et  SUCCO à travers le projet ProPAE.

Edwige B. BINAZON